Reboot

C’était une magnifique journée, et que de mieux qu’un somptueux ciel bleu pour l’accompagner. Le corps de Pluton était couché sur une plaine herbeuse parfaitement tondue afin d’assister à ce spectacle. La dureté du sol pouvait rendre la pose désagréable, mais l’agréable chaleur du soleil lui faisait oublier ce léger détail. Subitement sa vision fut obstruée par la présence impromptue d’une autre personne. Sa tête à l’envers surpris le dieu de la mort qui manqua de peu de la percuter en se redressant. Cette dernière s’éloigna légèrement et laissa paraitre sa longue robe blanche. Elle adressa alors l’un de ses plus beaux sourires avant de prendre la parole :
 
« Alors, tu profites enfin du calme ? Il faut dire qu’ici personne ne viendra nous déranger. »
 
Isolé dans un paysage idyllique, difficile de se plaindre. Pluton s’étira après avoir visiblement profité de ce long moment pour se reposer, oui un long repos bien mérité. Le dieu de la mort se leva et tenta de poser un pied par terre et sans comprendre comment se retrouva par terre. Cette scène provoqua un léger rire de la part de la part du compagnon.
 
« Tu n’es visiblement pas encore totalement réveillé. Tu devrais faire plus attention, tu risquerais de te blesser. »
 
Le dieu de la mort se releva tout en caressant sa joue droite légèrement rouge suite à son impact avec le sol. Bien plus de peur que de mal, heureusement ce n’était que de l’herbe. Il s’approcha alors naturellement de cette dernière et il observa une nouvelle fois ce magnifique décor, perdu au beau milieu de nulle part.
 
« J’ai l’étrange sensation de ne m’être jamais senti aussi apaisé. »
 
« Tu m’étonnes ! Bon, suis-moi on va aller se promener un peu ! »
 
« Quoi ? »
 
Sans même que Pluton eu le temps de réagir elle s’en alla à toute vitesse, obligeant alors ce dernier à en faire de même. Ils coururent et quittèrent très rapidement ce petit paradis pour rentrer dans le village. S’aventurant dans des petites rues le dieu de la mort esquiva de peu plusieurs obstacles. Au bout de quelques instants, l’inévitable se produisit : un impact. Il percuta contre son grès une femme avec un chariot rempli de légumes qui manqua de peu de tomber par terre.
 
« Inconscient, ne cours pas ! »
 
« Désolé ! »
 
En voyant qu’elle était en train de s’éloigner, Pluton ne perdit pas de temps et reprit sa course. Ils arrivèrent finalement devant une porte. Elle se décala laissant place à Pluton pour qu’il puisse rentrer en premier. Sans hésiter, il rentra et il vit ce qu’il semblait être un bar avec plusieurs tables. Son compagnon repassa devant lui et lui montra une table :
 
« Rejoignons nos amis ! » 
 
Il y avait en effet à la table du fond quelques visages familiers. Le dieu de la mort prit son temps pour marcher tranquillement, faisant attention à ne pousser personne. Il tourna sa tête et il vit que le barman au regard dur le dévisageait. Pluton l’ignora et s’approcha de la table et passa devant un miroir. Par réflexe il jeta un coup d’œil sur ce dernier, mais ce dernier était embué empêchant toute réflexion. Il continua sa démarche et prit place sur la dernière chaise de disponible.
 
« Ah te voilà ! On va pouvoir commencer notre partie, Ahahah ! »
 
« Wouaf ! »
 
Un joli chien noir était également de la partie, tranquillement installé sur une chaise.
 
« T’es un gentil chien ! Tiens, un nonos ! »
 
« Wouaf ! »
 
Le chien grignota avec plaisir l’os que son maitre lui avait donné. Pluton profita de ce moment pour saluer tout le monde et regarder attentivement chaque personnage. Celui qui était en face de lui était la personne qui lui avait adressé la personne. Il semblait être le meneur, un jeune homme visiblement bien musclé et qui faisait de l’œil à la femme se trouvant à la droite de Pluton. Cette dernière était recouverte d’une magnifique voile blanche, qui recouvrait partiellement son corps. De l’autre côté, à gauche du chien se trouvait un autre type portant des lunettes qui semblait bien plus timide, préférant garder caché ses mains.
 
« Du coup, on joue à quoi ? »
 
« Bah voyons, à un jeu de rôle ! »
 
Il sortit un magnifique plateau de jeu, sur lequel il allait pouvoir reprendre leur aventure là où ils l’avaient arrêté. Le compagnon de Pluton préféra ne pas participer, laissant ainsi les 4 autres protagonistes jouer. Le moment était venu pour chacun de créer son personnage et le dieu de la mort était très motivé par ce jeu. Il était tellement absorbé par ce dernier qu’il ne se rendit pas compte qu’une ombre au loin était en train de l’observer.

« Tu peux commencer à présenter ton personnage. Es-tu prêt ? »
 
Indiqua le maitre de jeu à Pluton. La présentation de personnage, sans aucun doute l’un des meilleurs moments. Il fallait choisir avec parcimonie ses compétences, trouver une personnalité et une histoire allant en adéquation avec tout ça et représenter le tout au travers d’un avatar. Aucune erreur n’était permise, toute décision était définitive. Cependant c’est grâce à cette contrainte que la magie opère et donne la véritable impression de donner vie à quelque chose. C’est justement cela que Pluton comptait mettre en place.
 
« Je suis prêt. »
 
Le maitre de jeu prit une fiche, et compta alors lui poser des questions.
 
« Nom du personnage ? »
 
« Pluton. »
 
Pluton avait choisi son propre nom. Un manque d’originalité ? Ou bien une simple envie devenir quelqu’un d’autre.
 
« Il me faudrait une profession à présent. Cela servira à répartir une partie de tes compétences. »
 
« Policier. »
 
Le maitre de jeu prit le temps de noter cette information et de calculer les premières statistiques. Ce petit jeu continua quelques instants, le temps pour Pluton de décider de monter ses compétences comme il le souhaitait. Il ne restait plus qu’à finaliser le tout afin de rendre vivant son personnage.
 
« Pour finaliser tout ça, tu peux donner des détails sur ton personnage. »
 
C’est à ce moment-là où la magie allait vraiment opérer. En rajoutant du lore ce dernier donnera l’impression d’avoir existé.
 
« Alors, c’est un dieu de la mort qui fut envoyé par le chef de sa communauté dans le monde des vivants pour s’aguerrir. Afin de réussir cette mission, il décida de visiter l’univers et de multiplier les rencontres. Après avoir aidé la police à plusieurs reprises et avoir côtoyé l’un d’entre eux, un certain Scalio, il décida de les rejoindre. Il prendra donc la Terre comme nouveau foyer et tâchera de faire de son mieux pour la protéger en l’absence de Scalio, porté disparu. Niveau caractère c’est quelqu’un de très courageux n’hésitant pas à foncer dans le tas. Niveau physique je dirais qu’il parait relativement jeune et il a l’habitude d’arborer une cape noire. »
 
Le maitre de jeu applaudissait, suivit par les autres personnes et étrangement même par le chien. Pluton se tourna un peu gêner vers sa partenaire qui lui montra son pouce en guise de réponse.
 
« On sent que tu as travaillé ton personnage, ça fait plaisir à voir en tout cas. J’espère que ce Pluton aura de la chance dans cet impitoyable univers. »
 
Le maitre se jeu se tourna ensuite en direction du type qui semblait bien timide. La conversation commença pour créer son personnage. Ce dernier avait bien une idée en tête, mais seulement n’avait pas l’imagination de Pluton.
 
« Alors moi je veux faire un tueur en série. »
 
Le maitre de jeu nota alors son rôle et lui demanda :
 
« Tu lui donnes quel nom ? »
 
« Euh… je ne sais pas… Le tueur ? »
 
« Ça manque un peu d’originalité, quelqu’un pourrait l’aider ? »
 
Alors que tout le monde était dans ses pensées, c’est au final le compagnon de Pluton qui prit la parole en premier :
 
« Sid. »
 
« Ah, oui, Sid, c’est une bonne idée ! »
 
Pluton alla dans le sens de son compagnon qui proposa ce nom bien court, mais qui semblait bien piquant. Un nom parfait pour tueur.
 
« Oh Sid, j’aime bien ! Je prends Sid ! »
 
Le deuxième joueur appréciait également le nom et accepta la proposition.
 
« Et ça pourrait même être plutôt un moojuu tueur à gages. »
 
« Un moojuu tueur à gages ? C’est assez original. »
 
« Oh j’aime bien, oui ce sera un moojuu ! Et tueur à gages c’est super, je prends. »
 
 C’est ainsi que Sid entra à son tour dans le jeu. Il ne restait plus qu’une personne à inscrire, cependant cette dernière était encore plus perdue que le précédent joueur.
 
« Je ne sais pas quoi prendre… tu ne veux pas nous donner d’abord le contexte ? »
 
« C’est une bonne idée. Laisse-moi réfléchir. »
 
Ce dernier sembla lancé dans une phase de réflexion accrue afin de proposer au joueur le meilleur scénario possible.
 
« Je sais, ce sera une prison ! L’objectif de Pluton sera de garder prisonnier Sid, et Sid devra tenter de s’échapper de la prison. »
 
« Très bien, je sais qui je vais jouer. Je vais jouer un immense squelette gardien de prison ! »
 
Le maitre de jeu soupira et annonça :
 
« Très bien… bon on a tout le monde, il ne reste plus qu’à démarrer la partie ! »
 
La partie se lança et elle fut longue. Il fallait dire que de nombreux échecs critiques eurent lieu, rendant le tout très stressant. Mais alors que Pluton pensait tenir finalement la victoire, Sid tua de sang-froid le pauvre policier. Le maitre de jeu annonça alors :
 
« Ton personnage est mort désolé. »
 
« Non, je ne peux pas mourir comme ça ! Mon personnage est immortel, et puis Sid ne peut pas refuser mon offre ! Il aurait dû accepter de coopérer. »
 
« Désolé, mais c’est le jeu, tu peux toujours faire un autre personnage si tu le souhaites. Tu peux même faire un autre Pluton si tu veux ! »
 
« Non, je passe mon tour, il n’y a qu’un seul Pluton et il est toujours vivant. »
 
Il se releva de sa chaise d’un coup sec et s’éloigna bouder plus loin. Il s’arrêta devant le fameux miroir et tenta d’enlever la buée de cette dernière, mais rien n’a faire. Tout ce qu’il voyait dessus c’était une tache. Mais alors qu’il se retourna, il se retrouva nez à nez avec le barman. Pluton craignait que ce dernier l’engueule pour son comportement, mais sa venue était pour une autre raison.
 
