Arakuja

La vie d’Arakuja est loin d’être le fleuve tranquille destiné à tous enfants innocents. Car innocent, chacun de nous l’est au prémisse même du souffle de vie gagnant notre corps.

Arakuja vint donc au monde dans la plus grande tribu unifiée de la planète Banana. Jouissant d’une famille au statut social reconnu depuis maintenant quelques générations, sa plus petite enfance, bien qu’étant les premières années d'une vie que la mémoire occulte ensuite reste relativement saine. A vrai dire, la vie vint même lui apporter un petit frère quelques années après sa propre venue au monde. Bon départ en somme, n’est ce pas ? Cela ne dura pas vraiment. Alors qu’il grandissait et devenait en âge de commencer à avoir un soupçon de réflexion, les tensions entre sa mère et son père devenaient plus dure, plus répétitive et plus violente. Le constat de la querelle était simple, l’un poussait pour l’acquisition du pouvoir, tandis que l’autre préférait assurer un avenir prospère et simple.
A cette époque, le divorce semblait être déclaré, mais finalement, après quelques mois passés, le père décida finalement de suivre le destin tracé par sa bien aimée. Il entreprit un entraînement drastique et draconien, s’éloignant du père paternel et protecteur qu’il fut. Les deux enfants étaient donc laissés de côté, leur père, si aimant ne les voyait plus, leur mère n’ayant jamais eu de considération réelle pour leur existence, s’étant contenté de jouer simplement le rôle attendu par son homme, se contentant de le combler afin d’obtenir ce que son cœur éprouvait.
Autour d’eux, les autres enfants du clan commençaient déjà à parler d’eux comme des orphelins. Après tout, voilà bien des années qu’aucun Mak’Gora n’avait été invoqué, et pourquoi chercher à soumettre Mamoru le terrible, aucun candidat n’avait jamais eu l’espoir de ressortir vivant d’un défi contre lui. Ce qui devait arriver arriva. Et comme une tragédie ne survint pas seule, leur mère quitta le village. Alors âgé de 11 ans, Arakuja tenta de la retenir afin d’avoir une vraie explication. Un vain espoir qui se changea ensuite en douleur. Cette mère eut un discours d’épouvante à leur égard, des mots, des phrases que nul enfant ne doit entendre. Ils furent brisés, d’autant que cette même mère était en réalité une shamane d’un clan rival qui avait reçu pour mission d’infiltrer et prendre contrôle de l’intérieur. Ils furent bannis et rejetés, tels les vilains petits canards qu’il furent désormais.

En ce jour-là, après avoir tenté de retenir - du mieux qu’il put sans y parvenir réellement - les larmes de son corps, il jura au ciel et à son frère qu’un jour il prendrait leur revanche sur la vie… Il voulait être le pilier sur lequel son frère - ultime appui que le monde lui offrait - pouvait s’appuyer.

Bien qu’il fut difficile de réussir à survivre dans de pareilles conditions, les deux frères usèrent de toutes les méthodes et subterfuges pour y parvenir. Les années passèrent… Le temps fit son œuvre… Et les deux jeunes garçons, devenus des hommes, profitèrent d’un virement inattendu pour regagner officiellement leur village. Mamoru le terrible était mort. Bien qu’il semblerait que cette histoire ne soit que trop belle, il était en réalité un soutien apporté par une jeune femme de la tribu, qui fut la seule à croire en ses deux frères abandonné. Elle se nommait Sheeri. L’une de leurs premières revanches était accomplie. Roube qui rêvait de tuer l’assassin de leur père n’était plus, les deux frères eurent de nouveaux nouveaux desseins. Fils d’une chamane puissante, Arakuja avait depuis son enfance eu énormément de mal à trouver le repos. Les cauchemars qui l’accablaient étaient en réalité des manifestations de son talent à pouvoir communiquer avec les esprits de l’autre monde. Alors de fil en aiguille, il s’assura pour que le vieux shaman - ancien fidèle du grand Mamoru - trouva un sommeil non plus éphémère mais éternel. Quant à son disciple, tradition exige qu’il n’y en ai qu’un, trouva malencontreusement la mort, son cœur aurait apparemment lâché et il serait décédé d’une crise cardiaque, enfin c’est qu’Arakuja, nouveau chaman du clan fit comme diagnostic. Qu’il était appréciable d’avoir comme petit frère, l’un des plus grands assassins de notre époque.

Quelques années passèrent, un peu plus de trois années, et le descendant de Mamoru, depuis la mort de feu le grand chef, affirmait qu’il serait un jour à la tête du clan pour reprendre le titre de son grand-père. Ayant fait le tour de nombreux villages, tous les shamans s'égosillaient à soutenir son ascension. Tous ? Non, de son côté Arakuja avait bien l’intention de faire valoir sa propre prophétie. Si vous saviez, ce que les arcanes mystiques pouvaient murmurer comme secret… Depuis ces trois années, il avait sondé la mémoire de tous les shamans s’étant assis à son siège et en avait aspiré l’essence afin de décupler non pas que son savoir, mais son aisance à manier les forces mystiques. C’est alors qu’il le trouva, perdu au milieu d’un flot infini de voix, le seul chemin parmi tous ceux menant au trépas de celle qui leur avait donné une graine d’espoir, le chemin menant au sacre de Sheeri.