C’était terminé, la colonne de lumière du dôme de chaleur avait fini d’engloutir Cell. Le boucan conséquent à cette technique particulière s’estompa progressivement, laissant un calme plat dominer la plaine. Le jeune homme abaissa lentement ses bras, dissipant sa transformation de super guerrier pour reprendre son teint habituel. Son monde était sauvé, il avait éliminé la dernière menace existant à sa connaissance et avait enfin vengé les siens des manigances du docteur Gero. Il poussa un long soupire et s’écroula sur le dos. Le bruissement de son armure était la chose qui le menaçait le plus, à présent. Il se reposa ainsi quelques minutes, juste assez de temps pour qu’il se rende compte qu’il avait terminé sa mission, quelques instants pour penser à l’avenir. Lorsqu’il termina son semblant d’introspection, il se redressa, quittant cette plaine désormais banale pour retourner auprès de sa mère et lui annoncer la grande nouvelle. Il ne lui avait presque rien dit sur Cell afin qu’elle ne soit pas tentée de l’aider ou d’interférer, elle allait certainement tomber des nues.
Il traversa le monde pour atteindre Capsule Corportation. Sur le chemin, Trunks constata avec plaisir le retour de modestes villes et villages d’autrefois, la reconstruction avait débuté dès la défaite des androïdes. Mais il restait tellement à faire… Le joug meurtrier du duo Lapi-Lazuli avait entrainé des millions de morts et la destruction de toute forme de gouvernement ou institution organisée. Malgré les efforts constants de Trunks pour secourir la veuve et l’orphelin, la criminalité était restée très haute dans de nombreuses cités de la planète. S’il était assuré que l’Humanité n’encourait plus de danger externe, il fallait encore prendre garde son propre potentiel d’autodestruction. Mais ce n’était qu’une question de temps avant que la situation ne redevienne celle qu’elle fut, il en était assuré.
Le voyageur temporel navigua entre les grues et les immeubles parsemant la capitale de l’ouest, certainement la région la plus avancée dans les restaurations. Il fallait dire que Bulma n’avait pas attendue la victoire finale de son fils pour poursuivre ses travaux sur les capsules de sa société. En bonne inventeuse, elle avait su transformer son marché pour constituer toutes sortes de machines médicales transportables en capsule. Ses innovations ont grandement accéléré la dynamique industrielle et sécuritaire de la région, assez pour que la ville soit déjà reconstruite à 60%.
Le jeune homme se posa face à l’imposant bâtiment dans lequel il passa le plus clair de son enfance, caché. Il aurait temps aimé que son père soit là, que Son Goku soit là, lui et tous ses amis. Mais il devait relativiser, tout n’était pas perdu, c’était un nouveau départ qui s’offrait à lui, une chance de tout recommencer. A peine arrivé à la porte, il fut accueilli par sa mère qui le tira brutalement de ses pensés.
« Trunks ! Tu t’es battu contre… contre Cell ? »Il fit quelques pas en direction sa génitrice, en silence, puis hocha lentement la tête. Quand il eut bien exécuté son mouvement, il fit une déclaration sobre, mais efficace.
« Oui, c’est terminé. »Les larmes montèrent aux yeux de Bulma. Elle se rendait elle aussi compte que tout danger était écarté, que l’Humanité n’était pas perdue. Elle s’empressa d’enserrer son fils pour le câliner, ne manquant pas de faire rougir ce dernier.
« Tu as réussi ! Vegeta serait si fier de toi ! »Un peu gêné par la démonstration de sa mère, comme tout jeune qui se respecte, il passa sa main dans ses cheveux mauves tout en faisant mine de regarder ailleurs.
« Oh… Hrm… »Les paroles de sa mère lui remémorèrent le dernier contact qu’il eut avec son géniteur. Oui, il était fier de lui. Le chemin fut long et sinueux, mais la personnalité complexe de Vegeta n’avait plus de secret pour lui. Un homme orgueilleux et arrogant, mais aussi victime complaisante de l’amour intense qu’il portait pour les siens. Mais ça, elle-même le savait déjà, Trunks lui avait déjà longuement raconté les interactions qu’il eut avec ce dernier.
« Je dépose mes affaires. »Indiqua le guerrier de l’espace en agitant l’une des lanières de son armure. Il fit le tour du bâtiment pour atteindre la cour arrière. Un petit espace y été dédié pour son père, une sorte de pierre tombale. Le corps du prince n’avait jamais été retrouvé, mais ce monument restait une urne symbolique, un souvenir impérissable. Trunks se présenta devant cette façade, quelques secondes silencieux. Son père le voyait-il, là-haut ? A en croire les dires des Z-warriors défunts qu’il eut rencontré dans le passé, c’était probablement le cas. Il n’était pas capable d’imaginer ce que ce Vegeta « inconnu » pouvait penser de lui, néanmoins, il appréciait croire qu’il était, lui aussi, fier de lui. Ainsi, le jeune saiyan esquissa un fin sourire et salua la tombe, comme il salua l’autre Vegeta.