« Tu as quelqu’un qui est venu te voir. »
 
Le dieu de la mort était surpris, un autre ami à lui avait fait le déplacement ? Il se rendit alors vers l’entrée et c’est alors qu’il vit une personne qui lui semblait bien familier.
 
« Salut Pluton, j’espère que tu te souviens de moi, c’est Niboshi. »
 
Niboshi, un patrouilleur galactique qu’avait rencontré par le passé Pluton, peu de temps avant un certain drame.

Nouvelle table, nouveau jeu. Le dieu de la mort venait de retrouver un vieil ami à lui, un patrouilleur galactique. Il accompagna donc ce dernier à une table afin de pouvoir discuter tranquillement, sous l’œil du barman qui ne voyait sans doute pas trop d’un bon œil ce visiteur. À présent qu’ils étaient installés, la conversation pouvait commencer.
 
« Bon alors comment tu vas ? »
 
« Bah écoute tout vas bien, je pense même que je peux dire que je ne me suis jamais senti aussi bien. Et toi comment vas-tu et que fais-tu par ici ? »
 
Un petit sourire s’afficha sur le visage de Niboshi bien ravi de voir que tout allait pour le mieux pour son ami. Il respira un grand coup et il mit à la main à la poche et attrapa un bonbon qu’il commença à déballer tout en répondant aux questions de son interlocuteur.
 
« Bah écoute j’aimerais dire que tout va bien, car ma dernière mission c’est terminé que je le souhaitais, cela m’a donné des informations intéressantes. Je vais devoir analyser tout cela et prévoir un plan d’attaque, et c’est pour cette raison que je suis ici. Et donc comme j’étais dans le coin, je suis passé pour te rendre visite. »
 
Il enleva le bonbon de son emballage qu’il garda dans main gauche et avec son autre main posa le bondon dans sa bouche et le croqua sans attendre une seconde. Il attendit cependant quelques secondes avant de continuer de parler le temps de l’avaler puis il reprit son discours.
 
« Bref, je ne vais pas rentrer dans les détails, surtout pas ici. Je suis en tout cas très surpris de te voir avec un tel moral. Je te pensais ███████ suite à ██ ████. »
 
Le dieu de la mort se gratta l’oreille et resta un peu surpris par ce qu’il venait d’entendre. En effet il n’avait entendu l’entièrement de la phrase, peut-être que le bruit de fond avait recouvert une partie de ce qu’il disait.
 
« Excuse-moi, tu pourrais répéter ta dernière phrase, je n’ai pas bien entendu. »
 
« Bien sûr. Je disais que je te pensais ███████ suite à ██ ████. »
 
Rien à faire, une nouvelle fois il n’avait pas entendu ce qu’il venait de dire. C’était frustrant, devait-il demander de recommencer sa phrase ? Cela risquerait d’embêter ce dernier surtout que cela ne devait pas être important. Tant pis, il allait tout simplement broder une réponse bancale.
 
« Oh oui, faut dire que je suis dans un environnement paradisiaque, tu as vu la vue qu’on a dehors ? C’est magnifique. »
 
Niboshi semblait perplexe suite à cette réponse.
 
« Tu m’en diras tant. C’est un lieu déconcertant je dirais plutôt que paradisiaque. Mais bon si tu considères ███████ comme un lieu de réconfort, c’est que cela fonctionne pour toi. Je te conseille en tout cas de ██ ███ trainer ici plus longtemps. »
 
Une nouvelle fois un mot avait sauté, comme si son esprit l’empêchait de comprendre quelque chose, et cela était énervant. Pluton attrapa ses mains et caressa son visage pour tenter de se calmer, une certaine frustration étant en train de monter. Le barman dévisagea Niboshi et au même moment son compagnon refit son retour et s’installa à coté du dieu de la mort. S’en plus attendre elle prit la parole.
 
« Concentre-toi, et écoute ce qu’il a à te dire. »
 
Pluton redressa son visage et tourna vers son compagnon et lui répondit simplement :
 
« Merci. »
 
Cette petite intention l’avait rassuré et lui permit de se calmer.
 
« Tu fais quoi ? »
 
« Ah rien pardon, j’avais l’esprit ailleurs. Je crois que la défaite de ma dernière partie m’a affecté. »
 
« Je vois. Il faut apprendre à perdre, ça arrive même au meilleur ahah. »
 
Le patrouilleur galactique laissa tomber le détritus du bonbon sur la table et s’étira tranquillement et jeta un œil furtif tout autour de lui.
 
« Oui, j’ai encore du travail à faire dans ce domaine. »
 
« Sans doute ! Je ne savais pas que tu étais un dieu de la mort et ███ ██ █████ ███ ████████ ████████ ██ ███████ ██ ████████. ██ ████ ███ ██ ████ ███████, c’est impressionnant, et c’est marrant ██ ████ ███ ██ ██ ██████, c’est déconcertant en tout cas. Tu es sans doute capable d’accomplir de grandes choses, bien plus que moi. C’est juste dommage █████ ████ ████ ██████ ████ ███ ██████. C’est ironique en tout cas. »
 
Pluton se tourna vers son compagnon mais cette dernière haussa des épaules, n’ayant visiblement pas plus de réponses qu’elle. Plus la conversation avançait moins il entendait de choses.
 
« Oui, nous sommes un peuple bien à part. »
 
« En tout cas ça me fait plaisir de te revoir. Il fallait dire que la première fois ce fut bien plus chaotique à cause de ███.  »
 
« Chaotique ? »
 
Répéta bêtement le dieu de la mort. Une simple question commençait à tarauder l’esprit du dieu de la mort : d’où le connaissait-il ? Oui il le connaissait et sa première rencontre fut visiblement bien chaotique. Alors, pourquoi n’arrivait-il tout simplement pas à s’en rappeler ? Il commençait à apercevoir un vaisseau dans lequel il avait discuté avec lui. Confus, il tourna sa tête vers son compagnon et commença à ressentir une intense douleur remonter au niveau de sa tête. Il plaça rapidement ses mains sur cette dernière et se concentra pour canaliser sa souffrance.
 
« Hey, ça va Pluton ? »
 
Au même moment le barman avança tranquillement vers l’ami du dieu de la mort pour lui annoncer d’une voix forte :
 
« Je pense que l’heure est venue pour vous de partir. »
 
Niboshi semblait un peu déboussoler par la situation mais ne rentra pas en conflit avec ce dernier et se leva tout simplement. Le dieu de la mort se demandait tout de même pourquoi il était venu jusqu’à lui pour les séparer ? Sans doute qu’il n’aimait pas les conflits et qu’il amorçait toute amorce pour éviter toute bagarre. Le patrouilleur soupira et tourna sa tête vers Pluton pour lui annoncer :
 
« J’espère que tu iras vite mieux, car j’ai en tête de te recruter. Tu es bon gars, courage à toi. »
 
Il salua sa potentielle recrue et s’en alla croisant au passage un type assis dans un coin depuis un bon moment qui suivait avec attention la conversation discrètement depuis sa place. Niboshi plutôt attentif l’avait aperçu et jeté un œil à sa table et il vit ce dernier noter des choses dans un étrange carnet. Ce dernier vit qu’il était observé et le ferma juste après tout en fixant dans les yeux le patrouilleur galactique. Niboshi lui sourit par politesse et jeta un dernier regard vers Pluton.
 
* J’espère que tu arriveras à te sortir de là, je ne pourrais hélas pas faire plus pour toi. *
 
C’est sur cette pensée qu’il quitta le lieu laissant Pluton toujours souffrant. Son compagnon l’attrapa dans ses bras et frotta ses mains contre son dos. Progressivement la douleur commençait à s’en aller, soulageant donc le dieu de la mort. Ce dernier soupira et s’apprêta à se lever mais le compagnon lui attrapa le bras et lui montra discrètement la table en désignant le papier du bonbon qui trainait encore sur la table. Pluton l’attrapa sous le regard satisfait du barman qui semblait ravi que ce dernier pense à ramasser les déchets. Les deux compères s’éloignèrent et le dieu de la mort ouvrit discrètement le papier pour lire ce qu’il était inscrit dessus :
 
* Échappe-toi. *

* Échappe-toi. *
 
Pluton relut à tue-tête à plusieurs reprises le mot laissé par Niboshi. Que voulait-il dire ? En quelque sorte le dieu de la mort s’était déjà échappé en rejoignant ce monde idyllique sur lequel il s’était posé. Repartir d’ici serait stupide, il avait trouvé ici tout ce qu’il a toujours cherché. Il replia l’emballage qu’il rangea dans sa poche. Il se tourna alors vers son compagnon, cherchant toujours un sens à ce mot.
 
« Tu as une idée de ce que ça pourrait signifier. »
 
Plutôt loquace à son habitude, elle resta silencieuse, comme si quelque chose l’empêchait de pouvoir lui répondre. Finalement au bout de quelques secondes elle trouva finalement les mots.
 
« Tu n’es juste pas encore prêt pour comprendre ces mots. »
 
La réponse de cette dernière surprit le dieu de la mort qui se retrouva encore plus intrigué. Pourquoi n’avait-il pas eu de réponse claire ?
 
« Comment-ça je ne suis pas prêt ? Que dois-je faire l’être ? Je suis totalement perdu, toi qui sembles si sereine, aide-moi s’il te plait. Je n’aime pas cette sensation, je ne sais pas pourquoi, mais elle me fait peur. Je veux retrouver le calme. »
 
Une nouvelle fois elle garda le silence, laissant pour le moment Pluton interrogatif. Même s’il était satisfait de sa journée, il commençait à ressentir un certain malaise. Trop de choses étranges s’étaient produites aujourd’hui : le discours inaudible de Niboshi, son mot, cette buée et surtout cette sensation étrange qu’il ressentait. Il devait retrouver le calme qu’il avait bien mérité.
 
« Tu te sens perdu et c’est justement ce qu’il faut. Tu cherches de la normalité dans l’anormalité. Tu ne le sais pas encore mais ses interrogations sont justement les réponses à d’autres questions que tu devrais te poser. Seulement, et seulement si tu admets cela tu pourras alors avancer. »
 
Le dieu de la mort ressentit une nouvelle fois une douleur à la tête, mais moins intense que la dernière. Il y avait quelque chose d’étrange aujourd’hui, et il avait sans doute déjà sa petite idée. Tout ceci n’était pas un mystère, mais juste une sale journée.
 
