Bourru sauvé des eaux. [Fini]

La Terre est recouverte en surface de 70% d'eau. Ca veut dire que pour garer son vaisseau, on a 150 millions de kilomètres carrés environ. Facile, même s'il faut refaire ses manoeuvres. même pour Derk, qui est un très mauvais pilote, 150 millions de Km², c'est assez. Quelques milliers auraient suffi à ses mains inexpertes. "Le Namek n'est pas conçu pour voyager dans l'espace" qu'il se plait à rappeler et en ce sens, il a raison. C'est la nécessité qui le conduit aujourd'hui sur la Terre, plus proche de sa position que Namek à l'époque où il a embarqué avec des pirates. Des pirate,s ils n'y en a plus à présent. Ils ont été déposés sur une planète déserte avec leur butin et le regret d'avoir voulu rosser le namek. Il aurait dû gracier le pilote, parce que ce navire spatiale n'est vraiment pas aisé à conduire. Impossible de mettre la main sur la vision nocturne ou les phares. Pas bien grave dans l'espace, mais pour atterrir sur une planète recouverte majoritairement d'eau, ce genre de gadget devient indispensable.

Plouf !

Un gros plouf, un qui fait des vagues. Derk jette un oeil circonspect à son hublot et constate qu'il fait encore plus noir en surface que sous l'eau. Soit la chasse d'eau est coincée, soit le choc contre la calotte glacière a fissuré quelques endroits du vaisseau. On patauge de plus en plus. Le grand homme vert lévite pour éviter l'eau glacée et cherche à relancer l'appareil, mais la seule réponse qui lui vient est la radio pirate diffusant des chants de pirates parlant de consommer femmes et alcools en jouant de l'accordéon. Peine perdue, voilà que le "martien" doit se résoudre à créer un nouveau trou dans le navire pour rejoindre la surface.

Et le voilà dehors, frigorifié mais libre. Belle planète soit dit en passant. Il prend un instant pour inspecter le ciel d'où il vient et en apprécier le spectacle du soleil absent contre les étoiles. Il y a même une lune illuminant du mieux qu'elle peut l'étendue bleue de glace des alentours, avec quelques maisons simples au loin et, au près, un vieux type dans une fourrure qui braque un tuyau en métal vers lui.

Bonsoir. propose amicalement Derk qui n'a jamais vu d'armes à feu en dehors des canons plasma à main de l'armée. L'autochtone lui a déjà vu un homme vert, et la dernière fois il proposait un jeu consistant à détruire un pays tiré au sort.

Sa...Satan ! Vous êtes revenu espèce de monstre.
- Satan ? Ah ça doit être comme ça qu'on salue chez vous. Satan à vous Monsieur. Pourriez-vous me donner du travail ?

Le vieil homme moustachu à lunettes fait un clic avec son outil, ce qui ne manque pas de focaliser l'attention du namek dessus.

- Votre flûte est cassée monsieur.

Le vieux chasseur y voit une menace et fait feu, par instinct de conservation. Puis aussi parce que chaque fois que des aliens débarquent, il y a un type armé pour les accueillir. La balle part à un bon 400 m/s. La cible est la poitrine du Namek. Trop lent, Derk attrape et stoppe le projectile au vol et l'inspecte comme il peut dans l'obscurité.

- Vous avez perdu un morceau de votre flûte monsieur. Je vous le dis, faites-la réviser.

Le vieil homme tremble de peur. Derk pense que c'est de froid, alors il s'approche pour voir si tout va bien et il n'en faut pas plus au chasseur pour détaler sans demander son reste. Comme il a toujours la balle en main, Derk le poursuit en courant pour lui rapporter.

- Attendez ! Vous oubliez votre pièce.

La poursuite s'écroute bien vite. Un grand crac rugit des pieds du chasseur pourtant averti de la prudence requise sur sol meuble et la glace ne tarde pas à rompre sous ses pieds. Derk, comprenant le danger, accélère le pas pour parvenir jusqu'à l'humain et d'un geste vif et précis, lui retire son arme des mains. Tout le monde sait que les flûtes en métal ne supportent pas bien le traitement de l'eau. L'humain, quant à lui, patauge péniblement dans le liquide glacé qui imprègne ses vêtements et les alourdit assez pour l'empêcher de se maintenir en surface. Bientôt seule quelques bulles animent la zone sinistrée et Derk observe en se demandant pourquoi il ne remonte pas. Si c'est pour aller récupérer le vaisseau, ce n'est pas la peine. il est peu probable qu'il fonctionne sans lourdes réparations. Mais l'instinct dicte au namek que quelque chose d'autre cloche. Plus de bulle, plus de vieux. Il n'aurait pas abandonné son instrument comme ça, c'est donc qu'il est en danger. Derk plonge à son tour et fend le courant comme un véritable poisson. Le vieil homme est bien là, inconscient et livré à l'appétit des abysses. Un bras s'étend jusqu'à son col et le ramène à l'air libre.

Le lendemain matin, le chasseur se réveillera dans son lit avec sa femme et sa fille à son chevet. Elles lui expliqueront qu'un individu bizarre l'a ramené trempé et inconscient. Avant qu'elles n'aient pu prendre peur, il l'a posé au coin du feu et a posé ses mains sur son torse glacé. Elles affirment alors qu'il a craché une grosse quantité d'eau et a cessé ses tremblements. L'étranger n'a rien demandé, sinon de pouvoir profiter du feu pour sécher ses vêtements à lui aussi. La femme du chasseur a accepté et lui a même offert 1000 Zenies de récompense pour le sauvetage de son mari, en expliquant au martien que c'était de l'argent après qu'il ait répliqué qu'il n'avait pas faim. Il reprit la route quelques heures plus tard, à l'aurore.

Depuis ce jour, le chasseur affirme que Satan et Dieu ont le même visage.