En pleine croissance [PV]

Voilà quelques jours que Cell avait fait son nid dans cette nouvelle réalité - il avait rapidement pris conscience que ce n'était pas un « simple » voyage dans le temps, ne serait-ce que par le fait que Trunks ait pu en revenir sans que « leur » monde n'en ait été altéré.
S'y retrouver n'était pas difficile : la Terre était presque la même, à ceci près que tout n'était pas - encore - en ruines.
Peut-être sa technologie était-elle un tant soit peu plus développée, mais pas assez pour que cela fasse une différence significative. Le moment où tout avait basculé - où tout aurait dû basculer, si l'Histoire avec un grand H avait suivi son cours - ne devait pas être très loin.
En être arrivé à cette conclusion tiraillait son sens du devoir ; ce n'était pas encore trop tard. C'était à lui qu'il revenait de s'assurer que cette maudite planète finisse bien dans le triste état qui devait être le sien ; de satisfaire les ambitions de son défunt maître par-delà la tombe.

Mais pour cela, il lui fallait tout d'abord devenir assez fort, et cela n'allait pas être une mince affaire. Car ces quelques années de décalage avaient, de toute évidence, été plus qu'il n'en fallait pour permettre aux guerriers locaux de dépasser leurs limites ; d'atteindre un niveau encore jamais vu.
Les rares déflagrations de puissance qu'il pouvait percevoir au loin - sans doute étaient-ils en train de s'entraîner - n'avaient de cesse de lui rappeler qu'il devait à tout prix rester caché ; ne rien faire qui puisse attirer leur attention avant le moment où il serait à même de leur faire face.

Bien sûr, aussi puissants soient-ils, ce n'était rien face à ce que serait sa forme parfaite ; le docteur Gero s'était assuré de faire de lui l'être le plus puissant jamais créé, et il savait que c'était ce qu'il était voué à devenir... Pour peu que les choses se déroulent comme prévu. Ainsi donc s'était-il armé de patience, d'autant plus prudent qu'il avait déjà bien failli tout gâcher en se montrant imprudent face à Trunks.
Mais même s'il portait encore sur lui la honte de cette défaite à défaut de blessures physiques, c'avait également été formateur ; d'une part en cela qu'il avait compris la nécessité de ravaler toute l'arrogance dont ses gênes l'avaient doté - maudit soit Vegeta ! -, et d'autre part car il gardait un souvenir très précis du niveau que son adversaire avait atteint pour l'exterminer ; du moins s'y essayer.
Le niveau qu'il allait donc devoir atteindre - et même dépasser - pour pouvoir être « en sécurité » ; assez pour se lancer ouvertement dans la chasse au cyborg. D'ici à ce que ce soit le cas, celle-ci devenait de fait un objectif secondaire : il ne se priverait évidemment pas d'absorber C-17 et C-18 si l'un d'entre eux passait à sa portée de manière fortuite, mais ne pouvait pas les traquer aussi ouvertement qu'il l'aurait fait sans cette « mise en garde ».
S'il se dévoilait trop vite, cela lui coûterait la vie - pour de bon, cette fois. Il n'en était pas question.

Ainsi s'était-il évertué à développer ses compétences de camouflage. Déjà discret de nature - une qualité nécessaire pour évoluer dans cette forme imparfaite -, il s'était particulièrement appliqué pour dissimuler son aura plus encore qu'il ne le faisait déjà, étouffant la moindre de ses émanations jusqu'à ce que cela devienne pour lui comme une deuxième nature.
Encore un peu, et il pourrait se rendre parfaitement indétectable ; devenir invisible. Un fantôme - n'était-ce pas ainsi que le considéreraient les gens de cette ère ?

Tout à cet « entraînement » - fastidieux mais néanmoins nécessaire -, il avait fait profil bas, se nourrissant de toutes les créatures vivantes sur lesquelles il pouvait vérifier l'efficacité de son camouflage. D'abord de petites créatures - sangliers, renards -, puis de plus conséquentes - ours, loups -... Et enfin, bien sûr, les quelques promeneurs qui avaient le malheur de s'approcher un peu trop près de la zone boisée dans laquelle il avait pris ses quartiers dans un premier temps.

S'il se tenait éloigné des grandes villes pour l'heure - celle où la nouvelle de ses méfaits pourrait se répandre un peu trop vite -, il n'avait en revanche aucun scrupule à s'attaquer aux villages et autres bidonvilles qui croisaient sa route. Lorsque les randonneurs paraissaient savoir où ils allaient, il arrivait qu'il les suive furtivement jusqu'à chez eux et en profite pour faire un sort à leurs familles - et parfois à leurs voisins et à leurs proches, s'il était particulièrement en appétit.
Coupés du monde comme l'étaient ces hameaux, il faudrait du temps avant que ces disparitions se remarquent - et plus encore pour que quelqu'un y porte le moindre intérêt. Il veillait cependant toujours à ne pas commettre de massacre, allant jusqu'à faire l'effort de cacher les vêtements qu'ils laissaient derrière eux après qu'il les ait dévorés pour ne pas alerter ceux qui pourraient tomber dessus.
Cela le ralentissait nécessairement dans sa croissance, ses progrès étant plus légers et sporadiques que s'il se servait d'eux comme d'un buffet à volonté à l'instar de son autre lui, mais c'était - à son grand désarroi - la clef de sa survie et donc de la réussite, du moins jusqu'à nouvel ordre.
Patience. Son moment viendrait.
Peut-être plus tôt que prévu.