Moi, quand je rencontre des choses inconnu

”Qu’est-ce tu veux dire, “vous vous êtes présenté aux élections terriennes” ?.. Non, je me souviens pas de ce que j’ai fait hier !... Fin, si, j’étais avec un Saiyan avec un bras en moins, je papotais tranquillement sur Végéta avec lui… et puis… Et puis c’est blanc. J’ai pas de mémoires… Combien de temps ? Bordel ?! Faut que j’attende que ma propre amnésie s’arrête toute seule ? Qu’est-ce tu veux que j’ai à faire pendant deux jours en attendant que mon propre crâne décide d’activer son putain de mode “récup” ?! Comme si j’allais croiser un truc pour me distraire au milieu de la for-...hein ?”

Ah, oui, avoir un médecin joignable d’un coup de portable, c’était bien. Couper la conversation à cause de son propre ADHD, c’était peut-être moins bien. Mais qu’importe, c’était pas la première fois qu’il avait manqué téléphoniquement de respect à son toubib personnel. Bon, “toubib”, davantage “explicateur des problèmes causés par des membres manquants en attendant que ces derniers se régénèrent”. Ouais, il avait oublié ce qui s’était passé durant la dernière après-midi. “Présenté” aux élections terriennes, ouais ? Il était carrément pas qualifié pour ce job. Qu’est-ce qui lui aurait pris ? Probablement une envie de juste insulter publiquement les autres candidats. Les terriens méritaient mieux qu’un provocateur à deux balles. Il allait juste faire des dons pour réparer la planète. Ouais, c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Probablement. Mais c’était pas ça qui l’avait fait stopper ses propres dires. En fait, il était juste tombé sur ce qui semblait être un goblin couplé d’un fan de Rick et Morty, un petit truc avec un énorme cerveau qui dépassait sa propre tête. Un truc hideux qui n’avait pas dû voir la lumière du jour depuis un moment. Il devait aussi un fin connaisseur de visual novels. Oh, attend, c’était juste un Saibaman.

”Bah alors, p’tit con, tu t’es perdu ?”

Il avait contourné le nabot composé de beuh pour s’accroupir en face de lui, afin de pouvoir lui éviter un torticolis à cause de la grande différence de taille visible entre les deux personnages. C’était un bon mètre qui séparait le main Ganondorf et le probable main Chrom. Il fallait donc approcher son torse de ses genoux pour lancer la conversation avec ce truc sorti de Dwarf Fortress ou d’un sous-sol parisien. Ouah, le pauvre, il avait des yeux aussi rouges qu’un type qui pleurait devant chaque projet RPGMaker “profond” claqué en une après-midi. Mais en vrai malgré sa laideur il était plutôt adorable.

”Putain, c’est quoi le level d’intelligence d’un Saibaman, déjà ? Capable de ressentir de la peur mais aussi de s’exploser sans vergogne… Plutôt inconsistent, je crois ? Ça doit varier d’individu à individu. Ou alors, c’est un délire d’esprit de ruche réduit. Genre de l’émotion individuelle, mais capable de se sacrifier pour celui qui vous a planté ? Putain, pourquoi personne ne vous a jamais étudié ?”

Il leva la main pour lui caresser la tête comme pour n’importe quel autre animal de compagnie. En attendant de retrouver son planteur, il fallait peut-être le rassurer. Peut-être qu’il était perdu avec l’attaque sur la Terre ? Peut-être qu’il faisait partie d’une portée plantée sans faire gaffe après avoir été stockée dans un entrepôt ? Roh, ça serait triste, ça.

”Dis-moi, coco, il est où ton maître ? T’es tatoué, tu sais parler ? Les p’tits trucs comme toi, humanoïdes, ils doivent avoir des cordes vocales pour s’exprimer. Il t’a appris des mots ?”

Bah ça dit “Kyeh Kyeh”, on dirait ? Ça kyehkyette fort, même. Ça s’agite et ça veut dire quelque chose. On peut donc affirmer qu’il pouvait comprendre quelque chose. Peut-être qu’il était content, animal social qu’il était, de trouver une forme de vie pouvant lui parler. Mais quelque chose disait à monsieur Odo que les sourcils froncés étaient une forme universelle de communication pour exprimer de la colère, de la frustration, et toute sorte d’émotion négative allant de la réaction face à la mort soudaine d’un ami de longue date face au grand méchant de l’histoire ou de la déception face à la tournure soudaine d’une série au scénar au départ plaisant. Il y avait des modifications d’intonation dans sa voix, mais un Kyeh reste un Kyeh, c’est pas avec un changement de pitch que tu vas le rendre plus compréhensible. Mais en tout cas il semblait capable de le comprendre.

