Halte au centre

« Hein ? … ah d'accord. Préviens avant de faire ça la prochaine fois. »

Ce fut un peu soudain mais les voilà tous deux arrivés au centre de régénération. Le voyage fut au on ne peut plus direct et ce grâce à l'aide de la fameuse technique qui permettait à Motta de se téléporter d'un lieu à un autre avec une beaucoup d'aisance. Voila quelque chose que notre amie au cheveux brun chercherait sans doute à étudier à l'avenir mais pour l'heure, il était temps de panser ses blessures et de se remettre de ce combat au cours du quel elle s'est tant acharnée à tenir face à l'adversité. Si une chose pouvait être sûre, c'est que son supérieur était un adversaire redoutable à tel point que même maintenant, elle reprenait encore son souffle. Lorsque celui-ci sous entendit qu'elle connaissait déjà l'endroit, son interlocutrice répondit par un hochement de tête puis guetta l'affichage électronique sur le mur, indiquant quelles étaient les salles libres et occupées.

« Ça marche, je ne devrais pas en avoir pour trop longtemps. »

En suivant les directives du Général, la guerrière entra dans la salle qui lui fut indiquée et verrouilla la porte derrière elle. Cela fait, elle ôta ses caches bras puis sa jupe avant de dépoussiérer ces derniers qui, heureusement pour elle, n'auront pas souffert de sa récente confrontation avec le colosse. Ce fut ensuite au tour de son armure qui après vérification semblait toujours en état en dépit des coups qu'elle a encaissé. A en juger par son apparence quasi-intacte, il fallait dire que les protections d'aujourd'hui étaient d'une bien meilleure qualité qu'autrefois. Après avoir rapidement checké l'état de son équipement, Hanasia se déshabilla complètement puis constata son état avec un certain désappointement : des bleus au niveau de l'abdomen, des marques au niveau des genoux, une coupure sur la joue et une douleur persistante dans le bas du dos... bon sang, ce gars là ne l'avait pas raté. Le pire dans tout ça, c'est qu'il n'était même pas à fond. Pour une sayanne dans son genre, c'était un coup à prendre dans son ego.

« Comme le dit l'adage, ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort... »

Poussant un soupir, elle fit quelques pas vers la capsule génération et pressa le bouton d'ouverture. La porte de cette grande machine s'ouvrit dans un bruit mécanique. Après être entrée dans le sas, la jeune femme attrapa le masque relié au générateur d’oxygène et le plaça contre son visage avant d'enclencher le processus de régénération. L'intérieur s'est alors rempli d'un liquide semi-transparent aux propriété curatives, permettant à la demoiselle de se reposer un moment alors qu'elle flottait, assoupie à l'intérieur de cette technologie fabuleuse. L'opération dura une bonne trentaine de minutes soit le temps que le liquide curatif fasse effet et efface complètement toutes traces du combat sur son corps. Lorsque l'opération fut terminée, la machine s’arrêta d'elle-même et l'évacuation de l'eau ne se fit pas attendre. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, la combattante se sentait en pleine forme et ses douleurs avaient complètements disparues. Satisfaite, elle laissa tomber son masque sur le sol et afficha un petit sourire.

« Bon, maintenant voyons voir... »

Sans attendre, elle ouvrit la porte de la machine et se précipita vers la table sur laquelle était posés son scouter afin de réaliser un auto-scan. Comme on pouvait s'y attendre, sa force avait un peu augmentée grâce à cet entraînement acharné et elle espérait pouvoir obtenir bien d'avantages de résultats à l'avenir. Cette brève vérification étant terminée, elle prit le temps de se rhabiller et vérifia si elle n'avait rien oubliée avant de quitter la pièce. Le barbu qui, visiblement avait déjà terminé, pourra remarquer aussitôt que sa subalterne avait bien meilleure mine qu'à son arrivée ici.

« Hey ! T'as déjà terminé on dirait. Enfin, rien d'étonnant venant de toi... »

Ce n'est pas comme si elle avait été un réel défi pour lui, après tout. Motta avait combattu a de bien plus nombreuses reprises et son corps c'était forcément retrouvé renforcé par ses innombrables luttes qui ont fait de lui celui qu'il est aujourd'hui. Désireuse de poursuivre cette voie, la guerroyeuse s'avança vers lui, les mains dans le dos puis osa finalement lui demander ce qui lui traversait l'esprit.

