Reprendre des forces [PV]

« Oh ! C'est toi, Vegeta ?! » s'exclama le jeune Namek alors que la silhouette du prince venait d'apparaître dans le ciel, avant même qu'il ait pu poser le pied sur le sol du palais.
« Dendé. » le salua-t-il sobrement en retour après avoir atterri - il était ici pour une raison précise, et n'avait pas l'intention de s'attarder. « J'ai besoin de te parler. »
« J'ai vu ce que tu as fait ! Merci beaucoup, on ne s'en serait pas sortis sans toi ! » poursuivit le gardien de la Terre, débordant de joie et de soulagement à l'idée que le pire ait pu être évité.

Au vu de l'énergie impressionnante qu'il déployait pour lui exprimer sa gratitude, du simple fait qu'il ait pu venir jusqu'ici pour l'accueillir alors qu'il était encore alité il n'y a pas si longtemps, tout portait effectivement à croire qu'il avait finalement pu se remettre de ses dernières mésaventures. Tant mieux.
Vegeta n'était sans doute pas celui sur lequel il aurait misé pour régler le problème, lui non plus, même en l'ayant vu se bonifier peu à peu depuis leur première rencontre sur Namek, mais le plus important était que la planète soit saine et sauve. Dendé l'avait déjà perdue une fois sans rien pouvoir y faire quand Buu faisait des ravages, manquant ainsi à sa mission sacrée en tant que nouveau Dieu ; il préférait éviter de réitérer.

« Excuse-moi ! Je suis si content que tout se soit bien passé ! J'ai eu tellement peur, si tu savais !... » dit-il avant d'enfin reprendre son calme, sans toutefois pouvoir effacer l'air guilleret gravé sur son visage.

Lorsqu'il faisait preuve d'une telle candeur, celle qu'il réservait aux moments de liesse, il était difficile de ne pas se rappeler qu'en dépit des responsabilités qu'il avait accepté d'endosser, lui aussi n'était encore qu'un enfant. Sans doute plus encore à l'échelle de son peuple, dont l'individu moyen semblait pouvoir vivre excessivement longtemps, si l'on se fiait au cas du grand chef.

« Alors dis-moi, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? »
« J'ai besoin de récupérer ce que je t'ai laissé. »
« Oh, déjà ? » Dendé se raidit en voyant l'expression du prince se durcir, comprenant par la même occasion qu'il valait mieux ne pas attendre de réponse à cette question. « J-je veux dire, bien sûr, suis-moi ! On va y aller tout de suite ! »

Tournant les talons, il se dirigea vers l'intérieur du bâtiment en prenant appui sur son bâton, invitant Vegeta à le suivre d'un signe de tête. S'il n'avait pas pris la peine de se manifester, Mister Popo était bien là lui aussi, se contentant de passer avec nonchalance son sempiternel balai sur ce qui tenait lieu de terrasse au Palais Céleste, semblant ne pas s'inquiéter du fait qu'ils venaient de frôler la fin du monde pour la énième fois ; il fallait bien que quelqu'un s'occupe du ménage.
Avec la puissance démentielle dont Vegeta avait fait preuve lors de ce face à face contre le faux Goku, au point de pouvoir en venir à bout, le nouveau Tout-Puissant ne comprenait pas pourquoi il avait besoin de venir déjà réclamer ce qu'il avait laissé sous sa garde : il semblait avoir plus qu'assez de moyens à sa disposition. Bien sûr, tout savant soit-il, il n'avait aucune idée de ce qu'était cette forme rouge encore inédite et de ses implications - ni du fait qu'il ne serait pas libre d'y accéder à nouveau par la suite.
Mais qu'importe ! Il lui devait une fière chandelle, et à ce titre, il pouvait bien lui rendre ce service. Cela ne regardait que lui ! Il n'avait jamais été prévu qu'il garde ce que le prince lui avait laissé plus longtemps que nécessaire, de toute façon - surtout après ce qu'il s'était passé lors de ce fameux combat.

