Au fond du gouffre

Jojiba déambulait au cœur de ses plus profonds cauchemars, foulant une fois de plus, une fois de trop, le sol maudit de la Chutelière IX. Les souvenirs atroces de cette époque noire résonnaient au rythme de ses battements affolés. Perdu dans les limbes d’un monde mort, il explorait en silence l’écho de la chute de son existence, celle de ses proches, eux qui avaient tout perdu. Et alors qu’il progressait, évitant au passage de croiser son regard avec celui du monticule de pierre qu’était Zelen, il aperçut la silhouette d’un homme qu’il ne connaissait que trop bien. Une version rajeunie de Scalio, vidée de tout le courroux qu’il affichait depuis sa sombre et fatale chute dictatoriale. Le combattant originaire de Salada se tenait au sommet d’une butte guère impressionnante, il était aisé pour son ami de le rejoindre.


Mais lorsqu’il fut à portée de le voir, Jojiba n’observa qu’un regard empli de haine dirigé vers sa direction. Cependant… les yeux du policier ne semblaient pas croiser les siens. Le saiyan gendarme observait autre chose derrière le fermier, à quelques mètres vers le village. Si le visiteur maudit avait la présence d’esprit de le remarquer, il pourrait alors faire volte-face et découvrir le responsable de ce désordre.


« Mon ami, mon bon vieux pote Jojiba. »


Annonça un second Scalio qui rejoignait le duo, celui-ci était parfaitement conforme à ce que la victime de Demigra avait l’habitude de voir : Un regard mauvais, une sombre tenue d’autocrate associé à une démarche dominée par la colère.  


En constant l’arrivée de cette ombre malfaisante, la première version du guerrier de l’espace fit un brusque pas en arrière, effrayé par cette apparition prophétique.


« Non ! Va-t’en ! »


Était-ce l’illustration de la conflictualité entre le bien et le mal ? Certainement. Quoi qu’il en soit, ces petites menaces n’atteignaient pas le misanthrope Saladien. Il passa aux côtés du fermier et lui adressa un court moment d’attention.


« Merci de m’avoir permis d’exister. »


« Quoi ? »


Les deux Scalios se faisaient maintenant face, le premier semblait plus petit que le second, comme si la force de leurs âmes étaient représentées physiquement. De son manteau de commandant suprême, le plus mauvais des deux dégaina une épée sépara de son fourreau, une lame que Jojiba ne connaissait que trop bien. En effet, il avait assassiné son ami loup-garou à l’aide de cette même arme. Le fer ruisselait de sang, l’hémoglobine coulait sur l’herbe desséchée et trainait invariablement vers les bottes déjà usées du pauvre éxilé.


« C’est lui le responsable, c’est grâce à lui que je suis ici. »


Brailla d’une voix rauque le combattant de l’univers 6 en agitant la paume de l’épée.
Perdu, l’innocent saiyan zieuta un instant celui qui était son allié lors du jeu du diable.


« Quoi ?! Je vais disparaitre ?! »


Le clone maléfique poussa un petit rire narquois en reprenant sa marche. Au fut et à mesure qu’il s’avançait, il sembla se déformer, il devenait encore plus grand, sa tenue se fondait à même son corps et des excroissances en faisait un être totalement différent. Il ne ressemblait plus vraiment à un Homme mais d’avantage à une créature aux ordres de Demigra, complétement perdue dans les ténèbres.




Le monstre rattrapa son double sans défense et brandit sa lame, paré à commettre l’irréparable envers le jeune policier de Salada. Perdu et incapable de se défendre face à cette force de la nature, le Scalio humain ne fut en mesure que d’adresser un regard de panique, comme un appel à l’aide, envers l’agriculteur.

Malgré la taille de la bête malfaisante, le fer qu’il tenait ne semblait pas hors de portée de Jojiba, il semblait possible d’intervenir et de dérober l’épée. Peut être que le natif de Geneas serait en mesure d’éviter un funeste destin à l’apparition positive de son ami.

