Sujet: Mausolée Sous-Marin Dim 24 Juin 2018 - 15:32
L’étendue d’eau qui séparait Miami de San Juan était tout aussi bleue que le ciel en cette après-midi de l’année quatre cent quatre-vingt douze. Le Georges Duroy flottait sans peine sur la mer, ayant résisté à un fantastique orage la nuit dernière. Il en fallait bien plus pour terrasser cet énorme vaisseau à quarante canons et capable d’accueillir quatre cents hommes. Une belle bête, avait affirmé son architecte lorsque le roi de France vint inaugurer son premier voyage vers les Indes. Mais cette fois-ci, le titan des mers se dirigeait vers le nouveau monde. Son cargo n’accueillait pas d’esclaves, cette fois-ci,mais transportait les matériaux nécessaires à la création d’une nouvelle plantation, car il fallait un lieu de travail avant d’avoir des travailleurs. Une cargaison très lourde, en particulier quand elle était couplée à l’équipage du bateau capable de rivaliser avec le Kraken, ainsi que les vivres pour nourrir cette élite des marins Européens et les canons, sabres et pistolets qui leur permettait d’écraser tout flibustier pensant rivaliser dans sa barque de pacotille avec la puissante armada à un seul bâtiment flottant.
Le capitaine Jonathan de Néptitie avait eu l’honneur d’être à la tête de ce navire. Protestant assez pieux, cela ne l’empêchait pourtant pas de tirer une balle dans la tête d’un pirate ou un coup dans des lieux mal famés. Mais cela ne définissait pas vraiment l’amour qu’il avait pour le Georges Duroy ou bien pour son équipage. Il se voyait simplement comme la logique et le cerveau de cet énorme corps qu’était la plus grande frégate à sillonner les mers en cette fin de quatre centième siècle. Il était également parvenu après pourtant quinze combats en pleine mer à ne pas avoir de balafres sur le visage, ses cicatrices occupant toutes son dos, provenant d’ennemis tentant de le tuer en traître. Cela avait toujours eu comme effet de l'énerver, et de l’habiter d’une envie de vengeance telle qu’il parvenait à retourner les combats contre plusieurs ennemis à la fois à son avantage. Un homme au tempérament quelque peu colérique, donc, mais qui néanmoins gardait en tête sa mission, et la gloire apportée par celle-ci.
Ainsi le chef des matelots s’était levé de bonne heure, comme tous les autres jours, afin de pouvoir se réveiller complètement par une gymnastique qu’il avait lui-même composé. Dix pompes, dix flexions, dix abdos, le tout après une séance de secousse de poireau. Ainsi, il avait l’esprit plus frais que l’eau qui entourait son bateau, et le corps bien plus énergétique que celui des membres les plus moins flemmards de son équipage. Il sortit alors de sa chambre privée, qui contenait ses affaires personnelles ainsi que ses outils de navigation, pour descendre à la cave. Sa lente marche vers les espaces de ses hommes fut néanmoins accompagnée de paroles destinées à ceux qui s’étaient occupés du bâteau pendant la nuit :
”Hervé ! Matthieu ! La Salée, et les autres ! Votre tour de garde est terminé, allez vous coucher. Profitez de votre nuit.”
Des remerciements partirent dans sa direction, suivis de soupirs de soulagement provenant des corps fatigués de ceux qui avaient veillé durant les huit dernières heures. Jonathan, lui, avait continué son avancée vers l’intérieur du Georges Duroy. Voyant son équipage toujours dans le monde des rêves, imaginant leurs femmes et enfants les attendant au port, probablement, le capitaine ne put s’empêcher de sourire un peu. Les pauvres ne voyaient pas encore le bonheur dans un réveil de bonne heure. Alors il frappa plusieurs fois dans ses mains, frappant les doigts regroupés de sa main gauche dans la paume creusée de sa main droite pour être exact. Cela fit beaucoup plus de bruit qu’un applaudissement normal, et le lourd son résonna dans l’espace clos et fit tomber plusieurs hommes de leurs hamacs. Mais, non content de ce réveil brusque, le chef de la frégate se mit à hurler de sa voix puissante :
”Réveillez-vous, bande de paresseux marins ! Il n’y a sur le territoire de Neptune que le lit de sable au fond de la mer pour ceux qui font la grasse matinée !”
Il était nécessaire pour un capitaine souhaitant se faire respecter d’en faire un peu trop dans son jeu d’acteur. Les mains sur les hanches, dans son manteau noir, on se demandait comment il parvenait à ne pas mourir de chaud. L’équipage se réveilla en sursaut, et chacun alla occuper son post. Le capitaine cependant arrêta quelques uns d’entre eux.
”Gidéon ! Gidéon ! Cela va faire trois jours que t’es à la vigie. Prend une pause. Tu vas juste t’occuper des canons, aujourd’hui. Pas envie que tu t'abimes les yeux davantage. Compris ?”
Le personnage à qui l’ordre était adressé ravala sa moue, et acquiesça :
”Oui, capitaine !”
Jonathan lui tapota l’épaule et le laissa partir. Il regarda la foule qui passait à côté de lui et choisit dans le tas l’un des hommes pour remplacer Gidéon à son poste. Et l’heureux élu fut un nouveau qui s’était bien démarqué lors de la dernière attaque d’un vaisseau Ottoman. Le capitaine l’interpella avec deux claquements de doigts pour avoir son attention.
”Edouard ! Tu changes de poste. T’es à la vigie, aujourd’hui ! On ne devrait pas être loin de l’Amérique; tu n’auras pas beaucoup de temps à souffrir de la chaleur, mon garçon... Ah ah !”
Et l'aîné se retourna pour revenir sur le pont, remontant les escaliers pour reprendre son poste à la barre. Le déjeuner était dans une heure, car le cuisinier avait fort à faire pour nourrir l’énorme équipage qui habitait le tout aussi énorme vaisseau. La mer était calme, et après avoir étudié la position du Georges Duroy à l’aide d’une carte et d’un sextant, le capitaine put conclure que la position de conducteur n’avait pas spécialement besoin d’être occupée. Prenant deux bols de soupe et deux cuillères à la cuisine, lors du souper, il grimpa au plus haut mât où le jeune Édouard était normalement positionné. Il était rare que les nouveaux survivent à une attaque comme la dernière qui leur fut administrée de la part de l’empire Ottoman, mais le jeune homme s’était démarqué par un cadeau qu’il possédait au combat, et le capitaine qui dépassait les quarante ans avait jugé bon de venir l’encourager personnellement, et l’informer de son avenir probablement brillant dans la marine. Grimpant l’échelle de cordes et de noeuds, il ne fit tomber aucune goutte des deux récipients qu’il tenait sur un bras. Et ainsi, la vigie n’aurait pas besoin de descendre chercher son repas. Arrivant en haut, il s’exclama :
”Et bien ! Comment va le fameux enfant prodige du Georges Duroy ? J’estime que tu dois avoir faim...”
