Borys le lupucite

La jeunesse du lupucite fut banal ; manger, dormir, grandir et apprendre puis accepter la moralité ainsi que les pratiques très douteuses de ses paires. Puisqu’il est né avec une grande force, un physique au-delà de la moyenne et que sa puissance pousse au même niveau que sa croissance, Borys s’endoctrina dans la loi du plus fort et du plus fourbe. Dès sa majorité, il rejoignit l’un des gangs esclavagistes habituels pour son espèce. Le loup parcouru ainsi quelques mois le cosmos et participa à une demi-douzaine de raid où les victimes furent encagé puis vendu à plus immorale que les lupucites.
 
Vint un jour où l’appétit narcissique du chef mafieux de Borys et de sa clique se porta sur une planète pourtant connue pour être considéré comme particulièrement hostile … mais habitée. Cet avertissement public, au lieu d’instiller ne serait-ce qu’une once de méfiance, ne fit que saliver la meute qui s’attend au contraire à récupérer alors une cargaison de haute valeur. Forcément les individus qui doivent vivre sur ce caillou si austère doivent être résilient et donc d’une qualité exceptionnelle. De plus ce que n’est pas leur premier saut dans le vide qu’ils ont effectué et presque tout le monde s’en est sorti indemne. Borys fut en tête de lice de la troupe d’assaut.
 
Cela ne dura pas plus d’une heure.
 
Il s’avéra que ce n’est pas à cause des terres que ce monde est considéré comme dangereux, mais de ses autochtones. Des êtres simiesques à la fourrure épaisse et à l’apparence bestiale errent en ces lieux. Ils se font penser de loin à des sayans. Etrange … il semblait que la planète Vegeta était à des années lumières de ce coin de la galaxie et surtout réduit en cendre ! Quoi qu’il en soit, un combat entre loups arrogants et singes féroces s’engagea sans crier gare. Le leader des lupucites avait déjà entaillé mortellement un macaque des environs tandis que Borys chopa un jeunot. Diantre que ce mioche se débâtait avec hargne, mais un coup de croc parvint à le faire perdre connaissance. Le gangster sortit alors des menottes forgées sur son monde natal afin de solidement encager le morveux.
 
Puis une paire de lumière dorée s’interposa entre Borys et sa proie, le toisant du regard. Un nouveau sayan semble avoir décider de jouer au héros, et étrangement le détecteur ne l’avait pas capté. La bête ricana, il fait aisément plusieurs têtes de plus que le nouvel individu qui ne possède même pas asses de puissance pour être vu par un scooter, quel pathétisme ! Enhardi par son orgueil, le lupucite abattit ses deux énormes mains griffues vers cet effronté … qui disparut en un éclair.
 
Puis une douleur inimaginable le fit beugler de toute ses forces. Tremblant à la fois de rage et de douleur, le monstre se retourna pour revoir le même protagoniste qu’avant. Mais cette fois-ci il tiens à son bras droit le gamin qui a échappé de peu à l’esclavage, et à son bras gauche il détient une masse de fourrure ensanglantée dont le pelage est reconnaissable. D’une patte tremblante, Borys tâta son arrière-train. Douleur, encore une fois, mais également une sensation de vide. Cette ordure a osé lui arracher la queue (arrière bande de dégeu) !
 
Le sang monta à la tête du canidé qui laissa sa bestialité prendre le dessus, puis fonça comme un forcené sur son malfaiteur afin de le déchirer en suffisamment de morceau pour apaiser sa haine. Hélas, son opposant ne fit que lever un coup de pied contre le pectoral de Borys qui fut stoppé sur place. Le choc lui appliqua une telle souffrance et lui coupa le souffle qu’il ne trouva même pas la force de gémir ou de jurer. C’est quoi cette force de dégénéré ? Le seul effort que la malheureuse bête put faire fut de lever la tête pour découvrir la vérité.
 
Désolation, l’intégralité du raid a été massacré par d’autres sayans qui viennent d’infliger une correction fatale. Le vaisseau n’est plus qu’un amas de débris. Le chef des lupucites a été proprement décapité, ou bien est-ce que le reste de son corps qui fut vaporisé dans un déchainement énergétique ? C’est quoi cette race de maboul ? Comment peuvent-ils exister ? Comment arrivé à un tel niveau ? Toutes ces questions fusèrent dans le peu de matière grise de Borys. Cela le terrorisa les premières secondes … puis il lâcha un hoquet hilare de jalousie avant qu’il ne perde connaissance.
 
Le réveil fut brutal ! Un jet d’eau croupis n’est jamais le bienvenu, surtout quand il touche la blessure sur le fessier. Cela veut dire au moins qu’il est vie, mais à quel prix ? Le loup sentit immédiatement qu’il est plus lourd au niveau de la tête et des autres membres. Il est menotté ? Avec les outils de geôlier qui ont sans doute été piller dans la carcasse de la navette en prime ? L’ironie le tétanisa un bref instant … il est un esclave. Lui ? C’est une farce ? Frustré Borys se leva de toute sa hauteur et se retourna pour redécouvrir un regard solaire familier. Il montra les crocs et hésita … les mémoires de la veille firent offices de mise en garde. Trop tard, une volée de gifle terrassa la bête avant de la traiter de :’Quouetche’.
 
Le scénario se répéta plusieurs fois, et avec le temps Borys parvint à apprendre le langage des macaques qui sont effectivement des sayan. Ses journées à servir de punchin-bag se mutèrent, à son plus grand dam, à celui de servir d’animal de compagnie à son tortionnaire. Néanmoins, avec les mois, le lupucite parvint à respecter la puissance de ses hôtes autant qu’il les méprise. Après tout ils sont ce que tout membre de son espèce pensait être : Puissant. S’appropriant ainsi la culture des singes et montant en endurance au fil des sessions, Borys en vint à penser que les autochtones arriveront à l’accepter en reconnaissant son aura.
 
Si seulement son arrogance évoluait aussi il se rendrait compte qu’il n’est vu encore aujourd’hui que comme mascotte. Pour le punir pour cette mentalité d’égalité, les sayan sauvages commencèrent à utiliser des onguents pour freiner l’instinct bestial de Borys, le rendant un tantinet plus obéissant. Néanmoins une alternance entre poison et antidote permette de le passer entre animal de compagnie semi-obéissante servant de monture à l’enragé pratique pour les entrainements. Mais peu importe son état, le loup ne cessa d’observer la lune de cette planète, se demandant que si c’est le salut des sento … peut-être est-ce le sien.