Pris de terreur et rongé par le doute, le rescapé s'en prit aux images de son ami. Dès lors qu'il s'empara de cette épée dont la seule lame reflétait une lueur d'espoir, le tourmenté s'en servit aussitôt, fendant l'air sans grande conviction. Les êtres factices disparurent alors dans un nuage de fumée tandis que leur assaillant ne perdit pas de temps pour prendre la fuite. Courant vers la forêt, il put entendre résonner le rire de cette créature démoniaque, couvrant presque la complainte de sa victime, abandonnée à son sort.

« Tu nous as laissé devenir comme ce monstre ! »

Nous ? Mais qui ça, « nous » ? Et qu'entendait-il par « comme ce monstre » ? De quel monstre parlait-il ? S'agissait-il de celui qu'il venait de voir à l'instant ou bien en parlait-il d'un autre ? Quoi qu'il en soit, cela n'avait plus vraiment d'importance. Jojiba avait déjà pris ses jambes à son cou. Dirigé par ses instincts les plus primaires, l'homme chercha un échappatoire à cet enfer. Malheureusement pour lui, rien ici ne saurait lui faire office de sanctuaire. Si les limites du supportables ont déjà été franchies, le supplice ne s'arrêtait pas à cela. Impuissant, le saiyan emmena avec lui l'arme maudite dans l'idée de se défendre avec. Lui seul pouvait dire si c'était l’inconscience ou le désespoir qui avait guidé son geste. En détalant avec l'objet ayant déjà consumé la conscience de son dernier adversaire, il pourrait bien y laisser jusqu'à son âme... mais une telle fin n'était pas désirée, pas maintenant du moins.

« Ou est-ce que tu vas, Jojiba ? »

Cette voix, il l'aurait reconnue entre mille : celle du diable qu'il avait nommé un peu plus tôt.
Son écho porta jusqu'à lui, son tortionnaire se trouvait plus loin derrière lui mais il demeurait impossible de le voir. Cette forêt embrumée semblait sans fin La course effrénée du survivant n'en finissait pas, elle semblait même interminable mais il ne pouvait pas s'arrêter. Entre les rangées d'arbres apparaissait de temps à autres la statue de Zelen qui semblait l'observer depuis un recoin. Ou qu'il allait, la pétrifiée l'observait de loin, le suivant aussi bien dans sa fuite que dans sa chute... la chute, oui, car c'est en s'épuisant de la sorte que le pied du malheureux rencontra une épaisse racine, le faisant ainsi tomber puis rouler en bas d'une pente.

« Tu as perdu. »

Il put à peine entendre ses trois mots avant de tomber dans une large étendue d'eau glaciale qui, étrangement s'est rapidement réchauffée au point de bouillir. Fort heureusement pour lui, le barbu n'avait nullement besoin de se débattre pour en sortir car c'est en l'espace de quinze secondes qu'elle s'évapora. Il n'y avait alors plus que de la brume autour de lui et le sol qu'il ne pouvait qu'à peine voir semblait si sec qu'il pouvait sentir la terre craqueler doucement sous ses pas. Après un cours instant, une silhouette apparut enfin, tel un mirage au milieu de nulle-part. Il s'agissait de la claymore, celle qui, par le passé l'avait guidé dans la mort. « Oh non. Pas ça. Tu n'as pas le droit », est-ce bien ce cette pensée qui venait de le traverser ? Peu importe, il n'avait pas à en décider.

"Tu as échoué." lança t-elle sèchement.

Ce ton autoritaire, ce jugement dans son regard... était-ce vraiment elle ? Non, bien sûr que non. Ce n'était rien de plus qu'une autre de ses illusions... n'est-ce pas ?

"Ne dis rien. Je n'ai pas besoin d'entendre quoi que ce soit de la part de celui qui n'a tiré aucune leçon de ce que j'ai pu lui apprendre."

En lui tournant le dos, elle disparut dans la brume, le laissant seul avec une poignée de paroles sur lesquelles méditer. Ironiquement, c'était sans doute le visage le plus réconfortant qui le blessa davantage que tous les autres. Abandonné, le héros de la Terre ne pouvait plus qu'avancer à l'aveugle dans ce lieu qui lui était totalement inconnu, seulement... était-il encore aux abords du village ? Ça n'en avait pas l'air ; la verdure avait disparut, tout comme la terre. Désormais, le voyageur ne marchait plus que sur de la pierre. Lorsque la brume se dissipa, il se retrouva dans un étrange et sombre couloir. Derrière lui, le néant, et devant... une porte en bois à quelques pas. Son style gothique était assez facile à reconnaître, illuminée par deux torches accrochées l'une face à l'autre contre les murs de ce qui semblait être un château. Celle-ci n'attendait rien de plus que d'être ouverte, c'était presque comme si le fermier y était invité.