« Tu aurais pu me faire comprendre plus facilement que j’avais mal à la tête. »
 
Il tourna la tête vers le barman qui était en train de le dévisager. Ce dernier soupira et s’éloigna tout en retournant à son bar. Il jeta alors un œil à la montre et voyant l’heure et il fit sonner l’alarme.
 
« Le temps est écoulé, la salle doit fermer… »
 
Pluton se releva, un peu frustré de devoir partir et ignora la fin du discours du barman. Cependant, cette journée était bien étrange et il comptait bien déjà retourner se reposer, afin de faire partir ce mal de tête qui était en train de le tirailler. Le compagnon semblait déçu qu’il n’ait pas répondu favorablement à son message et se leva à son tour.
 
« Allons à la pharmacie, de toute façon je devais y aller. »
 
Sans attendre, les deux compères sortirent de la salle pour retourner dehors. Ils croisèrent au passage quelques policiers en train de vérifier que tout se passe correctement. C’était logique, après tout, il est courant quand un bar ferme qu’il y ait souvent du grabuge et cela ne manquaient pas. Celui qui jouait Sid refusait de sortir, et l’un des policiers dut rentrer dans le bar pour le forcer. Pluton tourna alors sa tête vers le dernier flic pour lui annoncer :
 
« Bonne chance, je sais que c’est un métier difficile. »
 
« Je n’en doute pas une seconde. »
 
Pluton suivit alors son compagnon qui l’emmena directement vers la pharmacie où une file d’attente était déjà en place. Il attendit sagement son tour puis son compagnon prit les devants en prenant la parole :
 
« Un antalgique pour mon ami s’il vous plait. »
 
« Votre nom ? »
 
Voyant que Pluton restait amorphe, elle donna alors un coup de coude à Pluton qui se mit à réagir rapidement.
 
« Ah oui, Pluton ! »
 
Elle donna alors un cachet à ce dernier ainsi qu’un verre d’eau. Le dieu de la mort s’empressa alors de le prendre et s’éloigna ensuite pour laisser son compagnon faire ce qu’elle avait à faire. Il retourna dans la ruelle et il vit au bout de quelques secondes cette dernière arrivée à son tour.
 
« Bon, je pense que je vais me reposer histoire de faire passer ce mal de tête. »
 
Ils reprirent leur marche tranquillement et Pluton remarqua que son partenaire semblait un peu dépité par la situation. Serait-il possible qu’elle ait entendu une mauvaise nouvelle à la pharmacie ? Un peu inquiet il l’interrogea.
 
« Comment tu vas, un souci ? On t’a annoncé une mauvaise nouvelle ? »
 
« Non ce n’est pas, je n’ai rien pris à la pharmacie. C’est toi qui m’inquiètes, car tu abandonnes au moindre obstacle. »
 
« Comment ça tu n’as rien pris, tu ne devais pas aller à la pharmacie… Tu devrais arrêter être si énigmatique avec-moi, je ne suis pas trop dans un état pour chercher à comprendre. »
 
« C’est pourtant simple, ███████ autour de toi. »
 
Pluton resta interrogatif, un mot venait de sauter.
 
« Putain, tu ne fais vraiment aucun effort. »
 
Elle partit en courant, laissant le dieu de la mort seul avec ses démons. Pourquoi réagissait comme ça ? Que cherchait-elle à dire. Quelque chose devait lui échapper, mais il préférait retourner dans sa zone de confort. Il ferma les yeux, et revit le passage qu’il venait de vivre et il relut sur les lèvres de cette dernière lui permettant ainsi de retrouver le mot manquant.
 
« Regarde. »
 
Il se tourna sur lui-même dans la ruelle et après cette petite vérification il venait de se rendre compte d’un petit détail. Il continua de s’avança histoire de confirmer sa pensée et rattrapa finalement son partenaire qui attendait les bras croisés. Il jeta un dernier regard et prit la parole :
 
« On est suivi. »

Serait-il possible que Pluton ait fini par ouvrir les yeux ? Ce dernier venait tout juste de se rendre compte qu’un étrange homme le suivait depuis le début. D’un coup d’œil discret, il remarqua un bout de bras dépassé du coin dans lequel c’était posé l’inconnu. Il vit également ce qu’il semblait être un carnet. Le dieu de la mort se renommera du bar et la présence d’un étrange type prenant des notes sur une table. Il ne se rappela par contre pas de son visage.
 
« Qui est-ce type, et pourquoi il me suit. »
 
« Je ne sais pas. Tout ce que je peux te dire c’est qu’il le fait depuis un bon moment. »
 
Difficile à comprendre ses attentions, cherchait-il à analyser le dieu de la mort pour trouver une manière de le vaincre ? Valait-il mieux fuir ou chercher la confrontation ? Cependant ce dernier pouvait-être fort et le surprendre, la solution de la prudence était de mise. Pour autant, le dieu de la mort ne voulait pas prendre la fuite, il voulait comprendre ce qu’il se passait et ce type avait sans doute la réponse.
 
Naturellement Pluton reprit sa gestuelle pour faire apparaitre son arc d’énergie, prêt à bloquer ce dernier au travers d’une flèche. Mais alors qu’il s’apprêtait à tirer, il se rendit compte qu’il n’avait réussi à émettre aucune énergie. Comment se faisait-il qu’il fût tout simplement incapable de tirer ?  Il regarda alors ses mains, impuissant. Il y avait définitivement quelque chose qui n’allait pas ici. Trop inquiet par sa propre situation, le dieu de la mort abandonné lâchement la mission qu’il c’était donné. Sans énergie il ne pourrait pas faire le poids, il était plus sage de s’enfuir. Il s’en alla en courant suivit par son partenaire.
 
Après une petite course, le dieu de la mort s’arrêta complètement essouffler et s’essuya son front transpirant. Son corps ne semblait pas supporter cet excès d’énergie et arrivait déjà à sa limite. Il en avait déjà le sentiment avec l’impossibilité d’émettre de l’énergie, mais il en avait à présent la conviction : sa condition physique s’était grandement affaiblie. Il ne devait avoir plus que la force d’un simple terrien.
 
« Qu’est-ce qu’il se passe bordel ? »
 
Pluton regarda alors ses mains tremblotantes et se demanda si ces dernières n’avaient pas gagnés en taille et puis ses veines ont toujours étés si visibles ? Il se retourna pour parler à sa partenaire qui se tenait à côté de lui. Se pouvait-il que le message laissé par Niboshi eût un rapport avec cette situation ? Devait-il quitter ce qu’il l’entravait ? Il devait voir quelque chose qu’il ne voyait pas. Il ne faisait aucun doute que l’homme au carnet avait avoir avec cette histoire. Peut-être que c’était même lui qui était responsable de tout ça ? La respiration de Pluton s’emporta et il se mit à parler d’une voix incertaine.
 
« Fais chier, pourquoi j’ai fui comme ça ? Depuis quand j’ai perdu ma raison et mon courage… »
 
« Ne t’inquiète pas, tu as bien fait. On ne sait rien de lui, partir tête baissée aurait été suicidaire. Nous devons établir un plan avec les moyens que nous avons pour pouvoir le capturer. »
 
« Tu as raison, merci d’être là pour moi. »
 
Grâce à la réponse de son partenaire, le dieu de la mort retrouva son calme. Son esprit qui était en train de se corrompre retrouva toute sa lucidité. Il ne devait pas perdre de temps et mettre en place un plan.
 
« Nous ne sommes pas assez, montons une équipe. Prenons avec nous ceux avec qui nous avons joué aujourd’hui. On m’a peut-être subtilisé ma force, mais il n’aura pas ma conviction. »
 
« Très bien, suis-moi. »
 
Pluton ferma de toutes ses forces sa main droite et suivit son partenaire qui le ramena directement vers le groupe, qui était en train de discuter tranquillement sur une plaine herbeuse. Il retrouva le maitre de jeu assis sur le sol avec son chien, la tête reposant sur ses jambes. Les deux autres joueurs se retrouvaient de chaque côté de ce dernier.
 
« Alors Pluton, tu as finalement accepté la mort de ton personnage ? »
 
Les deux autres protagonistes rigolèrent suite à la petite provocation lancée par le maitre de jeu. Cela restait tout de même bon enfant, Pluton l’avait bien cherché avec sa réaction de mauvais perdant.
 
« Oui…, et je viens vous proposer une nouvelle partie. »
 
« AH ! Hélas nous n’avons pas ramené le plateau de jeu, nous allons devoir attendre demain. »
 
« Wouaf Wouaf ! »
 
« Oui, tu as raison mon chien, gentil toutou ! »
 
Alors que tout portait à croire que le dieu de la mort allait devoir une nouvelle fois abandonner, un petit sourire s’afficha sur son visage.
 
« Nous n’avons pas besoin de plateau de jeu, nous allons effectuer une partie grandeur nature. »

Marchant tranquillement dans les rues avec son partenaire Pluton semblait serein, contrastant avec sa récente course. Bien entendu, il n’avait pas oublié toute cette histoire, il avait mis au point un plan avec ses amis dans le but de piéger son poursuivant. Il était la cible il ne pouvait pas agir discrètement et il comptait justement en profiter. En s’exposant à la vue de tous il allait faire réapparaitre cet inconnu qui se focalisera sur lui, laissant pendant ce temps ses amis le surprendre. Il sera ainsi piégé à son propre jeu.
 
« Pluton… »
 
« Oui, je sais. »
 
Dans le coin d’une ruelle, on pouvait à nouveau apercevoir l’inconnu qui reprenait sa prise de note. Juste sa main et une partie de sa veste blanche étaient visibles. Le dieu de la mort plaça sa main devant lui et toussa à deux reprises. Il venait d’envoyer le signal à ses amis qui n’auront plus qu’à sortir de leur cachette pour intercepter l’individu. Pendant ce temps, Pluton devait tout simplement attendre. S’il faisait le moindre mouvement brusque, il risquerait de fuir par crainte, ce qui rendrait caduque la mission. Un peu nerveux, Pluton ne put s’empêcher de faire bouger sa jambe droite nerveusement.
 
« Tout va bien se passer. Il ne pourra rien faire contre tout un groupe. On va simplement aller à sa rencontre et comprendre pourquoi il fait ça. »
 
« Et comprendre ce qu’il ne va pas ici. »
 
Les paroles du partenaire de Pluton l’avaient rassuré, cependant cette étrange sensation qui émanait du fond de lui ne faisait que grandir, provoquant un malaise. Ce dernier devait être la cause de tout cela et mettre la main sur lui allait sans aucun doute en terminer avec cette histoire. Le dieu de la mort se retourna en entendant du bruit provenir de l’autre ruelle. L’homme avait disparu, son groupe avait sans doute intercepté.
 
