I am the bone of my sword

Les flammes, les cris, les pleures. Cela fait bien longtemps que j'y suis indifférent. Cet homme est un très bon combattant, il manie l'épée avec une adresse remarquable. Tous ses compagnons d'armes sont morts, et pourtant lui se tient toujours debout, faisant face à l'adversité sans déchanter. Cette ténacité, fut un temps où je l'aurais admiré... Mais désormais je ne peux m'empêcher de le plaindre. Il fatigue, je le sens, et bientôt ses coups se feront plus lent, s'affaibliront. Nos lames s'entrechoquent continuellement, faisant naître et mourir des étincelles à chaque rencontre. Voilà qui refléte particulièrement bien l'insignifiance de notre existence, nos propres vies pouvant tout aussi bien dépendre de ces armes qui se croisent.

Finalement, ce qui devait arriver arriva. Le voilà qui fléchissait le genou bien plus qu'il ne l'aurait dû. J'inspirais un grand coup, parant la lame qui menaçait mon flanc, avant d'abattre mon pied sur son articulation. Le craquement de son os fut étouffé par son râle, et j'eu le temps de faire tournoyer la lame de ma main droite avant de l'abattre sur sa gorge. Aussi brièvement que la vie d'une étincelle, je venais de prendre la sienne. De l'un de ses yeux s'écoula une larme, emportant sur son sillage le sang qui dégoulinait d'entre ses dents, et accompagnant dans sa chute celle du fin limier. Les flammes s'intensifiaient, le château était en ruine, les corps gisaient de toute part. Ma mission accomplie, voilà que mon corps disparaissait, une fois encore. Sans dire un mot, j'accordais un dernier regard à l'élégante épée qu'avait brandit mon adversaire, avant de quitter ce monde pour de bon.

"Trace On."

De retour dans "mon monde", gravissant la butte recouvertes de ma trop grande collection, j'effectuais la Projection de ladite épée. Une énième arme à mon râtelier, une énième mission accomplie. Combien cela faisait-il, de lames et de guerres achevées ? Cela n'avait pas d'importance, j'allais finir par m'incarner à nouveau, encore, encore, et encore. La seule question restait alors : aurais-je assez de place pour d'autres de ces armes ?