”On dirait que tu me comprends, hein ? Désolé de t’avoir appelé p’tit con, coco.”

Il restait adorable quand il s’énervait. Adorable comme un gremlin. Vénère et destructeur, et pourtant kiffant à regarder. C’était ce qui rendait un chihuahua adorable, pensait le papillon. Mignon quand vénère. Disons que c’était chou sur un animal ou petit truc, mais terriblement agaçant sur une personne à l’apparence au moins plus adulte. Mais il semblait pas sortir de Suicide Squad, lui. Donc il avait droit à un pass spécial Mark II pour être insupportable par sa colère. Piquer une crise juste à la petite mention de p’tit con, ça doit en faire un truc assez susceptible, quand même. Ou peut-être que Monsieur Odo avait tellement traité les gens de con qu’il avait oublié que ça pouvait choquer certaines personnes. Ouais ben, c’était la faute des con. Avec un “n” en moins et un “lère” en plus, ça faisait rage… Une seconde, où il allait dans ce raisonnement, déjà ?

”Tu devrais arrêter de gueuler, frérot, sinon tu vas rapidement devenir plus agaçant qu’une princesse Disney.”

Ah, ce message là devait être passé, on dirait. Le voilà qui grifonnait ce qu’il voulait dire sur le sable. Il y a un mec qui a appris de la Petite Sirène, on dirait. Une intrigue basée sur le fait qu’Ariel sache pas écrire alors qu’elle signe le contrat d’Ursula, c’était un peu frustrant quand t’y réfléchissais après. Il venait de baisser dans l’échelle de chiantise par cette réflexion, passant de “mec en ligne avec un avatar de loli” à “personnage d’Undertale”. Le sommet de cette échelle étant Mark II lui-même, il s’assurait d’empêcher les gens de devenir aussi insupportable que lui. Mais c’était là qu’il se rendit compte d’un truc, en voyant le message écrit par le petit bonhomme vert. Quelque chose de terriblement problématique. Se retournant vers le petit être aussi hideux qu’un amateur de Fire Emblem, il lui répondit d’un air dépité.

”Désolé, petit gars, je lis pas le Japonais.”

Mais comment faisait-il pour comprendre son français, ce petit hikikomori à la tête de couille rasée au laser ? Peut-être que c’était juste les émotions qui passaient entre eux, et pas la langue ? Merde, son portable était pas équipé d’un traducteur. Peut-être qu’il pourrait lui trouver un truc plus loin ? On était prêt d’une capitale… ah ouais, merdes, elles étaient en ruines. Plus de serveurs de traductions, plus d’internet, plus de silicon valley, plus d’Hollywood. Putain, toute l’industrie du loisir produit en masse était toujours ensevelie sous la fumée et les murs en béton. Où est-ce que Kévin pourra avoir accès au dernier film mettant en scène le même archétype super-héros avec un gimmick légèrement différent ? Ou est-ce que Jeanine pourra fantasmer sur un mec à la gueule dessinée au pictionary simplement parce qu’il est incompris ? Attend, c’était quoi le problème de base ?

”Mais je crois que je pige. Ou alors t’es méga dressé pour comprendre une langue tout en sachant en écrire une autre, et t’as confondu les deux par erreur… Ou alors t’es dans un corps qui t’appartient pas de base.”

Il tapa un peu sur son portable, histoire de commander sur place un petit traducteur universel. Un truc qui facilitait les communications et les négociations entre différentes espèces. Un gros truc, vu l’immense puissance que demandait un tel ordinateur pour rapidement traduire un langage possiblement inconnu. Une capsule allait s’écraser à quelques centaines de mètres d’eux d’ici une minute ou deux, catapultée à grande vitesse depuis une base tellement secrète que Mark II lui-même ne savait pas où elle était. Il ne savait pas si ça pourrait traduire le même cri répété plusieurs fois selon plusieurs tons. Il attrapa le Saibaman par la taille avant de le placer sur ses épaules, avant de se tourner dans la direction marquée par le radar sur son portable. Ah, c’était bien d’être milliardaire. Malheureusement, il était pas assez débile pour se lancer dans l’immense surconsommation en grande quantité de drogues et de fillettes pour vraiment profiter de sa richesse. Avec le bout de chou capable de jouer entre ses deux cornes, il se mit en route.