« Je suis rentré, papa. »
Il monta ensuite dans sa chambre, décrochant son armure pour la déposé dans un coin de la pièce. Il n’avait jamais réellement porter d’attention à sa personne, ni même à une quelconque pièce de vie. L’ensemble était donc très simple : un lit double, une armoire, une baie vitrée et une salle de bain annexe. Il n’avait pas de décoration, pas de hobbies, il n’avait vécu que pour combattre depuis sa plus tendre enfance. Maintenant qu’il était « libre », qu’allait-il faire sa vie ? Peut-être qu’il pourrait devenir un genre de super héros ? « Le grand saiyan man ? », « Supersaiyan » ? « Great Saiyaman » ? Il chassa ces drôles de pensées et se doucha, retrouvant par la suite une tenue plus traditionnelle. Son habituel jean se couplait à un marcel noir sommairement dissimulé par sa veste en jean, il se sentait d’avantage lui-même.
Par la suite, Trunks entreprit un voyage pour visiter les sépultures de chaque Z-warrior disparu à cause des androïdes. Il se rendit dans plusieurs coins reculés ou furent installées les tombes des vaincus. Certaines victimes étaient bien enterrées tandis que d’autres étaient vides, pulvérisés entièrement ou simplement introuvables. Son tour du monde le mena au mont Paozu, où il se recueilli auprès des urnes de Son Gohan et Son Goku. Une troisième offrande trônait près des leurs, mais il ne savait pas de qui il pouvait bien s’agir. Une pierre posée dans un bol se trouvait devant les sépultures, d’après sa mère il s’agissait d’une Dragon Ball, inutilisable aujourd’hui. Naïvement, il leur raconta une partie de ses aventures, comme s’ils étaient bien présents mais incapable de voir au-delà de leurs tombes. Trunks s’en doutait peut-être aussi un peu, mais il ressentait le besoin de partager, d’une certaine manière, ses aventures auprès de son défunt ami et mentor.
Après ces retrouvailles spirituelles, le héros de la Terre s’attela à soutenir la reconstruction de la civilisation. Il participa à la construction de certains bâtiments en portant des charges exceptionnelles lourdes, parfois des immeubles entiers. Il travailla également comme justicier officieux, parcourant la planète à la recherche des groupes de malfrats qui purent s’y former. C’est ainsi qu’il élimina le groupe des loups fous qui œuvrait à Wulhut Town et terrassa Orrive. Il vaincu Nightmare Kenshiro, cyborg Tao Pai Pai et de nombreux hommes sans foi ni loi. D’honnêtes occupations qui ne suffirent pourtant pas à combler le vide que laissa son retour au présent. Krillin, Yamcha, Vegeta, Son Goku, Son Gohan… tous ses amis du passé lui manquaient énormément. Ils représentaient les proches qu’il aurait pu avoir, les âmes sur lesquelles il aurait pu compter. Biensûr, Trunks aurait pu se servir de la machine de sa mère pour les rejoindre, mais ne serait-ce pas un aveu de faiblesse ? Non, il avait son propre monde à protéger, sa propre Terre à chérir, et ses propres souvenirs à créer. Cette étrange nostalgie, il se doutait qu’elle ne le quitterait jamais ; c’est peut-être cela qui rendait le voyage temporel contre nature : il était chez lui mais ne se sentait pas réellement à la maison.
Et bien qu’un ersatz de routine semblât se former, une nouvelle vint le rappeler à son rôle de protecteur de la Terre. Afin d’intervenir rapidement en cas de manifestation d’un groupe dangereux, Trunks était muni d’une montre lui indiquant la position de tout adversaire que les forces de l’ordre ordinaires ne savaient combattre. 11 jours après son ultime combat, il se rendit vers la capitale du nord, découvrant alors une cité fantôme. Les montagnes enserraient une ville parfaitement calme, figée dans le marbre. Lorsque qu’il se posa dans l’avenue principale de cette métropole silencieuse, il remarqua un spectacle horrifiant qu’il ne connaissait que trop bien. Tout autour de lui, des piles de vêtements symbolisaient le passage de Cell. Sur ses gardes, le fils de Vegeta visita les principales places de la capitale dans l’espoir d’y déloger le monstre. Alors qu’il s’évertuait à le trouver, il ne pu s’empêcher d’être distrait par ses propres pensées. Était-ce bien la créature qu’il avait pourtant pulvérisé ? Le dôme de chaleur était une technique très puissante capable de réduire en poussière les cellules de n’importe quel adversaire. L’ultime création du docteur Gero n’était pas censée faire exception. Une profonde frustration couplée à une intense colère noya le cœur du jeune homme. Il avait honte de lui, toute la confiance qui lui était accordé l’avait été en vain. Après plusieurs minutes, il fut contraint d’admettre que le monstre lui avait filé entre les doigts.
