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Sujet: Le patient Zéro [ft.Gerv] Sam 20 Mar 2021 - 21:33
La Terre. Je n'y ai pas remis les pieds depuis quatre longues années. Depuis la mort des membres de ma tribu et mon exil dans l'espace en quête de vengeance, j'avais fais en sorte de mettre loin de mes pensées tout souvenir qui me rappellerait cette douce planète bleue. Mais aujourd'hui, gorgé d'une puissance nouvelle que je n'avais pas à l'époque, je me sentais prêt à affronter les dangers qui s'offrait à moi. Tout petit, j'avais été baigné dans cette culture isolationniste des Drael, sans acquérir aucune connaissance du monde extérieur. Finalement, j'avais fini par en apprendre bien plus sur les habitants des différentes planètes qui constituaient l'Univers que sur celle qui m'avait vu naître, encore totalement inconnue pour moi. Cela faisait maintenant un peu plus d'une semaine que j'avais débarqué sur Terre, et je continuais à m'émerveiller des splendeurs qui s'offrait à moi et que j'avais oublié avec le temps. Le bruit du vent, calme et paisible, la beauté luxuriante de la végétation à l'aube, la diversité culturelle qui embaumait les ruelles paisibles de South City, la capitale du sud. Même les sordides quartiers délabrés, d'où s'échappaient des odeurs d'onguents hallucinatoire, trouvaient grâce à mes yeux. J'avais élu domicile dans un petit hôtel des quartiers moyens de la ville. Durant mes séjours sur d'autres planètes, j'avais pris l'habitude de dormir à la belle étoile, n'ayant que les étoiles pour seules compagnes de sommeil. Mais, les prix sur Terre étaient abordables, aussi décidais-je de ne pas me priver du confort d'un lit douillet. Ma bourse en avait prit un petit coup, mais je ne comptais de toute façon pas m'éterniser sur la planète bien longtemps. J'y étais revenu avec l'ambition de trouver des renseignements sur la personne que je traquais sans relâche depuis quatre ans, mais je devais me rendre à l'évidence que ce n'était pas ici que j'en trouverais. D'ici quelques jours, j'allais repartir à l'exploration dans l'espace, si tant est que trouve un moyen de m'infiltrer dans un vaisseau en partance pour une autre planète ou – bien moins envisageable – que je réussisse à investir dans l'achat d'un vaisseau personnel. C'est durant l'une de mes balades en centre-ville, dans le plus grand des calmes, que j'entendis parler d'un mystérieux appel à l'aide. Selon quelques passants qui discutaient allègrement autour d'une fontaine sous le soleil matinal, des médecins du coin avaient besoin de toute la main d'œuvre disponible pour réussir à soigner un patient atteint d'un mal inconnu. Si, théoriquement, c'était loin de mon panel de compétences bien plus militaire que médicinal, l'urgence de la demande me piqua au vif. Au fil de mes aventures, j'avais emmagasiné quelques connaissances sur les maux de l'Univers, et peut-être qu'elles pourraient être utiles dans cette situation. Le lendemain matin, j'étais déjà sur le pied de guerre, devant l'hôpital d'où était parti l'appel d'urgence. J'ignorais totalement ce que j'allais pouvoir faire, mais je me devais d'essayer, simplement pour le goût d'un défi à relever. Je m'étais habillé de la façon la plus terrienne possible afin de ne pas me faire remarquer outre mesure. Au diable donc mon habituelle cape de lin blanche et mes nombreux bracelets et bagues servant à canaliser la magie, bien trop voyants pour me fondre dans la masse. J'avais opté pour un simple jean délavé ainsi qu'une chemise blanche en guise de haut. Grâce à la magie, je m'étais inventé quelques papiers d'identité – vu que je n'en avais aucun sur cette planète – que je présentais nonchalamment à la dame chargée de l'accueil.
- C'est au deuxième étage, monsieur.