”Let’s go. En attendant de retrouver ton nom de base, je vais t’appeler… Leech Junior. Ouais, Leech Junior. C’est adorable.”

Le Saibaman jouait avec ses cornes. C’était adorable. Si monsieur Odo n’avait pas mieux à faire, il aurait pu jouer au robot avec son pilote pilotant son guidon de kératine. Mais faire le zouave en imitant un mécha ne figurait absolument pas dans ses objectifs du moment. Il était trop occupé à insulter des trucs qu’il n’aimait pas, ce qui signifiait un nombre important de choses ayant existé, existant, et qui existeront. Saviez-vous que toutes les japoniaiseries à base de robot géant finissaient toujours par des délires philosophiques bidons et des bad endings foireux ? C’était la mode, en tout cas. Tout ça parce que certains ont eu des dépressions au lieu de militer pour un semblant de droit au travail. Il avait l’air bien malin, le milliardaire, à dire qu’il fallait donner des droits à ses salariés. Mais lui, il avait sous ses ordres des quasi-hardvardiens, grosses têtes avec trois thèses sous les bras, sortant de milieux où ils avaient eu le loisir de devenir les plus insupportables autistes que le monde ait jamais connu. Donc les gifler de temps à autres pour leur rappeler qui mettait un demi-million dans leurs poches tous les mois était un geste comme un autre. Maquereau des cerveaux. Ça pourrait être un titre qui déchire, ça. Grosse musique d’ambiance, type baston, écriture blanche qui s’affiche : “Maruko Odo, maquereau des cerveaux”. Un peu d’électro en arrière plan, et ce serait parfait. Ah, mais la voilà devant la grosse capsule.

”Bon, l’oeuf à Dark Vador, en face de toi, c’est un traducteur automatique universel. Je sais pas s’il est compatible avec tes Kyehkeries.”

Déposant Leech Junior dans un siège, il tapota sur deux-trois boutons, se souvenant à la perfection de comment ça marchait. D’abord, le bouton rouge pour signifier que les micros enregistrent et sont donc opérationnels. Ensuite, le bouton bleu à côté pour signifier que c’est un langage inconnu. Quelques voyants à désactiver, car on n’a aucune idée de comment le langage fonctionne, et un dernier pour juste mettre le micro dans la gueule de bonhomme. Il appuya alors sur une pédale présente sur le sol afin d’élever un siège qui permettait au plus petits des petits gris de s’installer. Là, en l’occurence, c’était le fan moyen de Fate, mais bon. Il pourrait crier dans le micro comme il veut.

”Tu parles dans le micro. Au début, le traducteur va mettre un peu de temps, et puis petit à petit il va s’habituer. Donc, tu vas avoir un temps de latence… Comme dans un jeu en ligne si tu joues sur un serveur à l’autre bout de la planète. Une fois que t’auras dit assez de truc, on pourra passer à un mode portatif que tu pourras te trimballer pour communiquer… Genre, un magnétophone, on te l’accroche sur le torse, et tu peux parler avec tout le monde. Mais là, c’est l’ordinateur qu’est nécessaire pour décoder toute les formes de tons, de déclinaisons de… de… de tout ça, quoi. Tu te mets à parler et c’est bon.”

”Nom est Joie de Vivre Montagne Vérité, je suis un lycéen d’un autre monde qui s’est réincarné dans celui-ci en Saibaman, et je hais mon nouveau corps.”

”Ah, ouais, ça craint.”