Après-tout, c'était la seule chose à faire. En s'approchant, Jojiba pourrait sentir ses craintes et ses douleurs s'envoler subitement, comme si quelque chose faisait en sorte de le protéger ou plutôt de le maintenir à l'écart de la démence. Le joyau de son épée s'illumina alors que son esprit semblait magiquement revigoré. Lorsqu'il se décida enfin à entrer, il y vit ce à quoi il pouvait s'attendre... en partie tout du moins. Demigra était là, dans cette grande pièce semblable à un salon. Le voilà, le fameux démon tant redouté, installé tranquillement sur un fauteuil auprès d'un feu de cheminé. Face à lui, une table de jeu sur laquelle y était posé un plateau recouvert par un dôme de vert. Quand à l'intérieur, était-il utile de le décrire ? Ce tableau avait été maintes fois dépeint auparavant : Chutelière IX n'était rien de plus que ce jeu que le diable était en train de contempler... jusqu'à son arrivée.

« Chhhhht. »

L'index pointé vers le haut, juste devant ses lèvres, le maître des maux pointa un canapé un peu plus en retrait sur lequel y était assoupi le jeune guerrier du sixième univers. Bien évidemment, cela n'avait pas de sens : Cabba ne pouvait pas se trouver là. C'était juste impossible alors quel était le message à faire passer ?

« Si tu le réveilles, il va recommencer. » chuchota t-il calmement.

Recommencer quoi exactement ? Il n'en ajouta pas davantage. Plutôt que développer, le Malin se contenta simplement d'agir. Appuyé sur les accoudoirs de son siège, il se leva doucement et s'approcha avant de s'approcher du paysan. Tandis qu'il se faisait plus près, Jojiba pouvait déceler quelque chose d'étrange chez le Majin. Son corps ne semblait pas tout à fait « physique » ou pas tout à fait opaque. On pouvait même y voir au travers, quand à son visage... des cernes. Prononcés, l'ignoble maître des lieux semblait étrangement fatigué. Pourquoi donc ? N'était-il pas tout puissant ? Immortel ? Oui, peut-être... mais il demeurait incomplet.

« Ils ne t'ont pas tous abandonné, mais ça finira par arriver. »

Par ces propos, il faisait référence aux visions de tout à l'heure. Bien évidemment, tout ceci avait l'air d'être l'une de ses mauvaises farces, si encore on pouvait appeler cela comme ça. Toutefois, on ne pouvait pas dire que cela ne laissait pas à réfléchir. Sans un centre de gravité autour duquel tourner, ses proches, ses connaissances et même ses ennemis finiront par l’oublier... si ce n'est pas le temps qui s'en charge avant. Une destinée que tout mortel doit se préparer, certes, mais à quoi bon l'accepter lorsqu'une autre issue peut lui être apporter ? Tendant la main vers lui, le sorcier plongea son regard perçant dans le sien et prononça calmement ces quelques mots.

« Joins toi à moi. »

Comme nous nous y attendions, Jojiba refusa vivement l'offre du dieu-démon. Le rejoindre ? Quelle mauvaise blague ! Comme si après toutes les immondices qu'il avait commises, le généasien allait se joindre à un monstre de la pire espèce ! N'osant hausser le ton afin de ne pas avoir à gérer un autre de ses pièges illusoires, sa réaction eut pour effet de faire apparaître un petit sourire en coin sur le visage du Malin. Évidemment qu'il refuserait, le contraire aurait étonnant. Sans un mot, Demigra écouta ses invectives en se délectant de ce moment. Cette rage, cette colère, cette haine qu'il lui offrait sur un plateau d'argent nourrissait ce mauvais bougre dont l’emprise se renforçait à chaque instant. Ceci étant dit, certaines de ses affirmations n'étaient pas tout à fait en raccord avec la réalité, pas telle que nous l'avions vue par le passé. Voila quelque points que son tortionnaire ne manqua pas de pointer du doigt, tout sourire.

