Corbeau

Tout a brûlé. Elle a brûlé, ils ont brûlé. J'ai brûlé aussi. Aveuglé, les poumons noircis j'ai rampé jusqu'à la sortie, à chaque mouvement maudissant ma peau de fondre sous la chaleur. Mes forces m'ont quitté et perdant tout espoir, j'aperçus la vérité. Un grand oiseau noir, éclipsant le soleil. Le corbeau, créateur de tout. Il ne fit aucun bruit, aucun mouvement ; son regard ne croisa pas le mien. Mais j'étais en paix, j'acceptai de mourir. Mais le corbeau est joueur, il semblerait qu'il se soit épris de moi, car ma fin fut reporté. J'aimerais dire que je ne me souviens pas de ce matin, que j'ai oublié la douleur, que je me suis réveillé dans le lit d'hôpital après un long coma. Mais non, j'étais conscient, j'étais là. J'étais là quand ils m'ont mis dans l'ambulance. J'étais là quand ils m'ont dit que je serai défiguré. J'étais là pendant les mois de rééducation. J'étais là quand ils m'ont interrogé, quand ils m'ont jugé coupable, quand ils m'ont jugé fou. J'étais là quand tout a brûlé. Aujourd'hui, alors que tout brûle une nouvelle fois, je suis encore là. Le corbeau est là aussi, j'entends sa voix.