« On y va. »
 
Il s’avança tout en croisant une personne le dévisageant. Il arriva finalement sur l’autre ruelle et à sa plus grande stupeur : elle était vide. Il posa nerveusement ses mains sur sa tête et tourna tout autour de lui pour chercher le moindre indice. Son premier réflexe fut de se tourner vers la porte de la maison qui se trouvait juste derrière lui. Il l’ouvrit et à peine il eut le temps de regarder qu’une grand-mère l’agressa, balais à la main. Oui, on ne pouvait pas entrer comme ça chez les gens. Pluton présenta ses excuses et referma la porte et s’en alla le plus rapidement possible afin de regarder dans les ruelles aux alentours : rien.
 
« C’est une blague ? Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? »
 
Il regarda tout autour de lui, rien, il se tourna vers son partenaire qui haussa des épaules, n’en sachant pas plus. Il remarqua au fond une personne et inquiet pour ses amis, il partit en courant vers ce dernier.
 
« Monsieur est-ce que…. Scalio, c’est bien toi ? »
 
L’homme qui lui faisait face était le porté craché de Scalio, non c’était bien lui. Alors que le dieu de la mort attendait une réponse de sa part, tout ce qu’il entendit fut le silence. Quelque chose lui était-il arrivé suite à son départ ? Subitement un homme surgit de l’ombre et attrapa le saiyan et s’en alla avec ce dernier. Juste avant de partir il lâcha à Pluton.
 
« Ce n’est plus d’actualité. »
 
Trop de choses étranges étaient en train de se passer. Pluton se laissa tomber par terre et attrapa sa tête qui lui causait de nouveau de nombreuses douleurs. Son partenaire se précipita vers lui et lui caressa doucement les cheveux, afin d’aider à se calmer.
 
« Bordel, mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? »
 
« Regarde et comprends. Tu dois démêler … »
 
Le dieu de la mort se leva subitement et vit une maison au de la ruelle. Il s’approcha tranquillement de cette dernière. Sans comprendre pourquoi, elle lui semblait familière. Il regarda la boite aux lettres avec comme indication Docteur. Oui c’est vrai, le docteur du village travaillait ici. Pluton ferma les yeux et tenta de se remémorer les dernières choses qu’il avait vues. Il se focalisa sur le peu qu’il avait de l’inconnu. Il se rappela de son bras, de son carnet et de ce qu’il semblait être une veste blanche.
 
« Une blouse. Oui ça devait être une blouse. Forcément le docteur doit le connaitre ou bien … c’est lui. »
 
Il n’avait rien à perdre, il devait essayer cette piste. Cela faisait trop longtemps qu’il avait perdu de vu ses amis, il pouvait être n’importe où à présent. Il ne pouvait comptait plus que sur sa mémoire et son instinct, et ce fut les deux qui l’emmena ici. Il ouvrit la porte et traversa un étrange couloir. Il tourna sa tête vers la droite et découvrit le salon de ce dernier, parsemé de nombreuses chaises. Non, ça devait être sa salle d’attente. Oui ça paraissait évidant, comment avait-il pu envisager une seule seconde que cela puisse être un salon ?
 
« Tout va bien Pluton ? »
 
« Oui, continuons. »
 
Ils avancèrent naturellement vers une étrange porte que Pluton toucha puis recula nerveusement. Sans comprendre pourquoi, il ressentait une certaine crainte à la franchir. Il posa sa main tremblotante sur sa dernière sans pour autant trouver la force pour l’ouvrir. Son partenaire se plaça à côté de lui et l’aida à la pousser. Ils arrivèrent finalement dans une grande salle où il put voir ses amis et le chien tous endormis et attachés sur des lits.
 
« Merde, qu’est-ce que c’est que ce bordel ? »
 
Il s’approcha du maitre du jeu afin de l’observer de plus près. Il devait vite les sortir de là.
 
« Merde, on doit faire quelque chose pour eux, aide… »
 
Des bruits de pas de firent entendre faisant décoller le cœur du dieu de la mort qui resta de marbre. Oui, l’inconnu venait de rentrer dans la pièce et Pluton était dos à lui. Il était pourtant à l’autre bout de la pièce et il ressentit un étrange gène sur sa nuque, ressentant presque la respiration haletante de son poursuivant.
 
« Salut, Pluton. »
 
Malgré sa crispation, il arriva à tourner la tête pour tenter de faire face à ce type. Il ne faisait aucun doute que ce docteur était machiavélique. Dans quelle situation s’était-il fourré ? Finalement, Pluton regarde l’homme au visage flouté.
 
« Pluton, regarde bien. Tu le connais. »
 
Des spasmes fustigèrent le corps du pauvre dieu de la mort qui tentait de faire front à ce type. Cependant, il arriva tout de même à briser ce flou et finalement voir ce qu’il devait voir :
 
« Isaac. »
 
Le docteur qui lui avait donné des outils pour torturer Sid.

Un étrange bruit strident berça les oreilles de Pluton qui en perdit son équilibre. Avec sa main droite, il se rattrapa de justesse en se tenant contre le mur. La sensation de malaise qu’il ressentait depuis un moment avait atteint son paroxysme et les acouphènes n’arrangeaient pas les choses. Son corps semblait tout autant perdu que lui. Son corps commença à trembloter, la peur de ne pas comprendre ce qui lui arrivait était en train de s’emparer de lui. Ne devrait-il pas partir et oublier cette histoire ? Après tout, cela ne lui apportait que du mal. Désespéré il tourna sa tête en direction de son partenaire qui lui lâcha un simple sourire. Il ne lui en fallut pas plus.
 
Pluton s’éloigna du mur, ayant retrouvé le contrôle de son corps. Il ne s’en était pas vraiment rendu compte jusqu’à présent, mais c’est grâce à elle qu’il allait mieux. Qu’importe ce qu’il faisait, dès que l’obscurité commençait à l’abriter, elle était là, et sa simple présence l’irradiait d’une puissante lumière. Le moment était venu de se confronter à Issac, et comprendre ce qu’il était en train de faire.
 
« Libère mes amis, maintenant ! »
 
Le dieu de la mort avait porté sa voix afin de montrer une certaine autorité. Isaac fut surpris par un tel changement alors que quelques secondes avant il semblait être à l’agonie.
 
« Vraiment ? Et si je refuse que va-t-il se passer ? »
 
Un peu naïvement, Pluton pensait qu’il allait pouvoir faire peur au docteur, mais ce dernier ne semblait pas le considérer comme une menace.
 
« Je vais devoir te forcer. »
 
C’était un bluff qu’avait tenté le dieu de la mort. Pour une raison qui lui était encore inconnue, il était incapable de pouvoir utiliser la moindre énergie.
 
« Ça, je doute que tu le puisses. »
 
Son bluff n’avait pas marché et la raison devait-être simple il était à l’origine de ça. Il lui avait retiré son énergie. Oui, c’était bien ça qui n’allait pas et Niboshi devait l’avoir senti et c’est pour cette raison qui lui avait donné ce message. Il devait s’échapper d’Isaac.
 
« Je vois, je commence à comprendre. Tu es un scientifique et tu as découvert que j’étais un dieu de la mort et tu as voulu prendre mon énergie pour l’utiliser pour tes armes. Je suppose que tu voulais faire subir le même sort à mes amis. »
 
Isaac soupira suite au discours du jeune guerrier.
 
« Tu es très loin de comprendre. Tu me dis qu’ils sont tes amis. Je vais te poser une question simple et si tu es capable d’y répondre je les libèrerais. Quels sont leurs noms ? »
 
Pluton s’insurgea suite au discours du docteur, tout cela était d’un ridicule. Peut-être qu’il pensait sérieusement qu’ils ne les connaissaient pas et qu’il tentait une nouvelle fois de le piéger. Sauf que, cette fois-ci, ce n’était pas du bluff.
 
« Bien entendu que je connais leurs noms, quelle question. »
 
« Alors, donne-moi leurs noms. »
 
Les bras croisés, le médecin attendit tranquillement une réponse de la part de Pluton.
 
« Très bien, déjà pour commencer il y a le meilleur maitre de jeu et son fidèle chien, puis bien entendu… »
 
Tout semblait si naturel, mais il ressentit rapidement que ce qu’il disait clochait. Il n’avait donné aucun nom, il n’avait fait que décrire les deux personnes par rapport à ce qu’il savait d’eux. D’ailleurs, il n’y avait qu’une personne, pourquoi avait-il pensé une seule seconde qu’il y en avait deux ? Pluton s’avança vers le chien qui était étrangement sur le dos. En regardant de plus près il se rendit compte pendant quelques secondes que sa tête était humaine. Effrayé par ce qu’il pensait avoir vu il recula subitement et tomba. Il se releva en toute vitesse et jeta un nouveau coup d’œil en direction du chien qui avait bien récupéré son apparence.
 
« Il y a un problème, Pluton ? Se pourrait-il que tu sois un peu perdu ? »
 
Le corps du dieu de la mort recommença à trembler. Oui comme venait d’annoncer le docteur, il était totalement perdu. Rien n’avait de sens, tout se contredisait, comme s’il était coincé entre différentes réalités. Que croire, que dire, que penser. Pluton tourna tout autour de lui, cherchant désespérément quelque chose sur quoi s’accrocher. Isaac s’avança tranquillement vers lui et posa tranquillement sa main derrière son dos.
 
« Je suis désolé pour la frayeur que tu viens d’avoir, mais je devais t’aider à t’ouvrir les yeux pour que tu puisses comprendre que quelque chose n’allait pas. Comme pour tes amis, je ne suis pas là pour vous faire du mal, mais pour vous aider. Après tout, je suis un docteur non ? Assis-toi là, je vais tout te révéler. »
 
Il était difficile de dire si Isaac disait la vérité ou pas, mais il était vrai qu’il lui avait aidé à ouvrir les yeux. Il trainait avec des gens qu’il considérait comme ses amis, mais il au final il ne connaissait pas grand-chose sur eux, même pas leurs noms. Il se posa sur le dernier lit qui était libre dans la pièce et jeta un regard sur son partenaire qui restait inerte.
 
« Très bien Pluton. Tu es venu dans ce village pour te ressourcer avec avoir gagné un combat difficile. »
 
« Oui, en effet je me souviens brièvement d’un combat compliqué. »
 
Pluton vit un flash et l’image d’un chien lui vint à la tête.
 
