[PV DEVIN] la mélodie folle d'un Dieu en devenir

Immobile, sur son rocher, Kefka tentait de se contrôler et y parvenait tant bien que mal : ces pulsions destructrices... Il ne les contrôlait pas : ce n'était pas un problème éthique -détruire était une noble action- mais le moment n'était pas bon.
C'est donc calme que le magicien écouta le fumeur qui lâcha quelques phrases sans que Kefka ne le demande...

"De ne pas vouloir partager tes aventures, ça te regarde. Cependant, ne force pas un être venant de loin à faire de même. Mon existence est une chose dure à accepter, une présence incertaine, pourtant, tant d’humains semblent y croire."

Non, Kefka ne le forçait pas... Et il venait justement de commencer à se confesser : quelle prétention que d'affirmer être une existence difficile à accepter... Kefka avait réouvert les yeux et le regardait tête baissée. Devin joua avec un téléphone avant de continuer.

"Chacun d’entre cherche quelque chose...Certaines requêtes sont digne, mais hors de portée d’une action divine, quant aux autres… Elles ne sont qu’une poignée de prière insignifiante."

L'arlequin, toujours calme, releva la tête sans quitter son interlocuteur des yeux. Il souriait, lèvres fermées, mais étirant son sourire de manière très satisfaite. On aurait dit qu'il jubilait.

" Prière hors de portée d'un dieu... " Il était toujours assis en tailleur : penchant la tête sur le côté, il continua, malicieux : "Dois-je m'incliner ?"

Kefka rit alors, d'un rire si sonore qu'il devait s'entendre à des centaines de mètres... Et l'écho de la montagne ne le camouflait pas. La discrétion n'était de toute façon pas un hobby de Kefka.

"Je ne veux pas paraitre prrrrrésomptueux mais si je résume, tu es un dieu, humaniste, immortel et ... Ba-vard " Kefka gloussa intérieurement. " ... Et qui n'a rien d'autre à faire que de m'admirer, là, sur mon rocher, pour parler chiffon. "
Le terrien se leva et sauta du rocher pour revenir au niveau de Devin, et s'appuya dos à la paroi en dessous. " Pose clope c'est ça hein ? Avant de remonter... besoin de discutailler de ses petits problèmes en fumant tranquilou quand les petits anges ne le regarde pas ?"

Kefka, bras croisés, haussa un sourcil trouvant que le scénario était plutôt amusant mais légèrement improbable.
" Que c'est touchant. " Mais dans le doute, Kefka n'ajouta rien. Si Devin se considérait comme tel, il y avait une chance pour que devant lui se dresse bel et bien un être supérieur, tout comme lui. Et puis cette démonstration avec la plante, c'était tout de même classe.

Il fronça les regard, les yeux tournés cette fois vers le lointain, pensif, et avec une voix plus grave -plus normale- il conclut, un brin amer : " Si j'étais un Dieu, je ne passerais pas mon temps en haut d'un gros caillou, à philosopher sur la vie avec un terrien... " Il regarda à nouveau Devin. " Je me demande quel genre de dieu viendrait prendre l'air devant un fou en lui glissant subtilement qui il est : Un dieu sans doute un peu paumé, tu ne crois pas ?" Vu comment le personnage tirait sur ses clopes de façon nerveuse, et qu'il était comme scotché sur place, incapable de partir, à vouloir parler alors qu'il avait annoncé ne pas le vouloir... Il devait y avoir quelque-chose qui ne tourne pas rond chez ce gars là.
Alors, presque compatissant, Kefka afficha un premier sourire amical. Il avait l'air presque normal pendant ce court instant. Si même les dieux avaient des difficultés, alors il se sentait pas si loin d'en être un, lui aussi.

"Quand je vais raconter ça aux copines !! " Conclut-il d'une voix ridicule, plaisantant pour alléger le débat, riant.

Devin avait fini par éclaircir sa situation : il avait confié au fou ses aventures et rapidement ses motivations.

" Un Dieu paumé, rebelle et déserteur alors. " Kefka avait l'air agacé : comment pouvait-on quitter le poste de Dieu ?!! " Le poste de dieu n'est-il pas le poste le plus haut dans l'échelle des ambitions ? Quel affront de l'avoir quitter !!! En agissant ainsi tu te moques de tous ceux qui comme moi rêve de se hisser dans le trône de chef absolu. J'espère que cette raison de l'avoir quitter est valable !!!!"