« T'as l'air ailleurs, chef. Quelque chose te préoccupe ? »

Voici donc les craintes du Général : l'avenir des saiyans. S'il avait confiance en la force incommensurable de son roi, on ne pouvait en dire autant de sa sagesse. Ses décisions tant impulsives et irréfléchies l'ont déjà conduit à sa perte une fois et il y avait fort à parier que la direction qu'il a empruntée ne finisse une fois de plus par lui coûter la vie si ce n'était son âme. Comme l'affirmait si bien Motta, tout le monde était dans le flou et personne ne savait exactement ce qu'il en était de la politique actuelle. Conquérir des planètes, construire un Royaume à l'échelle galactique. D'accord, très bien mais dans quel but, quand et par quels moyens ? Jusqu'à maintenant, Broly n'a impliqué qu'une poignée de subalternes dont certains qui ne figuraient même pas parmi les membres de son armée. De toute évidence, il n'avait pas besoin de leur aide mais plutôt de témoins de sa toute puissance. Il lui fallait des gens qui plus tard raconteraient ses exploits et feraient perdurer sa légitimité en tant que roi et de légende vivante... mais était-ce là le rôle de sa majesté ?

« Ouais, je vois ce que tu veux dire... »

Hanasia aussi avait beaucoup de problème avec ça mais sa loyauté passait avant ses propres convictions. Née pour servir, elle rechignait intérieurement à participer aux actes les plus exécrables tels que les conquêtes inutiles et belliqueuses mais quoi qu'il advienne, son propre peuple passait avant le reste . Cela devait aussi bien être le cas de celui qui jadis alla au delà des limites sa conscience et ôta la vie d'un enfant sous les yeux de sa mère pour accomplir son devoir... n'est-ce pas ? Quoi qu'il se soit passé ce jour là, son sens du devoir fut plus fort que la raison mais était-ce bien le cas de tout le monde ici ? Broly, était-il en mesure de faire passer ses ambitions après les responsabilités qu'il avait envers les siens ou bien estimait-il simplement ne rien leur devoir ? La question méritait d'être posée mais qui serait assez fou pour venir lui faire face et lui cracher ces mots en plein visage ?

« Cette idée de Royaume Galactique là... rien que le nom ça ne va pas. »

Croisant les bras, elle s'adossa au mur tout en faisant un nom de la tête, affirmant d'avantage sa désapprobation.

« Il ne s'agit pas que des nôtres mais aussi de tous les peuples que Broly cherche à rassembler sous sa bannière. L'avenir qu'il recherche n'est pas un avenir pour ses congénères mais un futur de conquête et de gloire. A ce stade, on parle pas de notre Royaume mais de son Empire dans lequel nous sommes obligés de collaborer avec les ennemis du passé. »

Des cultures différentes, des objectifs différents... c'était bien là la différence entre un Royaume et un Empire. Il ne s'agissait pas seulement des guerriers de l'espace mais de tout ceux que ce tyran pouvait soumettre à ses ordres. Pouvait-on encore parler du peuple saiyan dans cette vision de l'avenir ou tous les peuples seraient réunis sous ses ordres ? Non, bien au contraire : ce serait la fin d'une ère et à n'en pas douter, la pureté du sang de ses fiers guerriers se perdraient jusqu'à devenir le vague souvenir d'un passé oublié.

« Personnellement, ce n'est pas ce que je veux mais je me contenterais de suivre les ordres. C'est comme ça que tout fonctionne. »

La raison du plus fort est toujours la meilleure, voilà ce qu'elle voulait dire par là. Si la tradition exigeait que tout le monde se soumette à la volonté du plus meilleur, celle-ci continuerait de perdurer du temps que les combattants de cette planète conservaient cet esprit de camaraderie qui guidait leurs principes.

