Feu et Glace.

Les ailes comme engluées dans le chaos de sa propre vie, l'ange était restée sur place un moment après le départ du magma. Elle redoutait d'aller sur Végéta, sachant que là-bas elle devrait organiser la cérémonie d'adieu à l'héritier du trône, son cher enfant. Voir Majin Végéta sans avoir cet enfant était un brin stressant aussi : leur entente ne tenait que parce qu'ils étaient parents, qu'arriverait-il à présent ? Elle savait que MV tenait à elle malgré tout, mais elle, qu'allait-elle faire ? Il était à la base son ennemi, un violeur, et à présent sans le sourire d'Anko aurait-elle le courage de rester auprès de lui ? Est-ce qu'en souvenir d'un être perdu, au nom d'une blessure ils devraient rester soudés ? A quel point cela serait-il difficile et douloureux ?

Elle vit alors dans un petit rayon de soleil un homme arriver à son tour. Elle était trop faible pour partir si c'était un ennemi, elle espérait juste qu'on ne vienne pas lui dérober le cadavre de l'enfant, son seul bien à présent. La présence était aveuglante et elle du froncer les sourcils pour tenter de distinguer celui dont l'aura était chaleureuse mais qui étrangement la rendait nerveuse, comme si une angoisse passée se réveillait. Ce genre d'angoisse qui vous prend lorsque vous repensez à vos erreurs passées. Vos actes manqués. Vos abandons.

Il avait le regard dur mais doux. Une épée à sa ceinture brillait autant que ses yeux. Était-il un ange venu l'achever ? Elle le regarda sortir son arme et la pointer vers elle pour l’interpeller. Il venait bien pour elle. Elle ne flancha pas, elle attendait doucement que le destin parle pour elle. Il pointait son arme et elle n'avait pas peur, comme si elle attendait un ordre... Comme si...
Elle fronça à nouveau les yeux : ce n'était plus la lumière mais l'interrogation qui l'éblouissait maintenant. Mais alors qu'elle se sentait comme un sujet devant un leader c'est lui qui s'agenouilla, respectueusement, presque religieusement. Il y avait en lui quelque-chose d'irréel, et rien qu'à la manière dont se comportait sa lame il n'était pas difficile d'imaginer qu'il appartenait à un autre monde, un autre temps. Pouvait-il être...? Il aurait tellement changé... Existait-il encore au moins ?

“Tytoon, j’ai échoué à te protéger. J’ai échoué à protéger notre alliance. J’ai échoué à te protéger même des forces du mal contre lesquelles tu t’étais dressé. Aujourd’hui, je n’ai même pas été là pour protéger la progéniture de la légende d’au travers les mots. Je suis venu ici comme pénitent.”

Elle ne pouvait avoir raison, elle resta donc sans expression face à la dureté des paroles devant lui. Pourtant tout collait... Cela ne pouvait être que lui, son ancien ami, ancien leader, ancien guide... Ancien protégé aussi, bien avant qu'Anko ne soit conçut. Pourtant elle ne ressentait aucune affection : était-ce parce qu'à présent ses traits étaient ceux d'un homme mûr qu'elle ne retrouva pas l'instinct maternelle qu'elle avait pour lui jadis ? Ou bien parce qu'elle avait perdu cette capacité après la tragédie qu'avait commis cette guerre ?

Son ancien dirigeant s'excusa et expliqua sa volonté de réparer le tord que l'univers avait fait en lui enlevant sa progéniture. Il l’appela même majesté... comme s'il ne vivait plus que pour elle. Que pour cette mission.

Elle avait des milliards de choses à lui dire. Des innombrables émotions à ressentir lors de ses retrouvailles inespérées... mais froide et passive elle mit un long moment avant de reprendre vie et s'exprimer.