Malgré son jeune âge, Edouard avait des joues peu enrobées, et dont on voyait les os. Son menton pointu était couvert d’un peu de barbe dû au manque de barbiers en pleine mer. Depuis leur départ d’Europe, les marins n’avaient pas pu bénéficier des conforts de la ville et de la terre ferme. Mais les yeux du jeune homme avaient néanmoins un air déterminé. On pouvait voir dans son regard qu’il irait loin. Un homme qui irait loin sur son bâteau, et qui vivrait longtemps malgré ses aventures, et dont les légendes seraient comptées pendant des siècles. Peut-être voguerait-il même parmi les étoiles, après sa mort ?... Qui sait ? Le capitaine lui tendit son déjeuner, un bol de soupe. Le mélange de légumes n’avait pas un très bon goût, mais il nourrissait n’importe qui. Attrapant sa cuillère, le capitaine commença à déguster sa pitance. Cela ne l’empêcha pourtant pas de parler.
”Tu as quel âge… Vingt ans ? Vingt-cinq ans ? Et tu manies déjà la rapière comme personne… Tu sais comment on appelle cela, ici ? Un don… Et le tien n’est pas n’importe lequel...”
Il avala une cuillerée particulièrement remplie. Son bol était déjà diminué de moitié. Jonathan était gourmand malgré lui, et l’énergie qui lui était prise par ses aboiements d’ordres à ses hommes lui donnait un appétit assez monstrueux.
”Je suis capitaine depuis dix ans, et marin depuis vingt cinq... Et tu es déjà meilleur à l’épée que moi au moment où on m’a donné la charge de ce vaisseau… Je voudrais te dire que t’as un grand avenir dans la marine, mon garçon… Tu ne t’en es peut-être pas rendu compte, mais tu as réussi à vaincre cinq de ces salopards de Turcs en même temps ! Sans utiliser de pistolet, en plus !... J’ai failli me faire poignarder par un ennemi tellement j’étais fasciné par ton ardeur...”
Il ne put s’empêcher de rire. Il l’avait échappé belle ! Quelle mort stupide cela aurait été, d’être transpercé par une dague Ottomane en admirant les capacités guerrières d’un de ses matelots. Cela ne lui fit pas voir le point noir à l’horizon.
”Tu sais, gamin… J’en ai vu des épéistes… Des mecs qui maniaient la lames comme pas deux… Mais toi, mon garçon, tu les a tous dépassés. Et t’as encore beaucoup de temps pour t’améliorer… Tu risques de faire un très bon capitaine, un jour… Enfin, il faudra pour cela que tu apprennes à hurler ! En attendant… hein ?!”
Il s’interrompit en observant le phénomène observable au loin, peut-être après en avoir été informé par son interlocuteur. Un homme qui marchait sur l’eau. Étrange. En dehors du seigneur Jésus-Christ, personne ne parvenait à faire cela. Attrapant sa lunette de sa ceinture, il put observer cela de plus près… Et son teint devint blanc comme la neige, alors que des sueurs froides coulèrent sur son front. Il se pencha depuis la plateforme de la vigie, et hurla :
”Branle-bas de combat !! Tout le monde prend une épée et un pistolet. Chargez les canons à tribord et soyez prêt à faire feu à mon signal ! Je veux tout le monde réveillé et prêt à se battre ! C’est un ordre !”
Le jeune homme demandait très certainement ce qui se passait. Se tournant vers Edouard, Jonathan ne put que dire :
”C’est lui… C’est le Messie du Mal...”
Edouard le Bel-Ami
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Sujet: Re: Mausolée Sous-Marin Dim 24 Juin 2018 - 18:27
Les Moussaillons dormaient à bord de la cave du Georges Duroy, le plus imposant navire connu jusqu'à ce jour. Ces hommes étaient perdu dans leurs songes, rêvant de tout ce qui leur passait par la tête. C'était le cas du jeune marin, Edouard le Bel-Ami, qui venait d'intégrer l'équipage de Jonathan de Néptitie. Sans le vouloir, il avait déjà fais parlé de lui de par ses exploits. Oui, il sortait d'une embuscade de la part de l'Empire Ottoman. Il avait brillé au combat, tuant une flopée d'Ottomans, redondant le blason de la Marine Française. Ce moment se répétait sans cesse dans son esprit, lorsqu'il dormait. En ce moment même, cette bataille repassait sans cesse dans ses songes. Pas étonnant, cet événement fut marquant pour le jeune marin, il restera gravé à jamais dans son esprit. Ce fut son premier véritable combat en tout que membre de la Marine, c'était quelque chose quand même. Enfin bref, il était dans son lit improvisé, assoupi. Une voix retentit. Une voix rauque, sèche et respectable. Bel-Ami lâcha un grognement de mécontentement, souhaitant rester quelques minutes de plus dans son lit. Il gueule une fois de plus, persuadant le reste des marins coriaces. Edouard faisait partie de ceux-là, il prit sa veste et la mit, commençant par se diriger vers son poste habituel : manœuvre. Il devait faire toutes les tâches ménagères plus ingrates et désagréable, du genre faire le ménage ou vérifier le nœud des cordes, par exemple. Bref, il se dirigea lentement vers la sortie de la cave pour remonter sur le pont, mais Jonathan l'interpella à l'aide d'un claquement de doigts. Il lui apprit qu'il changeait de poste, passant de manœuvre à vigie. Ce poste servait à observer l'océan en vue d'un potentiel danger ou encore l'approche d'une île ou territoire. Jonathan prévint Edouard qu'il était pas si loin de l'Amérique, donc la chaleur n'allait pas l'assaillir, avec une touche d'humour.
"D'accord Capitaine ! J'y vais de ce pas !"
Répondit-il respectivement avant de se diriger vers le plus grand mat du bateau. Il s'aida de l'échelle de cordes et des nœuds pour atteindre le sommet où il pourrait se placer tranquillement, où il ne serait pas embêté. La navire se dirigeait vers l'Amérique, territoire peu connu, dont on ne savait pas grand chose. Le jeune homme ne savait pas à quoi s'attendre sur ce continent, si ce n'est des vivres et des ressources. De toute façon, il verrait bien, ils arrivaient dans pas très longtemps, au soulagement des marins du Georges Duroy qui commençaient à trouver le temps long, c'était compréhensible. Bref, le regard du Moussaillon se perdait sur les étendues d'eaux, pensant déjà à son retour en Europe, imaginant être accueilli comme un héros, le Roi des mers !
Au moins une trentaine de minutes passèrent, Edouard étant toujours dans sa solitude, sans avoir de travaille à faire, l'océan étant assez calme. Cette solitude même fut interrompue par la Capitaine du navire français. Il avait dans ses mains deux bols de soupe, accompagné de deux cuillères. Il le salua en demandant s'il allait bien, le qualifiant de prodige du Georges Duroy. Un sourire prit place sur le visage du nouveau, dont les remarques de son capitaine l'amusaient.
"Ça va. C'est assez calme aujourd'hui, on s'ennuie un peu ici, une visite n'est pas de refus. Merci pour le bol de soupe, Capitaine."
Suite à ses paroles, il s'empara poliment du bol qui lui était destiné et commença à goûter au breuvage hebdomadaire. À vrai dire, il n'avait pas un goût exquis, mais on s'y habituait à force et Edouard s'était adapté à merveille ! Jonathan en fit de même et ne s'empêcha pas de discuter pour autant. Il demanda quel âge avait le jeune prodige, car il semblait avoir un don pour la maniement de l'épée.
