L'Amour dans l'Air「Nozomu Budokai」

Privée de combat par ce qu’elle supposait être un élan de couardise de la part de son adversaire, sans nul doute intimidé par sa précédente prestation, Yukko s’était dérobée de l’attention autrement perpétuelle des caméras aéromobiles sans mot dire mais mue d’une évidente irritation. Ce faisant, la demoiselle croisa la route de celui qui s’affairait à tempérer la déception du public, l’arbitre qui suppléait manifestement le rocambolesque Cendrétoile. Il fit vite de présenter ses plus plates excuses à Yukko, qui découvrait l’alibi du bretteur qui s’en était allé. La véracité du discours de l’homme au crin églantine n’importait que peu à la super guerrière, mais suffit à l’épargner du mécontentement de cette dernière. Elle se doutait après tout qu’il n’était pas moins victime qu’elle de ce malencontreux fiasco, même si les conséquences en étaient pour lui toutes autres. La gamine haussa brièvement les épaules en éructant d’un léger soupir comme unique réponse à leur position commune, gênante.

Après s’être littéralement tournée les pouces pendant quelques longues dizaines de minutes, la Super Saiyan fut de nouveau conviée à rejoindre le simulacre de ring. Avançant sous les ovations des fans de la première heure de castagne en tout genre, lesquels s’écartaient graduellement afin de lui laisser le chemin libre, la fillette pénétra sur le parterre bétonné. Elle ignorait tout de son adversaire, sinon qu’il s’était illustré comme vigoureux martialiste. Yukko n’en espérait pas moins, il lui faudrait au moins ça pour absoudre la contrariété qu’eût été son précédent combat. Elle avait donc logiquement hâte de rencontrer le fameux Izuku, un semblant d’impatience qu’elle tut en entamant quelques échauffements rythmés. Bien qu’elle ne se soit pas encore totalement remise de sa confrontation avec le Fiend, étant à la fois trop fière pour se soumettre à la médication d’autrui et trop grippe-sou pour oser se séparer de ses Zénies qui, je le rappelle, ne servent pourtant à rien dans l’au-delà où elle résidait normalement, Yukko avait pu profiter de son repos forcé pour recouvrer ses forces en bonne partie.

Lorsqu’enfin son adversaire avait fait acte de présence, l’adolescente se hâta de ranger ses bras le long de son corps afin d’exécuter l’un des saluts traditionnels des contrées du lointain-Orient d’où elle provenait.

« Osu ! »

L’arbitre poursuivait quant à lui son introduction en communiquant la petite subtilité qui marquerait la rencontre. Un handicap pour le moins original auquel Yukko ne saisissait pas la totale finasserie mais n’était pas moins impatiente de faire face. Un martialiste doit faire montre d’un esprit tout aussi rompu que son corps et la guerrière au sang mêlé se réjouissait de l’opportunité de prouver sa valeur sur ces deux points. Aucune chance que ça tourne mal.

Un nouveau tonnerre d’applaudissements convoya l’arrivée de l’opposant de Yukko, une excitation à en faire trembler les quelques décombres qui flanquaient les tribunes. La pucelle ne savait rien de son adversaire mais l’engouement de l’auditoire en disait long sur ses précédentes prestations. Bien vite, le regard sévère de l’adolescente scruta le nouveau venu de haut en bas, et autant dire que ce qu’elle voyait ne l'impressionnait guère. En effet, devant elle ne s’était hissé sur le plancher de l’estrade de fortune qu’un gamin vêtu d’un étrange survêtement viride. Un rictus moqueur égaya l’espace d’un instant le faciès autrement froid de la jeune femme, languissant le présage d’une nouvelle victoire face à un pareil marmot, l’occasion parfaite de redorer son blason après sa médiocre performance face au Fiend. Pourtant, la super guerrière ne laissa point cette mimique goguenarde parader sur son visage plus longtemps que nécessaire. Aussi aisée puisse s’annoncer cette nouvelle rencontre, Yukko ne comptait pas laisser son outrecuidance lui embrumer l’esprit. Elle devinait dans le regard du jeune Midoriya que celui-ci n’était pas du genre à ployer sous l’adversité, il serait trop bête de le sous-estimer.

La jouvencelle laissa ses chaussons patiner sur la surface granuleuse du ring, écartant les jambes en suscitant un début de génuflexion afin d’adopter sa posture de combat. Ses mains, levées à hauteur d’épaule, encadraient son regard pers. Ses pieds, eux, se perdaient presque dans la fine nappe de vapeur incarnate qui suintait de la machinerie tapie sous le sol, contre laquelle le môme à la toison mélèze pensait se prémunir en retenant sa respiration. Un plan sans avenir qui arracha une brève risette à la lutteuse curieuse de découvrir combien de temps son adversaire pourrait tenir sans s’oxygéner. La Super Saiyan ne comptait quant à elle pas s’adonner à une pareille bassesse, prête à déjouer et vaincre son concurrent d’un seul trait. La démonstration de son talent martial serait ainsi exhaustive et irréfutable. Ainsi, lorsqu’Izuku invita la fillette à ouvrir les hostilités, cette dernière accepta volontiers.

« Comme tu veux ! »

Une secousse saisissante ébranla adonc l’arène sans crier gare, trahissant le déplacement aussi soudain qu’excessif de la martialiste. Cette unique enjambée suffit à Yukko pour clôre la dizaine de mètres qui la séparait du jeune Midoriya. L’élan de sa course endiablée donna rapidement naissance à un coup de poing tout aussi fulgurant qui s’en alla menacer la binette tachetée de l’apprenti justicier. Alors armée à la hanche, la seconde main de la jouvencelle jaillit avec la même prestesse mais n’atteint jamais sa cible. En effet, la super guerrière avait fait jeu du Zanzōken dans l’espoir de perturber son adversaire tandis qu’elle s’était elle-même élancée sur le flanc de ce dernier. Son genou fusa alors avec l’énergie d’un boulet de canon parti enfoncer l’abdomen du jeunot avant de laisser place à une frappe de la même jambe, aidée par la cinglante rotation de sa hanche fringante. Enfin, Yukko amorça une dernière giration de sa personne toute-entière afin de charrier son coude jusqu’au plexus d’Izuku, ponctuant son enchaînement par cette attaque potentiellement dévastatrice. Une telle succession d’assauts risquait de mettre l’endurance du jeune garçon à l’épreuve s’il décidait de camper sur son choix de retenir sa respiration. La Super Saiyan de son côté comptait bien profiter du handicap que s’infligeait le minot en le surmenant autant que possible.

Le gaz, quant à lui, commençait seulement à s’immiscer pernicieusement dans les narines de la fougueuse demoiselle.