“Joie de Vivre Montagne Vérité” ça doit être une traduction littérale de son nom du Nippon. Yoroshiku onegaishimasu à toi aussi, fils de pute, tu pouvais pas naître dans une contrée où t’as un vrai blase ? Ouais, non, non, on se calme. La cancel culture est tellement puissante en ce moment qu’ils pourraient lire dans tes pensées pour savoir si t’es raciste ou non. Monsieur Odo n’était pas raciste, simplement ethnocentriste. Il détestait tout à même valeur, en particulier les cons. Ces derniers étaient les seuls capables de mourir, ce qui élargissait énormément la portée de leurs gènes. Mark II étant immortel et capable de se régénérer à partir de n’importe quoi, il était scientifiquement prouvé comme intelligent de cette manière… Ouais, il aurait cru à ce raisonnement il y a deux ans, mais il avait amassé assez de matière grise pour savoir que la vie marchait pas par des sophismes. Mais passons au transaibaman. Il aime pas son corps. La lose. Être réincarné en petit animal de compagnie. Mais comment il savait que ce qu’il était un Saibaman, d’ailleurs ?... Ah, oui, Mark II l’avait appelé comme ça il y a une quinzaine de minutes.

”Roh, ça va, t’as des super-pouvoirs, maintenant. Ou alors t’en avais avant et maintenant t’en as des moins forts ? Fin, il y a pas de “plus fort” et “moins fort” vu que les lois de la physique se scindent d’un univers à l’autre et… je m’emporte là.”

Il s’approcha de l’énorme machine, appuya sur quelques boutons et fit sortir ce qui ressemblait à un magnétophone. Une boîte en métal avec une lanière noire, attachée à un fil qui la liait à des écouteurs et un micro. Il choppa le bout de chou verdâtre et le plaça hors de la capsule, avant de poser le parallélépipède contre sa taille, l'accrochant au fan de Star Wars : The Old Republic avec la lanière enroulée autour de son bassin telle une ceinture. Il plaça le micro en haut de son torse. Une fois ça fait, il enclencha un mécanisme sur le gros oeuf pour le faire repartir dans l’infini espace vers là d’où il venait.

”Le gros ordinateur a calculé comment ton dialecte marche. Je sais pas comment il a fait, mais il l’a fait. Il a tout abrégé et mis dans la version portative les informations nécessaires. Du coup, la petite boîte va parler pour toi. C’est pas génial la technologie ?”

Il mit ses mains dans ses poches.

”Bref, tu disais que ton corps c’était nul. Mais c’est vraiment pas si nul que ça. Tu connais pas encore tes pouvoirs, c’est tout. Et si t’en as pas beaucoup, tu pourras en apprendre d’autres. De toute façon, ton cerveau ne peut en contenir que six d’actifs durant un combat. Une question de la répartition des tâches au niveau de tes muscles ou un truc comme ça. Donc, si tu veux, je t’apprends des pouvoirs chelous dès le début, et ça te permettra de les faire évoluer en ce que tu veux. T’en dis quoi ?”

”Un corps sans potentiel ? Frérot, le potentiel, ça existe pas. Tout le monde a le même, mais pas forcément en matière de Ki - Le Ki c’est l’énergie qui permet de faire des… des trucs. Mais tu peux avoir la quantité que tu veux, si tu tombes face à un mec qui connait mieux tes articulations que toi, il va te casser les bras et c’est fini, adieu les boules d’énergie, adieu toutes tes tactiques. Tu peux faire tes prières. T’es un Saibaman, ça veut dire que ton organisme est conçu pour être plante plus humanoïde. T’as plus de connaissances que le Saibaman de base, ton cerveau va plus loin que celui petit sbire vert habituel. Donc faut en profiter.”

Il se pencha vers le sol, avant de ramasser un petit bâton sec. Il se mit à l’agiter dans tous les sens en face de Montagne machin chose, comme la canne d’un instituteur.

”En fait, l’apprentissage des techniques ça ressemble beaucoup à de la chimie. T’as une petite maîtrise d’un élément, d’un champ de capacité, d’un plan de la réalité, tu peux l’associer à un autre et tu vois ce que ça fait. Tu peux faire un jet de feu et manipuler de l’eau, tu pourras faire de l’eau bouillante. Tu fais du vent avec, tu maîtrises la vapeur d’eau. Tu peux ébouillanter un mec ou le cuire au bain-marie. Le vent et le feu, t’en fais une combustion, une tornade de flammes, un orage de boules de feu. Fais-toi plaisir. Mais… tu sais quoi, je vais t’apprendre un autre truc. Une autre base pour te faire plaisir sur comment te battre. Mais tu promets de pas l’utiliser sur un être vivant hormis si c’est un gros enfoiré de fils de pute qui mérite d’être instantanément annihilé. Tu le promets, hein ?”

