Le simple fait de se balader dans Satan City était une exploration en soi. Ne venant pas de cette planète, je n’avais ni accès ni la compréhension des mœurs qui régissaient ce monde. Apparemment, la ville était assez importante sur la Terre, une mégalopole que l’on qualifiait de capitale. Je ne comprenais pas bien ce qu'il s'était passé dans le coin mais la plupart des bâtiments devant lesquels je passais été en ruine. J'avais eus vent d'une bataille ayant causé ces dommages mais je n'en savais pas plus. Après tout, je n'étais sur Terre que depuis quelques jours. À mon arrivée, j'étais perdue et apeurée par ce nouveau monde. Moi qui me donnait des airs de grande femme forte, découvrir cet inconnu m'avait conforté dans ma position d'adolescente pas entièrement adulte. Sans repère, je n'étais qu'un gouffre à angoisses.
Heureusement, je m'étais bien vite acclimatée à ce nouvel environnement. Les étendues rurales étaient vastes et légèrement désertiques, laissant libre court à mes entraînements qui pouvaient se révéler destructeurs. Je n'avais aucun domicile fixe, me contentant de dormir à ciel ouvert ou dans une grotte lorsque le temps ne me le permettait pas.
J'étais arrivé à Satan City dans la matinée, sans réel autre but que de flâner un peu. Je me doutais que mes amis de Salada ne se trouveraient pas sur Terre, aussi avais-je pris la décision de prendre la voie de l'espace et d'explorer l'univers à leur recherche. Mais avant cela, je devais me renforcer. Étrangement, j'avais perdu beaucoup de ma force depuis mon arrivée. Je la retrouvais peu à peu chaque jour mais j'étais loin de ma puissance d'antan.
Alors que je regardais distraitement des ouvriers en train de s'affairer à la tâche, l'un deux, posé sur un échafaudage, m'interpella.
«Eh, toi la fille avec les cheveux en brosse, tu peux m'passer mon marteau, j'l'ai fais tomber.»
Je n'étais pas particulièrement à cheval sur les bonnes manières, n'étant moi même pas très poli, mais il y avait tout de même de meilleures façons de s'adresser à des inconnus. Pour autant, je décidais de garder mon calme. Comme je l’ai spécifié, je ne connaissais absolument pas les us et coutûmes de la planète et ne voulait pas déclencher un quelconque conflit.
Je ramaissais l’outil et le balançait à l’homme qui se trouvait deux mètres au dessus de moi. Sûrement que, sans calculer ma force et sur le coup de l’énervement, j’ai fais un mouvement brusque car le marteau s’envola bien trop haut. Bien bien trop haut car il disparu dans le ciel et se perdit dans les nuages.
«Wahou, gamine, t’as un sacré lancer. Mais v’la, maintenant moi j’ai plus d’quoi enfoncer mes clous. Ah ben bravo gamine.»
Il me gavait celui-là. Je pris une grande respiration afin de me retenir de lui en mettre une – ce qui l’aurait certainement tué – et concentra mon Ki sous mes pieds afin de décoller et de me retrouver à sa hauteur.
«J’vais vous aider. Mais vous avez l’autorisation d’être poli hein.»
Sous l’air ahuri de l’homme, j’enfonçais les clous dans la façade d’en face, d’une simple pression du doigt. L’avantage de posséder une force surhumaine et des dons en manipulation de l’énergie. Cependant, après une première exclamation de surprise, il se reprit et m’aida à la tâche. Apparemment, il était courant sur cette planète de voir des gens aux capacités hors-norme comme moi. Bien que la plupart des membre de la population n’étaient que de banals humains, certains arrivaient à développer leurs potentiels.
«Ah, t’es l’une d’entre eux ?»
«Une quoi ?»
«Une de ceux qu’on voit de temps en temps dans les tournois d’arts martiaux ou les infos. Les gens sont pas dupes. On sait bien qu’il y a des forces qui nous dépasse sur la planète.»
«Ah oui, j’vois. Mais moi j’suis une saiyenne.»
«J’connais pas. Et en soi, j’m’en fou. J’vois juste que tu peux nous être utile. Tu veux bien nous aider, mes hommes et moi ? Faut qu’on transporte ces palettes de parpaings à l’autre bout de la ville pour la re-construction d’un immeuble.»
Peut-être que le fait que je n’avais rien à faire de la journée ou encore que je n’ai pas eu de contacts humains depuis plusieurs jours m’a poussé à accepter naturellement. Ce ne fut pas bien long. En quelques minutes, j’avais porté la dizaine de palettes à destination. Le vol et ma force me permettait de faire les allers-venus rapidement et je me montrais aussi utile que possible. J’aidais ensuite, sur les commandements de l’homme malpoli qui devait être le chef de chantier, à quelques basses besognes. À la fin de la journée, j’étais crevée mais j’avais en moi l’impression du boulot bien fait et d’avoir œuvrer pour le bien commun. Si mes capacités pouvaient être utiles, autant s’en servir.
J'étais pleine de crasse et surtout exténuée. L'homme malpoli, voyant ma fatigue, décida de me payer une nuit à l'auberge du coin en récompense de mon aide. Bien qu'habituellement je préférais dormir sous les étoiles, je ne me voyais pas retourner dans la nature ainsi. J'acceptais donc son offre avec joie, heureuse d'avoir pu contribuer à la reconstruction de cette ville. J'en avais détruit tant d'autres par le passé après tout.