Par réflexe, j'ai faillit user de quelques sortilèges de téléportation ou de lévitation pour faire vite. C'était, au fil des années, devenus mes principaux moyens de déplacement. Mais ici, sur une planète qui commençait tout juste à s'habituer à ce genre de manifestations surnaturelles, ce n'était peut-être pas de rigueur. Aussi, j'employais donc la bonne vieille méthode qui consistait à user de mes jambes frêles pour gravir les marches des grands escaliers de l'hôpital. J'arrivais finalement dans le service indiqué par l'infirmière d'accueil. Des médecins, dans le couloir, s'affairaient autour d'une grande chambre verrée, où des précautions dantesques semblaient être prises. Je m'approchais, calmement, essayant d'attirer l'attention des docteurs. Quand certains d'entre eux finirent par remarquer ma présence, ils s'avancèrent vers moi. Je leur expliquais que je venais suite à l'annonce, et ils s'empressèrent de me raconter la situation. Celui qui parla semblait être le chef de service des lieux, aussi écoutais-je avais attention.
- Pour vous faire un topo rapide, ce patient se nomme Taer McHollister. Âgé de vingt-deux ans, il est entré par le service il y a de cela sept jours, pour une forte fièvre et des douleurs musculaires. Dès les premières analyses, on s'est rendu compte que quelques choses n'allait pas. Ses cellules se détériorent rapidement, et ce, sans qu'aucun traitement ne parviennent à ralentir le processus. Mais, le plus inquiétant, c'est qu'on s'est rendu compte que ce n'était ni une maladie orpheline, ni une quelconque dégénérescence naturelle : tout cela est causé par un virus.
J'avais peu de connaissances en matière de médecine moderne, mais je comprenais la gravité de la situation. Un virus inconnu, tuant rapidement sa victime, et pouvant se propager au reste de la population, c'était quelque chose de grave. Surtout que, pour endiguer une telle maladie, il fallait d'abord en comprendre clairement le processus et les modes de transmissions.
- Nous l'avons donc mis à l'isolement, et nous prenons depuis de nombreuses précautions pour intervenir auprès de lui. Mais, outre la peur de propagation, le problème est que ce patient continu de souffrir énormément sans que nous ne réussissions à trouver des solutions. - Je vois... - Je ne pense pas vous avoir demandé, mais quelles sont vos qualifications ? Où avez-vous exercé la médecin auparavant ? Avez-vous connaissance de pareils symptômes et d'un traitement pour les soigner ?
Je m'avançais vers le sas de décontamination de la chambre du patient, appuyant à la hâte sur le bouton qui servait à l'ouvrir.
- Je ne suis pas docteur. Mais j'ai quelques compétences en matière médicale qui pourrait être utile dans ce cas-là. Enfin, je l'espère. - Attendez monsieur ! Il vous faut une combinaison pour rentrer dans... - Torpor.
J'avais invoqué la magie au creux de mes doigts. Sous l'effet du sort, une bulle d'énergie translucide bleue se forma autour de mon corps, m'enveloppant d'une chaleur bienvenue.
- Ne vous inquiétez pas, je n'en aurai pas l'utilité.
Et je pénétrais dans le sas, sous le regard médusé des médecins qui ne devaient pas avoir l'habitude d'observer de la magie tous les jours. Surtout que, pour des cartésiens comme eux, les personnes comme moi n'étaient rien d'autre que des bouffons prêt à amuser la galerie avec quelques tours de passe-passe. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur de la pièce que je me rendis compte que je n'étais pas le seul à avoir répondu à cette annonce saugrenue.