Il releva la branche et l’amena au niveau de la tête du Saibaboy pour reprendre son attention, dilapidée partout comme s’il n’était qu’un comic relief d’une oeuvre de second niveau. La plupart des oeuvres qu’il devait consommer, donc, en pensant à sa nationalité. Il venait d’un Japon alternatif, ou du moins une terre dont le langage ressemblait énormément à celui de la terre des gamines fétichisées. Il y avait une infinité de Japons alternatifs, beaucoup éloigné de tout ce qui était paranormal, plein d’actions ou d’évènements ridicules. Certains de ces soleils levants avaient vu naître des oeuvres de fiction où Mark II se trouvait être le protagoniste, ou bien le méchant. Le réel d’un monde est le fictif d’un autre. C’est tout à fait possible que ce soit le cas avec l’hydrocéphale ici présent. Son cerveau taille galaxie démontrait sa capacité à se perdre dans un pré à vaches. Fallait peut-être lui expliquer directement comment faire. Levant sa main libre au niveau du bout de bois qu’il se mit à tendre devant lui, il se mit à énoncer comment effectuer la magnifique manip qui allait être la base des connaissances de ce petit personnage.

”Prends toi un bout de bois et fais comme moi… C’est bon ? Je commence : T’as plein de capacités qui fonctionnent à la haine, à la douleur, au bonheur, à la tristesse. Celle-là, c’est l’inverse. Il ne faut rien ressentir par rapport à la chose en face de toi. Elle ne vaut rien pour toi. Elle ne devrait pas exister. Tu ignores sa présence dans tes doigts. Tu ignores le bruit qu’elle fait dans l’air. Tu t’imagines que le bâton n’est déjà plus là. Tu lui es supérieur. Tu prends ce dédain. Tu le canalyses. Tu veux le projeter, mais tu le fais sans violence. Ta volonté est tellement puissante par rapport à la chose en face de toi qu’elle défie la physique. Comme tout ce qui l’entoure, ce bâton n’a aucune importance. Ton avis prime sur la réalité, jusqu’à ce qu’il devienne la réalité et d’un mot simple, tu inaugures le passage de ton égo dans l’univers qui te porte en son sein.

Destruction.”

Le bâton disparut en un éclat de pourpre. Normalement, celui du fan de Marvel aussi.

”Il y a des dieux de la destruction dans ton monde ? Ici, y en a qui pensent l’être. Mais le truc spécial, avec les dieux, dans cet univers, c’est que si tu crois pas en eux, ils peuvent rien te faire. La technique que je viens de t’apprendre s’appelle à la baise le “Hakaï”, et est… euh… je veux pas dire “codée”, mais y a… Bon, on va dire que t’as une barrière psychologique qui t’empêche de l’utiliser. Tu sais, comme un truc élitiste. C’est pas accessible à tout le monde, c’est comme le délire de “ah ouais il y a des êtres forts qui peuvent utiliser la magie et il y en a qui l’ont pas”, tout ce délire eugénique. Les midichlorien, le chakra, les moldus, les moldaves. Sachant que j’ai une petite pincée d’ADN d’un connard qui pouvait faire c’te Hakaï, je me suis dit que j’allais faire mon pirate et modifier quelques blocages ici et là. Ainsi, j’enlève le nom compliqué, je place le crack dans le dossier principal, et bim, accessible à tout le monde. Le problème - mais ça c’est le cas avec tout - Le problème c’est que tout dépend de l’énergie que t’y mets. Si le mec en face se dit “j’ai pas envie d’être désintégré et de sentir le cytoplasme de chacune de mes cellules s'immoler comme un manifestant tibétain” il va tenter de ressortir son énergie pour t’empêcher de le zigouiller. En fonction de la quantité d’énergie que tu mets, l’autre devra faire un échange équivalent pour éviter de crever. À nouveau, on revient au délire des six techniques. T’en as trois faibles, deux fortes, une très forte. En fonction de l’assignement que tu fais à chacune de ces catégories cognitives, tu mettras plus ou moins de force dans ta Destruction. Mais c’est pas la destruction en elle-même qui est fun. Pour le coup, elle est plutôt barbante. La première fois que tu le montres, t’as l’énergie violette, c’est flashy, tout le monde voit ta grosse puissance bien large, bien dure, bien profonde. Mais quitte à vouloir frimer avec, autant faire ça.”