« Au final, ce ne sera pas si différent de l'Empire d'Auros s'il y arrive. La différence, c'est qu'on sera dirigé par l'un des nôtres... mais combien de temps ça va durer ? »

Du temps qu'il sera en proie à sa propre mortalité, Broly devra un jour laisser sa place à quelqu'un d'autre. Ce jour pourrait bien marquer l’effondrement de tout cet Empire qu'il s'est efforcé à construire puisque de tous les saiyans, aucun ne saurait vraiment accepter un leader qu'ils n'auraient pas eux même considéré comme l'un des leurs. Ceci étant dit, sa majesté ne semblait nullement sans soucier, sans quoi elle aurait déjà cherché à avoir un héritier à mettre sur le trône. En prenant en compte ce paramètre, on pouvait supposer deux choses : soit leur colosse de chef se pensait immortel, soit il se fichait de savoir comment est-ce que tout cela se terminerait du temps qu'il pouvait en profiter pour guerroyer. Dans les deux cas, ces qualités relevaient davantage de celles d'un guerrier que d'un dirigeant et cela ne l'arrêterait pas pour autant.

« Et quelles seront les retombées surtout ? C'est bien gentil de vouloir mettre tout le monde sous sa coupe mais nos alliés d'aujourd'hui pourraient bien nous bouffer demain si on ne se montre pas assez vigilants. »

C'était là un point important pour ne pas dire la clef de voûte qui assurerait la prospérité du peuple des guerriers. Du temps qu'ils seront suffisamment nombreux pour imposer leur présence au reste de l'univers, ils continueront d'exister mais qu'adviendra t-il si la balance venait à pencher de l'autre coté ? A l'heure actuelle, la menace que représente l'Empire Cold est en train de s'exacerber. Combien de temps faudra t-il encore attendre pour qu'une nouvelle fois, ces charognards ne décident à agir ? Dans on ne sait combien de temps, ils seront à même de provoquer la chute Royaume Galactique. Lorsque ce jour arrivera, ils rebâtiront leur Empire sur les ruines de ce qu'ils auront anéanti et personne ne sera en mesure de l'empêcher.

« Le vrai problème, c'est que tout repose sur Broly actuellement. S'il venait à tomber, il y a fort à parier qu'il nous emporterait dans sa chute... et j'ignore combien de temps il nous faudra pour nous relever. »

Voila un discours bien différent de celui qu'elle a annoncé au grand publique. Il n'était pas inspirant, ni encourageant... juste réaliste. Il y avait des failles et celles-ci étaient justement en train d'être exploitées. Le fils de Paragus, en était-il seulement conscient ? Gardait-il ses ennemis prêt de lui volontairement pour mieux les surveiller ou bien ne faisait-il que creuser sa propre tombe ? Cet homme était le seul à même de pouvoir répondre à ces questions. Dans un cas de figure comme celui-ci, il ne restait qu'une seule chose à faire.

« Enfin, ce n'est que mon point de vue. Si cela t'inquiète tant, on devrait allez voir par nous même comment il s'en sort. Qu'est-ce que t'en penses, chef ? »

Les plus forts décident et les plus avisés obéissent...

Avant que le chaos ne règne, autant rencontrer celui qui tient les rênes.

« Raaaaaah ! J'avais complètement oublié ! »

Et oui, sa majesté avait beau disposer d'un émetteur qu'elle transportait partout avec elle, aucun (ou presque) de ses subordonnés ne disposait de ses coordonnées, ce qui rendait toute tentative d'entrer en contact avec lui inutile. Plaquant sa paume au visage, Hanasia ne réalisait que maintenant la stupidité de son idée. Comment rejoindre un individu qui n'a jamais indiquée sa destination ? Autant laisser tomber maintenant. S'il n'était pas évident de retrouver quelqu'un avec si peu d'informations, il était tout bonnement impossible de dire avec précision ou pouvait bien se trouver avec un homme agissant sur un coup de tête. Le mieux que nos protagonistes pouvaient faire à l'heure actuelle, c'est de préparer le terrain en prévention des conflits à venir. Comme l'a si bien affirmé Motta, les idées de Broly ressemblaient à une combinaison d'alliances et de conquêtes. Autant dire qu'avec de tels plans, il y avait fort à parier que les ennemis pouvaient se trouver aussi bien à l'intérieur qu'à l’extérieur de cet Empire en devenir.