"J'ai vingt-et-un ans, j'ai été bercé dans le savoir des mers et le combat dès mon plus jeune âge, étant fils d'un marin, il se prénomme Jack...
Il fit une petite pause, mettant cuillère à la bouche, continuant à vider son bol. Une fois sa gorgée engloutie, il reprit sa petite histoire :
"Mon père voulait que je rejoigne la Marine à mon tour et cela me plaisait énormément, j'ai donc décidé de me lancer dans la Marine. Et me voilà, dans votre équipage ah ah."
Il lâcha un petit rire amusé en continuant de boire et d'écouter son capitaine raconter des anecdotes. Jonathan flatta de nouveau son homme quant à son aisance d'épéiste, disant qu'Edouard était meilleur que lui lorsqu'il a eut la charge du navire. Ensuite, il parla de la bataille contre les Ottomans, il admirait la façon dont le novice avait éliminé cinq ennemis en même temps. Il souligna qu'il n'avait même pas utilisé de pistolet, rien que l'épée. Inévitablement, il avait rajouté une touche d'humour comme à son habitude en racontant qu'il avait failli se faire poignarder, obnubilé par la prestation de Bel-Ami.
Il rit, d'un rire détendu. Edouard, lui, écoutait d'une oreille curieuse en buvant sa soupe amère. Il ne répondit pas, sachant que le Capitaine du Georges Duroy n'en avait pas fini, et il eut raison. Il dit avoir connu pas mal d'épéistes talentueux mais jamais quelqu'un d'aussi doué que lui, rajoutant qu'il avait encore du temps pour s'améliorer. D'après lui, Edouard ferait un très bon capitaine dans les années à venir. Le fils de Jack sourit, vraiment flatté par son supérieur, qui semblait vraiment apprécié le novice.
"Vous me flatter Captain, j'espère que vous dites vrai, nous le verrons bien. En tout cas, vous, mener très bien votre rôle, à merveille. Vous avez la finesse de gueuler sur vos hommes mais en même temps de prendre soin d'eux, et ça, tous les capitaine n'ont pas cette qualité..."
La discussion des deux férus de la mer fut interrompue, le capitaine semblait avoir vu quelque chose au loin. Bel-Ami dirigea son regard vers l'endroit sur lequel fixait Jonathan. Il écarquilla subitement les yeux, voyant un homme avancer vers eux, marchant sur l'eau. On ne voyait qu'une forme indistincte noire, donc ils ne pouvaient pas identifier l'étranger pour le moment. Le Capitaine du Georges Duroy beugla que les Moussaillons devaient s'armer et se préparer au combat. Quant à lui, Edouard avait toujours son épée et son pistolet sur lui, par prévention. Son interlocuteur se retourna vers lui, annonçant que c'était lui, le Messie du mal...
"Qu'est-ce le Messie du Mal ? Qui est-t-il ? Qu'a-t-il de si particulier ?"
Le fils du marin s'empara du télescope de pirate et observa la forme. Même avec cela, on ne voyait qu'un être sombre, habillé d'une cape. Ses deux mains étaient prises, la main droite armée de l'épée et la gauche du pistolet. Descendant du mat rapidement, il rejoint les autres après avoir soufflé ces mots à son capitaine :
"Bonne chance, à tout à l'heure, je l'espère..."
Le Messie du Mal était en approche, tout comme l'adrénaline sur les membres de l'équipage de Jonathan de Néptitie...
Légion
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Sujet: Re: Mausolée Sous-Marin Mar 3 Juil 2018 - 23:01
Fils de marin, hein ? Cela se voyait. Un physique d’athlète et pourtant apte à survivre sans manger. Ce n’est pas un corps comme ça qui mourrait du scorbut. Cela, il pouvait vous le dire. Le capitaine pouvait déjà voir l’avenir d’Edouard se tracer devant lui. Un avenir radieux, fier capitaine de la marine française. Non, amiral ! Si jeune et pourtant si talentueux. Jonathan pouvait se sentir jaloux. Mais il ne l’était pas, pourtant. Le garçon ne s’était pas vraiment démarqué durant les quelques semaines de traversées qui avaient séparées le départ de la situation actuelle. Mais il fallait le voir au combat ! Un démon quand il est derrière une lame. Le chef du Georges Duroy pouvait se sentir… fier. Oui, fier d’avoir parmi ses hommes un être au potentiel si grand. Quelqu’un qui s’inscrirait dans les légendes, pour sûr. Un Francis Drake du pays central de la monarchie du pays central de l’Europe. Il en servira des dizaines, de rois ! Et qui sait… peut-être le sera-t-il assez vite pour que Jonathan l’appelle “monseigneur” ou “chef” ? Il s’était déjà trouvé un surnom, en plus. Peut-être bien que le “Bel-Ami” du Georges Duroy en inspirera plus d’un.
Tant de belles paroles qui désormais ne pouvaient plus habiter la tête du capitaine à présent épouvanté. La blanche terreur recouvrait son visage comme la neige sur l’Amérique les jours d’hiver. Et il était bien trop sûr de voir du rouge être éclaboussée dessus. Son coeur battait la chamade. Il était presque en train de claquer des dents sous l’effet des sueurs froides qui s’étalaient sur son visage. Peut-être était-il déjà un fantôme, avant même que l’être sombre qui marchait sur l’eau ne l’envoie vers le coffre de Davy Jones si présent dans les légendes anglaises. Six pieds sous mer. Une bien triste destinée. Sa respiration était rapide, et ses deux mains rivées sur le bois qui séparait la plateforme de la vigie et le vide. Il pensait au Georges Duroy. Serait-ce déjà la fin pour le vaisseau le plus puissant et le plus imposant de la marine du Roi de France ? Un vaisseau de cinquante canons, une forteresse flottante, devenue tombeau aquatique par un manque de chance et une mauvaise rencontre ? Un navire qui pourrait vaincre d’autres bateaux légendaires tel le Queen Anne’s Revenge ? Le plus puissant des monstres de fer et de bois de l’océan Atlantique, parmi les poissons et les requins qui ont accompagné ses trajets ?
”Le messie du Mal ?... C’est… Tu vois… c’est le… C’est ce que… c’est que Dieu envoya sur Terre… Pour nous punir... et nous… et nous amenuiser... nous les hommes...”
Il descendit du sommet du mât avec le jeune garçon dans lequel il avait placé tant d’espoirs il y a cinq minutes. Des monstres légendaires et des créatures mythiques, la plus véritable de toutes se trouvait à marcher vers le corps dont le capitaine Jonathan était la tête. Il observait ses hommes. La panique qui allait dans tous ceux ayant vu l’horizon. Les mouvements rapides dans toutes les directions. Les prises d’armes, les chargements de pistolets. Les manoeuvres qui abandonnaient leurs seaux et serpillières pour un silex et un sabre. Les cuisiniers dont les couteaux iraient s’immiscer dans une toute autre viande. Et parmi tout cela, le jeune Edouard. Tant de potentiel qui serait gâché. Est-ce que tout cela se retrouverait dans les profondeurs de l’océan ? Dans les abîmes aquatiques qui ne contenaient que les Kraken et les serpents de mer ? Un mausolée sous-marin et quatre nouvelles centaines de personnes à ajouter dans la liste des morts de la hyène qui riait des inaugurations de cimetières dont les occupants provenaient d’elle ? Les tapis rouges de toutes les royautés n’arrivaient pas à un dixième du parchemin qui rassemblait tous les noms barrés des fils et des filles fauchés par la onzième plaie. Le Georges Duroy et son fier équipage ne mourraient pas sans combat. Mais s’il fallait néanmoins mourir...
