Nouvelle vie, nouvelles difficultés. [PV : Yukko, Haruka]

Voilà un épisode qui pourrait prendre fin. Kyûri avait littéralement trouvé les vêtements parfaits, un mérite qui revenait en grande partie à Yukko mais dont cette dernière se passera bien de chanter l’éloge. Car en effet, lorsque vint la suite logique de la chose, à savoir l’achat en lui même, la Saiyan rescapée manquait de son noyer dans un océan de honte tandis qu’elle révélait à une Yukko tout aussi interloquée que la vendeuse du magasin qu’elle n’avait aucun argent. Mais attends, quel était l’intérêt de retourner tout le centre commercial si tu n’avais pas la moindre monnaie ? Il aurait certainement fallu commencer par dire ça, au moins cela aurait donné un peu plus de temps à la lycéenne de se faire à l’idée qu’elle devrait possiblement dépenser son propre, précieux argent pour aider Kyûri. Dans un élan de générosité qui était déjà plus que surprenant venant de la guerrière au sang mêlée, cette dernière s’apprêtait réellement à faire l’achat pour la primate. Elle se serait possiblement mal-sentie si elle avait daigné refuser ce présent à Kyûri après avoir fait tout ça pour l’aider, mais cet hypothétique sentiment disparu aussi vite qu’une glace au milieu d’un désert lorsque la commerçante annonçait le prix de l’ensemble. Le ton de l’employée des lieux en disait long quant à la disparition de tous ses espoirs de faire une vente alors qu’elle entendait sans doute d’elle même Yukko annoncer qu’elle refuserait de dépenser une telle somme.

Yukko lâchait un soupir audible alors que le soudain léger petit mouvement de foule, sans oublier la beaucoup moins légère exclamation de la vendeuse, amenaient l’hybride à prendre connaissance de l’origine de toute cette excitation qui était, à son grand chagrin, le retour de Haruka qui n’avait toujours pas réussi à trouver un moyen de ranger tout son arsenal hors de la vue des passants. Elle ne comprenait vraiment pas comment les actions pourtant si bonnes qu’elle a vu l’ange opérer envers Kyûri pouvaient originer d’une personne qui ne faisait aussi peu d’efforts pour essayer de paraître plus avenante. Il aurait été si simple de simplement d’acquérir une capsule pour ranger son bordel, non pas que Yukko serait prête à lui en prêter une. L’idée ne lui effleurera même pas la tête et en l’état, la demi-Terrienne se passera de faire un commentaire sur la chose. Haruka qui semblait donc avoir entendu un bout de l’échange entre Yukko et la commerçante s’interrogeait sur la raison de la déclaration de la lycéenne.

« J’ai trouvé exactement ce qu’elle cherchait comme vêtements mais elle n’a pas un sou pour payer. Tu vas me dire, c’était un peu prévisible vu qu’elle se baladait à poil à la base. La demi-Saiyan soupirait de nouveau, rangeant son porte-monnaie tout freluquet avant de croiser les bras et de reprendre sur un fort ton de négation. Et il est hors de question que je m’y colle ! »

L’arrivée de Haruka paraissait avoir aidé Kyûri à regagner un peu de ses couleurs, et Yukko se réjouissait également intérieurement car elle sentait que la jeune femme aux yeux rouges serait plus charitable qu’elle et lui permettrait certainement d’éviter de devoir faire cet achat. Finalement, les choses avaient encore le potentiel de tourner pour le mieux. La réjouissance de la Saiyan en armure fut néanmoins de courte durée alors qu’une pensée soudaine s’avérait avoir traversé son esprit. La demi-Saiyan, d’abord interrogative, compris qu’il s’agissait du manteau de Haruka lorsqu’elle vit Kyûri se diriger vers les cabines d’essayage. L’ange avait déjà expliqué à quel point elle tenait à son manteau et la primate qui ne devrait bientôt plus en avoir besoin était probablement allée le chercher. Mais bien sûr, cela n’aurait pas pu être aussi simple que ça. Alors au lieu de simplement retrouver le vêtement là où elle l’avait laissé, il était désormais entre les mains d’un personnage au physique assez atypique qui menaçait d’endommager irrémédiablement la fameuse veste noire. Kyûri, accompagnée de toutes les bonnes intentions qu’elle voulait, ne pouvait malheureusement tenir tête à cet individu.