« Cependant, ta capsule a subi un accident et tu t’es violemment cogné la tête ce qui t’a causé un puissant traumatisme. À cause de cela, il peut t’arriver de voir des choses que tu ne devrais pas voir et oublier des choses. »
 
« Comme les noms de mes amis. »
 
« Exactement, comme le nom de tes amis. En entendant parler de ton accident, je suis venu personnellement ici pour m’occuper de ton cas. »
 
Le docteur s’avança alors vers une table et attrapa une seringue et il continua de parler.
 
« Je te donne un traitement pour t’aider à remettre de l’ordre dans ta mémoire. Bien entendu quand le produit ne fait plus effet, il arriva comme là que tu sois totalement chamboulé. »
 
« Il faut donc me donner le produit et tout ira mieux ? »
 
« Oui, tu retrouveras la paix que tu es venu chercher ici. »
 
Le corps du dieu de la mort se relâcha à l’entente de cette phrase. Il était soulagé et retrouver le calme était tout ce qu’il avait toujours souhaité. Oui tout allait pouvoir se passer pour le mieux, il allait enfin s’échapper de cette souffrance qui était en train de prendre part de lui. Il tourna sa tête vers son partenaire et lui annonça :
 
« C’est bon, tout va s’arranger ! »
 
Isaac retourna vers le dieu de la mort ayant terminé de préparer son produit.
 
« Juste une question qui m’intrigue depuis un petit moment. À qui parles-tu ? »

« Juste une question qui m’intrigue depuis un petit moment. À qui parles-tu ? »
 
Le regard du dieu de la mort changea subitement, laissant se deviner que l’incertitude commençait à reprendre du terrain. Alors que l’intensité de son souffle augmentait progressivement, il se rassura rapidement se rappelant que tout ceci ne devait être qu’un malentendu. Après tout, il avait passé une journée difficile et n’importe quelle phrase pouvait le faire douter. Il demandait sans doute l’identité de cette personne. C’était tout de même étrange, car ils trainaient tout le temps ensemble, depuis qu’il était arrivé en ce lieu.
 
« Je pensais que vous la connaissiez déjà. C’est même elle qui m’avait envoyé chez vous ! »
 
Isaac semblait plutôt troubler par les propos du dieu de la mort. Il posa sa seringue et commença à examiner les yeux de ce dernier puis repartit juste après. Il se rendit à son plan de travail et attrapa son carnet et sortit l’un de ses stylos. Il retourna auprès de Pluton tout en prenant de soin de prendre quelques notes. Il rangea le stylo puis fixa du regard son patient.
 
« Qu’est-ce que vous lui voulez ? Vous ne savez vraiment qui elle est ? »
 
« Je sais très bien ce qu’elle est. Un effet secondaire. »
 
Machinalement, l’ancien policier d’une main attrapa le lit se trouvant juste derrière lui et de l’autre commença à se gratter nerveusement son torse. Son corps se remit à trembler, tout comme ses yeux qu’il tentait de les garder fixer sur ceux d’Isaac. Cependant, le docteur commençait sérieusement à le mettre mal à l’aise et il ne put s’empêcher à plusieurs reprises de détourner le regard. Même s’il semblait vouloir l’aider ce type cachait donc quelque chose d’étrange. Sa santé attendra, celle de son amie était bien plus importante à ses yeux. Le souffle du dieu de la mort gagna une nouvelle fois en intensité, sauf que cette fois-ci c’était une puissante colère qui montait en lui.
 
« Elle n’est pas un effet secondaire. C’est grâce à elle si j’ai pu tenir jusqu’à présent, je vous prierais de mieux la respecter que ça. »
 
Suite à ses propos, Pluton détourna une nouvelle fois le regard, craignant de voir la réponse de ce docteur qui commençait à le terrifier. Ce dernier garda son calme et attrapa délicatement son stylo pour reprendre quelques notes. Énervé par sa nonchalance, Pluton donna un coup dans le carnet le faisant tomber au sol. Par réflexe Isaac recula et posa une main sur son pistolet laser. Le dieu de la mort se baissa pour attraper le carnet et vit quelques notes sur le patient Pluton.
 
« Le traitement semble engendrer des effets secondaires sur ce patient, il converse régulièrement avec une personne qui n’existe pas ? »
 
Le dieu de la mort n’eut pas besoin d’en lire davantage et balança le cahier au docteur. Elle était en effet discrète mais de là à penser qu’elle soit issue de son imagination.
 
« Putain, mais qui êtes-vous au juste ? Êtes-vous vraiment un docteur ? Vous êtes complètement maboule oui ! »
 
Isaac ne se montra pas vraiment perturbé par le comportement de Pluton et était plutôt rassuré de ne pas voir ce dernier lui foncer dessus. Il retira sa main de son arme, redressa tranquillement ses lunettes et ramassa le cahier qui trainait par terre.
 
« D’accord. Pluton, pointe-moi du doigt ton amie. »
 
« Très bien… »
 
Ce dernier continuait la provocation et décida de jouer son petit jeu. Il finirait bien par arrêter à un moment. Pluton s’apprêta à diriger son doigt en direction de son amie, mais il ne vit personne. Il s’approcha du lieu où il l’avait vu pour la dernière fois et il tourna sur lui-même. Elle avait complètement disparu. L’enfoiré, un de ses alliés avait dû la transporter ailleurs.
 
« Enfoiré, où l’as-tu emmené ? »
 
Le médecin marcha tranquillement vers son ordinateur et après quelques clics il fit signe à Pluton de venir vers lui. C’était une vidéo de la caméra de surveillance qui montrait le dieu de la mort rentrer seul. Effrayé par ce qu’il venait de voir il recula et tombât. Pluton semblait bien pâle et la colère avait disparu pour refaire de la place pour la terreur. Il se releva et pointa du doigt Isaac.
 
« Tu avais prévu ça depuis le début. Tu as fait un montage pour tenter de me faire perdre la tête. Avoue ! »
 
Croyait-il seulement ce qu’il disait ? Pluton se rendait lui-même compte que ses propos semblaient incohérents, mais il refusait de se faire à cette simple évidence que cette personne qui l’avait tant aidé était tout simplement le fruit de son imagination.
 
« On peut regarder le moment que tu souhaites. Tes nuits ? Tes repas ? Tu ne trouveras pas la moindre trace. Tu peux demander à qui tu le souhaites. »
 
« Tu as tout trafiqué et tu as drogué les gens, comme tu le fais à mes amis ! Et tu m'as filmé ? Tu es un vrai détraqué. »
 
Isaac se mit à soupirer, voyant que ce dernier s’évertuait dans le déni.
 
« En comprenant que tu avais un effet secondaire, je pensais stopper ton traitement avant que ça ne s’aggrave, mais visiblement tu ne sembles pas prêt. Je vais te le redonner et nous allons suivre ça de très près. Ne t’inquiète pas, tu reverras tous tes amis. »
 
« C’est vrai ? »
 
La réponse fut remplie pleine d’espoir… mais cela ne dura qu’un bref instant. Pluton se remémora toute la conversation, et une simple question revint en tête qu’il annonça à tue-tête.
 
« Quels sont leurs noms… Merde, je ne connais pas son nom. »
 
Le dieu de la mort tomba à genoux et commença à se sacrifier son corps.
 
« Merde. »
 
En plus de n’avoir aucun nom, elle n’avait aucun passé, il ne savait rien d’elle. Elle était là et cela lui suffisait amplement.
 
« Merde ! »
 
En y réfléchissant davantage, elle n’avait jamais parlé aux autres. Oui, elle était toujours passée par lui.
 
« MERDE ! »
 
Pluton jeta un œil sur Isaac mais il ne put rester plus longtemps, ce type le terrorisait. Il avait raison, elle n’existait pas. Elle n’existait pas. Merde, elle n’existait pas.
 
« … »
 
Le regard de Pluton semblait bien vide, se demandant si ses amis étaient irréels ? Non, Isaac les avait également bien vus. Sauf si Isaac était lui-même le fruit de son imagination ? S’il s’était créé l’ami parfait, il a très bien pu en faire l’ennemi parfait ? Et si au final, il n’existait pas ? Après tout, il était mort ? Quoi il était bien mort ?
 
« … »
 
Non, tout ceci ne devait-être qu’une intuition. Pourtant le dieu de la mort sentait une vive douleur parcourant son corps. Une douleur qui restait ancrée dans son corps. S’il était mort, ne serait-il au final pas au purgatoire ? Cette idée semblait saugrenue, il aurait dû réapparaitre sous un nouveau corps. Peut-être qu’il s’était fait tuer par un dieu de la mort et son âme se fut volée par ce dernier ? Le dieu de la mort se releva, arrivant à tenir debout tant bien que mal.
 
« Je n’existe pas. »
 
Ces quelques mots restèrent gravés dans sa tête, puis pris de panique, il commença à s’en aller à toute allure sous les yeux d’Isaac, pris de court. Pluton se retrouva dans le couloir et trébucha une nouvelle fois. Subitement une infirmière, non une fleuriste s’approcha de ce dernier pour prendre de ses nouvelles. Une fleuriste ? Que venait faire une fleuriste ici ? Oui, c’était bien une infirmière. L’image de cette dernière changeait constamment, faisant apparaitre tantôt l’une tantôt l’autre.
 
« Merde, merde, merde, merde. »
 
Merde qui était cette personne, merde qu’est-ce qui était en train de lui arriver, merde où se trouve son amie, merde ce monde est un tissue de mensonge. Le dieu de la mort posa ses deux mains devant ses yeux, préférant ne plus voir ce monde et se plonger dans l’obscurité. Loin des problèmes, loin de la réalité et surtout loin du mensonge. Ce monde était le sien et il pouvait voir la vérité qu’il souhaitait. Cependant, tout ce qu’il vit c'était l’obscurité… du moins en apparence, car une personne se retrouvait juste à côté de lui.
 
« Pluton, il faut qu’on parle. »

« Pluton, il faut qu’on parle. »
 
C’est le genre de phrase qui fait craindre le pire en général, cependant cela fut un soulagement pour le dieu de la mort. C’était avec elle qu’il avait partagé sa vie depuis son arrivée sur cette planète, créant ainsi une forte attache. Sa récente disparition l’avait beaucoup affecté et la revoir lui réchauffait le cœur. La voir partir sans pouvoir lui dire au revoir était trop horrible, même si elle est issue sa propre imagination. Les deux compères s’assirent l’un à côté de l’autre et le dieu de la mort se décida de vider son sac.
 