PNJ Gerv
PNJ
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Sujet: Re: Le patient Zéro [ft.Gerv] Dim 21 Mar 2021 - 12:12
3:23
Le grelot du fixe lui arrachait de précieuses minutes de sommeil paradoxal, on annonçait un cas de la plus haute importance, elle devait venir sur le champ ; usual stuff. Baillant à s'en déboîter la mâchoire, elle ouvrait puis fermait la bouche méthodiquement dans un léger clapotis batracien. Une journée ne pouvait débuter convenablement sans faire entrer l'air par la grande porte pour dessécher sa bouche. Pas le temps pour son espresso ce matin-là, il fallait enquiller directement sur l'allongé. Ses yeux parcheminés s'habituant tant bien que mal au zénith implacable des néons se posèrent sur son anti-cernes. Elle eut un petit gloussement caustique en attachant ses cheveux négligés. Elle se répétait à chaque fois qu'il lui en faudrait au moins un par jour pour suivre la dégradation de ses plissures palpébrales. Depuis les directives Copper il lui avait été demandé de participer à l'effort commun : laver l'image publique du Ruban Rouge. Et pour cela d'abord on lui faisait jouer les infirmières puis aller résoudre les cas à potentiels médiatique partout autour du monde. Souci étant, le monde avait besoin d'elle, mais elle avait surtout besoin de café.
Être affidée à une milice au parcours fumeux avait du bon pour les ressources budgétaires de ses recherches, mais pour ce qui attrayait au sommeil elle pouvait se brosser. La lessive n'étant pas revenue elle enfila son chemisier frais de trois jours, le couvrit de sa blouse (cela faisait toujours plus sérieux) et se dirigea vers le miroir. D'un geste mou quoique assuré elle l'ouvrit à la manière d'un placard et y collecta le nécessaire à sa routine matinale. Seringues, scalpels, bistouris, pinces à biopsie, tubes à essais, perfuseurs, Synthol+, bacta, antiseptiques... La totale. Le docteur Krasnoï ne travaillait qu'avec ses instruments, dans la mesure du possible. Elle agença diligemment tout son barda dans un attaché-case et y posa sa cerise personnelle avant de le fermer : une tablette de chocolat torréfié. Une fois un patient tiré d'affaire, Frederica offrait invariablement un lingot d'or noir histoire de marquer le coup.
3:27
Le téléphone hurla de tout son saoul à nouveau. C'était Orange qui venait la chercher. D'une gorgée grimaçante, elle fit baigner ses dents dans le jus amer qui ne manqua pas de les recouvrir d'une fine pellicule acrimonieuse. La médecin de l'armée ne savourait jamais son café, elle n'avait pas le temps et dans le but de court-circuiter ses récepteurs d'adénosine, mieux valait avoir une bonne descente. Ainsi elle quitta sa chambre de fonction pour rejoindre le véhicule du Sergent-chef, lequel l'attendait en agressant des lèvres un mégot proche du trépas.
« M.A. »
« Sergent-chef. »
Les hélicoptères de la base tous réquisitionnés, trois heures et demi de voiture les séparaient de South-City. Leur discussion s'arrêta aux salutations de rigueur. Orange et Krasnoï entretenaient une relation conflictuelle longue de douze ans, de telle sorte que seul le silence leur permettait de demeurer dans le plus strict professionnalisme.
L'harmonie du moteur vrombissant l'accompagna dans son étude du dossier, qui au passage était vide à s'en demander si le réel problème ne résidait pas dans l'incompétence des praticiens en charge. T. McHollister, admis il y à 7 jours, pyrexie à 38,5° C et douleurs musculaires. Dégénérescence cellulaire. Légers comme symptômes. Son doigt marqua une pause sur une information griffonnée au sommet de la fiche : 22 ans. Un peu jeune pour les myopathies mais de là à parler d'impossibilité... Cause virale non-répertoriée. Ici résidait la raison de sa venue. A la suite du virus A.S.S. anti-sayen la communauté scientifique du système solaire entier faisait montre d'une sudation presque risible à l'apparition d'un nouveau pathogène viral. Très bien se disait-elle, le diagnostic se ferait rapidement. L'agent était probablement une mutation annuelle d'un herpès cérébral, ça se soignerait rapidement et il en allait de même pour son retour au lit.