L'énergumène en question semblait être une sorte d’immense hippopotame anthropomorphique. Son imposante carrure le rendait impressionnant et il paraissait avoir le caractère qui collait à son physique. Rien de tout cela ne saurait cependant troubler Yukko, le sonar quasi-permanent qu’était sa sensibilité aux émanations d’énergie vitale l’amenant rapidement à discréditer le colossal animal comme potentielle menace. Lorsque l’on arrivait au même niveau que la gamine au sang mêlé, la simple corpulence n’était plus un avantage décisif lors d’un affrontement. Elle l’avait notamment prouvé en ridiculisant au bras-de-fer un individu si gigantesque qu’il aurait certainement eu du mal à tenir à l’intérieur de l'échoppe. Néanmoins, bien qu’elle trouvait une telle réaction assez décevante de la part d’une prétendue guerrière de l’espace, l’adolescente pouvait bien comprendre la peur que devait ressentir Kyûri en face d’un bougre aussi mastoc. Elle supposait que la primate était incapable de ressentir le Ki et voyait donc chez l’hippopotame une menace. Enfin, menace était peut-être un mot un peu fort étant donné que le plus grand danger qu’il puisse se produire étant juste la perte de la veste noire qui n’était de toute façon pas vraiment au goût de Yukko. En revanche, le manque de respect qu’il avait ouvertement à l’égard de Kyûri sous prétexte que la primate serait trop faible pour l’arrêter dans ses bêtises empêchait réellement à la demi-Saiyan de tenir en place.

Mais comment intervenir dans cette situation ? Yukko ne pouvait pas simplement tabasser le type, elle n’avait pas envie de trop attirer l’attention sur elle sachant qu’elle fait probablement partie des gens qui se seraient fait arrêter dans un premier temps pour avoir accompagné Kyûri. Haruka semblait s’être débarrassée des forces de l’ordre, d’une manière que Yukko ignorait totalement et ne souhaitait pas vraiment avoir à lui redemander un tel service. Bref, elle devait essayer d’éviter que la situation ne tourne à la violence, mais n’avait pas pour autant l’impression que l’hippopotame était le genre de type avec lequel elle pourrait simplement raisonner.

« Hé, gros tas ! La subtilité, c’est raté. Et dès ce moment là, éviter la bagarre pouvait devenir rapidement impossible selon la réaction du gars. Elle s’avançait doucement vers l’animal, son regard levé vers le sien, à cause de la différence de taille entre les deux individus, était dénué de toute angoisse. Tu retire ce manteau ou tu aura à faire à moi, et tu n’a pas envie d’emmerder quelqu’un qui s’est qualifiée pour le tournoi de Dösatz. »

Elle espérait que cette menace suffirait à le dissuader. Faire partie des qualifiés du tournois était en soi un témoignage de la terrible force de la demoiselle, et si l’hippopotame était un tant soit peu intelligent, il comprendrait rapidement qu’il aurait plus à perdre qu’à gagner à ne pas écouter Yukko. Mais vu la différence de carrure entre les deux et l’apparente jeunesse de l’hybride qui avait la fâcheuse tendance à la rendre peu impressionnante aux yeux des autres, il était tout aussi possible qu’il ignore complètement sa menace et poursuive sa vaine quête de refermer le manteau trois fois trop petit pour son corps. En réalité, le plus grand risque pour lui était que Haruka et tout son arsenal n’intervienne dans le conflit et vu que c’était son bien précieux qui était en jeu, cela paraissait malheureusement assez probable.