« Je suis perdu. Mon monde est en train de s’écrouler devant moi et je n’ai pas la force pour pouvoir y faire face. J’ai besoin de toi pour le reconstruire. »
 
Son compagnon lâcha un petit sourire, mais on pouvait voir clairement derrière ce geste une puissante crainte.
 
« Tu te souviens du mot que t’a donné Niboshi ? »
 
« Échappe-toi. »
 
« Je pense que c’est le meilleur conseil que tu pouvais recevoir. J’ai également essayé de te le faire comprendre, mais inconsciemment tu as toujours refusé de voir la vérité en face. »
 
« Le problème est justement là, qu’est-ce qui réel et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Je ne suis pas sûr d’exister. Au fond de moi je n’ai qu’une envie, retrouver ma tranquillité. »
 
« Je vois. Tu commences à percevoir deux mondes qui s’entrechoquent et il te semble impossible de dissocier le vrai du faux. Cette situation doit être désagréable pour toi, mais c’est une bonne chose, car … »
 
Le dieu de la mort se releva soudainement et fixa du regard son compagnon. Il se demandait comment elle pouvait être une seule seconde satisfaite de ce qu’il était en train de lui arriver.
 
« Comment ça, c’est une bonne chose ? Tu es contente que je sois en train de souffrir ? Au fond peut-être c’est ce que tu as toujours voulu ? Ce ne serait pas la première fois qu’on me trahit. Si ça se trouve, c’est moi l’être imaginaire et tu m’as inventé pour te faire passer ton temps. »
 
Crac, une fissure venait d’apparaitre dans ce monde d’obscurité. Pluton plaça ses mains nerveusement sur son visage. Il ressentait cette chose en lui revenir alors qu’il s’était réfugié dans son monde. Même isolé il ne pouvait pas être tranquille ? Son compagnon voyant que la situation se détériorait se releva.
 
« Je te rassure, tu existes bien Pluton. Tu as bien discuté avec tout le monde dehors ? N’est-ce pas une preuve de ton existence ? »
 
« Moi, eux, ce monde. Tout peut être factice et être juste le fruit de ton imagination. N’est-ce pas une preuve que je n’existe pas ? »
 
Crac, une autre fissure s’ajouta. L’esprit de l’ancien policier était en train de se détériorer et en continuant les conséquences pourraient être importantes pour lui.
 
« Très bien, je vais t’expliquer ce qu’il se passe. Tu es ████████ ████ ██ ████████ ██ ██ ██ ████ █ █████. »
 
Un bruit strident bloqua la révélation de son partenaire, empêchant Pluton d’entendre ce qu’elle avait à dire, une nouvelle fois. Il se passait exactement la même chose que pour Niboshi.  Elle se doutait que son discours soit flouté par le dieu de la mort et c’est justement ça qu’elle essayait de lui montrer.
 
« Tu te fous de moi, c’est ça ? Putain, ce n’est pas vrai. »
 
Crac, de nouvelles fissures vinrent décorer la scène. Cependant cette fois, l’une d’entre elles vint se mettre sur le bras droit du dieu de la mort. Commençant à paniquer le dieu de la mort commença à reculer afin de s’éloigner de son compagnon.
 
« Attends ! Ce que j’essaye de t’expliquer c’est que ton esprit refuse de voir la vérité, il tente de te protéger. Concentre-toi et essaye de te rappeler du dernier souvenir avant ton arrivée ici. »
 
Pluton décida de jouer le jeu, après tout ce qu’elle disait était censé. Quel était son dernier souvenir ? Il se rappela d’Hellzetsu et Leriac, de Moka, de Fovea, de Scalio et des dieux de la mort qu’il avait retrouvés sur Terre. Son dernier souvenir était une mission dans la prison intergalactique où il avait fait la rencontre de Niboshi. Après tout ça il avait dû repartir sur cette planète où il avait crashé. Même s’il ne voyait pas ce qu’elle voulait lui indiquer, se rappeler de tout ça le rassura. Ces souvenirs paraissaient trop réels pour être faux.
 
« Je ne vois aucune anormalité, j’ai juste quelques zones d’obscurité au niveau de l’accident. »
 
« Tu te trompes Pluton, ces souvenirs sont erronés. Tu n’as jamais ██████ ██████ ██ ██████. »
 
« Mes souvenirs sont erronés ? »
 
L’ancien policier se demanda finalement si ce qu’il pensait pour acquis ne serait pas un autre mensonge. S’ils partagent un corps en commun, il pourrait être de même pour les souvenirs. Est cela qu’elle voulait lui faire comprendre ? Logique que son esprit refuse d’entendre cette vérité ?
 
« Je n’ai jamais été Pluton ? »
 
Pris de panique il s’en alla en courant, errant sans but, dans le vide. L’esprit embrouillé, l’esprit perdu. Il devait survivre, persister, mais surtout continuer son existence.
 
« Non, non non ! »
 
Les fissurent se multipliaient, cela ne semblait plus pouvoir s’arrêter. Pluton se retourna pour observer son partenaire… mais il avait disparu. Le corps du dieu de la mort continua de se fissurer, augmentant la panique de ce dernier.
 
« Je disparais, merde je disparais. Non je ne veux pas, pas encore…. ████ »




 
Pluton refit son retour dans le monde noir, un peu perturbé par ce qu’il venait de se passer, mais surtout déprimé par la révélation qu’il venait d’apprendre. Il avança tout en trainant les pieds jusqu’à finalement retrouver son partenaire. Il tomba dans ses bras, en pleurs. Il ne craignait pas la mort, car il se pensait intouchable, mais en y faisant face il venait tomber dans la triste réalité. Heureusement, contrairement aux êtres espèce, il avait la possibilité unique d’avoir le droit à une nouvelle chance. Il s’installa tranquillement au côté de son partenaire.
 
« Je me suis fait tuer par Sid. J’ai encore du mal à y croire, mais je dois me faire à l’évidence, même si c’est difficile. »
 
« Tu as fait le plus difficile, mais la route est encore longue, mais tu finiras bien par accepter tout ça. »
 
« Je comprends mieux pourquoi mon esprit est si meurtri. Cependant, il y a encore des zones d’ombres. Cette histoire de crash, de remèdes, tout ça me parait si farfelu au vu de ma mort. Que m’est-il arrivé ? »
 
« Hélas, je ne peux pas te donner les réponses. Cependant, en fouillant bien dans tes souvenirs et en voyant les incohérences tu devrais pouvoir en déduire la réalité. Concentrons-nous sur les derniers événements en commençant par ta sieste. »
 
« J’étais en train de dormir tranquillement dans l’herbe et en me relevant, je suis tombé en voulant me relever. C’est étrange… non, ce n’était pas l’herbe, non c’était… une chambre, oui. »
 
Cette scène ne l’avait pas perturbé sur le moment, mais il est vrai qu’il avait étrangement chuté. Visiblement, son besoin de liberté avait transformé sa chambre en plaine herbeuse.
 
« Et ensuite ? »
 
« Ensuite, on s’est promené dans un petit village et on a failli renverser quelqu’un en courant… non, c’était plutôt des couloirs. Oui, ça devait-être dans des couloirs, d’où le fait que je me sois fait engueuler. »
 
Progressivement, le dieu de la mort était en train de délier le vrai du faux. La stabilisation de son état suite à la révélation de sa propre mort en était le principal responsable.
 
« On s’était rendu dans un bar, et avec des amis nous avons joué à un jeu de rôle puis j’ai échangé avec Niboshi… Non, ce n’était pas un bar, personne ne buvait. C’était une sorte de salle de jeu et j’ai rejoué ma mort avec des gars que je ne connaissais pas vraiment. En y repensant, cette scène était particulièrement étrange. Ensuite la conversation avec Niboshi… je pense qu’il essayait de prendre de mes nouvelles suite à ma mort et qu’il était surpris par mes pouvoirs de régénérations. Puis il a terminé par me laisser ce mot, échappe-toi. »
 
Parlait-il de ce monde imaginaire dans lequel il s’était réfugié ? Peut-être, mais cela semblait étrange. En effet, il ne devait pas être au courant.
 
« Ensuite, on est allé à la pharmacie, enfin pas vraiment, c’était plus petit que ça. On s’est fait suivre par Isaac et on a monté un plan pour en savoir plus sur lui. En tout cas, ça, ça devait-être vrai. Je me souviens d’avoir croisé Scalio… non, c’était simplement un avis de recherche. Puis  on s’est retrouvé chez le docteur Isaac, puis nous voilà ici. J’y vois plus clair, mais j’ai toujours du mal à comprendre. »
 
En retirant toutes les incohérences et en se focalisant sur ce qui semblait vrai, le dieu de la mort s’était retrouvé avec une histoire plutôt logique. Il savait à présent qu’il était resté dans le même bâtiment tout au long de la journée. Cette ville n’existait pas.
 
« En rassemblant tout ça, ne vois-tu pas quelque chose ? »
 
« Désolé, non. »
 
« Très bien. Je vais te poser une simple question. Prends ton temps, et réfléchis-y bien. Que s’est-il passé après ta mort ? »
 
Étrangement, Pluton avait totalement omis ce passage. Il avait admis comme vérité cette histoire de crash pour justifier sa perte de mémoire. Cependant, cela n’avait plus de sens à présent. Pourquoi aurait-il pris son vaisseau juste après sa mort, et surtout, pourquoi ne s’en rappelait-il pas ? Il se concentra sur cette journée passée, relevant les moments de cette dernière.
 
« Chambre, couloir, salle, médecin, infirmière… Je suis dans un hôpital ? Non, non, ça ne colle pas. »
 
* Échappe-toi*
 
Subitement, le message de Niboshi lui revint en tête, et il se releva subitement. La vérité venait de frapper de plein fouet.
 
« Dis-moi, je suis toujours dans la prison, n’est-ce pas ? Et j’ai été interné dans l’asile ? »
 
Crack, le dieu de la mort venait finalement de sortir de son illusion dans laquelle il s’était réfugié suite à sa mort. Son compagnon se leva à son tour et d’un sourire réservé lui fit comprendre qu’il avait finalement vu juste.
 