« Allons, allons... JE t'ai forcé à quoi déjà ? Te souviens-tu seulement de mes instructions ? » demanda t-il en ricanant.

Comment ne pas se remémorer les paroles des plus braves à ce moment là ? N'y avait-il pas une autre solution que certains d'entre eux avaient recherchés avant d'en arriver à de telles extrémités ? Et leur ravisseur, qu'avait-il dit, lui ?

« Survivez à ce qui vous attends et je reviendrais chercher le dernier d'entre-vous... mais prenez garde car un grand malheur s'abattra sur celui ou celle qui lancera les hostilités avant la tombée de la nuit. »

A aucun moment il n'avait parlé de tué qui que ce soit. Ce sont leurs décisions qui ont mené à un dénouement aussi cruel. Combien de temps leur faudrait-il pour le reconnaître ? Le coude appuyé sur la paume de sa main droite, le rouquin porta la main à son menton, l'air de réfléchir. Son interlocuteur voyait peut-être déjà ou est-ce qu'il voulait venir, cependant le maître des lieux ne manqua pas d'en venir à l'évidence.

« Telles étaient mes paroles. Je n'ai fais que vous donnez les moyen d'accomplir votre destinée. Au final, ce sont vos mains qui sont souillées. »

Il rajouta :

« Mais n'en soyez pas blâmés. Votre désir de liberté était si fort que vous en aviez abandonnée votre humanité. Une telle force de volonté force le respect. »

Il avait les mots durs mais il était peut-être temps de voir la réalité telle qu'elle était vraiment. Sans l'ombre d'un doute, ce sorcier était un être des plus abjects qui soient s'il n'était pas déjà tout en haut de la liste mais ce n'est pas lui qui avait fait couler tout ce sang. Non, il s'est contenté de regarder, de s'en divertir et s'en réjouir avant d'offrir une affreuse récompense au dernier d'entre eux. Ce constat ne pouvait être que partagé mais ça n'effaçait tous les maux que ce manipulateur avait causé. De toute manière, il n’a jamais cherché à s'en dédouaner.

« Tu m'en vois navré pour tout ces faux espoirs mais je suis déjà passé de l'autre coté. Ce que tu vois n'est rien de plus qu'une trace que j'ai laissée derrière moi. »

Évidemment, le tuer une fois n'aura pas suffit. Même après son trépas, une partie de lui pouvait encore subsister quelques temps pour nuire aux autres depuis le fin fond des enfers. Quoi que l'on fasse, ce monstre finit toujours par trouver un stratagème ingénieux afin de tromper la mort et rire à la barbe d'Enma ainsi que de sa justice divine. Après tout ceci, comment ne pas comprendre pourquoi le géant barbe noir s'est permis de faire une exception en mandatant ce mortel pour l'amener jusqu'à lui ?

« Sois-en assuré, ta dernière heure n'est pas encore arrivée, sinon je ne m'embêterai pas à te maintenir en vie. Ouvre les yeux maintenant. »

Sur ces mots, le magicien apposa précipitamment ses deux mains contre le visage de sa victime afin de couvrir son champ de vision. A ce moment même, l'illusion se dissipa enfin et le survivant se réveilla sur un sol aride et craquelant. Si la couleur rosée de cette terre asséchée pouvait lui sembler étrange, il lui fallait tout d'abord se préoccuper de son état puisqu'il était tel que son précédent adversaire l'avait laissé. Comme il pouvait le constater, ses blessures étaient encore présentes et bien qu'il soit en un piteux état, notre héros ne se vidait plus de son sang. Ce fourbe de démon était donc sérieux quand il indiquait vouloir le garder en vie ? Si c'était vraiment le cas alors il devait bien avoir une idée derrière la tête.

En relevant les yeux, notre politicien pourrait bien vite découvrir un avant-goût de ce qui l'attendrait dans le cas ou ses péchés viendraient à s'accumuler. Un ciel rouge et mena-sang, éclairé par la foudre s'étendant au dessus de vastes champ désolés et sans fin sur lesquels rien ne saurait pousser. Entouré de chaînes de montagnes, notre protagoniste se retrouvait perdu au plein milieu de nulle part. Pourtant, il pouvait déjà mettre un nom sur ces lieux de terreur.