”Il n’y a pas de “tout à l’heure”, fiston ! Peut-être qu’aujourd’hui sera notre dernière journée ensemble… Si je ne te verrais pas devenir capitaine, je t’aurais enseigné comment l’être !”
Le chef des marins de la fine équipe du Georges Duroy était habité d’une nouvelle énergie, qui semblait provenir d’une acceptation de son destin. Ses yeux s’étaient même illuminés, comme lorsqu’il reprenait le dessus contre des adversaires multiples pour gagner avec brio. Sa main s’était aggripée au col de son jeune protégé. Nul doute qu’il ne souhaitait que le meilleur avenir pour Edouard, quand bien même ce dernier serait bien raccourci. Les autres matelots s’étaient rassemblés autour des canons, parés à faire feu sur la seule et unique cible qui marchait tout aussi tranquillement sur le pays de Poséidon que sur celui de Gaïa. Le visage de Jonathan était pointé sur le Diable, et il avait lâché son camarade pour se diriger vers la droite du pont, mais son nouvel apprenti était convié à le suivre.
”Première leçon du capitaine, mon grand ! Le canon est la meilleure arme de bataille d’un navire !... Parés ?! Feu !!”
Il répéta plusieurs fois son dernier mot, et la puissance de sa voix ne fut couverte que par le bruit des canons qui bombardèrent l’enfer sur terre de projectiles lourds et rapides. Il semblait avancer qu’importe le danger… Non, il semblait s’amuser à les esquiver sans stopper son rythme. Le rythme différent des bombardes permettait à un flot continu de boulets de faire pluie sur la cible. Une vague de poudre explosait tandis qu’une autre était rechargée dans les armes. Mais aucun ne semblait toucher. Furieux, le capitaine s’approcha de la bouche à feu la plus proche, et visa lui-même le fameux “Messie du Mal” avant d’allumer la mèche. L’énorme masse de plomb prit son envol, et fila dans l’air, sifflant contre le vent. Il fit mouche, et la silhouette tomba à la renverse dans l’eau.
Un rugissement de joie retentit sur le pont. Une euphorie générale à laquelle tous les matelots prirent part. Les pauvres fous… Se croyaient-ils déjà sains et saufs ? Jonathan, lui, fixait la mer. Un aileron de requin semblait sortir de l’eau, se dirigeant toujours vers la forteresse des mers qui peut-être allait rejoindre les poissons aujourd’hui. Bientôt l’équipage lui aussi se tût. Car dans leurs yeux se trouvaient la réflexion d’un spectacle fantastique et terrifiant. Leurs visages étaient éclairés par une lumière qui cachait le soleil. Une vague géante s’approchait d’eux. Non pas un raz-de-marée tout ce qu’il y a de plus classique. Ce n’était pas de l’eau digne des tempêtes les plus féroces qui allait s’écraser contre le vaisseau. Non… c’était des flammes. Une gigantesque déflagration dont la cible était une vulgaire barque comparée à elle.
”À couvert !! Tous !! Plus personne sur le pont !!”
Les marins eurent l’intelligence d’aller se réfugier avant de recevoir les ordres du capitaine. Ce dernier prit Edouard par le col. La cave était remplie. Les corps s’écrasaient les uns contre les autres dans l’espoir que tout le monde puisse survivre. Le silence s'installait dans les oreilles des maîtres de la mer. Nul doute que la fraîcheur de la peur pouvait rivaliser avec l'infernal déferlement qui s'apprêtait à entrer en contact avec le vaisseau. Les petites fenêtres destinées à faire passer les canons étaient refermées. Les hommes s’agripaient à ce qu’ils pouvaient, et les uns aux autres. Les mains se serraient avec une puissance apte à détruire de la roche. Le stress les habitait tous. Seul Dieu savait qui allait survivre à ce premier impact avec le mal sur Terre.
Et ce fut le choc. L’une des petites fenêtres ne put tenir le coup. Elle fut propulsée vers l’un des matelots, et le bruit de fissure de son crâne ne put que donner un sentiment de dégoût intense à ceux qui avaient navigués les dernières semaines à ses côtés. Un canon fut détaché, et roula en arrière, heurtant plusieurs matelots au passage. Des flammes entrèrent par la seule ouverture qui n’avait pas tenu. Le fier La Salée, marin qui avait surveillé les alentours du bateau en cette ennuyante nuit, fut carbonisé au visage et se mit à courir dans tous les sens, pauvres diables dont les souffrances intenses ne laissaient aucun doute sur son sort. Le Georges Duroy pencha vers la gauche, et les moins bien cramponnés furent envoyés contre le mur. Edouard aurait pu faire partie des blessés si Jonathan ne l’avait pas choppé par l’épaule, lui qui avait une main sur l’un des maigres piliers de bois qui servaient à accrocher les hamacs. Mais le vaisseau se remit bientôt droit, après avoir tangué quelques secondes de plus. Et les pauvres hommes se relevèrent péniblement, et reprirent leurs esprits avec autant de difficulté.
”Règle numéro deux du capitaine, fiston… Toujours faire confiance à son vaisseau... Allez ! Je veux trois personnes pour s’occuper des blessés ! Tous les autres, de retour sur le pont ! Faut qu’on lui montre la furie de la marine française lorsqu’on l’attaque avec si peu d’honneur !!”
Un moment de faiblesse qui se fit jeter par dessus bord tel un vulgaire cadavre ennemi. Rugissant, possédé par une nouvelle énergie dont la provenance était inconnue, le capitaine redevenait l’âme du Georges Duroy durant ses heures les plus sombres. La flamme qui semblait l’entourait brillait dans les yeux de ses hommes. Non content de les éclairer dans l’obscurité qui obstruait leurs réflexions et leur courage, il était la lanterne qui allait les sortir des abysses, ou bien leur accorder une descente des moins douloureuses vers les profondeurs. Mais trêve de sombres rêves tels ceux-là. Il était temps de remonter sur le pont. Et Jonathan prit l’escalier le premier, accompagné des matelots revigorés d’énergie. Personne n’allait se noyer, aujourd’hui. On rentrera au bercail, ou bien on sera déjà mort avant de couler !
Le sol était bien noirci, mais pourtant intact. Les voiles étaient consumées par les flammes, mais il y en avait d’autres, de rechange. Les cordes étaient détachées, tranchées par le feu, mais certaines pourtant restaient accrochées au mât, donnant l’illusion de lianes dans la jungle de planches qu’était la forteresse de l’Océan Atlantique. Le bateau n’avait pas vogué sur sa dernière vague. Mais en dehors du vaisseau, tout semblait calme. Silencieux. Bien trop au goût du capitaine, qui sortit de son fourreau sa fine rapière, avant d’être recopié par ses compatriotes. Quelques flammèches encore présentes de bâbord à tribord se laissaient disparaître au vent, et leurs craquements étaient la seule chose qui troublait le calme bercé par les vagues et la légère bise. Il faisait beau. C’était une belle journée pour mourir.