« Non mais c'est pas vrai... »
« Hm ? »
Inquisiteur, Orange leva les yeux dans le rétroviseur intérieur.
« Rien, rien. »
« Cas trop dur pour toi Frankenstein ? »
« Tu sais bien que non. »
Une mention ajoutée à la fin du compte-rendu l'avait presque tirée de son état de quasi-torpeur habituel. Les médecins du C.H.U. de South-City dans un aveu de faiblesse ubuesque faisaient appel à qui l'entendait sur ce cas. On était à des années lumières de tout sérieux scientifique, à tel point que Frederica dut éprouver ses yeux ridulés pour savoir si elle nageait en plein délire ou non. Quatre roulement d'orbites au ciel accompagnés de soufflements durant la relecture plus tard, la voiture s'arrêta en crissant des pneus contre une surface abrasive. Du gravier, ils devait être arrivés au parking du personnel. Levant enfin le nez du document, elle dévisagea en retour son supérieur par le biais du miroir.
« La logi' t’indiquera ta chambre d'hôtel par message.
Mais on sait tous les deux que tu mettras pas un pied dedans, pas vrai ? »
« ... »
« Hep ! Pas un mot de travers cette fois. Vu ? »
Acquiesçant d'une subtile révérence du menton, l'officière de santé du Ruban Rouge ouvrit la portière et sauta de la camionnette, emportant avec elle sa malle médicale. Dans l'établissement elle fut accueillie à coups de dithyrambes, sa réputation d’épi-généticienne la précédant avant sa carrière militaire. Les quatre heures qui suivirent lui permirent largement de se rendre compte de l'incompétence du personnel d'un hôpital si prestigieux. Le patient, assommé par la fièvre, elle dut se résoudre à reprendre les tests déjà menés pour s'assurer elle-même de quoi souffrait le sujet McHollister. Subodorant un erreur de dépistage, elle prélevait scrupuleusement de quoi faire des hémocultures lorsqu'il rentrait.
« Attendez monsieur ! Il vous faut une combinaison pour rentrer dans... »
« Ne vous inquiétez pas, je n'en aurais pas l'utilité. »
Un jeune homme, la vingtaine, accoutré en jean-chemise entra tout pimpant dans la chambre sans même se laver les mains. Sans même porter de masque. Emmitouflé dans une espèce de lueur irradiant d'un bleu désagréable. Krasnoï se leva pour faire barrage à l'intrus, questionnant de son regard éternellement fatigué et imperturbable les contrevenants. Entassés derrière la baie vitrée, ils semblaient être au courant et plus encore, accepter la présence du freluquet.
« Ça ne vas pas être possible monsieur. Ce patient ne peut pas recevoir de visite, son système immunitaire n'a franchement pas besoin d'une intrusion bactérienne en plus. »
Quand elle se souvint avec fatigue de l'information qu'elle avait tentée d'occulter elle claqua sa langue en poursuivant d'un ton monocorde :
« Je ne sais pas pour quel genre de super-médecin de sérial vous vous prenez, mais votre aide n'est certainement pas souhaitée. Nous avons la situation bien en main et le simple fait d'être ici mets en danger le pronostic vital du patient. Je vous prierais de sortir et de ne pas écouter cette horde de bisques incompétentes. Ce n'est pas un virus inconnu, c'est un Duchenne. »
Cette nonchalance acide, c'était ce que le Sergent Orange avait proscrit. D'habitude débonnaire, la M.A. Krasnoï pouvait devenir glaciale quand cela concernait sa prestation. Un sonnerie électronique tinta. Les hématocrites étaient en baisse de 19%. Un Duchenne entraînait certes une dégénérescence cellulaire, mais pas de destruction de globules rouges. Et certainement pas aussi vive.
