Cela faisait un moment que ses yeux étaient ouverts. Cela ne voulait pas dire qu’elle avait été réveillée jusque là. Mais petit à petit, elle s’était rendue compte de sa propre vie. Elle s’était rendue compte de son retour à l’existence. Elle s’était rendue compte que le blanc qui l’entourait n’étaient pas les nuages du paradis. Parce qu’elle n’était probablement pas assez innocente pour aller au paradis, un peu de ça. Mais parce que le paradis n’avait pas des salles parfumées à la bétadine, des fenêtres entrouvertes avec des rideaux laissant passer le soleil, et des sols à dalles blanches et toutes plus carrées les unes que les autres. Shemesh était… vivante. Elle était à l’hopital. Elle était en train de respirer de l’air envoyé par des tubes dans son pif. Elle sentait les espèces de cercles de plastique froids sur son poitrail, les mêmes qui permettent aux machines de savoir si t’es en train d’avoir une crise cardiaque ou non. Elle sentait la couverture allant jusqu’à son abdomen et cette espèce de robe qui est censée servir de fringues. Et elle sentait qu’elle n’avait pas peur. Pas peur tant que ça. Elle sentait qu’elle avait fait le plus possible la paix avec la mort, et que maintenant qu’elle était vivante… ben, c’était tant mieux. Sa langue repassa sur ses gencives. Les dents étaient déjà quasiment de retour. Merci maman requin. Ses côtes semblaient ne plus flotter. Elle tenta de se remettre en place dans le lit… Ouais, elle avait mal quand même.
Elle devait se tirer de là. À moitié pour sa sûreté. À moitié pour celle de la Terre. D’un côté, elle avait le même nom et la même tête qu’une nana d’un “jeu du diable” qui était peut-être une double personnalité ?? Un truc compliqué. Un truc qu’elle ne comprenait pas et ne comprendrait peut-être jamais. Une autre Shemesh, autre physiquement ou mentalement, avait fait beaucoup de mal à ces terriens, et si un gigantesque malade pouvait lui éclater la tête, qui sait ce qui se passerait si c’était genre… leur chef, là, avec sa casquette militaire. Et de deux, si papa savait ce qu’ils avaient fait à sa pauvre fille… Il aurait suffisamment de ficelles à tirer jusqu’à les faire payer. Des espions qui mettent des clés à molette dans les rouages. Des agents dormants qui forcent des grèves. Des blocus. Des détournements de convois. Des campagnes d’émigration pour faire perdre de la main d’oeuvre. Il était un businessman. Il pouvait faire s’écrouler une nation comme celle des australopithèques éphémères avec quelques contrats, et ce, sans même que qui que ce soit meurt. Shemesh savait ce qu’un oligarche suffisamment riche pourrait faire, et toutes les raisons pour lesquelles elle aurait été mauvaise héritière. C’était un rôle qui ne lui aurait pas convenu.
Elle vit une boîte posée sur le meuble à côté de son lit, et de sa main qui n’avait pas l’espèce de pince bizarre qu’ils mettaient sur les indexes pour… analyser un truc qu’elle ne connaissait pas, elle entrouvrit ce mystérieux conteneur. Ah, c’était les trucs qu’ils avaient dû récupérer sur elle. Ce qui restait de sa couronne. La photo de sa famille. La gemme qu’avait donné Ekko. Elle eut un sourire un coin l’espace d’un instant, avant que ce dernier aille dans l’autre sens. Ekko, merde. Par association, elle pouvait avoir des ennuis. Ekko pouvait avoir des ennuis à cause d’elle… Et elle pouvait avoir des ennuis vis-à-vis d’Ekko.
Okay. Elle savait comment ça se passait. Dès qu’elle enlèverait les ventouses de son torse et la pince de son doigt et toutes ces conneries, il y aura un gros tas de bips qui vont informer des infirmières d’un arrêt cardiaque ou quoi. Puis elles se rendront compte que Shemesh a tout enlevé, et informeront des gardes ou quoi. Elle n’avait pas beaucoup de temps. Elle pouvait pas faire une exfiltration en sneaky comme dans les jeux vidéos. En particulier quand elle titubait comme une attardée et qu’elle n’allait certainement pas se tirer sans sa boîte à trucs muches. Ces bibelots avaient des valeurs sentimentales à ses yeux. Elle pouvait pas sortir par les couloirs, ça c’était sûr. Mais, il y avait des fenêtres.
C’est pas comme si elle était trop amochée, après tout.
Après être tombée de deux trois étages et s’être déboité l’épaule pour la troisième fois après un move galaxy brain absolument faramineux, Shemesh parvenait à étouffer ses cris de douleurs à travers une maîtrise de soi de plus en plus excellente ainsi que l'endormissement de son visage causé par pleins de médocs qui avaient dû être injectés dans son corps. Elle se releva en rampant jusqu’à un arbre avant d’utiliser sa tête comme point d’appui pour permettre à son corps de se relever. Et puis elle tituba.
Elle ne se rendit pas forcément compte du chemin qu’elle passa à marcher. Elle savait juste qu’elle tenait sa boîte sous un bras et qu’elle allait vers les bases de lancement. On lui demanda environ cinquante-six fois si elle allait bien, et à chaque fois elle répondait un truc entre “ouishava” et “nrygneunuerhgh” (?) ce qui signifiait qu’elle utilisait l’entièreté de ses neurones pour arriver au point B qu’était le lieu des capsules interplanétaires. Que ce soit par un miracle ou bien parce qu’elle était plus rapide qu’elle pensait l’être, elle parvint à s’assoir bien assez tôt dans l’un des petits vaisseaux ronds avant de se somnoler, joue contre la vitre.
Et c'est là que les crises de panique post-tabassage se déclenchèrent.
Oof Ow Ouchie
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