La lame de Jonathan s’était trempée dans le sang de ses ennemis plus que son détenteur dans des compagnes de lieux mal famés. La Dent de la Mer s’était distinguée par sa volonté de ne pas se briser. Elle semblait pouvoir parer n’importe quel coup. Une bien belle épée, et pourtant son forgeron risquait de voir son nom perdu dans l’histoire. Splendide, réfléchissant la lumière du soleil, elle pouvait paraître pour un étendard une fois pointée vers le ciel. Le capitaine lui dût son salut de multiples fois, et en échange créa la légende de l’arme qui tranchait dans la chair comme dans l’écume et perçait l’os comme s’il n’était que de l’eau. Ses yeux se posèrent doucement sur le magnifique métal. Le pauvre rouillerait-il au fond de la mer sur laquelle elle fit couler tellement d’hémoglobine ? Si c’était là son dernier combat, alors il valait mieux lui faire honneur. Un instant de songe qui fut interrompu par la première victime du camp adverse : un homme aux yeux globuleux, et aux dents pointues tel un requin. Sa jugulaire fut touchée, et son sang peu frais coula sur le plancher.
”Allons, ce n’est pas un requin. Ces derniers sont bien trop nobles pour nous agresser sur nos légitimes navires... Allez ! Pas de quartier pour ces morues ! La mort mérite d’être vécue !!”
Un oxymore qui fit cri de guerre face aux multiples cadavres vivants qui semblaient avoir surgi de l’enfer aquatique placésous les pieds des loups de mer. La Dent de la Mer se plongea dans un oeil, et l’embrochetta dans le cerveau derrière, avant de lancer le nouvellement cadavre vers un de ses compagnons. Pas une vision de leur chef. Une veine fut percée et gicla sur le bois. Où était-il ? Un nez fut écrasé par un pommeau, provoquant à son détenteur un hurlement de douleur, seul dialogue possible de la mort d’un dégénéré mental comme l’être cauchemardesque était. Les ennemis avaient surgi presque immédiatement, sautant depuis la coque pour arriver sur le pont, encore trempés de l’eau qui les avait accueilli. Un estomac fut perforé, et laissa s’éparpiller son contenu sur les bottes du capitaine. L’équipage semblait faire de son mieux, mais pour combien de temps ? Des intestins sortirent pour s'emmêler avec les jambes de leur hôte, permettant au résultat de leur digestion en pause depuis des années de tacher les vêtements de ceux qui se battaient pour leur survie. Mais… Ils semblaient… pas de doute ! C’était les victimes de l’autre soirée ! Un corsaire dont les vêtements déchirés par les coups portait bien l’insigne ottomane de leur précédente bataille. Mais un autre avait la figure d’un manoeuvre d’un navire anglais s’étant échoué il y a quelques années dans ces mêmes eaux.
” Bonnes nouvelles, mes enfants !! Ce sont des morts-vivants ! Et s’ils sont morts, c’est qu’ils se sont déjà pris une raclée !”
Et les mots du capitaine, face à la situation fantastique qu’ils décrivaient, enflammèrent les guerriers qui redoublèrent d’ardeur, et les sabres et les couteaux taillèrent bien plus dans ce qui semblait, comparé à leur talent, être du menu fretin. Jonathan regarda soudainement autour de lui. Où était Edouard ? Là ! Entouré de plusieurs ennemis à la fois ! La main du capitaine s'agrippa à l’une des cordes qui pendait, et il se mit à courir, avant de sauter. Ainsi put-il rejoindre le garçon en un rien de temps, annonçant son arrivée à ses côtés par un double coup de pied dans l’épaule d’un de ses adversaires, et en entaillant un autre en plein dans son entrejambe, avant de finir le premier par un écrasement du cou à l’aide de sa botte. Voyant un troisième arriver vers lui, il fit un pas de côté avant de frapper une caisse du talon, pour l’envoyer vers l’ennemi et ainsi le faire trébucher. Bondissant, le détenteur de la Dent de la Mer plongea sa fine lame dans le crâne de l’ancien ottoman dont le corps était rongé par les poissons.
”Règle numéro trois : user de tout ce que ton vaisseau t’offre !”
Avait-il hurlé, alors qu’un de ses opposants se faufilait dans son dos. Brandissant un couteau de boucher, il allait le fourrer entre les omoplates du chef du Georges Duroy. Sa cervelle, ainsi que son crâne, vola soudainement en éclat tandis que sa cible se retournait, pour voir son potentiel assassin tituber vers l’arrière, avant de tomber par dessus bord. Avec un sourire niais dans sa barbe, il continua son enseignement, avant de regarder son sauveteur.
”Règle numéro quatre : faire confiance à son équipage ! Merci, Lou !”
Le marin qui venait de le protéger lui fit un salut de la tête, son pistolet à silex toujours fumant du tir qui tua un mort-vivant satisfait des attaques en traître. La main de Jonathan s’agrippa à l’épaule d’Edouard, afin de lui montrer la direction de leurs percées. Ils allaient progresser vers l’avant du vaisseau. De leurs deux lames, ils se protégèrent. De leurs deux rapières, ils tranchèrent. Des leurs armes à feu sortirent des balles qui firent mouche à chaque fois. Les peau molles, muscles faibles, et airs ahuris de leurs ennemis ne pouvaient faire doute sur leur faiblesse corporelle. Le Messie du Mal pouvait-il ramener les morts à la vie comme le faisait le véritable envoyé de Dieu face à Lazare ? Là n’était pas la question, pour le moment. Il fallait réussir à combattre. Il fallait réussir à s’en sortir. Dans les yeux du capitaine s’étaient éveillées une éclaircie dans l’obscurité de la situation. Une lumière que l’on pourrait croire immortelle. Bientôt, ils atteignirent la proue. Il y avait une splendide vue sur le reste du combats. Les corps étaient à leurs pieds. Le souffle du combattant en chef était fort. Il était lourd. Sa bave semblait visqueuse et collante entre ses joues. Sa transpiration dégoulinait sur sa barbe. Combien d’adversaires pouvaient-ils ajouter à leur liste ? Edouard devait en avoir plus que lui, c’est sûr. Jonathan posa sa main sur l’épaule de son protégé, reprenant son souffle un instant. La bataille allait en leur faveur. Leurs pertes étaient maigres. Serait-ce un miracle ? Le capitaine ravala sa salive, avant de prononcer ses mots.
”Joli numéro… Fiou !... Ecoute… règle numéro cinq du ca… du capitaine...”