"Peter..." Elle s'approcha et sa main se raidit. Elle retenait une gifle qui n'attendrait jamais la joue de l'homme. "L'univers se réveille un peu tard..." Elle regarda dans la direction où s'était enfuit Fugma avant de revenir vers l'ex-défenseur. "Je ne sais pas ce qui est le plus surprenant : que le timing soit si mauvais ou que tu reviennes après tout ce temps. J'ignore ce qui s'est passé et je ne veut pas le savoir : tout ce que je sais c'est que j'ai passé ces dernières années seule en enfer. Toi, Fugma et tout ceux qui suivront pour me baiser les pieds arrivent trop tard. J'ai été abandonnée et j'ai mis des années à me pardonner à moi-même de ne pas avoir su vous garder." Tytoon avait du mal à parler avec autant de morale à un homme qui semblait être plus âgé qu'elle : mais elle s'exprimait à travers ce visage ridé à l'adolescent idiot et maladroit qui autrefois avait fait la même promesse, celle de protéger le bien et de veiller sur elle. "Je n'ai plus d'alliés aujourd'hui, seulement des ennemis. Si tu veux m'aider ce ne sera plus en tant que frère d'arme mais en ton nom." Était-elle trop sévère ? Il avait échoué autrefois, mais pourquoi ne pas lui donner une deuxième chance ? Et puis Fugma lui avait eu le droit à l'acceptation de son aide, pourquoi pas ce fantôme du passé qu'elle considérait comme un fils hier ? Peut-être justement parce qu'elle ne saurait être mère pour un autre qu'Anko, peut-être parce qu’elle avait trop souffert de la perte de Peter... Et peut-être qu'au fond elle ne pouvait croire qu'il était le fils de Gohen, son cher petit Peter. "Si ton épée veut trancher les lâches, si ta voix veut étendre mon souhait alors lève toi : Je proclame un embargo sur tout ce qui appartient aux sayens. Je veux que l'on exécute à vue tout membre de leur armée. Aucune pitié, aucun marchandage : ils deviennent officiellement pour toi une nuisance à éliminer. L'univers a oublié qu'ils sont des barbares conquérants sans moral, je veux que tu leur rappelles à tous. Ils sont la grande menace de la galaxie, les tyrans de plusieurs peuples, assassins, pilleurs, monstres ! Ils ne méritent même pas de circuler d'étoiles en étoiles, de continuer à évoluer librement alors qu'ils croulent sous le poids de leur pêchés impunis ! Détruits-les, tue leurs frères, un à un sur ton passage et raconte à tous ce que le monde a oublié : les sayens sont des assassins depuis toujours, il est temps que l'univers s'en souvienne." Elle semblait hors d'elle et plus déterminée que jamais. Avec Fugma elle réunirait les dragonballs, et à côté de ça elle allait monter l'univers contre ses ennemis et tuerait sans sommation tous ceux qui porteraient le blason de l'armée de Végéta.

Elle l'écoutait attentivement. Les mots étaient les mêmes qu'avant. Le bien. La lutte. Le devoir. Il parlait d'un monstre à purifier : elle le voyait venir, avec ses grands mots. Il était bien le fils de Gohen, malgré lui, cet idiot. Il avança pour la prendre dans ses bras. Elle avait eu envie de le rejeter mais se laissa faire. Deuxième câlin du jour : Fugma était déjà passé par là. Cela commençait à devenir ridicule tous ses "bienfaiteurs" qui venait après que le mal soit fait. Encore Fugma n'avait pas voulu l'aider par le passé, mais Peter, qu'est-ce qu'il avait foutu tout ce temps ? Il se taillait la barbe, trop fier d'avoir enfin du poil ?

“Je dois te sauver toi, te sauver de ta douleur. Les innocents n’ont pas à payer pour la mort de ton fils. Ils n’ont pas à subir cela”

Elle sentit qu'il resserrait son étreinte : elle s'y refusa et se défit de l'accolade pour le repousser.

"Ma douleur est tout ce que j'ai. Et de quels innocents tu parles ? Des sayens ? Les plus grands meurtriers de l'univers ?!" Elle commença à crier. Elle était hors d'elle. Hors d’elle et fatiguée. S'énerver contre lui c'était s'énerver contre la Tytoon du passé, contre l'univers, contre les valeurs du monde qui ne tenait plus debout. Elle se rendit compte alors qu'il l'avait soigné, et qu'elle avait de nouveau la force de ressentir la colère et de la tenir. Il lui dicta qu'elle n'était pas là pour tuer, contrairement à MV. Il ajouta qu'elle devait se venger seulement de ceux qui était directement en cause.

"Nous sommes tous responsables... Des soldats qui ont gardé la porte, aux absents." Elle le regarda intensément, l'accusant. Mais Peter qui avait prit aussi ses distance ne sembla pas l'entendre et commença un rituel de purification qui s'empara d'elle malgré ses refus. La lumière l'enveloppa et un astre lui réchauffa le corps, détruisant tout autour, désireux de détruire la haine elle-même. Tytoon serra les poings, les dents... et peu à peu se détendait en larme et en soupirs. Le bien... quelle blague ! Qu'on lui donne de la drogue pour l'endormir, là elle ne ressentirai plus de colère ! Le bien était un simple état de léthargie à ce compte là ! On ne pouvait éteindre la douleur, et ignorer la cause de celle-ci. La purifier ? Mais qu'il purifie le monde ! Elle n'avait jamais causé de tord à personne, c'est le monde qui lui en avait causé ! Pourquoi serait-ce à elle de se calmer ? Pourquoi Peter lui reprochait son état ? Pourquoi blâmer la victime ?!!