« Putain, tout me semble plus logique d’un coup. La présence d’Isaac coule de source, mais il s’est bien foutu de moi avec son histoire de crash. Et puis son traitement… qu’est-ce en réalité ? »
 
« Je n’en sais pas plus que toi sur ce sujet, il faudra voir avec lui pour connaitre la vérité. Le plus important c’est que tu sois de retour dans la réalité. »
 
« Je me doutais. En tout cas, merci, grâce à toi j’ai finalement appris la vérité et même si je ressens une profonde tristesse, au fond, je suis soulagé. Je suis content de pouvoir aller de l’avant. »
 
« Attention, ton combat n’est pas encore terminé. Quand tu vas rouvrir les yeux, tout reviendra à toi. Ton esprit sera soumis à une terrible épreuve… et seulement si tu arrives à la surmonter, tu pourras aller de l’avant. »
 
Pluton grimaça, il est vrai qu’il était actuellement isolé du monde réel et il pouvait fanfaronner autant qu’il le voulait ici. Retourner dans le monde réel était une épreuve difficile, son esprit sera-t-il assez fort pour pouvoir l’accepter ou bien se retrouvera-t-il une nouvelle fois dans un monde illusoire ? Il avait tout de même les cartes en main pour réussir, il ne devait pas avoir peur et allait de l’avant maintenant que la réalité avait éclaté. Mais avant de se lancer dans ce dernier combat, il avait un dernier mystère qu’il avait besoin de résoudre.
 
« J’ai une dernière question. Qui es-tu, une autre personnalité ? »
 
La question devait forcement arriver à un moment ou un autre, mais il était évocateur de son état d’esprit, Pluton semblait finalement accepter ce qu’il lui arrivait.
 
« Pas vraiment, je suis plutôt ce qu’on pourrait dire, une partie de toi. Tu es le véritable Pluton et je n’en suis qu’un fragment. Mon rôle était de te faire revenir à la réalité, maintenant qu’il est accompli je vais pouvoir te laisser. »
 
« Non, attends ! Même si je suis revenu dans la réalité, je ne suis pas prêt pour y faire face seul. J’ai besoin que tu sois auprès de moi, même si tu n’es pas réel. »
 
« D’accord, je veux bien te suivre encore un moment. Mon rôle ne sera terminé qu’une fois que tu seras prêt. En attendant, je t’accompagnerais pour t’épauler. »
 
« Merci. En fait, j’ai une autre dernière question. Quel est ton nom ? »
 
Le compagnon de Pluton resta interrogatif, ne s’attendant pas se voir associée à un prénom. Après tout, elle n’était qu’un fragment, rien de plus.  
 
« Tu peux m’appeler C. Je me vois mal m’associer à un vrai prénom. C pour compagnon. »
 
Un choix étrange, mais qui avait au moins le mérite d’être simple. Avait-elle donné la véritable raison ? On aura certainement la réponse un jour.
 
« D’accord C. Par contre, je suis désolé… »
 
« Encore une autre dernière question ? »
 
« Oui… Pourquoi as-tu cette apparence ? »
 
« J’ai pris cette forme, car c’est celle qui t’apaisait le plus. Mais en vérité, je peux prendre n’importe laquelle. »
 
Elle se transforma subitement en Sid, puis en affiche de Scalio, puis finalement prit l’apparence d’une chaise avant de reprendre son apparence d’origine. Pluton aurait voulu continuer à poser infiniment de dernières questions, mais il savait qu’il ne faisait qu’éviter l’inévitable. Oui, il devait retourner à la réalité et s’y confronter.
 
« Ta zone de confort va s’arrêter et tu risques d’en baver. Cependant, tu dois te montrer fort pour faire face à tout ça. »
 
« Oui, il est grand temps que j’ouvre les yeux. »

Tout doucement, les yeux de Pluton s’ouvrirent. Il abandonna son monde de solitude afin de faire face à la réalité. Il regarda tout autour de lui, découvrant pour la première fois la véritable apparence de lieu. Il était dans le couloir et il se trouvait en face de lui la salle d’attente du cabinet du docteur Isaac. Il regarda ses mains, les observant attentivement. Ont-ils toujours été aussi frêles ? Non, elles étaient complètement différentes. Il ne faisait aucun doute, il avait bien subi une régénération. Pour le moment, tout se passait bien, C avait peut-être surestimé l’épreuve.
 
VRAM, le dieu de la mort subissait subitement un flash. Il entrevit l’espace de quelques secondes l’image de Sid souriant tenant ses sabres imbibés de sang. Il s’abaissa légèrement, cherchant à retrouver son souffle. Sa mémoire était en train de lui revenir, et cela devait faire suite à son acceptation de sa mort. Finalement, C avait sans doute raison, il devait rester fort dans cette épreuve.
 
Cette vision s’étant terminée, Pluton se redressa et décida de retourner dans la salle. Il ne restait plus qu’une zone d’ombre à dévoiler et cela nécessitait de retourner auprès du docteur. Même s’il avait très envie de comprendre ce qu’il lui était arrivé, il ne pouvait s’empêcher d’angoisser à l’idée de lui reparler. Ce type était sans doute à l’origine de tous ses maux et il risquerait de tenter de le replonger dans un monde illusoire.
 
VRAM, un nouveau flash. L’ancien policier commençait à ressentir un assortiment d’odeurs. De la fumée, de la poussière, mais aussi une étrange odeur métallique. Le flash fut un peu plus long cette fois-ci et il revit le moment où le chien fou l’avait piégé avec le sol.
 
Le dieu de la mort ressortit de cette vision de l’enfer et s’était appuyé contre le mur pour éviter de tomber. Il tenait bon, il devait continuer sur cette voie. Il rentra dans la pièce et ne vit pas le docteur. Il s’approcha des lits, voyant pour la première fois le visage de ceux qu’il prenait pour ses amis. Celle qui portait une magnifique voile blanche portait en réalité un drap tout autour d’elle et le chien n’en était pas un. Nul besoin de comprendre que ce qu’il avait vu était en réalité des plus perturbants.
 
VRAM, encore un flash. Cette fois-ci, ce fut le goût qui revint. L’odeur métallique qu’il avait identifiée lors du précédent flash gagna en clarté, c’était du fer. Très rapidement, Pluton put en déduire que c’était du sang. Le dieu de la mort était mourant, et sa bouche était imbibée de sang. En face de lui, Sid le dévisageait, accompagné de son plus beau sourire.
 
Après cette nouvelle vision, le dieu de la mort perdit son équilibre, manquant de peu de tomber. Il sentit une désagréable sensation monter dans son corps. Sans crier gare, il régurgita par terre. Pluton s’essuya la bouche avec sa main gauche tout en avançant avec difficulté. Les contrecoups devenaient de plus en plus violents. Serait-il possible qu’il soit trop faible pour y faire face ?
 
VRAM, les flashs commençaient à devenir de plus en plus rapprochés, et continuaient de gagner en intensité et en réalisme. Il arrivait à présent à discerner un bruit, celui des sabres de Sid effleurant le sol. Ce bruit aigu insupportable commençait à résonner dans la tête du dieu de la mort. Elle était accompagnée d’un rire incessant.
 
« KAHA HAHA HAHA »
 
Le dieu de la mort s’écroula, manquant de peu de tomber dans sa propre souillure. Il se redressa, mais trop impuissant il se contenta de se tenir en boule. Ce bruit devait cesser. Ce rire devait cesser. Sid devait cesser. Pluton était désemparé, s’approchant inexorablement du point de rupture, une nouvelle fois.
 
Vram, un dernier Flash. Le dieu de la mort revit la scène de sa mort, le coup qui lui fut fatal. L’ancien policier ressentit la douleur provoquée par les lames de Sid tranchant ses organes. Une vive douleur parcourut le corps de Pluton et lui provoqua un puissant malaise. Il ne put s’empêcher de hurler de toute ses forces. Son esprit était en train de perdre la raison, tout comme son sang dans sa vision. Le rire de Sid, lui, ne cessait pas.
 



 



Tout se mélangeait et le dieu de la mort commençait à ne plus pouvoir différencier ses visions de la réalité. La douleur était omniprésente et elle devait cesser. Il était coincé dans cette boucle sans fin dans laquelle il était condamné à voir perpétuellement sa propre mort. Il semblait impossible pour Pluton de supporter davantage cette douleur, il était toujours trop faible. Cependant, malgré la montagne qui lui faisait face il arriva tout de même à placer quelques mots.
 
« C… aide… moi… »
 
Le compagnon imaginaire du dieu de la mort fit son apparition au côté du dieu de la mort. Couché, il était condamné à la mort. Elle lui tendit sa main et Pluton t’attrapa péniblement. Sa force était en train de le quitter. Il savait qu’il allait une nouvelle fois revivre sa mort. Il vit le chien s’enfuir une nouvelle fois. C se releva, lâchant la main de l’ancien policier.
 
« Pluton, tu dois à présent définitivement accepter ta propre mort. Tu ne sortiras de cet enfer, qu’au travers d’un seul acte. »
 
Elle lança juste devant le dieu de la mort l’un des sabres de Sid sans donner plus d’explications. Pluton attrapa tant bien que mal l’arme et la regarda attentivement. Dans le reflet il revoyait sa mort dans laquelle il s’était perdu. Soudainement, l’action lui semblait logique. Il n’avait pas encore totalement accepté sa mort et sa peur lui faisait perdre ses moyens. Pluton devait mourir. Le dieu de la mort se trancha la gorge.
 
Pluton reprit son souffle avec difficulté et retrouva sa lucidité. Il était toujours dans la salle du docteur. Avait-il réussi à vaincre son passé ? Sans doute partiellement, mais il ne faisait aucun doute que des traces continueraient à subsister. Il se tourna et il vit C lui montrer son pouce. Il savait qu’elle n’existait pas, mais une nouvelle fois c’était grâce à elle qu’il venait de se tirer de ce mauvais pas. Nul doute que si elle n’était pas apparue, la folie l’aurait totalement consumée. Mais alors qu’il se relevait, il entendit quelqu’un applaudir. Il se retourna et il vit Isaac revenir vers lui.
 
« Bravo, il semblerait que tu as finalement réussi à surmonter ta mort. »
 
Pluton recula, craignant que ce dernier ne tente quelque chose contre lui.
 
« Qu’est-ce que tu m’as fait ? »
 
« Je vois, tu penses que je suis responsable de ton trouble psychique. Cela me semble logique, je pense que n’importe qui se ferait la même réflexion. Je vais te rassurer, cela vient de ta propre personne. »
 
« Ah bon, pourtant tu m’as bien injecté quelque chose et tu voulais le refaire. »
 
Le docteur ne répondit pas de suite et attrapa la seringue qu’il avait précédemment préparée. Il se dirigea vers son évier et il vida directement cette dernière dedans.
 