Il était bien temps que les gens apprennent que Yukko, malgré son apparence que l’on pourrait croire filiforme au premier abord, tirait quand même de son sang Saiyan et de ses soixante-sept kilogrammes de muscles une force qui n’était pas à prendre à la légère. Son adversaire lors des éliminatoires du tournoi avait justement commis cette erreur et l’avait payé de sa dure défaite. Mais il restait facile à croire que le mastodonte de chair grise qui lui faisait face se pensait en position de supériorité. Ainsi, les seules menaces verbales de la demoiselle ne réussirent à dissuader l’hippopotame dans son acte fou, et puisqu’il s’agissait du manteau de Haruka qui était en jeu et que l'Ange était elle-même témoin de tout ce grabuge, il n’était plus qu’une question de secondes avant que cette dernière n’agisse. Et effectivement, d’un seul long saut, la femme aux cheveux ébènes vint écraser le visage boursouflé de l’animal, celui-ci retombant au sol en fracassant de son immense corpulence tout ce qui osait se trouver sur le chemin de sa chute. Ceci venant d’achever toutes les chances d’éviter d’attirer trop d’attention sur le groupe, cet échec cuisant qui amenait Yukko à porter ses deux mains à son visage dans un geste d’exaspération avait au moins pour mérite d’avoir sauvé de la destruction la possession de Haruka qui pouvait enfin ranger toutes ses armes de la vue de tous les passants. Enfin, du peu de clients qu’il pouvait rester dans la boutique.

Une fois ceci fait, Haruka vint à parler à Kyûri, qui était tout de même au centre de la scène quand bien même elle n’avait pas participé à l’action. En effet, tout cela avait détourné l’attention général de tous ses participants et personne ne parut réellement reconnaître l’état quelque peu inhabituel dans lequel paraissait s’être retrouvée la Saiyan. Puisque l’occasion de reprendre le cours normal de leur visite au magasin se présentait de nouveau, l’Ange apparemment se dévouait pour payer l’achat de Kyûri, ce qui fit intérieurement rire la demi-Saiyan qui voyait son plan se dérouler à merveille. La dame au manteau noir mentionnait néanmoins qu’il n’était pas question de laisser Kyûri partir sans vêtements, le regard qu’elle lançait à Yukko devant très largement signifier qu’elle n’appréciait pas vraiment le radinisme de la demi-Saiyan. La lycéenne, se sentant évidemment visée, ne manquait pas de rétorquer à Haruka.

« C’est bon, commence pas. L’argent tombe pas du ciel, contrairement aux Saiyans nues. »

La soudaine chute de Kyûri prit tout le monde de court, seule la vendeuse s’étant au préalable rapprochée réussit à l’empêcher de tomber au sol. Yukko se rapprochait de la guerrière de l’espace maintenant assise sur un petit tabouret, l’air surpris alors qu’il y a à peine quelques minutes de cela, la primate était en pleine forme, du moins physiquement. Décidément, la naufragère ne cessait d’étonner tout son entourage, ne leur laissant guère le temps de s’ennuyer. En soi, puisque l’ennui était l’un des principaux ennemis de la gamine aux cheveux bleus, suivre Kyûri s’avérait à chaque instant être le meilleur choix qu’elle aurait pu faire de la journée. Néanmoins, les circonstances étranges de la chute de la Saiyan restaient étrangères à Yukko. En effet, elle estimait que rien dans leur environnement proche aurait pu causer une telle perte de conscience à moins qu’il ne s’agisse d’un antécédent physiologique dont elle aurait pu d’ailleurs hériter suite à son atterrissage brusque qui, mine de rien, datait toujours de moins d’une heure. L’esprit de Yukko plus encombré d’incompréhension que de réelle compatissance l’amenait tout de même à scruter le corps de la Saiyan à la recherche d’une éventuelle explication à cet aléa. Elle ne peut remarquer la présence de sang sur les mains de la primate puisque sa courte recherche fut interrompue par le grognement du ventre de Kyûri, les paroles de la rescapée qui suivirent amenant l’adolescente au sang-mêlé à penser que la faim était la vraie cause de tout cela.