« Tu m'as fait très peur, tu sais ! J'ai bien cru que le palais allait exploser quand tu t'es transformé en Super Saiyan ! » dit-il, plus à titre informatif que pour lui en faire le reproche - il se doutait bien que Vegeta n'en ferait pas grand cas, de toute manière.

En effet, même alors qu'ils progressaient dans les profondeurs de ce sanctuaire, l'on pouvait encore voir les fissures aléatoires qu'avaient causé ces tremblements. C'était bien la peine d'avoir un palais dans les airs si c'était pour ne pas être à l'abri d'un simili-séisme ! Du moins l'avaient-ils ressenti comme tel, de là où ils étaient. Heureusement, Mister Popo saurait remettre tout cela en ordre en un rien de temps par l'un des tours de passe-passe dont il avait le secret, en véritable fée du logis. Le jeune Namek ne savait pas ce qu'il pourrait bien faire sans lui pour assurer l'entretien de cette demeure sacrée.

« J'ai entendu dire que tu avais donné les Dragon Balls. Est-ce que c'est vrai ? » demanda Vegeta sans daigner répondre à sa remarque, changeant brusquement de sujet.

Pris au dépourvu, Dendé déglutit audiblement, ne s'étant pas attendu à devoir en parler - en tout cas pas si vite. La présence du prince dans son dos, à quelques mètres derrière lui, paraissait soudainement plus intimidante encore qu'elle ne l'était déjà.

« Et bien, euh... C'est à dire... »
« Tu aurais dû nous en parler avant. » reprit Vegeta sans le laisser finir, le ton étonnamment neutre. « Tu as de la chance que Shin ait été là pour aller en chercher d'autres, ou nous aurions été dans un sacré pétrin. Il n'y a qu'à voir le nombre de morts que nous avons dû ressusciter. Si ça devait se reproduire, on risque d'avoir du mal à réparer les dégâts. »
« Je... Je suis désolé, ça avait l'air d'être la meilleure solution... Avec tout ce qu'il s'est passé... » fit le Dieu de la Terre en baissant la tête, penaud.

Vegeta avait raison, bien sûr, et il le savait, mais c'était en bonne partie pour réanimer ces Dragon Balls privées de leur maître que Son Goku était venu le chercher sur sa planète. Si l'on apprenait qu'il s'en était débarrassé, que l'on n'avait plus besoin de lui... Peut-être craignait-il un peu que ceux qu'il pensait être ses amis le voient d'un autre œil. C'était certainement ridicule, depuis le temps qu'ils se connaissaient, mais toutes les peurs ne sont pas rationnelles.

« Peu importe. Ce qui est fait est fait. » rétorqua le prince, qui avait déjà eu le temps de digérer la nouvelle. Elle ne lui plaisait pas, mais il pourrait apprendre à faire avec. Après tout, il avait vécu la majeure partie de sa vie sans avoir de Boules de Cristal à sa disposition, d'où qu'elles viennent - sans même être au courant de leur existence. Il pourrait bien en vivre le reste sans elles. « C'est pour ça que j'ai besoin de redevenir comme avant. Nous n'avons plus droit à l'erreur. »
« ...Bien sûr, je comprends. » fit Dendé, solennel - et un rien rassuré que les remontrances n'aillent pas plus loin. C'était une discussion qu'il allait sans doute devoir avoir plusieurs fois dans les prochains mois. Quand Bulma l'apprendrait... !

Ils ne parlèrent pas davantage pendant le reste du chemin, le silence n'étant brisé que par l'écho de leurs pas alors qu'ils descendaient dans les étages inférieurs du Palais Céleste - dans les caves, si l'on pouvait dire, là où se cachaient apparemment ses plus sombres secrets. Il y avait de nombreux couloirs, mais le Namek semblait savoir exactement où il allait, connaître toute cette structure comme si elle était partie intégrante de sa personne.

« Voilà, c'est ici. » dit-il en poussant l'une des lourdes portes gravées avec assurance.