Kefka parlait dans ses dents, les mains crispées. Le petit rire qu'avait laissé s'échapper Devin avait presque été de trop : ce crétin prétendait avoir assez de classe pour avoir même jeté son titre divin... AH ! Quelle suffisance ! Quel prétention !!

" Si tu étais vraiment le Tout-puissant, ces règles tu étais en état de les changer non ?! TOUT-PUISSANT c'est comme ça qu'on appelle les dieux non ?!! "

Devin disait ne plus pouvoir que compter sur lui-même...
Les idées qui naissaient par centaines dans l'esprit de Kefka le rendait très hâtif d'en savoir plus : il se posta devant Devin face à lui à quelques petits mètres. Son regard était fou, ses yeux grands ouverts comme pour mieux entendre. Il fixait l'homme en costume deux pièces comme s'il avait peur qu'il ne s'échappe d'ici aussi.

" Alors racontez-moi votre divinité, quel genre de pouvoirs avez-vous en ces lieux ? ... "

Le rire de Devin : on pourrait critiquer tout notre saoul celui de Kefka, celui de ce gus en costard n'était pas moins flippant. Comme s'il n'était pas habitué à rire... Du moins, pas comme les humains le faisait et cela faisait presque peine à voir.
Tout en allumant une nouvelle cigarette -sérieux ce type avait un gros problème de tabac... C'était limite compulsif !!- Devin compara le paradis avec une meute organisée. Kefka s'imaginait déjà chef de meute. Et c'est tout sourire que le terrien buvait chaque mot.

"Mes pouvoirs en ces lieux sont dévastateurs. Leurs utilisations sont fortement déconseillées. Les petits usages ne sont pas problématiques, mais je ne suis pas ici pour démonstration."
"Arf, j'imagine qu'un petit esprit ignare comme le miens ne peut pas imaginer : après tout, je ne suis pas devin !!"

Kefka ne rit même pas à sa propre boutade : Il était comme un chien affamé devant cette image de pouvoir que venait de lui peindre l'homme devant lui. Un chien en quête de sa meute... Le regard avide et la gueule béante.

Un regard furtif de Devin sur le côté fut comme un élément déclencheur dans le corps de Kefka : Le chien errant comme si ce mouvement de pupille du dieu devant lui avait été une alarme, le chien errant s'élança en un éclair vers son interlocuteur, la main chargée d'un éclair zap-trap près à empoignée le visage de Devin.
Puis se servant d'un coup de pied dans les jambes de son opposant il prit appuit pour se propulser en l'air et faire une pirouette pour retomber à distance et envoyer un Ultima sur le Dieu errant qui n'avait rien demandé.

"Si tu ne veux pas de ton titre, laisse-moi t'en déposséder : On sera tous gagnants !! "

Était-ce de la folie que de défier un Dieu ? Dans l'esprit de Kefka il était clair que cette chance était à saisir sans hésitation : la vie de Kefka n'avait aucun sens, alors quitte à la perdre autant tenter le tout pour le tout. Le cas échéant, il triompherait d'un Dieu, et rien qu'à cette pensée le sang du magicien ne faisait que bouillir d’excitation. Être victorieux d'une force supérieur, ce serait comme faire un pied de nez à ce monde qui l'avait rendu fou et inhumain, reprendre ses droits !! ... Ou mourir. Mais ça il s'en moquait. Rester sur un rocher n'était pas vivre !
L'ultima et son orbe magique dissipée, Kefka apparaissait dans le nuage de poussière soulevé par l'attaque en position de défense, s'attendant à une riposte.
Ce qu'il craignait, c'était que Devin s'évapore dans la nature, quittant le combat. ça c'était hors de question !!!
"Un Dieu paumé... fuir n'est pas une solution ! Affronte ton destin... Affronte-MOI ! Je veux avoir cet honneur, je veux te vaincre !!!"

