Sujet: La stratégie de l'inespoir
Dim 17 Juil 2016 - 23:59
Quelques temps s’étaient écoulés depuis la visite de Darkus auprès du Docteur Brief. Il s’était installé chez la mère du corps qui l’avait adopté. Le temps d’adaptation pour le Sayen avait fait son effet, il était capable de maîtriser son corps même s’il était incapable de retrouver sa puissance d’antan, celle qui faisait de lui le plus fort des héros « bons » de l’univers. Ou du moins c’est qu’on disait de lui.
Le Roi déchu s’était fait tout petit dans la chambre de l’adolescent qu’il était devenu, n’est-ce pas merveilleux de ce sentir piégé ? Attendant avec impatience la venue de Born pour l’aider dans sa quête. Avec l’aide de son vieil ami, peut-être aurait-il le soutien nécessaire pour trouver une solution à son problème. Assis sur son lit bordé, appuyé contre le mur, les bras croisés derrière sa tête, il réfléchissait. Il en avait assez de faire semblant auprès de cette mère dont les soupçons commençaient à peser sur sa conscience. Il était difficile pour le Sayen de se faire passer pour quelqu’un qu’il n’était pas et de mener le train de vie des terriens, et surtout d’un adolescent.
Les rayons du soleil passaient au travers le store, laissant entrevoir le corps de Léon dans la pénombre de sa chambre, il finit par se lever et descendre dans la cuisine ou la mère qui avait préparé le petit déjeuné. Elle regardait son enfant avec des yeux inquiets, plein d’amour et de cernes, signe qu’elle ne faisait plus tellement ses nuits.
« Si quelque chose ne va pas, tu me le dirais, n’est-ce pas mon chérie ? » lui disait-elle d’une voix fatiguée comme si le blues était au fond du couloir. Darkus n’en pouvait plus de la voir bouffé par ses vautours, il avait envie d’ailleurs, mais que faisait donc Born ? Il se sentait dingue et paumée courant sous la pluie, comme un Don Quichotte sacrifié sur l’hôtel du destin.
Il ne souhaitait qu’une seule chose : la prendre dans ses bras et baiser son front pour la réconforter, mais dans ce corps, il n’osait pas, il était faible et perdu, traumatisé, comme décapité. Alors il baissa la tête ne voulant pas croiser le regard de cette mère triste et perdu et il lui répondit d’un air transit :
« Oui… Ne t’en fait pas », il prit le temps d’avaler sa salive pour se donner du courage et il releva la tête en souriant : « Tout va bien. »
Il est vrai que Darkus était comme un aigle dans une cage à moineau, il n’en pouvait plus, s’en était trop. Il voulait sortir de sa poubelle, de son blokos de son goulag pour gouter à l’air et au soleil. Tant de jours ont passés où il n’arrivait pas à être quelqu’un d’autre. Il avala alors le petit déjeuné beaucoup moins copieux qu’auparavant et il monta se laver et s’habiller pour partir au lycée.
C’était un vrai calvaire là-bas aussi, entre les débiles et les amis du garçon, mais il avait moins la pression pour être Léon, il pouvait un peu plus être lui-même, cela lui était égal, ses gens qu’il côtoyait ne connaissaient pas tellement le jeune garçon et aujourd’hui beaucoup font semblant d’être quelqu’un qu’ils ne sont pas.
Darkus une fois prêt descendit l’escalier avec un blouson de cuir, un jean troué et le tee-shirt d’un groupe de musique. Arrivé en bas, il enfila ses boots et mis son sac en bandoulière, il salua la pauvre femme qui lui servait de mère et il sorti de la maison. Il devait prendre le bus, mais ce moyen de locomotion était orchidoclaste, alors il utilisa la voie des airs avec son Ki tout en prenant soin de ne pas être repéré.