*Un charmant endroit, n'est-il pas ? Moi aussi j'ai été surpris en te voyant atterrir ici.*

Voila que ce faquin se mettait à lui parler dans sa tête. Toutefois aucune trace de corruption ne semblait présente. Le Majin ne cherchait visiblement pas à s'emparer de lui et puis il était bien trop diminué pour s'y essayer. Fort heureusement pour notre fermier favoris, les intérêts de ce maraud concordaient avec les siens. Autant en profiter pur en tirer quelque chose... avant qu'il ne finisse par se lasser de lui.

*Une chance pour toi, je te préfère sur Terre qu'en enfer. Mais si tu tiens à rentrer chez toi en un seul morceau,  il va te falloir suivre mes instructions à la lettre.*

Ben voyons ! Comme s'il avait envie de lui obéir ! Ce salaud pensait vraiment que le protecteur des terriens allait accepter son aide, même dos au mur ? En vérité, Demigra s'attendait à ce qu'il s'y oppose. Ce pourquoi il reprit sans attendre.

*Bien sûr, tu pourrais aussi bien réclamer l'aide de ce chers Enma pour te sortir de ce mauvais pas mais je crains que ton ami Cabba ne soit en train de le surcharger dans son travail.*

Évidemment, ça aurait été bien trop simple. Bien sûr, Jojiba pouvait simplement attendre et appeler le juge à la peau rouge jusqu'à s'en arracher la voix. Avec un peu de patience, quelqu'un finirait bien par constater l'anomalie et renverrait celui dont le cœur bat encore dans son foyer mais combien de temps est-ce que cela prendrait ? L'originaire du sixième univers était encore dehors à sévir alors que la Capitale du Sud se faisaient consumer par les flammes. Combien de jours ou même d'heures fallait-il compter avant qu'il ne se décide à s 'occuper des trois autres ? Puis du reste du monde ? Vous l'aurez compris, le temps jouait contre lui.

*J'ai encore assez de pouvoir pour agir sur ces lieux. En temps normal, je pourrais te faire traverser un portail pour te renvoyer chez toi mais il y a un léger... problème.*

Forcément, ce serait trop facile de le renvoyer directement avec sa magie, hein ? Qu'est-ce que cet enchanteur de malheur pouvait bien vouloir de plus ?

*Vois-tu, pour des raisons que j'ignore encore, quelque chose m'empêche d'agir à ma guise ici. Si tu veux regagner ta dimension, il va falloir te rendre dans le niveau inférieur, à la frontière du paradis et des enfers. Heureusement pour toi, le passage le plus proche se trouve non loin de ta position.*

Heureusement, oui... si on oubliait que le concerné se trouvait en plein milieu de ce cauchemar, en train de discuter avec le mal incarné. Comment est-ce que ça pourrait-être pire ? Si ça se trouve, le Fiend était peut-être ici, lui aussi.

*Parmi les montagnes qui t'entourent, il y en a une ou il te faudra te rendre. Il s'agit de celle au plus haut sommet au Sud-Est. Tu devrais la voir d'ici. Rends toi là-haut et je te dirais quoi faire.*

Ce dément lui demandait ça sérieusement ?! C'est vrai qu'il n'avait pas l'air de blaguer cette fois, mais tout de même ! il n'en demeurait pas moins son ennemi juré, celui qui s'est amusé à empoisonner sa vie. D'un autre coté, seule une ordure de la pire espèce pouvait connaître les enfers comme sa proche poche. De facto, cet être malfaisant était bien le meilleur guide que Jojiba pouvait avoir.