Mais le héros terrien ne se laissa pas abattre. Cell était un être intelligent, il avait parfaitement conscience de la disparition des androïdes et allait certainement chercher à prendre le contrôle d’une capsule temporelle. Alerte, l’épéiste se rua alors vers Capsule Corporation, usant de son super saiyan à pleine puissance dans l’espoir d’arriver à temps. Mais la déconvenue fut de taille, une fois sur place, il ne remarqua que l’absence de son véhicule. Il était évident que l’animal qu’il traquait avait attaqué la capitale du nord afin d’éloigner Trunks du précieux véhicule. Aussitôt, il se rendit à l’intérieur de l’enceinte pour s’assurer que sa mère n’ait rien, fort heureusement, le bio-androïde n’eut pas le temps de commettre de quelconques dommages dans son sillage. Pressé par l’urgence, il confronta directement Bulma afin qu’elle prépare un second véhicule. Cette dernière buvait alors un café, accoudée au bar de la cuisine.
« Maman ! Je… Je suis que je n’ai pas réellement éliminé Cell ! Il a volé la capsule temporelle ! »S’empressât-il s’annoncer avec une certaine panique. La concernée fut tout aussi angoissée.
« Comment est-ce possible ?! Je n’ai rien remarqué ! »Ce n’était pas si étonnant, il s’agissait d’un être artificiel doté d’une très grande discrétion, un véritable prédateur qui savait masquer sa présence.
« Ce n’est pas important ! Il faut que je le rattrape ! Il me faut une autre machine ! »Fort heureusement pour le jeune Brief, il existait en réalité trois machines temporelles. La « Hope 1 », la « Hope 2 » et une « Hope 3 » qui n’avait jamais été terminée. Le véritable défi consistait à recharger un tel véhicule en carburant. Il ne s’agissait pas simplement de gazole ou d’électricité, cela demandait de la préparation. Mais la question la plus importante était d’identifier ou pouvait bien se trouver leur cible, à présent. Il se fit immédiatement rouspéter.
« Bien sûr ! Mais au lieu de te presser, est-ce que tu as la moindre idée de la temporalité dans laquelle il s’est rendu ? »Non, aucune… Trunks ne savait même pas ou il devait voyager… Cela pouvait être en 764 comme l’avait fait le précédent Cell. Cela pouvait aussi être directement en 767, s’il n’eut pas besoin de repasser à son stade larvaire. Du moins, c’était s’il avait eu le temps de configurer son appareil.
« Je… Je n’en sais rien… »Il passa sa main dans ses cheveux, désolé d’être aussi précipité. Il agissait sans réfléchir à cause de l’énervement. Sa génitrice lui adressa un regard compatissant.
« Si je ne l’ai pas remarqué, c’est qu’il a dû faire vite. Peut-être qu’il s’est contenté de démarrer la machine avec la date qui y était inscrite, non ? »C’était probable, la configuration d’une date mettait quelques secondes, surtout que Cell ne devait pas nécessairement savoir se servir d’un tel engin. Trunks était abasourdi par la perspicacité de sa mère. Il frotta son menton, réfléchissant à la date qu’il avait inscrite.
« Je crois que c’était… 6 ou 7 ans après mon départ… Quelque chose comme ça. »Techniquement, il avait prévu de rencontrer Son Gohan lorsqu’il serait adulte, à ses 19 ans. Cela lui donnait donc une date ! Il leva les bras au ciel, se rendant brusquement compte que Cell devait se trouver en 775 !
« Oui ! Il doit se trouver là-bas ! Je dois m’en assurer ! »Bulma posa une main bienveillante sur l’épaule droite de son fils. Elle était fière de l’énergie que savait déployer Trunks. Il était encore jeune et impulsif, mais il avait beaucoup appris de ses batailles passées.
« Je vais préparer la machine, mais le transfert du carburant prendra au moins deux heures. »C’était soudain, mais elle non plus ne désirait pas que plane de nouveau la menace d’une telle créature. Elle le cachait, mais elle était terriblement attristée que le départ de son unique enfant s’impose de nouveau à elle. Mais que dire d’autre ? L’avenir de l’univers tout entier était une nouvelle fois en jeu. Le concerné ne pensait déjà plus qu’à retrouver Cell, il enlaça sa mère puis prépara ses affaires dans la foulée. Finalement, il n’avait passé qu’une grosse semaine dans sa temporalité. Une fois de plus, il n’avait pas pu prendre le temps de s’attacher à son propre monde. Mais son sacrifice préservait la Terre entière ; ce qu’il n’allait pas connaître le serait par des millions d’autres. C’était l’idée de porter les espoirs de tant d’innocents qui le motivait à faire cet ultime effort, toujours dans l’ombre de son mentor, Son Gohan.
Après l’assemblage prompt d’un sommaire sac de voyage, il salua une dernière fois Bulma avant de grimper sur la capsule temporelle « Hope 2 ». Cette dernière était parfaitement identique au premier modèle, il s’agissait d’une machine de secours. Il referma la vitrine du cockpit, déposa son épée à coté de son siège et régla la date de destination. Il espérait viser juste, il devait absolument vaincre Cell, une bonne fois pour toute.
« A nous deux pour le second round, Cell ! »