« Haha ça, je pense que je peux m’en occuper ! »

Dit-elle, sa voix portée d’un enthousiasme renouvelé dont l’origine paraîtrait certainement peu claire aux yeux des différents acteurs de la scène. En réalité, l’arrivée soudaine du Kyûri dans le grand parc avait interrompu Yukko dans sa quête d’obtenir la fameuse crêpe que l’un de ses précédents partenaires d’entraînement lui avait recommandé. Maintenant que la possibilité d’aller assouvir cette envie se représentait, elle ne risquait pas de la rater. D’un grand sourire, elle fit rapidement signe aux deux demoiselles qu’elle allait s’absenter avant de disparaître d’un coup à l’aide de son Shunkan Idō, esquivant de la même manière la responsabilité de devoir payer les habits de Kyûri en laissant Haruka seule face à la vendeuse.

Apparaissant dans le parc, elle vit avec soulagement que l’échoppe où l’on vendait les crêpes était toujours présente. L’arrivée fracassante de Kyûri qui avait fait fuir pas mal de monde et attiré l’attention des forces de l’ordre n’avait apparemment pas suffit à faire fuir les propriétaires du commerce, mais la file d’attente était autrement plus courte ce qui arrangeait évidemment la demi-Saiyan. Elle se rendit en face de la petite boutique et demandait au commerçant de lui donner deux crêpes, l’une étant évidemment destinée à Kyûri, l’autre à sa propre dégustation. Le prix de 50 zénies (prix d’un repas pour deux personnes à Capsule Corp.) était déjà bien plus abordables que les cent-et-quelques que devaient lui revenir les vêtements de la rescapée. Elle tendit la monnaie au vendeur qui l’a remercia et récupéra en échange les deux magnifiques crêpes qu’elle convoitait tant. Elle ne se fit pas prier pour commencer à déguster sa part dès à présent, s’extasiant ouvertement face au goût qui chatouillait ses papilles. Absolument ravie de sa dépense, elle félicitait le cuisinier pour ce met fantastique puis disparu en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire.

De retour au magasin de vêtements, ou peu importe se trouverait Haruka et Kyûri si elles avaient déjà conclu leur achat, l’hybride tendirait la seconde crêpe à la petite brune, la bouche encore pleine de Yukko elle l’espérait suffirait à la convaincre de goûter cette nourriture qu’elle ne connaissait, ou peut-être n’aimait pas. De toute manière, la primate n’était pas réellement en position de faire la fine bouche, son actuel manque de moyens financiers la rendant presque totalement dépendante de ses deux sauveuses.

La prochaine étape consistait à trouver à manger pour la pauvre Kyûri. Les sons pour le moins dérangeants qui émanaient de son ventre en étaient que seule la meilleure de toute les nourritures ne saurait amadouer. Par chance pour la femme à la queue de singe, Yukko savait parfaitement qu’est-ce qui pourrait les sortir de ce pétrin. A l’aide du déplacement instantané, Haruka et la Saiyan se retrouvèrent rapidement toute seules en face de la vendeuse, laissant la tâche de payer pour les habits de la primate revenir à la seule monnaie que l'ange portait sur elle. Ce coup de maître avait permit à la lycéenne de non seulement éviter l’achat le plus cher, mais aussi de se procurer la chose qui avait motivé sa venue dans le grand parc de la métropole dans un premier temps, à savoir les succulentes crêpes dont elle avait entendu parlé. La simple odeur de ce repas lui chatouillait les narines et suffisait à lui faire oublier la somme qu’elle eut à dépenser, tout comme le fait que l’une de ces deux sucreries ne lui était pas destinée ce qui l’aurait beaucoup ennuyé en temps normal.

