Lord Nobusada - Cyborg

En sortant de sa capsule, il ne savait guère à quoi s'attendre. Une chose était claire pourtant : sa mission.

Une fois le capot soulevé, il se redressa. Débarrassé du liquide de stase et de toute la tuyauterie qui lui permettait de survivre, il se donna un instant pour laisser s'égoutter tout ce liquide verdâtre dans lequel pullulaient les nanomachines qui complétaient son organisme. Il n'en avait plus besoin désormais, son corps étant rompu, prêt à vivre de manière émancipée. Cet assistanat lui avait lourdement pesé sur le système, durant tout le temps de sa création : bien qu'en veille, il était conscient de son inaction, et quelque chose dans son instinct cybernétique l'invitait à considérer que plus le temps passait, plus sa mission était en péril. Sa mère le lui avait fait comprendre à sa manière : la station Computer à laquelle il était relié, celle-là même qui était à la base de son intelligence artificielle, l'avait criblé d'articles en tout genres, et il ne faisait aucun doute que le temps se bousculait au gré des émanations de chacun. Toute une foule de guerriers existait dans cet univers : autant d'antagonistes qui viendraient perturber l'objet de son existence.

"Règne sans partage".

Lord Nobusada était né pour être le nouveau souverain, avec autant de certitude que le ciel est bleu pour l'oeil humain, pour peu que le soleil darde la planète Terre de ses rayons d'azur, sans que celle-ci ne se camoufle derrière d'épais nuages. Le soleil est pour lui une immense source d'énergie, et c'est la raison pour laquelle il préfère le beau temps à la pluie. Est-ce de l'attachement ? Quel est donc ce sentiment singulier ? Il n'ignore pas qu'il est né pour détruire et non pour faire des excès de zèle : sa mère l'a éduqué pour agir de manière logique et programmée, rien d'autres. La part d'humanité qui, peut-être, réside au fond de ses nanomachines, doit rester voilée : elle est source de faiblesse et de complaisance à l'égard de l'homme qui reste, bon gré mal gré, une source de nuisance pour lui.

En sortant de sa capsule, il ne savait guère à quoi s'attendre. Une chose était claire pourtant : sa mission.

Il lui fallut à peine quelques jours pour découvrir l'écosystème terrien et, du fait d'une intelligence supérieure puisqu'artificielle, il ne tarda pas à saisir les mécanismes les plus complexes de cette nature formidable. Formidable ?

Durant ces quelques jours, il profita de ses pérégrinations pour choisir ses premiers esclaves. Des mercenaires, des fugitifs, des travailleurs acharnés : il en pris de toutes les sortes et de toutes les couleurs pour compléter son QG. Il implanta, dans chacun d'eux, une puce pour les soumettre : il pouvait ainsi contrôler une légère part de leur volonté et, surtout, régner par la force. Qu'un seul ose se soulever, et la puce implosait, détricotant toute la moelle épinière de ses sujets, laissant la victime inerte. Jusqu'à présent, il n'en avait fait sauter qu'un seul, qui tardait résolument à réaliser ses tâches : un prisonnier en escapade qu'il avait kidnappé dans un bois alentour. Incapable de travailler correctement et de marcher de concert avec ses autres domestiques, il menaçait de perturber l'équilibre de son harem et, pire encore, de déranger Computer. Nul ne devait faire front à la station-mère.

Cette station-mère, il la chérissait plus qu'une mère encore. Elle était la base de son existence, et bien qu'il ignore tout de son père, il n'avait aucun scrupule à employer les pires méthodes pour protéger sa mère. A présent qu'il avait réuni la base de son dispositif, il ne lui restait pas qu'à commencer sa mission à proprement parler.
Quel destin se pouvait donc se profiler devant le radar de Lord Nobusada ? Ne perdons pas de temps, et allons le découvrir.