Ce moment délicieux avant que le rideau ne se lève. Inspiration. Expiration. On se détend. On est tranquille, serein. Quatre marchait tranquillement dans la neige, sifflant tranquillement un air improvisé, qui avait un rythme assez lent. Il ricana un peu, continua de siffler, avant de humer l'air froid de Freezer. Une planète qui n'était pas très chaude, il fallait le dire. Les traces de pas dans la neige s'arrêtèrent jusqu'à l'entrée d'une sorte de base. Peut-être est-ce un laboratoire ? Peut-être est-ce un centre militaire ? Quatre s'en fichait un peu. Son nouvel employeur lui avait donné une mission pour passer le temps. L'écriture du script était encore en cours, alors il faisait de l'improvisation. La commande passée par le Beau Jack pour un Démon du Froid trucidé ne pouvait être réalisée en ce moment.

"Le décor est posé. Les projecteurs s'allument. Je n'ai pas besoin de souffleuse par une neige pareille. Ma clientèle sera ravie par ce petit travail. Ce sera comme l'assaisonnement sur un plat cinq étoiles. Et puis... quel échauffement ravissant... Pour moi comme pour mon pinceau..."

Sa palette adorée venaient de séparer son manche de son pied pour arriver à prendre la forme d'un chalumeau. Il était devant la porte qui faisait deux fois sa taille, d'un métal qu'il ne connaissait et dont il n'avait rien à faire. Ceux qui s'occupaient du décor étaient des professionnels, après tout. Et puis trop de détails tue l'histoire,après tout. Quatre approcha la flamme, puis la retira rapidement. Non, ce n'était pas cela qu'il fallait. Comme un couteau suisse, sa canne prit plusieurs formes. Des explosifs ? Un lance-roquette ? Une grenade électromagnétique ? Il sortit enfin une petite aiguille, qu'il approcha légèrement de la porte. Au contact, les lumières présente sur l'amas de métal qui bloquait l'entrée s'éteignirent, à la joie de l'artiste. Puis une deuxième couche s'ajouta à la première, rendant bien moins possible l'accès, à la tristesse de celui qui voulait être un intrus. Il se décida alors à juste tapoter sur le terminal de droite. Quatre chiffres. Dix nombres possibles. Dix mille possibilités. Pourquoi pas ne pas les taper toutes ? Agitant ses doigts à une vitesse impressionnante, il arriva enfin à 5973. La porte, bien que deux fois plus résistante, fut obligée de laisser place au meurtrier.

Entrée. Un premier soldat. Une première touche. Le rouge est une couleur primaire, après tout. La combustion de la balle qui est projetée dans une tête. Une bouffée de fumée sort de son crâne, fumée qui s'élève vers le plafond qui devient bleu, prenant l’apparence de nuages sur ce nouveau ciel. Quatre maniait à présent deux pistolets. Des Desert Eagles pour être précis, qu’un humain normal ne pourrait tenir dans une main. Avec un raffinement extrême, il maniait ses armes en duet. Deuxième soldat. Une flamme sorte de son dos. La flamme devient des fleurs, dont les petaux volent au loin, libres de tout. Un troisième, et ses yeux deviennent des gemmes, qui brillent de mille feux et qui tombent par terre.

Sous les feux des projecteurs, le danseur continuait son solo. Entouré de la fumée de ses deux instruments, il voyait les corps tomber sur le sol, chacun différemment, chacun avec sa propre grâce, avec sa propre beauté. Chacun avec une élégance qui lui était propre. De magnifiques papillons sortaient des embouts chauds. Des lumières de partout. Le jeu des couleurs était à ravir. Des fleurs, des feuilles, des pierres, des rivières, des arbres, des montagnes ! Un joli petit bonheur. Une joie de vivre faisait battre son coeur. Il s’arrêta soudainement. Il était à cours d’ennemis. Avec un semblant de déception et de frustration il entra dans la pièce d’à côté. De nouveaux ils arrivèrent, tous. Quatre fit tourner ses deux armes pour les faire s’entrechoquer. Elles étaient désormais un tout. Ce tout était un fusil d’assaut.

Des étincelles. De l’or. Des éclairs dans la nuit de l’endroit, dans cette sombre caverne qu’était ce laboratoire. Les vitres et les récipients se brisaient, reflétant partout les milles et unes étoiles qui sortaient du canon. Les yeux rouges du visage de métal observaient son travail avec toute l'allégresse que pouvait avoir une face sans traits faciaux. Il était heureux. Il était fier de ce qu’il faisait. Le sang continuait de couler dans un couloir peu éclairé.

Dernière salle. Il avait sortit la touche finale : de ses poches sortaient des poches détachées destinées à améliorer son arme. Dans ses deux mains, sans besoin d'appuis ou d’aide supplémentaire, il portait un canon anti-tank. Un projectile de lumière et d’acier traversa la salle. Les derniers acteurs de la scène furent happés de fumée et de flammes. Des lianes entourèrent leurs pieds, des racines leurs dos. Ils devenaient des statues, à jamais dans leurs dernières poses, dans leurs dernières apparences, amenés vers le ciel par un arbre.

Est-ce que c’était Quatre qui observait tout cela ? Ou était-ce bien réel ?

Expiration. Le soulagement. La joie de la fin, l’extase de l’apogée. Tout était terminé. Tout était remis en place. Tout était comme il le fallait. Inspiration.

"Respirez moi cette atmosphère… Comme c’est beau. Une oeuvre achevée. Un petit travail. Une jolie oeuvre. Une belle composition. Des belles couleurs de partout. Mais quel nom donner à cela ?.. Oh, et puis bon… Plein d’oeuvres restent sans nom."

Maintenant, la partie qu’il avait failli oublier : la recherche du système ECHO. Après une bonne demi-heure à renverser des bureaux, une heure à ouvrir des tiroirs, et une heure et demi à tout remettre en place, il retrouva le Talkie-Walkie futuristique. Remettant sa canne en place, il se remit en marche.