Son corps néanmoins semblait plus détendu et elle retomba à terre à genoux, la respiration lente et posée. Elle resta tête baissée. Plus de haine pour le moment mais pour ce qui était de la tristesse, elle comblait tout l'espace laissé par la disparition de la colère.

"C'est bien plus facile..." Elle se laissa basculer en avant pour que ses coudes viennent au sol. Elle s'effondrait. "Je suis quelqu'un de bien, oui, j'ai même compatis pour nos ennemis. Je les ai même aimé." Elle prit sa tête dans sa main, toujours face à terre, cachée. "C'est bien plus facile pour des gens comme nous de considérer le bien comme le pardon, la passivation. Je suis plus douée pour protéger, pour pardonner. Peter... Je déteste me battre, je déteste tuer." Elle donna un coup au sol. Ce prochaines paroles, elle les hurla. "C'EST TROP FACILE PETER !" Sa main s'ouvrit et ses doigts se raidirent comme s'ils voulaient s'enfoncer dans le sol bétonné. "J'en ai ma claque d'être la gentille qui absorbe et reste juste alors qu'on me balance à la gueule de l'injustice ! Pourquoi moi je n'aurai pas le droit de péter mon câble aussi, hein ?! Aussi dur que cela soit d'aller à l'encontre ma nature, je vengerai mon fils !" Elle se releva, difficilement en continuant son laïus. "...  trop facile... Et c'est trop facile de me calmer moi plutôt que de foutre une vraie raclée aux méchants, hein monsieur le défenseur ?" Elle fit monter son aura, maintenant qu'elle était debout face à lui. Elle ne dégageait aucune rancœur, toujours baignée dans une lueur divine et pure, ressemblant plus que jamais à une déesse. Elle regarda le bracelet qu'il lui avait donné. "Sers qui tu veux, Peter. Tu as raison je suis toujours une défenderesse : mais je défendrai ma famille, et par la manière forte s'il le faut." Son énergie explosa encore plus. Elle ne pensa même pas un instant qu’elle était toujours en territoire ennemi et que cela pouvait lui attirer des ennuis. "Les beaux discours ne suffisent plus. Ils n'ont jamais marché sur ces gorilles. Si ton nouveau pouvoir peut régler les choses alors tant mieux : mais ils méritent bien pire qu'une purification, eux et tous leurs alliés." Elle arrêta enfin l'énergie du pouvoir de Peter qui tournait autour d'elle et son aura disparut. Il ne resta que le ciel calme, l'atmosphère nue. Le vent était chaud. La peau d'Anko entre ses mains en semblait d'autant plus froide. Elle s'avança vers Peter. Elle tendit sa main libre vers sa joue et le regarda droit dans les yeux. "Je te l'ai toujours dit mon cher Peter... Tu protège le monde mais tu t'oublies toi. Regarde-toi, tu as donné ton corps, ton temps pour un nouveau pouvoir ?" Elle finit de lui caresser le menton et le fixa dans le blanc des yeux. "J'ai aussi laissé passer l'intérêt des autres, même de mes ennemis avant les miens... Mais c'est fini, j'en ai marre d'être au second plan." Elle lui prit la main. Ils étaient enfin réunis depuis tout ce temps, un tableau à rendre nostalgique d'une époque moins troublée. "Les défenseurs se sont détruits eux-même, ils ne renaîtront plus. C'est fini. La galaxie a peut-être besoin de toi Peter, mais où étais-tu quand moi j'avais besoin de toi ?" Elle lâcha sa main.

Elle le regarda partir, se demandant si ce n'était pas la fatigue et son imagination qui lui avait joué un tour : mais la colère qui subsistait dans son ventre ne pouvait être fausse : certes elle avait peut-être été naïve et avait biaisé son regard sur le monde et par le même ses actions... Mais aujourd'hui elle ne pouvait plus rester aussi droite qu'avant. Aujourd'hui elle avait trop de blessures pour rester droite sur ses deux jambes face à l'injustice et à la crétinerie de peuples qui prônent la violence comme seule arme de pouvoir.
Peter avait beau être devenu un homme plus expérimenté, plus calme, il ne comprenait pas où elle était et elle ne pouvait se résoudre à se dire qu'il avait raison.
Lui ordonner de ne pas céder au mal ? AH ! La vieille rengaine, elle était incapable de se rappeler d'un temps où on ne lui avait pas demandé cela... Comme si depuis toujours s'était écrit.
Lui ordonner quelque-chose... Ah... Au contraire Peter, merci de lui avoir rappeler que depuis toujours l'ange avait un pied dans le domaine maléfique.

Mais rien ne changerait, Tytoon avait toujours agit en écoutant son cœur et elle continuerait.

Il était plus que temps de rentrer à la maison... Elle aurait sourit en pensant qu'elle associait Kanasa avec son foyer.