Mais il ne put terminer sa phrase. Une ombre cacha le soleil et passa par dessus le pont lentement, avec une grâce ridicule et qui pourtant entraînait le regard. Et dans la tête du fier capitaine du Georges Duroy, marié à deux occasions, père de trois enfants, protestant de quarante ans, soldat de sa majesté le roi de france, et détenteur de la Dent de la Mer, s’était logé une claymore qui lui traversa le crâne. Son souffle fut coupé. Ses yeux se rivèrent vers le ciel. Et dans le silence provoqué par la perte du symbole de vie et de résistance des marins, il s’écroula. Sa rapière était tombée par terre, devant son protégé Edouard qui pouvait voir, debout sur la pointe de la proue, un bien étrange personnage. Sa cape écarlate semblait sèche malgré le séjour dans l’eau qu’il avait fait, et volait au vent en toute impudence. Les bras croisés, il se retourna, et sous son nez pointu se dressa un affreux rictus, qui s’accordait avec les yeux demi-clos de son détenteur pour donner un visage moqueur et amusé de la situation.
”Vous savez… C’est vous qui avez attaqué les premiers..."
Edouard le Bel-Ami
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Sujet: Re: Mausolée Sous-Marin Mer 4 Juil 2018 - 4:54
La panique s'était emparée de l'équipage du Georges Duroy... Tout le monde courait dans tous les sens, sonnant l'alerte, s'armant de ce qu'ils avaient à porter de main ! Quant au capitaine et son jeune matelot, il était resté sur le mât, scrutant la forme suspecte qui se dirigeait tout droit vers le bateau marin de la Marine Française ! Pendant que tout le monde était affolé, Edouard quant à lui, était tout simplement curieux au sujet de ce que Jonathan appelait le "Messie du Mal". Le fils de marin venait d'apprendre que c'était un être envoyé par Dieu afin de corrigé les actes des Humains, pour les remettre dans le droit chemin.
"Et vous croyez vraiment à ces histoires, Capitaine ? Personnellement, je trouve cette histoire de Messie du Mal assez grosse..."
Tous deux regagnèrent le pont, laissant le mât esseulé. Bel-Ami se tenait dernière son chef, observant ses compères se rassembler dans un brouhaha pénible, mais compréhensible. Les Moussaillons à qui on avait assigné toutes sortes de tâches ménagères abandonnèrent ce qu'ils étaient en train de faire avant de rejoindre les autres sur le pont principal. Le prodige observait les marins, ce moment d'entraide et de solidarité, mêlé à un sentiment de panique couplé d'une ascension d'adrénaline, n'était pas quelque chose de banal, que l'on voyait tous les jours. Il avait aussi une grande admiration pour son capitaine, c'était quelqu'un qu'il appréciait. Non seulement grâce à sa relation avec son équipage mais aussi par ses capacités de Capitaine. C'est pourquoi Edouard lui avoua qu'il espérait qu'il se reverrait après cette mésaventure. Cependant, ce n'était pas l'avis de son interlocuteur, qui avança que c'était sûrement leur dernier jour ensemble. Après cela, il prononça une phrase assez étrange aux yeux de Bel-Ami, il l'identifiait à un capitaine !
"Pourquoi en êtes-vous si sûr ? On va peut-être la gagner cette bataille ! M'apprendre à être capitaine ? Qu'est-ce que vous voulez dire bon sang !?"
Edouard était déstabilisé, le chef du Georges Duroy devenait défaitiste tout d'un coup, et ce n'était pas un bon signe. Sans le soutien de Jonathan, ils n'arriveront jamais à remporter la bataille qui s'annonçait sanglante... Ce dernier prit son homme par le col, les yeux soudainement illuminés. Il relâcha quelques secondes plus tard, avant de se diriger vers les canons, révélant la première leçon, lui apprenant que le canon était la meilleure arme d'un navire marin. Le jeune homme écoutait ses conseils attentivement, étant certain que cela lui servirait s'il échapperait à cet assaut. Le commandant beugla de tirer, ouvrant par cet acte un feu d'artifice grandiose si l'on ignorait le contexte de la chose. Le Messie Maléfique avançait toujours vers eux assurément, sans recevoir aucuns projectiles, étant à la fois habile et confiant. Et cela exaspérait le capitaine qui prit les choses en main, virant un de ses matelots pour prendre sa place au canon. En quelques secondes seulement, il était parvenu à viser la cible et tirer dans un laps de temps réduit. Étonnamment, cela fit mouche, le Messie bascula dans l'océan ce qui fit exploser de joie les Moussaillons qui croyaient s'être débarrassé de leur adversaire. Il n'y avait qu'un marin, sans compter Jonathan, qui continuait d'observer la scène minutieusement, pas convaincu que l'être fantomatique était décédé aussi facilement. Soudainement, comme l'avait pressenti Bel-Ami, ce n'était pas fini. Un aileron de requin émergea de l'eau, fonçant sans plus attendre vers le gigantesque navire.
Le silence régna de nouveau sur le Grand Pont, les marins étaient étonnés, d'autant plus qu'une géante vague allait s'abattre sur le Georges Duroy. Détrompez-vous, ce n'était pas une vague faite d'eau, mais une vague entièrement composée de feu ! Le Capitaine du plus grand navire au monde prit de nouveau les choses en main et ordonna à tout le monde de se mettre à l'abri. Encore une fois, le jeune homme fut empoigné par le col et dirigé vers la cave, où tout le monde était entassé. Dans ce chaos régnait une chaleur immonde, créant un surplus de sueur chez chacun des hommes. L'équipage était apeuré, ils n'avaient jamais vécu ça... Ils déglutissaient difficilement. Le navire bascula brutalement, Edouard se rattrapa donc à tout ce qui pouvait le retenir. Une vitre explosa, tuant par accident un des matelots, innocent.
"Capitaine, j'ai le pressentiment que nous allons perdre un sacré paquet d'homme aujourd'hui..."
Cette phrase porta malheur, un canon glissait sur le sol pour percuter plusieurs hommes. Les flammes passèrent par une petit faille, brûlant totalement le visage d'un manœuvre, Edouard ne donnait pas cher de son état. Le navire français pencha vers la gauche, faisant glisser tout le monde. Sans l'aide du précieux capitaine, Bel-Ami aurait subi le même sort que les autres, mais heureusement, non. Le conseillé du jeune matelot lui apprit que la deuxième règle d'or était de faire confiance à son bateau. Bref, il ordonna ensuite à trois de ses hommes de s'occuper de la partie médicale et donc des blessés ! Les autres devaient remonter sur le pont croiser le fer, redondant les valeurs de la marine française. Edouard brandit son épée, et suivait l'espoir du Georges Duroy, Jonathan, comme la plupart des marins restants. Le navire était ravagé, ou presque... Les voiles étaient consumées et les cordes segmentées par les flammes. Néanmoins, le sol n'était pas abîmé, seulement noirci par le flot de flammes.