Ensemble, ils débouchèrent dans une pièce bardée de vieilleries, de bibelots et d'artefacts dont Vegeta ne soupçonnait pas même l'utilité - et à vrai dire il s'en moquait, n'étant là pour aucune autre raison que celle de reprendre ce qui lui appartenait. Là encore, Dendé le précéda, se dirigeant d'un pas vif vers une étagère en retrait. Se dressant sur la pointe des pieds, il finit par y récupérer une fiole - un simple récipient à l'aspect des plus anodins, sans étiquette ou inscription qui permettrait de la différencier, hormis peut-être les craquelures qui couraient à sa surface dorénavant. À l'évidence, il s'en était fallu de peu qu'elle n'éclate entièrement : que se serait-il passé alors ?

« Désolé, il est dans un triste état... » dit le petit homme vert en revenant vers lui, tenant le flacon entre ses deux mains avec précaution, comme s'il avait peur qu'il explose à tout moment. « J'ai fait ce que j'ai pu pour le réparer, mais je ne savais pas trop quoi faire dans cette situation... »
« Donne-le moi. » dit roidement Vegeta, tendant la main vers lui pour réclamer son bien.

Dendé le lui confia sans plus attendre, sans doute tranquillisé à l'idée de ne plus devoir abriter ce qui - à ses yeux - tenait de la bombe à retardement. Voilà ce qu'on gagnait à frayer avec des Saiyans ! Sans prendre la peine d'y adresser plus d'un regard, le prince agrippa la fiole - et l'écrasa au creux de son poing.

« Vegeta, attends !... » s'exclama Dendé, paniqué - mais il était déjà trop tard.

Une bourrasque dorée parut jaillir des débris que le prince tenait au creux de son gant pour se jeter sur lui - se fondre en lui ; pour réunir ce qui avait été séparé. Sous l'effet de cette troublante sensation, le prince banda les muscles et laissa sa puissance exploser presque malgré lui, ébranlant une fois de plus le Palais de Dieu. Ses cheveux se dressèrent sur son crâne et s'illuminèrent ; ses yeux s'éclaircirent. Sa force montait en flèche tandis qu'il atteignait à nouveau le stade de Super Saiyan si brusquement qu'il semblait ne pas pouvoir s'en empêcher - et allait encore au-delà. Des étincelles bleutées se mirent à danser autour de lui, fusant dans toutes les directions, heurtant le sol et les murs en autant de détonations, poussant Dendé à s'abriter derrière une jarre au mystérieux contenu.

« VEGETA ! S'IL TE PLAIT, ARRÊTE ! » geignit-il depuis sa cachette, les mains au-dessus de la tête pour éviter d'être assommé par la chute d'un éventuel morceau de plafond.

Sa chevelure se fit plus effilée, son regard plus dur ; le sol se creusa sous ses pieds...
...Et puis plus rien.
Vegeta avait repris son apparence normale aussi rapidement qu'il s'était transformé, laissant la pièce retomber dans l'obscurité après avoir été éclaboussée de cette lumière d'or. Quelques crépitements résiduels se firent encore entendre, mais le danger avait apparemment disparu.
Grisé par ce retour à la normale, le prince des Saiyans fit craquer sa nuque, puis ses phalanges, s'assurant d'être encore en pleine possession de ces moyens - ce processus était, après tout, quelque peu contre-nature. Mais il allait parfaitement bien, et même mieux que bien. Il était enfin à nouveau lui-même - peut-être encore meilleur qu'auparavant.
Il lui faudrait au moins ça. Il allait avoir beaucoup à faire.
Vegeta sourit avant de reprendre la parole.

« Excuse-moi, je me suis laissé emporter. » Il serra les poings avec satisfaction, faisant crisser ses gants. « Tout a l'air en ordre. Je te remercie pour ton aide. »

Le jeune Tout-Puissant, sortant prudemment de son abri, de peur que ça le reprenne.

« Et... Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ? »

Le prince eut un inquiétant sourire en coin.

« J'ai une légende à tuer. »