*Hâte toi, Saiyan. ces lieux pullulent de monstres que tu n'oserais pas imaginer.*

Le saiyan ne pouvait l'accepter mais ce sont bien par leurs décisions qu'ils se sont dirigés vers leur destinée. Certes, le diable les avait piégés, il les avait placés dans son terrain de jeu mais les seules menaces auxquelles ils ont eut affaire au cours de ce jeu abjecte n'étaient autres que les leurs. Jojiba le savait mieux que quiconque, il existait une autre solution, une solution à laquelle les survivants se sont refusés. Plutôt que de saisir une lueur d'espoir, ils se sont adonnés à ce spectacle, ils ont fait couler le sang jusqu'à ce qu'un seul d'entre eux ne respire encore. Demigra était peut-être un menteur ou un manipulateur mais il avait raison sur ce point : les participants ont laissée une partie de leur humanité derrière eux au cours de ces événements. Le réfuter n'était rien de plus qu'un déni de la réalité. Ceci dit, le visiteur des enfers avait toutes les bonnes raison de détester ce tortionnaire qui, comme il l'avait si bien dit, avait détruit sa vie. Quelque soit les subtilités de ses paroles, il assumait pleinement la faute plutôt que de s'en vanter ouvertement.

*Ne tarde pas trop, l'odeur du sang les attire.* prévenait-il.

Un sourire malicieux s'entendait dans sa voix. Même maintenant, il prenait plaisir à voir la peur s'installer, surtout chez ceux qui font tout pour ne pas lui laisser ce plaisir. Par ces mots, l'ignoble faisait référence à ces monstres qui rôdaient un peu partout dans ces lieux maudits. S'il avait assez d'énergie pour se plaindre alors il faisait mieux de la préserver pour avancer jusqu'à sa prochaine destination. Certes, il était difficile dans garder la notion du temps dans cette dimension sans jour ou nuit et le rescapé n'avait aucune idée de combien de temps il avait dormi. Voila une information que le Malin avait volontairement omis de lui donner. Après une longue et exténuante marche, le barbu atteignit enfin sa destination : le sommet de la montagne qui fut plus tôt désignée.

*Quelle ténacité ! J'aurais été quelque peu attristé si tu mourrais en chemin.*

Voila une drôle de façon de présenter des éloges à un convalescent venant juste de réaliser l'exploit qu'est celui survivre dans un milieu aussi hostile, parce que si un homme seul pouvait tenir seul face à la nature, lui pouvait en faire de même au fin fond des enfers. En conclusion de cette longue marche, notre protagoniste s'est retrouvé au sommet de la montagne. Il y découvrit un large ruisseau menant directement à une chute d'eau au dessus de laquelle il se trouvait. Celle-ci se déversait directement dans un lac entouré de gigantesques arbres démunis de tout feuillage. Par ailleurs, c'était bien la seule source d'eau que notre héros avait découvert depuis son arrivée dans cette sinistre dimension. Si la tentation de s'en abreuver était forte, le bon sens lui criait de ne pas s'en approcher. Étonnamment, le diable donna cet avertissement :

*Félicitation, te voilà à la source du Styx. Entre-nous soit dit, tu ferais mieux de ne pas en boire.*

Bon à savoir, pas vrai ? Sa prochaine instruction, en revanche, s'est avérée bien moins convaincante.

*Tu m'en vois navré mais... comme tu le craignais, il va falloir redescendre. Je sais, c'est fâcheux.*

Mais est-ce qu'il se payait sa tête ou bien voulait-il juste le rendre fou d'une toute autre manière ?! Non, Jojiba n'avait pas pu faire tout ça pour rien ! C'était ridicule ! Demigra lui même n'avait rien à y gagner en lui faisant perdre son précieux temps alors que cherchait-il à faire ?

*Allons, garde ton sang froid, ta porte de sortie est à deux pas. Tu vois cette cascade. Il va falloir plonger. Oui, jusqu'au fond !*

Il n'y a pas deux secondes il avait laissé sous-entendre que cette eau était empoisonnée et maintenant il lui demandait d'y plonger ? Ça n'avait ni queue, ni tête et même le diable savait que tout individu un tant soit peu sensé s'y refuserait.

*Uh-oh... on dirait que tu n'as plus vraiment le choix. Il serait temps de se se lancer maintenant.*

Nul n'aurait pu voyager si longtemps sans imbiber l'air de son odeur. Depuis le ciel rouge sombre se formait une nuée de chauve-souris dont la taille avoisinait les deux mètres dix. Appelées par le sang, ces monstruosités battaient des ailes frénétiquement, toutes étaient attirées par l'âme et la chair de Jojiba. Malheureusement pour lui, le seul choix qui restait à notre ami était de plonger droit vers l'inconnu.