« Il va frôler l'hypoxie. Il à besoin d'assistance respiratoire. Rendez-vous utile et sortez. Si vous voulez vous rendre encore plus utile, appelez donc une aide-soignante. »
Rien n'allait. Après sept jours d'un état assurément critique mais stable, Mr McHollister jouait le chant du cygne. Plus encore, un gamin venait squatter son lieu de travail. Elle mit Taer sur le flanc, le temps d'aller chercher le nécessaire à oxygénation. Le sujet se crispa tout entier, le corps pareil à un seul gros muscle galvanisé.
« Allez, du vent. Infirmière ? On à besoin d'une infirmière. »
Dehors les internes restaient presque ahuris. Fallait-il dire que le spectacle avait de quoi faire lever le sourcil. Le patient faisait montre de signes délétères alors que son médecin appelait à l'aide comme si elle demandait le sel à table. Pendant qu'elle attendait une main secourable, Krasnoï observa avec étonnement des lésions noircies éparses sur le bas du dos du souffrant. L'officière de santé du RR ne savait décidément pas à quoi elle avait affaire, mais le cas commençait à sincèrement l'intriguer.
Khae
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Sujet: Re: Le patient Zéro [ft.Gerv] Mer 24 Mar 2021 - 0:29
Le cœur même de l'envie de bien faire, c'est d'être capable de se rendre compte des erreurs que l'on commet. Pourtant, face au mépris et à la désinvolture de cette femme aux allures malsaines qui me faisait face, il m'étais bien difficile de reconnaître que ma présence, fortuite et malvenue, dérangeait. Avec un tact digne des plus grands esthètes face à une œuvre déformée, celle qui était couverte d'une épaisse couche de protection sanitaire m'infligeait une remontrance à laquelle je n'avais pas l'habitude. Devant la dérision dont elle faisait preuve, signe d'une condescendance que j'exécrais en temps normal, je ne pus que courber l'échine, vaincu dans mes principes moraux.
- Je... Désolé.
Bien piètre orateur quand il s'agissait de prêcher ma paroisse. Pourtant, ma bonne foi avait tout du samaritain en disgrâce, heureux de se rendre utile et d'agir pour une cause supérieure. Et même si les dieux n'avaient aucun intérêt dans ma courte existence, je me devais de reconnaître qu'ils n'étaient sûrement pas de mon côté ce jour-là, ni au chevet de ce pauvre Taer, affublé de matériel médical dont j'ignorais jusqu'à la fonction. Sans prendre en compte les avertissements nocifs de la femme malpolie, j'en profitais tout de même pour lui faire main-basse sur sa propre méconnaissance des quelques tours que j'avais dans ma poche.
- N'ayez cependant point d'inquiétude, madame. Cette pellicule dont je m'entoure est totalement hermétique. Elle ne laisse entrer aucune particule, aussi microscopique soit-elle, de même qu'elle n'en laisse échapper aucune.
J'en étais pleinement persuader, pour avoir plusieurs fois utiliser ce même sort dans le vide sidéral. Cela ne sembla cependant pas convaincre celle que j'identifiais – peut-être à tord – comme une doctoresse. Après tout, elle paraissait sûre d'elle, et encore plus en ses propres capacités. Ma propre ignorance des personnalités importantes de cette planète me rattrapait. Après avoir vécu des années en totale autarcie des mœurs et coutumes de la Terre, je l'avais quittée sans prendre la peine de l'explorer. Aujourd'hui, alors que j'y revenais, je me rendais bien compte que, malgré que j'y sois, cette planète m'étais tout autant inconnue que les nombreuses que j'avais visité durant mon périple.