C'est donc une épée dans une main et un pistolet dans l'autre qu'Edouard se présenta face aux individus. Des êtres aux yeux qui ressortaient, globuleux et les dents aussi acérées que celles d'un requin. Jonathan encouragea ses troupes et leur dit qu'il n'y avait pas de quartier pour ces créatures néfastes. Suite à ces encouragements de la part du capitaine, des rugissements de haine et de détermination retentirent. Edouard était bercé au bruit des lames et des coups de feu, qui résonnaient lentement à l'intérieur de sa tête. Le premier adversaire qui rencontra le futur pirate se vit vider de ses entrailles d'un coup sec d'épée. Le suivant se retrouva sans tête, celle-ci roulait sur le sol, sans vie. Il s'occupa de ses opposants de cette manière durant plusieurs minutes, parfois même contre deux de ces créatures. Les marins apprirent par le biais de leur capitaine, que c'était des morts-vivants. Il motiva ses troupes en disant que s'ils étaient morts, c'est qu'ils avaient pris une sacrée raclée. Au moment où le commandant finissait sa phrase, le prodige se vit encerclé de cinq scélérats. Alors qu'il se croyait perdu, un miracle tombé du ciel le sauva : Jonathan. S'aidant des cordes encore attachées pour rejoindre son matelot favori, il expédia quatre des cinq ennemis dans l'au-delà, avec un enchaînement assez complexe. Cependant, un de ses salops s'étaient faufilé dans son dos, manquant d'achever le capitaine du Georges Duroy, mais heureusement pour lui et son équipage, un marin dénommé Lou se débarrassa de son parasite. Le français énonça donc deux règles à la suite : user de ce que ton bateau offre et faire confiance à son équipage. Pour le premier, Edouard n'y aurait pas penser comme cela mais le deuxième était plutôt logique.
"Merci pour votre aide et vos nouveaux conseils !"
La tête du groupe réorienta son jeune matelot vers l'avant du navire, c'est là qu'ils devraient aller, désormais. Les deux hommes prirent donc la direction de la proue avant. C'était littéralement la traversée de l'enfer. À eux deux, ils terrassèrent une dizaine de morts-vivants, s'entraidant, se protégeant et usèrent de leurs flingues pour éclater ce qu'il restait des cervelles de ces charognards !
Peu de temps après, ils atteignirent enfin la proue du bateau dont ils avaient une excellente vue sur le restant de la bataille. Bel-Ami n'avait pas compté toutes les victimes qu'il avait tué, mais elles étaient nombreuses. Alors que d'un autre côté, l'équipage du Georges Duroy n'avait pas perdu énormément d'hommes ! Et ça, c'était une excellente nouvelle. Le compétent capitaine débuta une phrase qu'il ne pût finir, une ombre cachait soudainement la si belle lumière du soleil, et vint planter dans le crâne du marin expérimenté, une claymore. Son corps s'affaissa, ses muscles se relâchèrent, ses yeux se révulsèrent et devinrent vitreux... L'expression d'Edouard se métamorphosa, passant de la fierté et de la satisfaction, à une expression apeurée et choquée. Retenant le corps de son capitaine dans ses bras, il murmura :
"Capitaine... Vous pouvez compter sur moi pour vous succéder et tuer celui qui vous a assassiné lâchement !"
Il reposa le corps sur le sol, délicatement avec une pointe de tristesse. Néanmoins, cet événement créa un sentiment de rage et une envie de vengeance en Edouard, qui releva la tête vers l'étrange être, debout sur la proue, le regard dur. Il rangea son pistolet, sachant que dans ce genre d'affrontement, il ne lui serait d'aucune utilité. Avant de régler le compte du mystérieux inconnu qui avait osé assassiner le capitaine du plus grand navire européen français, il s'avança vers ses hommes, un peu en hauteur, de sorte à ce que tout le monde le voit.
"Membres de l'équipage du Georges Duroy ! Un individu vient d'assassiner Jonathan de Néptitie ! Je vais m'occuper de venger notre capitaine... Mais en attendant, vous, vous vous chargerez de réduire à néant ces saletés de morts-vivants ! C'est ce qu'aurait voulu le Capitaine, camarade ! Pour Jonathan !!"
Tournant les talons, revenant auprès de l'homme masqué, qui daigna enfin ouvrir la bouche. Il précisa que c'était eux, les marins, qui avaient attaqué les premiers, mais quelles sottises disait-il ?! Les marins au service de la Royauté Française avaient été attaqués par surprise et ils n'avaient rien fait pour attirer les foudres soudaines de ces individus ! Edouard était perdu, il avait son épée en main et hésitait à débuter l'affrontement, mais cette dernière phrase l'intrigua...
"Que veux-tu ? D'après toi, on l'aurait cherché ? Et comment ? En naviguant sur ces mers c'est ça ? Ah ah ah. Tu aurais pu trouver une autre excuse pour te justifier franchement..."
Trêve de discussion ! L'heure était à la vengeance ! Cet homme allait payer pour ce qu'il avait fais, en tout cas, Bel-Ami allait s'en donner tous les moyens. Il courut et sauta vers Légion, l'épée pointée vers l'avant. Une fois à la distance d'un bras, il tenta de lacérer le spectre, partant du haut de l'épaule droite jusqu'à la cuisse gauche. Avant de ramener la pointe de l'épée au niveau de l'abdomen de son adversaire, avant de le transpercer. Il agrippa ensuite ses épaules et le jeta sur le pont, afin de se mêler à la foule. Ayant prit la place de Légion sur la proue, il le rejoignit sur le pont d'un salto avant et retomba à quelques mètres de son opposant. Deux êtres morts-vivants en profitèrent pour l'attaquer, les deux étaient positionnés derrière lui. Le nouveau capitaine du Georges Duroy le reçut avec un vif coup de coude dans le nez, ce qui assoma la charogne. Il tournoya sur lui-même pour se retrouver face au deuxième assaillant et lui trancher aussi rapidement la gorge. Il était épris de colère, seule la rage le guidait. Dans un grognement, il marcha vers l'assassin.
"Qui êtes-vous exactement ?! Un bâtard capable de réanimer les morts et tuer lâchement de grands guerriers ?!"
Il le releva par le col et balança son poing droit dans le visage du spectre, par pure rancune. Faisant basculer son corps d'un coup de pied dans la poitrine, Légion glissa sur quelques mètres. Edouard prit en main son pistolet, le pointa vers le crâne de son adversaire, la main tremblant à cause de la colère qui l'animait. Il le regarda droit dans les yeux, glissa son index vers la gâchette et...
PAN !
Le coup était partit, de la fumée s'échappait de la faille du pistolet, le capitaine avait toujours le bras droit, était-il mort ?..
Légion
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Sujet: Re: Mausolée Sous-Marin Mar 10 Juil 2018 - 14:14
C’était reparti pour un tour. Un autre vengeur de son prochain. Venait-il de mettre un terme à une relation amoureuse ? Ou bien n’était-ce qu’une forte amitié ? Beaucoup de théories qui ne mèneraient à rien. Les humains étaient bien étranges. Qu’y avait-il donc en ce vieux barbu pour maintenir derrière lui un si grand équipage ? Ces derniers auraient pu l’éjecter et récupérer les outils, avant de piller les navires qui passaient par ici. Ils disposaient d’un puissant vaisseau, et d’un savoir-faire dans l’art du combat qui était magistral. Pourquoi donc s’en tenir à obéir à un homme en jupe et talons hauts, et son bras droit âgé qui faisait capitaine ? Qu’avait-ils donc pour justifier son autorité ? Une bonne tête ? Une morale à deux balles ? Des tactiques hors pair de manipulation des esprits afin d’obtenir ce qu’il souhaitait ? En ce temps et jour il ne fallait qu’avoir le plus grand nombre d’acolytes pour atteindre ce que l’on souhaitait, qu’ils s’empilent comme cadavres ou qu’ils construisent les échelles amenant aux cieux et aux rêves les plus fous.