Une fois arrivé au lycée, il resta plusieurs heures assis sur le toit à regarder le ciel et l’horizon qui se dessinait. Il n’aimait pas du tout la nouvelle vu qu’il avait en ville, ça avait l’air moins vivant et cela le rendait mélancolique car il aimait vraiment ses lieux, et de ses « successeurs », il ne connaissait rien d’eux. Un mauvais présentement le rongeait de l’intérieur, comme un sentiment d’échec… Qu’allait-il se passer maintenant ? Darkus entendait les morts lui murmurer à l’oreille une ode à ce scandale mélancolique, faisant chiffonner un coin trop sombre de son cœur. Il sera ses poings, triste et endolori, à la vue du nouveau château qu’il contemplait tous les matins, il soupira et se laissa tomber dans le vide. Il atterrit au sol dans un fracas assourdissant et un nuage de poussière et il sorti de la ruelle pour partir en classe.
Si il suivait ce train-train quotidien, c’était parce qu’il n’avait pas vraiment le choix, il devait attendre Born et le prix de l’attente, c’était de suivre les cours de cet enfant dont il avait emprunté le corps.
En route vers l’entrée du lycée Orange star, il fut interpelé par une bande de voyous qu’il n’avait pas encore eu la chance de rencontrer. L’un d’eux l’attrapa par le col de son perfecto et l’envoya valdinguer dans les poubelles. Un autre se rangea ensuite devant lui et lui fit :
« Alors mon vieux Léon, tu n’as pas compris la dernière fois ? Tiens, file nous ton blouson ! »
Darkus se releva tant bien que mal un peu meurtrie par la chute et plusieurs élèves arrivèrent autours d’eux en criant « Baston », les 4 loubards, puisque c’était le nombre d’entre eux se mirent chacun leur tour à foncer vers le Sayen. Son sang ce mit à bouillir dans ses veines, il évita le premier coup de pied en tournant sur lui-même, le coup se fracassa contre la poubelle. Il fit un ippon à celui qui voulut lui donner un coup de poing, lui brisant le bras. Et les deux autres qui fonçaient vers lui, il les repoussa avec une onde de choc en libérant son Ki, faisant retomber au sol les précèdent pour éviter qu’ils ne se relèvent.
« Eviter de me casser les couilles ce matin. Je ne suis pas d’humeur…»
Et il reprit son chemin vers l’entrée du bahut sous les yeux ébaillis de ses camarades qui pensaient tous qu’il se serait fait dégommer la tronche comme jamais on n’en avait vu auparavant.
L’un encore valide sorti une lame et fonça sur Darkus qui l’esquiva de justesse grâce à un restant de reflexe et lança son adversaire contre le mur, lui plantant ses dents contre les pierres calcaires. Il ne se réveillerait pas de sitôt. Les autres prirent alors la fuite, incapable d’explique ce qu’il venait de se produire à l’instant.
Le reste de la journée se passa normalement, jusqu’à-ce qu’il ne décide à la fin de la journée de ne pas rentrer tout de suite chez lui, il en avait assez de faire semblant, il devait en parler à la mère. Mais est-ce que Léon reviendrait à lui dès qu’il aurait récupéré son propre corps ? Il n’en était pas certain... Etais-ce légitime de sacrifier un innocent pour lui ? Vallait-il mieux qu’un autre ?
Il ne pouvait pas dégrader ce corps qui n’était pas le sien, mais cela le rendait fou, fou d’attendre un coup de pouce du destin. Qui sera son Charles d’Orléans ?… Il se devait d’agir et vite. Mais peut-être le soleil était là en train de l’attendre.
La terre son bel amour, son rêve d’enfant, il était aujourd’hui pâle éphémère et transparent, et si tout le monde l’avait oublié ?... Et si personne ne l’attendait, si aucune personne ne souhait son retour…
C’est alors qu’il entra dans un bar et commanda une girafe de la meilleure des bières, mais le serveur lui refusa sa commande étant donné que Léon n’était pas majeur. En un coup de vent le Sayen quitta les lieux et repris la route vers sa nouvelle maison. Pas de cuite se soir…