Heureusement – si je puis dire comme ça – le patient se mit à faire des siennes. Je n'y comprenais pas grand chose, hormis les demandes pressantes de la soignante irascible pour que je quitte les lieux sans demander mon sou. Aussi débonnaire que je sois en temps normal, je ne pouvais décidemment pas prendre la décision de m'enfuir sans faire de vaines tentatives. Après tout, les appels de détresse lancés par les médecins de cet hôpital n'étaient pas anodins et indiquaient clairement qu'ils étaient dépassés par cette situation. Tandis que la médecin s'agitait dans son coin, j'en profitais pour étendre discrètement le champ d'action de ma bulle de protection à la chambre entière, prenant soin par la même occasion de lancer un sort bénin supprimant la totalité des bactéries que l'on aurait pu transporter sans le vouloir. En soi, je venais de rendre ce lieu à la fois sécure et totalement aseptisé. Rendu là, je n'avais pas fait grand chose, hormis empêcher pour l'instant une maladie potentiellement mortelle de prendre de l'ampleur. Si c'était réellement un cas de Duchenne, la pandémie qui pouvait en résulter risquait d'être difficilement endiguable. Autant isoler le patient zéro, avant même que la situation ne dégénère.
Devant l'empressement de la femme de trouver du matériel adapté pour mettre le patient sous assistance respiratoire, je comprenais bien la gravité de la situation. Pour autant, lorsqu'elle fini par mettre la main sur l'outil qui allait lui servir à donner un souffle nouveau au patient, je ne pu qu'être admiratif et jaloux à la fois. Mes quelques notions médicales ne me permettaient pas d'avoir la dextérité nécessaire à la pose d'une machine d'assistance respiratoire. Cependant, un des avantages que j'avais de mon côté, c'était la polyvalence dont je pouvais faire preuve grâce à la magie. Certes, guérir quelqu'un n'entrait pas dans mon domaine de compétence, encore moins lorsque la vie était en danger comme c'était le cas, mais je pouvais réussir à me rendre utile de pleins d'autres manières. Je laissais donc le pouvoir affluer au niveau de mes mains, prêt à lancer un sort qui, je l'espérais, porterait ses fruits.
- Mobili Mnesa.
Un souffle de magie, imperceptible pour ceux qui n'y était pas familier, se déversait dans la chambre du patient. Je venais de totalement aseptiser les lieux, rendant de nouveau stérile ce qui devait le rester à la base. Certes, rien de totalement utile dans ce cas-là, mais j'en profitais également pour augmenter la teneur en oxygène des lieux. Je n'avais pas le pouvoir pour influer directement sur la mise en danger de Taer, mais j'espérais apporter du soutien en créant les conditions parfaites pour sa survie.
- Ignitio Inhibito.
Un nouveau sort, que je lançais pour faire apparaître quelques ouvrages sur les maladies rares. Un véritable recueil de données que j'avais eu l'occasion de me constituer et de stocker, par magie, dans une dimension de poche où je pouvais ranger les choses inanimées qui m'intéressaient. L'avantage, c'est que j'avais eu l'occasion de parcourir de nombreuses planètes et d'en apprendre beaucoup sur la biologie extraterrestre. Si jamais la maladie de McHollister était consignée quelque part, c'était sûrement dans l'un des quelques bouquins que je venais de matérialiser devant moi.
- Je viens d'aseptiser totalement la pièce. J'ai également augmenté légèrement la teneur en oxygène de l'air. Je sais bien que ça ne vous sera pas utile dans l'immédiat, mais ne sous-estimez pas la polyvalence des dons que j'emploie. Dans l'absolu, les livres que je viens de faire apparaître recensent les maladies rares et peu étudiées sur un panel de planètes vastes. Je n'ai peut-être pas vos connaissances ni vos habiletés, mais je peux me rendre utile en cherchant dans ces ouvrages une pathologie pouvant répondre aux symptômes de notre pauvre ami.
J'avais bien conscience de ne pas répondre aux attentes de cette femme. Mais je n'allais clairement pas me laisser marcher sur les pieds par une provocatrice qui s'embêtait à blâmer les autres. Il me suffisait maintenant d'attendre de voir comment la relation allait évoluer. Mais au final, ce conflit d'ego ne faisait pas avancer la guérison du patient, toujours entre la vie et la mort.