De retour au centre commercial, la jeune fille retrouvait ses deux connaissances assises sur un banc, certainement la meilleure solution compte tenu de la fatigue qui paraissait être devenue maîtresse du corps de Kyûri. N’ayant pas pu s’empêcher de commencer la dégustation de sa propre part, Yukko tandis à la primate son repas, sans aucun mot pour accompagner son geste. Etant donné la situation, la guerrière de l’espace devrait aisément comprendre que cette nourriture lui était destiné et à partir de là, la demi-Saiyan laisserait le doux parfum qui suintait de la croustillante feuille dorée parler d’elle-même; une telle odeur pourrait enjôler tout Saiyan qui se respecte. Malgré tout une certaine hésitation de la part de Kyûri se fit connaître, alors qu’elle était réticente à prendre dans sa main le présent de Yukko. Cette hésitation semblait bien démontrer qu’il s’agissait de la première fois que Kyûri se retrouvait nez-à-nez avec ce genre de nourriture.

Ceci suffisait à inspirer un élan de peine chez Yukko. En effet, l’hybride ne pouvait même pas s’imaginer vivre une vie où elle n’aurait pas connu l’existence des crêpes. Cette sucrerie excessivement appétissante faisait aisément parti des mets favoris de la demoiselle, et cette particulière crêpe de Dösatz était certainement l’une des meilleures qu’elle n’ai jamais eu la chance de goûter. Les saveurs venaient chatouiller le palais de la demi-Saiyan a tous les bons endroits, la sensation de plaisir qu’elle ressentait n’avait d’égale que celle qu’elle tirerait d’un excellent combat, pour prendre des comparaisons qu’elle aurait pu elle-même comprendre. Surement, la vue de la jeune combattante en train de se régaler de ce délicieux festin devrait suffire à convaincre la petite brune qu’elle n’avait rien à craindre de ce présent sinon l’invasion de ses papilles gustatives par d’exquises saveurs. Finalement, elle franchit le pas et se saisit de cette merveille de cuisine. La suite, vous la connaissez.

Au final, seule Haruka se retrouvait privée de ce merveilleux goûter. Mais puisqu’elle n’avait pas l’air de s’en plaindre, Yukko ne voyait pas trop raison à devoir partager avec elle. Si ça se trouve, elle venait peut-être juste de manger avant toute cette petite escapade. Les yeux rivés sur son plat, la lycéenne serait de toute manière bien incapable de comprendre la subtilité de la figure grimacée de l’ange. Si elle en voulait, elle l’aurait fait savoir, pensait-elle naïvement. Cette dernière commençait d’ailleurs à s’adresser à la participante du tournoi mais sa parole fut brusquement coupée par Kyûri qui, les larmes aux yeux, exprimait à quel point elle n’avait jamais rien mangé d’aussi bon de toute sa vie. Un grand sourire se dessinait sur le visage de Yukko, fière d’elle d’avoir su trouver la nourriture qui correspondrait parfaitement aux attentes de la rescapée, et qui ne pouvait réellement qu’approuver les dires de la brunette. Ses deux doigts levés en signe de victoire montraient qu’elle avait bien reconnu les remerciements de l’affamée.

Néanmoins, les quelques larmes venues recouvrir les yeux de la primate paraissaient légèrement déroutants pour la demi-Terrienne. Yukko savait cette crêpe bonne, intensément bonne même, mais de là à en pleurer de joie. Elle trouvait ça un petit peu excessif, si tenté que ce ne soit pas une réaction forcée de la part de la guerrière de l’espace. Mais dans ce cas, depuis combien est-ce qu’elle n’avait pas mangé quelque chose ayant bon goût pour se retrouver dans un tel état devant une simple gâterie ? Sans mauvaises pensées, elle répondit à sa locutrice d’un ton plaisantin.