« Ce serait mentir que de te contredire sur ce point. Cependant, les enregistrements eux, ne mentent jamais. »
 
Isaac sortit de sa blouse un enregistreur et lança le lecteur de ce dernier. On pouvait y entendre une personne crier et de nombreuses personnes s’inquiéter autour. On pouvait distinguer une des personnes dire quelque chose.
 
« Incroyable, ce type s’est vraiment régénéré et a changé d’apparence ? »
 
L’identité de la personne qui criait ne faisait que peu de doute, il s’agissait de Pluton. Isaac arrêta la lecture et reprit son discours.
 
« Ce que tu viens de subir à l’instant, tu l’as subi lorsque tu es revenu d’entre les morts. Il semblerait que ton esprit n’a pas supporté cette épreuve. Afin d’éviter que tu ne sombres dans la folie, je t’ai interné dans l’asile du vaisseau et je t’ai injecté l’un de mes produits expérimentaux. Ce dernier a pour but de générer un monde illusoire pour le patient, afin de lui faire oublier ses souvenirs les plus traumatisants. Heureusement, cette épreuve pour laquelle tu avais échoué, tu l'as réussie aujourd'hui.»
 
Pluton resta bouche bée, est-ce là la vérité ? Même s’il n’avait pas confiance en ce type, ce qu’il disait tenait la route. Cela expliquait pourquoi il avait inventé toute cette vie et pourquoi Isaac avait tenté de préserver cette dernière. Il avait du mal à savoir s’il devait le remercier ou pas. D’un côté, il lui avait préservé son esprit et d’un autre il avait utilisé contre son insu un traitement expérimental. Cela ne l’étonna pas, lors de sa rencontre il avait déjà trouvé ce type louche.
 
« Merci de m’avoir empêché de sombrer dans la folie, que comptes-tu me faire à présent ? »
 
Isaac s’approcha silencieusement du dieu de la mort et l’invita à le suivre. Inquiété par la situation, Pluton suivit malgré tout ce dernier tout en restant prudent.
 
« Avant de parler du futur, ne crois-tu pas qu’il soit grand temps pour toi, d’enfin te voir ? »
 
Pluton réalisa que depuis sa régénération, il n’avait pas encore vu son apparence. En effet, à chaque fois qu’il passait à côté d’un miroir, sa vision était floutée. C’était sans aucun doute, la dernière épreuve à laquelle il serait confronté. Il tourna son visage pour observer C et cette dernière acquiesça de la tête. Il était grand temps d’y aller, et Pluton avança vers le miroir, effrayé par ce qu'il pouvait y voir. 

Miroir:

Ce visage c’était donc le sien ? Le dieu de la mort se toucha les joues, et commença à inspecter son corps. Il avait gagné quelques centimètres, mais possédait encore un visage assez jeune. Ses cheveux n’avaient guère changé contrairement à son regard, entouré de cernes. Le changement était donc évident, mais n’était pas drastique. Il devrait pouvoir s’habituer à sa nouvelle apparence, il avait de toute façon accepté son sort. Il se retourna afin de pouvoir à nouveau faire face à Isaac. En voyant la réaction paisible du dieu de la mort, il prit la parole :
 
« Il semblerait bien que ton traitement soit terminé. »
 
Le dieu de la mort qui redoutait que ce dernier lui parle d’autres épreuves se retrouva bouche bée face à cette information. Se pourrait-il que ce soit terminé ? Avant de crier victoire trop vite, il préféra obtenir une confirmation.
 
« Je peux partir d’ici ? »
 
« Totalement, tu sembles avoir passé cette crise. Je te conseillerais cependant de continuer de te faire suivre, mais pas sur ce vaisseau. Nous gérons essentiellement les cas très difficiles. » Isaac tourna sa tête en direction des autres patients qui étaient toujours allongés sur les lits. « Je vais te donner une carte. C’est un docteur de confiance que tu pourras consulter en cas de problème. Il est certes un peu particulier, mais il excelle dans son domaine. »
 
Sans sourciller, le dieu de la mort attrapa le bout de papier qu’il rangea précieusement dans sa poche. Le voilà donc rassuré. Maintenant qu’il connaissait la vérité, il voulait s’éloigner le plus possible de l’asile. Il jeta un œil à ceux qui furent ses amis pendant cette aventure.
 
« Merci… et eux, que vont-ils devenir ? »
 
Le médecin s’approcha des autres patients, en commençant par celui qui se faisait passer pour un chien.
 
« Didia, ancien patrouilleur galactique, se prend pour un chien depuis qu’il s’est fait hypnotiser. Nous cherchons actuellement un moyen d’inverser le processus. »
 
Il continua sa marche pour se rendre vers celui qui se prenait pour son maitre :
 
« Uurshi, suite à une mauvaise dans un satellite il a provoqué la destruction d’une planète. Après cette erreur, il a sombré dans la folie. Il est sous le même traitement expérimental que toi. »
 
« Morace, tueur en série connue pour torturait ses victimes de façon peu orthodoxe, nous suspectons que cela est dû à une maladie mentale. Nous essayons de comprendre sa manière de penser afin de potentiellement le guérir lui et d’autres personnes. »
 
« Rina, une énigme, atteinte de démence, de façon inexplicable. Elle est la plus ancienne patiente du service. Nul ne sait qui d’elle ou de Kel est le premier à avoir rejoint ce vaisseau. »
 
Toutes ces histoires rassurèrent le dieu de la mort sur le fond d’Isaac. Il n’était clairement pas mauvais, il cherchait à aider les gens, mais à sa manière. Il profitait clairement du contexte de la prison pour pouvoir faire des expériences peu recommandables, mais nécessaires pour le bien de tous.
 
« Nous avons fait le tour, je vais te ramener jusqu’à la sortie. »
 
Alors qu’ils s’apprêtèrent à quitter le lieu, Rina ouvrit les yeux et attrapa la jambe de Pluton.
 
« Tu vas nous quitter ? Passe le bonjour à Kel de ma part, et dis-lui que je ne l’ai pas oublié… »
 
Le dieu de la mort se tourna en sa direction et resta inerte. Serait-il possible qu’elle puisse être…, non ça semblait trop tiré par les cheveux. Isaac s’approcha de cette dernière et retira doucement la main de cette dernière.
 
« Tu devrais te reposer Rina. »
 
« Tu as raison. »
 
Isaac accompagna finalement l’ancien policier jusqu’à la sortie de la pièce.
 
« Pluton, évite d’en parler à Kel. Disons qu’il y a quelques secrets qu’il vaut mieux préserver. »
 
Cette phrase ne laissa pas insensible Pluton, voyant sa théorie se renforcer. Cependant pour le bien de tous il préféra ne pas relancer le sujet. À en trop savoir, il se mettrait clairement en danger. Ils longèrent les couloirs de l’asile, le dieu de la mort les découvrant pour la première fois sous cet angle. Un lieu sinistre qu’il avait imaginé resplendissant. Ils arrivèrent finalement vers un garde et Isaac le briefa rapidement avant de se retourner vers Pluton.
 
« Notre route se sépare. Si tu comptes revenir en ce lieu, nul doute que nous nous recroiserons. Je te souhaite bonne chance, pour ta nouvelle vie, Pluton. »

« Merci. »

Isaac ne perdit pas de temps et retourna vers son cabinet, maintenant qu’il avait confié son ancien patient à un soldat. Sans trop comprendre ce qu’il se passait, le dieu de la mort traversa le vaisseau, complètement rénové. Ils ne manquaient clairement pas de moyen, c’était clair. Ils arrivèrent finalement à la consigne, afin que Pluton puisse récupérer ses affaires.
 
« Nous avons un téléphone portable, un badge de policier, une cape et votre portefeuille. Nous sommes désolés de vous annoncer que nous avions dû bruler le reste de vos habits. Vous pouvez tout de même conserver ce que vous avez sur vous, pour le prix 1450 zenies. »
 
« 1450 zenies ? Mais c’est énorme… »
 
« Sinon vous pouvez repartir à poil. »
 
Ce dernier avait-il regardé le contenu de portefeuille dans le seul but de le voir débouler à poil ? Pluton n’ayant pas cet argent se retrouva à court d’idées.
 
« Le saviez-vous, si vous n’avez plus d’habits, ils vous sont offerts ! »
 
« Pourquoi tu lui as dit, tu abuses. »
 
« Car j’ai retrouvé un ami. Content de te revoir Pluton. »
 
« X7-KL, c’est bien toi ? Comment m’as-tu reconnu ? »
 
« Pour moi, les non-robots vous-vous ressemblez tous. »
 
Pluton récupéra ses affaires et regarda attentivement sa cape et rangea le tout dans cette dernière. Accompagné du robot il se rapprocha du hangar. Alors que le départ s’approchait, le dieu de la mort réalisa qu’il ne savait pas ce qu’il allait faire. Il avait tellement eu envie de quitter ce lieu qu’il n’avait pas pensé à la suite.
 
« Hey Pluton, tu as réussi à te libérer ! »
 
Le dieu de la mort se retourna et fit face à Niboshi qui était sur le point de partir. Il lui expliqua brièvement ce qu’il venait de vivre et son doute par rapport au futur.
 
« Je vois, ça tombe bien, car mon offre tient toujours. On a bien besoin de personnel, et j’aimerais bien que tu nous rejoignes dans la patrouille galactique. »
 
L’occasion était parfaite ! Pluton avait suffisamment exploré la Terre, explorer l’univers était une belle façon de continuer son apprentissage. L’univers… il était si grand, trop grand pour le dieu de la mort. Se serait-il pas mieux sur la planète Terre, dans un petit village, dans une petite maison… dans une petite chambre ?
 
« Fonce, Pluton. »
 
Alors que le doute était en train de s’immiscer dans son esprit, C refit son apparition pour encourager Pluton dans la bonne direction.
 
« J’accepte. »
 
« Super ! Bon, j’ai 2-3 petites missions à faire avant de t’y emmener. C’est parti ! »
 
« Des missions ? J’espère qu’elles ne sont pas trop dangereuses… »
 
« Ah ah ah. »
 
« Pourquoi tu rigoles ? Si tu rigoles, c’est que c’est mauvais signe. Oh, je viens de me souvenir, j’ai oublié mes affaires chez Isaac je dois y … »
 
« Ne t’inquiète pas, tout se passera bien, ou presque. Au pire tu deviendras un chien. »
 
« Quoi ? »
 
« Le saviez-vous, se transformer en chien est classé 47^ème au classement des risques des patrouilleurs galactiques. »
 
« Ahah, tu me fais rire toi aussi, allez, tu viens avec nous ! »
 
« D’accord. »
 
C’est ainsi que Pluton commença sa nouvelle aventure.