Au sommet de la tour

Après un voyage qui ne dura pas plus de cinq minutes, Misha parvint à emmener Auros jusqu'à la destination prévue : le sommet de la Tour Karine, là ou résidait un vieil ermite capable de faire pousser des haricots magiques dont les effets bénéfiques pouvaient guérir de n'importe quelles blessures en un quart de secondes. Les yeux crevés et incapable de faire un pas sans faiblir, le guerrier élyséen ne pouvait que sentir les auras autour de lui. Ce fut de cette manière qu'il parvint à localiser celle de l'être isolé qui n'appréciait visiblement pas que des gens s'invitent chez lui encore une fois.

« Q-Qui êtes-vous ?! Qu'est-ce que vous faites là ?! »

Si l'ermite voyait le monde entier depuis sa tour, il ne s'attendait pas à ce que ses prochains visiteurs viennent d'ailleurs et de toute évidence, sa méfiance reflétait bien son intelligence. Karine savait qu'il n'avait pas affaire à des visiteurs ordinaires. Ceux-ci ne venaient pas de la terre ferme et n'avaient pas escaladé sa tour. En d'autres termes, ils n'étaient pas venus ici pour boire l'eau sacré du maître des lieux, loin de là. Si le vieux chat se posait milles questions sur ces étranges inconnus, il ne pouvait pas ignorer l'absence d'énergie émanant d'eux, ce qui signifiait une chose : ils venaient du domaine des dieux. C'était pour cela qu'il ne les avait pas vu apparaître. S'ils lui voulait quelque chose en particulier ? Non, pas spécialement. Son seul tort aura été d'habiter dans le mauvais univers au mauvais moment.

« Vous... vous devez venir pour mes senzus, c'est ça  ? Oui, c'est sur. Ils viennent tous pour ça. »

« Senzus... c'est le nom que vous donnez à vos haricots magiques ? Donnez les moi. »

Affaiblis et sans son masque pour filtrer l'air, la véritable voix d'Auros se faisait maintenant entendre distinctement. Elle était étrange, lugubre, enrouée. C'était le résultat de ses brûlures, celles qui se sont ensuivi de son combat fratricide. Les autres blessures en revanche, elles étaient beaucoup plus récentes. Elles pouvaient encore être guéris sans ne laisser aucune cicatrice, aucune trace de ce dernier affrontement. Très bientôt, le combat contre Beerus ne sera plus qu'un mauvais souvenir pour l'Empereur d'Elysea, lorsqu'il aura avalé ses aliments enchantés, il pourra retrouver la vision et alors rien ne sera en mesure de l'arrêter.

« Ah,j'en étais sur.  Eh bien c'est pas de chance pour vous ! Une grosse brute m'a presque tout pris récemment. »

« Alors donnez moi ce qu'il reste, ça fera l'affaire. »

« M-mais vous êtes sur ? Il doit m'en rester quatre à tout casser ! Et puis vous êtes qui d'abord ?!»

« J'ai dis, donnez les moi ! »

La voix d'Auros se faisait plus rauque. Même affaibli comme il était, il arrivait encore à intimider le Maître Karine. Alors que ce dernier faisait déjà des efforts colossaux pour tenir sur ses deux jambes flageolantes, il attrapa les quatre flageolets magiques que le vieil ermite fut obligé de lui donner puis les avala aussi rapidement que des cachets d'aspirine. Étonnamment, le résultat ne se fit pas attendre. En ouvrant de nouveau les yeux, le dieu de la destruction pouvait enfin contempler son nouvel environnement et que ne fut sa surprise quand il découvrit l'apparence du maître.

« Vous êtes un chat ? »

« Ben... o-oui.»

« J'ai vu assez de matous pour aujourd'hui. »

Le maître Karine ne comprenait pas ce que voulait dire cet étranger qui avouait son crime derrière ces propos. Penchant la tête sur le coté, il se demandait bien qui pouvait être cet étrange visiteur puis il regarde désespérément son pot à senzu complètement vidé. Soupirant en constatant qu'il ne lui restait plus rien, le pauvre minou allait devoir attendre la saison prochaine pour faire le plein de haricots. A l'avenir, celui-ci devrait mieux faire de garder quelques réserves bien à l'abri des regards, histoire d'éviter de se faire tout prendre par un fou bodybuildé et un dieu en colère. Décidément, les temps allaient se montrer bien difficile pour lui... mais au moins il s'en sortait à plutôt bon compte.

« Misha, refais-moi une armure et un masque. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le dieu de la destruction n'eut pas besoin d'attendre plus d'une seconde pour que son serviteur ne s’exécute et ne suive ses instructions. Cela fait, l'étranger tourna le dos à son hôte puis s'en alla en reprenant son envol et ce sans prendre la peine de se présenter ou de lui dire au revoir. Mais pourquoi ce curieux invité était-il donc si pressé ?

« Ma foi, j'ai vraiment pas de chance moi. »