Indice - Note Vocale

12 Juin 1009 -


Sans partir dans des envolées sur la complexité du cerveau humain, qu'est-ce qui fait de nous ce que nous sommes ? Comment différencier la part héréditaire, de la part de construction sociale, de l'éducation, de l'agencement du cerveau ? Un individu est sans doute la somme de chacun de ces facteurs, mais qu'est-ce qu'il se passerait si ce qui fait qu'un individu brille venait d'une part indésirable et qui plus est, sécable ?


Si on peut parler de poètes maudits, est-ce que les génies, les héros qui font de notre univers chaque jour un endroit un peu moins nébuleux et un peu plus sécurisé peuvent eux aussi tirer leurs prouesses d'une affliction ? Je dois avouer être un peu perdu. Si le grand Sherlock Holmes eut été neurosyphillitique, il est loin d'être impossible que ce qui faisait son génie -et son extrême sociopathie relevait d'une altération de la chimie de ses méninges. Troubles névrotiques, égoïsme, désordre des codes sociaux, modus operandi cognitif altéré, irascibilité extrême... Tout cela peut-être signé par le S de la maladie des étreintes passionnées.


Alors le plus grand esprit anti-criminel de l'histoire, l'homme au Deerstalker et au calabash ne dépendait peut-être que d'une valse avec Madame Adler. Il y à de quoi casser la figure de l'éternel puceau, du génie inné que la société n'aura jamais su formater, pour son plus grand bien.

Et alors à l'époque il aurait suffit d'un peu de Penicillium pour le soigner... Et priver le monde d'un génie et le laisser en proie aux flammes de Moriarty. 

Et si il en allait de même pour Rimbaud, Verlaine, De L'Isle-Adam, Mallarmé, Corbière ou encore Baudelaire ; Si les prouesses de tout ceux là n'étaient en fait dues qu'à une infection méningo-encéphalitique, ou à une addiction trop forte à leur fée verte. Ils étaient souffrants, ça ne fait aucun doute, et pourtant les en délivrer eut certainement enlaidit la face du monde pour les siècles qui leurs survirèrent.


Je crois alors être dans ce cas précis : dois-je sauver la vie d'un homme, ou préserver l'un des parangons de l'humanité ? Je crois que mes confrères me riraient bien au nez. Enfin...


Patient « Tarô » admi à la clinique Teramasa à 22h40 ;


Psychose, ataxie, convulsions, perte de conscience, sclérotiques jaunes, onirisme... Bref, Delirium Tremens.

Ca nous à fait un choc de le voir lui, dans cet état. Mais toutes les stars ont leur part d'ombre. On peut pas juger dans notre corps de métier.

Taux de B1 et B6 en chute libre, mais bon il fallait s'y attendre.


Fibrillation paraventriculaire dans les alentours de 23h00, le patient à été « redémarré » par l'interne Nanjo, du bon boulot.


Y'a un truc qui me gêne cependant. On s'attendait à voir des cicatrices un peu partout, mais il à plusieurs œdèmes autour des phalanges que je n'arrives pas à expliquer, et son urine qui devrait être marron est jaune tendant sur le mauve. Ca pourrait être le foie, ou l'élimination d'un toxique. Ca peut très bien être aussi une intoxication à un métal lourd ou une protéine un peu trop présente.


Je préconises analyses complémentaires demain matin au réveil, check-up habituel pour les A, avec un doppler, je crois avoir une petite idée. Si tout va bien, demain midi il sera admit en sevrage et tout ira pour le mieux. J'espère.


On à déjà reçu les clauses de confidentialité, l'équipe en est toute émoustillée. Ahah. Peut-être qu'on pourra raconter ça à nos petits enfants.
J'espère vraiment ne pas priver le monde d'une étoile, je m'en voudrais.