Chaque désert cache une Terre promise. [PV]

J’observai Johnny prendre possession de la dernière partie de lui-même. Mes pupilles se figèrent sur le galet devenu poussière, dans le creux de sa main squelettique. C’était fini. Pourtant, j’étais toujours changée –temporairement je le savais- par le contact avec ce fragment d’âme. Mais l’essentiel était là : ma mission était accomplie et j’avais des données à analyser.

Je regardai une dernière fois la nature luxuriante qui nous entourait. La source d’eau s’étant tarie, cette végétation allait mourir peu à peu. Le désert reprendrait le dessus. Je ne saurais expliquer pourquoi mais cela me fit un pincement au cœur. J’éprouvais une certaine mélancolie, qui était peut-être due à mon changement d’état, mais qui était aussi liée à la pensée de la disparition de cette poche de vie sur une planète morte, de cette terre promise en plein cœur du désert.

Nous rejoignîmes rapidement le vaisseau. Je profitai de mon état de grâce pour voler. Ashetto, volant à côté de moi, me gardait à l’œil. Je sentis son regard peser sur moi durant tout le trajet. Il se souciait de moi, après tout c’était son travail. Nous entrâmes dans le vaisseau. Johnny fut invité à laisser son véhicule dans le sas, comme auparavant.

Arrivés dans la salle de commandement, je me tournai vers lui. Je comptais bien tenir ma promesse de l’aider à quitter cette planète. Après tout, nous-mêmes devions la quitter, un petit détour ne coûterait pas grand-chose. Puis, mine de rien, je m’y étais un peu attachée à ce Ghost Rider.

- Nous te déposerons à la base de lancement la plus proche. Je te remercie pour ton aide.

Je trifouillai le tableau de bord afin de faire décoller le vaisseau, puis je le programmai pour qu’il se dirige effectivement vers ladite base de lancement. Ashetto était parti je ne sais où dans le vaisseau. Il n’appréciait pas particulièrement Johnny et j’imaginais qu’il n’avait pas envie de prolonger leur rencontre. Le trajet ne fut pas long. La base de lancement la plus proche était celle d’une planète fortement urbanisée que j’avais déjà fréquentée autrefois, Pasiphae.

L’atterrissage se fit donc sans encombre, sur l’une des pistes aménagées aux alentours de la base. Vint alors l’heure des adieux. Je n’ai jamais été sentimentale et il était hors de question d’en faire des tonnes. Je raccompagnai tout de même Johnny jusqu’au sas.

- Tu es complet, maintenant, et libre d’aller où tu voudras.

Je m’inclinai poliment, comme les Gakushas le font pour saluer ceux pour qui ils ont du respect. Je ne reverrais probablement jamais cet individu mais nous avions vécu une courte aventure ensembles. Et puis… Je garderais des traces de notre rencontre durant un certain temps, à cause de ce fragment angélique qui m’avait métamorphosée et qui me donnait le sentiment d’avoir découvert une partie de moi dont je n’avais jamais soupçonné l’existence.

C’était peut-être cela, la véritable Terre promise.