« Haha bas dis donc, toi ça fait longtemps que t’as pas eu un bon repas je parie ! »

Ah mais peut-être serait-il temps de répondre à Haruka. Avant de se faire interrompre par les propos de Kyuri, elle avait paru s’interroger quant à l’identité de la lycéenne. Face à l’autre imbécile d'hippopotame, Yukko avait déclaré être une combattante dans une vaine tentative de menace. Ceci devait avoir interpellé la belle aux yeux rouges qui se questionnait du coup sur la véracité de ces propos. La guerrière venue du futur ne pouvait se permettre de laisser planer le doute sur cette vérité dont elle tirait tant de fierté. Avalant sa bouchée de sucrerie, elle regardait la femme vêtue de noir en se pointant elle-même du pouce, un sourire traversant son visage d’une oreille à l’autre. Dès que l’on parlait de quoique ce soit ayant un rapport de près comme de loin avec le combat, l’intérêt de la guerrière au sang mêlé s’éveillait de plus belle.

« Pas juste une combattante, une Artiste Martiale, s’il-te-plait ! Et pas n’importe laquelle, j’aime à croire que je fais parti du top de cet univers ! Enfin, bientôt, j’espère. »

Il n’y avait aucun doute à avoir, et ce même si la présente tenue de la demi-Saiyan n’était pas explicitement l’habit d’un combattant, contrairement à son dōgi orangé qu’elle avait l’habitude de revêtir. Le pantalon un peu baggy en particulier n’était pas vraiment une pièce d’une tenue de combat mais plutôt un bas que n’importe qui pourrait porter pour un footing par exemple. Son apparence d’une manière générale n’était pas celle que l’on attendait d’un grand artiste martial, mais peu nombreux étaient les experts en combats qui étaient aussi des filles de 16 ans. Les manches longues de son tee-shirt et son futal ample cachaient également les quelques muscles clairement définis de son corps ferme et participaient à lui donner cette silhouette un peu banale et généralement assez peu impressionnante. Ajoutez à cela sa petite queue de cheval sur le côté de la tête et la demoiselle avait finalement un look presque enfantin par moments.

« Mon nom ch’est Yukko. Dit-elle, alors que sa bouche se retrouvait de nouveau encombrée par sa crêpe.

Au même moment, la patrouilleuse fut surprise de voir avec quelle énergie Kyûri dévorait sa nourriture. Elle qui était au bord de l’évanouissement il y a quelques minutes, elle mangeait avec une hargne qui rendrait fiers ses pères Saiyan. Au delà de la surprise, Yukko ne trouvait donc réellement rien d’étranger à ce comportement légèrement disgracieux. En fait, elle voyait même ça comme un signe de bonne santé de la part de la femme à la queue de singe. Une chose normale, en outre, pour une guerrière de l’espace. C’était même possible qu’elle finisse sa dégustation avant Yukko. Cette dernière ne partageait pas vraiment l’appétit des habitants de Vegeta, son sang terrien beaucoup plus dominant lui permettait de se suffire de comparativement peu de nourriture; une chance pour son porte-monnaie !

Spoiler:

Les deux descendantes des guerriers de l’espace étaient en train de déguster leur fabuleuses crêpes. Enfin, dans le cas de Kyuri, dévorer aurait été un terme bien plus adapté, tellement le rythme avec lequel elle avalait ce petit goûter était frénétique. En soi, cela n’avait rien de bien étonnant pour un Saiyan pur souche de s’empiffrer d’une telle manière avec une énergie renouvelée puisque la demoiselle à la queue de singe n’avait il y a quelques minutes pas même l’énergie de rester debout. Yukko n’était pas plus inquiète que ça de cette grossière démonstration de manières, prenant quant à elle le temps de savourer chaque bouffée afin de bien profiter de cette saveur divine qui émanait de ce parfait cocktail d’aliments. Cette cascade de goûts était certainement l’une des meilleures choses que pouvait offrir Dösatz, et c’était un petit peu regrettable que Kyuri ne déguste pas avec la même attention que l’habitante de la Terre, mais peu importe. L’important en revanche était que la primate arrive à se suffire de cette seule crêpe pour le moment, car il n’était certainement pas question pour la gamine à la couette violette de partager dans son repas ou d’aller dépenser encore un peu plus de sa précieuse monnaie. Une demande d’un tel ordre de la part de Kyuri se serait probablement vu répondre d’un non catégorique mais par chance elle n’eut pas besoin d’en arriver là. Par contre, à défaut de se nourrir malproprement, c’était la bouche pleine que l’adolescente révélait son prénom à la demande de Haruka. La phrase assez courte restait suffisamment compréhensible pour ne pas inviter une demande de clarification de la part de l’ange.