« Bon, je me doute qu'il fera appel à nous s'il a besoin d'aide de toute façon... on pourrait aller au château en attendant, non ? Qu'on se donne l'occasion de faire le point sur la situation du royaume et de nous préparer en cas de guerre. »

Tiens, en voilà une bonne idée. Celle-ci offrait de nombreuses possibilités mais par laquelle fallait-il commencer ? La grande armée des saiyans a beaucoup diminué ces derniers temps. Peut-être était-il sage d'opter pour la sécurité et lancer un recrutement à grande échelle, quitte à ne pas intégrer uniquement les natifs de ce monde dans les rangs ? Et pourquoi ne pas faire le point sur l'état global des territoires occupés par les guerriers de l'espace afin d'améliorer les conditions de vie des habitants ? Faire du repérage ou espionner directement les ennemis potentiels étaient également une idée intéressante mais cette dernière s'avérait bien plus risquée. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas vraiment le lieu pour soumettre de telles propositions. Bras croisés, la brune avisa son supérieur du regard, attendant visiblement une réponse de sa part.

« D'ailleurs, faudrait que tu me l'apprennes ta technique là. Ça m'a l'air bien pratique de pouvoir apparaître et disparaître a volonté comme tu le fais. »

Il est vrai que cette technique lui a conféré bien des avantages lors du dernier affrontement et le temps qu'ils avaient devant eux leur permettait également d'en apprendre d'avantage sur leurs propres capacités. Maintenant qu'elle était de nouveau en forme, la guerroyeuse ne voyait plus aucun intérêt à rester ici si ce n'était pas pour regarder les allées et venues de ceux qui cherchaient à faire panser leurs blessures. Quand au Général, comptait-il se rendre au château ou bien avait-il autre chose en tête ? Les décisions importantes lui revenait, après-tout.

Au fil de cette discussion, les points de vue d'Hanasia et de Motta se rejoignirent. Concernant les saiyans, la suite de leur histoire devenait de plus en plus claire : tout reposait sur une seule et unique personne : Broly qui, par sa force démesurée, pouvait régner sur le peuple des guerriers comme il l'entendait. Néanmoins, il était important de noter que son principal atout ne résidait ni dans son intelligence, ni dans sa sagesse mais dans son infini pouvoir que tous redoutaient encore aujourd'hui. Du temps qu'il sera là, du temps qu'il vivra, il sera et restera le pilier central, celui qui maintiens en vie ce royaume et ce par la seule force de ses bras. Combien de temps cela durera ? Combien de jours avant qu'il ne tombe au combat ? Il avait beau être craint, nul ne souhaitait voir ce jouer arriver parmi les habitants de la planète Plant. Redouté et pourtant adulé par les siens, il était devenu le seul à avoir un véritable poids sur le champ de bataille en omettant bien sûr le Général des armées qui, tout comme lui, n'avait déjà plus rien à prouver.

*Bon sang, mais qu'est-ce qu'il fiche ?*

Un Roi absent ne l'est jamais sans raison et le leur avait les siennes. Lorsque l'officier proposa à son interlocutrice de se rendre au château, elle se contenta hocher la tête, prête à le suivre. Un petit sourire apparut sur ses lèvres lorsqu'il accepta de lui apprendre cette technique qui, avouons-le, lui avait donner beaucoup de fil à retordre au cours de leur précédente confrontation, c'était aussi l'occasion idéale pour faire un débriefing et tirer une véritable leçon de ce combat. Après-tout, il n'a jamais vraiment été question de gagner mais bien de s'améliorer. Quoi que fasse sa majesté, ses sujets ne pouvaient pas simplement rester là à l'attendre sans rien faire, oh que non. Il y avait tout un royaume à gérer et il était bien préférable pour eux de se rendre au château pour s'occuper des affaires officielles. Peut-être trouveront-ils un moyen d'entrer en contact avec leur dirigeant une fois là bas, qui sait ?

« Heh, tu m'prends pour qu-... »

Il fallait bien s'en douter, la petite boutade du saiyan au bac n'a visiblement pas manqué de la faire réagir mais à peine notre amie aux cheveux longs eut le temps de répondre que le colosse apposa sa main sur son épaule et la transporta avec lui jusqu'au château. Après ce passage au centre médical, il était grand temps pour eux de se remettre en action.