Gorillaz

”J’adore chevaucher des monstres géants. Quelle excellente expérience. Tout le monde devrait essayer ça."

Quel est ton plan, Baron ? Pourquoi cherches-tu donc à torturer le cerveau de ces guerriers de l’espace pour les ramener à l’état sauvage ? Leur offres-tu si peu de respect que tu ne peux les observer que comme des virus à laisser proliférer dans un rigide enclos ? Ou bien veux-tu leur rendre leur puissance d’antan et leur statut de huitième merveille du monde ? Quelle partie de ton plan ces gorilles géants incarnaient-ils ? Avais-tu vraiment un plan ou bien est-ce que tu improvisais tout au fur et à mesure ? Tu souris avec la cruauté d’un gamin qui obtint tout sur un plateau d’argent, mais ces pieux d’argent cachent quelque chose. Je le sais. Nous le savons. Nous le sentons. Par ta superbe, tu commandes ce bataillon de kongs titanesques qui avancent lentement. Il s’est éloigné du chemin vers le stade pour absorber sous ton commandement d’autres escadrilles. As-tu enfin atteint les cinq cents colosses simiens ?

”Stop !"

Il leva la main droit vers le ciel en hurlant. Les gorilles s’arrêtèrent avec difficulté, se rentrant dedans les uns les autres. Cela aurait été sacrément comique, si seulement

”Une seconde, que je me repère. Je ne suis malheureusement pas habitué à m’orienter sur cette planète."

La parade simiesque était bien loin du désert, il est vrai. Il n’était plus question de voler quand on acceptait de redevenir un puissant macaque au sang pur. Le chemin se faisait à grands pas de géants, mais pas à grands bonds. C’était un rythme lent mais endurant. Majestueusement, le Baron eut l’audace de poser un pied en avant sur le sourcil de Ticho. Il sortit une longue-vue de la poche interne de son manteau, et la déplia en observant les alentours. Pas un seul Saiyan aux alentours. Ah, si, un homme tenant un autre comme une mariée. Du sang coulant de plaies. La camaraderie masculine de deux compères en péril.

”Mmh. Je le préfère avec Scalio, personnellement."

La lunette se tourna vers autre chose. Une coupe remplie de jade faisait face à l’ouest, puis à l'est. Babord, tribord. Et puis le ciel. Rouge. Une figure dont sortit un geyser de lumières. Ensuite, des feux d’artifices. Enfin, des météorites brillantes comme des comètes. Son appareil reprit place à l’intérieur de son vêtement tandis que son front mimait une effroyable curiosité. Un macaque se fit transpercer par l’un des décombres énergétiques qui annonçaient le cataclysme. C’était l'armageddon. Les Saiyen tombaient commes des mouches. On n’avait pas vu plus grand massacre de singes depuis la dernière campagne de déforestation. Et pourtant, par sa magnificence, le Baron ne se faisait pas toucher. Ticho se fit trouer le torse, crachant ce qui restait de son cœur dans un râle inhumain. Aucune lance meurtrière ne daigna effleurer le corps parfait de sa majesté malfaisante. Catapulté en arrière par le dernier spasme de sa monture, tombant droit avec les pieds joints vers un rocher sortant du sable, il se frotta un instant le menton avant de tousser un Nouveau Fait.

”Mes sbires ne sont pas morts de cette attaque. Ils furent et sont d’ailleurs ignorés par ce génocide."

Disait-il sur le museau de Ticho, qui regardait les projectiles l’esquiver pour foncer dans le sol, annihilant les animaux souterrains. Les piaillements graves de ses troupes face à l’excellente présentation lumineuse témoignaient de leur vie. Ils étaient vivants, et l’avaient toujours été. Je ne pourrais vous l’expliquer.

”Si je comprends bien, nous avons un pseudo-dieu, mentionné par ce ‘Broly’. Nous avons une pluie de projectiles meurtriers s’attaquant à toute les énergies vitales de ce territoire. Observant le trajet de certains d’entre eux, on peut estimer qu’ils vont bien loin. C’est possiblement une attaque planétaire qui s’annonce. Comprenez-vous ce que cela veut dire, Ticho ?"

”HRRRMGH ?”

”Une majeure partie de votre peuple est en train de se faire exterminer. Les singes se font massacrer comme des rats. C’est parfait. Nous savons parfaitement vers quelle direction l’évolution Saiyanne doit se tourner. Mais notre mouvement allait s’en trouver attaqué de tous les côtés par les incrédules et les mauviettes. La future société que nous tentons..."

Il souffla du nez… quand bien même il n’en avait pas. Il n’en revenait pas d’être en train de manipuler les guerriers de l’espace vers un système politique aussi ridicule que ce dernier.

”... Que nous tentons de mettre en place voit tous ses détracteurs et ses opposants disparaître un à un. C’est, je l’avoue, malheureux que notre petit germe idéologique doive plonger ses racines dans le sang de vos camarades. Mais… la révolution ne se fait pas avec des débats conviviaux autour d’une tasse de thé."

”RAAAARGH...”

”Ne vous inquiétez pas. En premiers colons de cette nouvelle ère, vous restez sains et saufs. Il vous faudra simplement et harduement repeupler cette planète, et bien éduquer la future génération. Mais je me demande s’il je ne devrais pas avoir une conversation avec l’auteur de ce fabuleux désastre. Il nous faudrait nous assurer de sauver ceux qui nous sont d’intérêt, et de neutraliser complètement l’opposition. Et il nous faudra son appui."

Il leva la main avant de l'élancer en avant.

”En avant ! Vers le stade !"

À la marche, cela risquait de prendre du temps...