Il pointa alors le soleil, tendant son bras et imitant un pistolet avec ses doigts. Il visait bien, fermant un oeil derrière ses lunettes sombres, avant de cracher une bouffée d’air et de lever son imitation d’arme vers l’arrière. Le recul du tir fut intense, et de la fumée sortit de sous ses ongles. Une seconde passa, puis deux, puis trois. Et enfin, le soleil explosa, une supernova qui prenait de l’ampleur et s’approchait dangereusement du duo. Les arbres se courbaient vers l’arrière, encaissant de leur armure d’écorce la totalité de la déflagration tandis que leurs feuilles sautaient de leurs branches. Un sacrifice de la part des chênes pour laisser le vert fuir au loin, accompagné des animaux de la forêt qui en face de l’apocalypse ne désiraient que conserver leur vie et celle de leur prochaine génération. Courir, se cacher, se reproduire. Ils souffriront pour leurs enfants. Leurs petits yeux sauvages se mélangeaient au larmes. Le ciel devenait si bleu qu’il finissait aveuglant, l’atmosphère percée par les éclats de photons devenait un enfer pour toutes les créatures vivantes. Les oiseaux tombaient du ciel comme des météorites, comme les morceaux des autres planètes qui avaient été absorbées par la masse d’hydrogène et de flammes que l’insecte venait d’accroître. Et puis tout s’arrêta.

”T’as vu ? Après la hype initiale, ça commence à être barbant, hein ?”

Saiba Boy et Soulja Boy étaient tous deux debout, tranquillement, dans cette fin de soleil arrivée avant l’heure puis soudainement stoppée. Mimant une télécommande dans le creu de son exosquelettique main, il appuya dans le vide à l’aide de son pouce. Le temps se fit rembobiner comme la sextape de ta mère quand tu veux revoir la faciale. Grâce à leurs moonwalks incessant, les animaux parvenaient à éteindre les flammes qui risquaient d’apporter la destruction du reste de la chaîne alimentaire où ils figuraient comme prédateurs et proies. Ouf, heureusement qu’ils étaient là ! Si mouvementés ils furent que tout rentra dans l’ordre. Arrivés au point initial, M. Odo reprit la parole.

”T’inquiète, mon gars, personne s’en sera rendu compte qu’ils ont manqué de crever. Il y a que toi et moi qui avons vu ça. Ou plutôt qui ne l’avons pas vu. Mais ce que je voulais te montrer, à la base, c’est ça !”

Une énergie violette se forma autour de sa main gauche dépliée, les doigts liés comme s’il cherchait à faire un coup haché de karaté. Il ne fallait pas être un maître pour voir que c’était une lame qui venait de se concevoir autour de ses phalanges.

”Ca, c’est une lame de Ki, tout ce qu’il y a de plus normal. Un peu pimenté par de l’énergie haineuse, mais pas grande chose. Elle tranche juste n’importe quoi. Maintenant, si j’y ajoute de la destruction de tout à l’heure...”

Le cône entourant sa poigne se transforma en sphère. Une sphère sans couleur, que les bâtonnets du Saibaman se chargeraient de colorier en noir. C’était un petit trou de vers que détenait le PDG d’EDD sans vergogne ni culot dans sa main. Ah, quel excellent laboratoire que le dojo et le champ de bataille. L’imagination et les mélanges permettaient de transformer chaque défi de claques en un véritable feu d’artifice. Tel était le bonheur de l’insecte. Juste s’amuser en regardant les lumières se faire devant ses yeux. Cependant, il arrêta sa brêche dans le tapis spatio-temporel juste à temps pour éviter à un lapin aspiré trop rapidement d’être propulsé de l’autre côté de la galaxie.

”C’est vraiment fantastique ce que tu peux faire avec deux techniques différentes, hein ? Moi, c’est Maruko Odo, PDG d’Energie de Dosatz, Milliardaire malgré toutes mes tentatives de dilapider ma fortune, être le plus intelligent du monde, philanthrope immortel, et forme de vie ultime. Je suis extraordinairement humble. Ravis de te connaître. T’as des idées de truc que tu voudrais faire ? Parce que pour le coup, j’ai l’aprèm de libre pour t’enseigner toute la merde que tu veux pour t’offrir un excellent départ dans le monde de merde où t’as atterri.”