Par quel miracle... non, par quelle aberration, ce dieu de pacotille, ce mécréant, cet imposteur, avait put échappé à l'Ultima presque envoyé à bout portant ?!! Cet affront, Kefka ne le supportait pas, et c'est plus fou que jamais qu'il laissa de sa gorge s'échapper un gémissement qui ressemblait à un cri de rage... ou de plaisir.
Et comme en réponse à sa colère, le ciel s'assombrit. Kefka regarda le gris gagnant les cieux, se demandant si c'était l’œuvre de Devin, ou bien la sienne : après tout, si ce pingouin n'était pas à la hauteur du rôle qu'il venait d'abandonner en quittant l'au-delà, Kefka lui, était en mesure de l'assurer ! Les cieux n'avait qu'à lui tendre les bras et ils saisirait cette occasion sans hésiter !!
Cette lueur verte tout d'un coup... était-ce Eux ? venu le chercher ?...
Quand Kefka aperçu alors la silhouette de Devin parmi la tempête, un sentiment d'injustice le gagna. Il méritait ce pouvoir divin... Et il l'aurait... Un jour ou l'autre. Il s'en fit la promesse. En attendant, entre jalousie et haine, le magicien mutant ne put qu'admirer son adversaire, auréolé par un ouragan, les yeux aussi perçants que la mort.

"Imbécile, le pouvoir n’est pas une chose à prendre à la légère, sache qu’un jour, ta propre avarice te mènera à ta fin ! D’ici quelques mois, la race humaine sera décimée. C’est la raison de ma présence ici, je n’ai pas accepté une telle réalité."
"Raison de plus pour moi de te démolir Devin !! Les humains méritent simplement de reposer en paix, : six pieds sous Terre, là est leur place ! ... Et ce pouvoir que tu utilises pour l'empêcher, je ferais tout pour l'avoir à mon tour et donner à ce monde le visage qui lui ira le mieux : LE MIENS !!!"

Kefka fut alors couper dans son élan : Devin leva un bras, et même pour un fou il n'était pas difficile de comprendre que venant d'un dieu il ne pouvait s'agir que d'un mauvais présage pour lui. Le terrien au teint blafard eut le réflexe de se protéger : la bourrasque qu'il ressentit dans tout son corps le fit trembler.
Quand il le put, il rouvrit ses yeux cachés derrière ses bras : autour de lui la montagne avait été balayée...

"Bonne chance, je n’ai pas de temps à perdre avec des paysans !"
Un au revoir... Il fuyait le bougre !! Kefka n'eut le temps de réagir qu'un flash fit disparaître le Dieu déserteur laissa l'arlequin seul, penaud.
Il resta un instant, immobile, à réaliser qu'il venait de laisser filer un dieu... un dieu !! Un dieu était apparut devant lui ! Le destin n'était donc qu'un salopard se foutant de sa gueule ?!! Ouvrant alors de grands yeux consternés, il ne put que hurler : laissant sa rage s'étendre autour de lui dans un ouragan à son tour... sauf que son ouragan à lui était bien moins impressionnant. Moins... céleste.
Kefka tomba alors à genoux. Comme un gamin paumé. Une occasion comme celle-là de détrôner un dieu et réaliser ses ambitions, il n'en verrait pas d'autre de sitôt. Mais surtout, il avait vraiment cru, un instant, qu'à l'issu de ce combat il irait mieux, qu'il serait débarrassé de ce mal-être de n'être rien, un être maudit entre humain et monstre, ayant reçu de force un pouvoir qu'il ne contrôlait pas encore... Et sans personne pour l'aider.
Le cobaye de laboratoire recroquevilla sur lui-même son corps maigre et blême, et fut pris de petites convulsions. Il était las d'être seul, rejeté par tous, aussi bien par un dieu que par les humains qui l'avaient crée.
Personne ne voulait de lui... EH BIEN SOIT ! Il détruirait le monde tout seul ! Ce monde injuste et contre-nature !!!

En boule, comme un animal perdu, Kefka était perché sur la montagne, camouflé sous tous les tissus multicolores de sa tenue. Seule sa rage et son aura gonflée d'ambition était palpables autour de lui. Dans les environs résonnait un bruit étrange... Des pleurs saccadés, étouffé dans les mains du magicien accablé... Ou serait-ce un rire démentiel ?

Kefka avait finit par s'endormir, comme l'animal solitaire qu'il était.
Il fut réveillé par la faim et la soif qui le rappelait à sa condition de mortel... D'un visage dénué de sourire et de tout espoir, fataliste et lucide comme c'était rarement le cas, il se releva, las.
Il fit quelques pas s'interrogeant sur la pertinence d'aller se mêler aux humains pour se restaurer : la belle ironie.

Il soupira et un brin déprimé se fit une raison.
L'homme vêtu d'un costume coloré s'envola vers la capitale, donnant au ciel une touche rouge vif qui n'allait pas bleu céleste.