Cette dernière vit tout de même un rictus apparaître sur son visage alors que Yukko se présentait comme étant l’une des plus grandes pratiquantes d’Arts Martiaux de cet univers. Décidément, la lycéenne avait bien du mal à se faire respecter. Elle avait du mal à comprendre que sa carrure et que la force qu’elle dégageait présentement n’étaient pas vraiment à la hauteur de ses ambitions, la demi-Saiyan se surestimait probablement mais restait sûre en son fort intérieur d’être capable d’appuyer ses revendications. Si la brunete voulait être de ceux qui dévisageaient la gamine aux cheveux attachés, alors soit. Faire une scène ici n’aurait été d’aucune utilité, alors que sa participation prochaine au tournoi de Dösatz devrait suffire à rabattre le caquet de tous ses détracteurs. L’ange fit d’ailleurs cette même remarque, un sourire confiant apparaissant au coin du visage de la demoiselle.

« Haha oui, ça tu peux en être sûre ! Mais je me bats pour moi-même, je me fiche bien de ce que le monde peut penser de moi. »

Mentait-elle à moitié. Il est vrai que si elle se pensait effectivement la meilleure du monde, elle n’avait pas besoin de l’approbation de qui-que ce soit. Pourtant en l’état, et suite à l’expérience au résultat pour le moins mitigé qu’était son assaut contre Yuno, elle n’aurait pas refusé que quelqu’un vienne flatter son égo.

Comme prévu, Kyuri fut effectivement la première à finir de manger sa crêpe, battant Yukko de quelques bonnes minutes puisque cette dernière devait en plus discuter avec Haruka. Alors que l’échange entre les deux sauveuses de Kyuri prit fin, et que la demi-Saiyan se léchait les doigts dans son but de ne laisser aucun échappatoire au délicieux parfum de la sucrerie, la naufragère prit de nouveau la parole. Même si sa déclaration était parsemée de bégaiements qui trahissaient son manque actuel de confiance en-elle, la primate exprimait sa volonté de devenir plus indépendante ce que Yukko appréciait. La volonté de la guerrière de l’espace de s’améliorer était un trait que la patrouilleuse du temps trouvait honorable et une résolution qui lui valu un pouce levé de la part de la participante du tournoi. Elle saluait d’un geste de la main Kyuri qui s’en allait. Au final, elle espérait tout de même que son aide ait réussi à motiver Kyuri à se reprendre en main. Même si elle n’avait l’air de rien pour le moment, elle restait une guerrière de l’espace, membre de la race présentant le plus grand potentiel de combat de l’univers. En s’entraînant un petit peu, elle pourrait rapidement atteindre un niveau digne de sa race, et serait donc une potentielle adversaire pour Yukko qui ne demandait que ça. La demoiselle se retournait vers Haruka et lui dirigea à elle aussi un au revoir d’un signe de la main.

« Bon et bien dans ce cas-là, moi aussi je vais m’en aller ! Porte-toi bien ! »

Ceci-dit, l’adolescente partit dans sa propre direction. Elle risquerait encore de traîner quelques minutes de plus dans le centre commercial avant de s’en aller.