Les corps qui s’écrasent les uns contre les autres. De là provenait l’univers. Les planètes furent formées par la mort des monstres. La force qui les liait ensemble comme sol et terre des différentes planètes était bien éloignée de ce que les hommes appelait “gravitation”. Elle s’apparentait davantage à… une volonté de recycler… Oui, l’envie de réutiliser les carcasses des premiers habitants de l’univers pour permettre à la vision du tout-puissant de prendre place. Et quand ses douces créatures conçues à son image viendraient à considérer offrir la mort à leurs voisins, alors l’infinissement clément les poussera à ne pas s’entre-occir, ignorant la première vie qu’il avait massacré pour bâtir ses fondements. Une hypocrisie répugnante. Mais s’Il ne l’était pas, avec la puissance de son I majuscule, alors comment l’humain à son image pourrait-il faire preuve d’autant de bigotisme ? Cette transformation de la vie en poussière qui nourrissait les prochaines plantes provenait toujours de la genèse par la destruction. Avant la création devait provenir la mort... ? Pourquoi y aurait-il besoin de tout briser dans cet univers pourtant infini ? L’espace ne manquait pas. Et pourtant, il suffisait du plus ridicule des êtres mystiques pour que s’affirme un pharisaïsme des plus dominants, destiné à maîtriser la population par la carotte et le bâton. Par le paradis et l’enfer. Et existaient-ils véritablement ?
Ce n’était pas le genre de questions à se poser lors d’une promenade sur l’eau, en particulier lorsqu’elle durait trois semaines. Les jambes de l’anti-vie ne souffraient cependant pas de fatigue. Mais, il semblait qu’il allait peut-être pouvoir se changer un peu les idées. Un navire, à peu près aussi impressionnant qu’une épingle à cheveux, et aussi gros qu’une reine anglaise, voguait vers la terre qui n’était plus qu’à quelques jours de traversée. Qu’y avait-il à l’intérieur ? Une bonne brochette de pourritures contrôlées par un zèle ridicule et par un homme de haute noblesse, probablement. Peut-être quelques poudrières et boules de pétanque de mauvaise taille dont le cochonnet était des flottes ennemis. Deux formes quittaient le plus haut mât de la barque, et les crocs de l’ombre illuminèrent dans un infâme sourire le bleu de la mer quand le premier boulet vint glisser à côté de son oreille pour offrir un sifflement difficilement supportable pour le commun des mortels, mais qui ne semblait pas le titiller. Les projectiles fusaient à droite et à gauche avant de s’éclater dans la mer. Marchant légèrement, dansant même sur son nouveau terrain de jeu aquatique, il esquivait ridiculement chacune des sphères de pierre et de fer. Il ne pouvait pas dire être le créateur de cette escarmouche s’il n’était pas le premier à avoir lancé les hostilités. D’une certaine manière, c’était cet équipage qui avait déclenché la guerre. Ils allaient juste en payer le prix.
Enfin, ce fut le choc. Une boule titanesque et de vitesse phénoménale vint s’écraser dans son torse, et le monstre tomba à la renverse, observant son sang sortant de sa bouche se diluer dans l’eau. Son sourire ne l’avait pas quitté. Qu’est-ce qui venait de se broyer dans sa poitrine ? Ses poumons, probablement. Ils devaient être écrasés comme des rats morts sous les talons des inquisiteurs. Son coeur devait être tout aussi annihilé que le reste de ses appareils respiratoires. Perforé comme le crâne d’une vache destinée à être dévorée par ses maîtres après dix ans de production de lait. Certains de ses os ressortaient de son corps malgré la protection que lui offrait son armure. Les yeux ouverts dans l’océan, il regardait la bouillie du cadavre qu’il faisait déambuler à l’aide de son cerveau et de ses nerfs. Les bulles d’air remontaient à la surface entre ses fanons alors que le poids massif le traînait vers le fond de l’eau. Ce fut alors que sa main fut happée par l’une de ces créatures terrifiantes et gigantesques des mers. Un requin, probablement attiré par l’hémoglobine, venait de l’attrapper de ses puissantes machoîres. Malheur lui en prit, car ses yeux devinrent plus rouges que le fluide qui coulait dans sa gorge, et son esprit d’animal simplet ne fut habité que par la première dévotion qu’il aura. Tel un cavalier, l’amalgame se posa sur la bête marine et carnivore afin de reprendre son avancée vers sa cible.
Son casque, tel l’aileron de sa monture, ressortit légèrement à la surface, et d’un frottement dans l’air sortit une étincelle. Cette étincelle devint flammèche, puis flamme, puis feu. Bientôt un énorme incendie sembla poursuivre la petite pointe qui dépassait de la mer. Et il prenait toujours et encore de la taille. Un enfer sur terre, énorme raz-de-marée brûlant. Une gigantesque vague meurtrière, qui bientôt s'abattit sur la cible. La barque tanga, d’un côté puis de l’autre, chamboulée par l’attaque qu’elle venait de recevoir. Et à l’intérieur résonnaient les cris des victimes. Douce musique pour les oreilles qui paraissaient hors de l’étendue aquatique, et qui bientôt plongèrent à nouveau.
Certains disaient que la vie est plus belle sous l’océan. Elle était en tout cas plus dangereuse, car un corps brûlé put tomber depuis l’une des fentes de la coque. Ses mouvements erratiques trahissaient la vie encore présente à l’intérieur de sa chair. Le destrier du cavalier sous-marin n’en fit qu’une bouchée, et les abysses étouffèrent ses cris. Les bras ensanglantés se levèrent alors, et les morts dans la vase firent de même. Des yeux brillants apparurent au fond du gouffre rempli d’eau, et leurs possesseurs nagèrent vers le bois qui flottait sur la mer. La faim les tiraillait. Pas celle de viande, quand bien même ils en raffoleraient. Le désir de vengeance emplissait leurs poumons, mélangé à l’eau et au sang du maléfique messie. De l’eau du Styx remontaient les cadavres, et pas même Charon ne pourrait les arrêter.
Combien de temps resta-t-il alors, inerte, laissant son esprit voyager avec la vie qui sortait de ses veines et de ses artères ? Ses yeux ouverts observaient le soleil trouble de la surface, alors qu’il pleuvait à nouveau des hommes. Un alléluia pour le monde des morts. Les noyés d’antan tout comme les marins attaqués s’écrasaient dans l’océan pour nourrir les requins comme les poissons. Mais soudainement, comme rempli d’une nouvelle énergie, l’être au casque pointu fit son ascension. Sa cape devint comme ses ailes, et son corps se dégagea de l’eau. Faisant éclipse au soleil derrière lui, il resta un instant dans les airs, à profiter de cette nouvelle chaleur qui contrastait la fraîcheur marine. Ou bien cela n’était qu’une impression ? Il fondit alors sur le pont, tel un busard, et fit apparaître sa griffe : une gigantesque épée, une claymore qui pouvait trancher par son poids dans le plus lourd et le plus résistant des métaux. Et cette dernière se logea dans le crâne d’un vieil homme qui n’aurait jamais dû prendre part à cette immense bataille et cette rocambolesque traversée.
Rapide comme un aigle, gracieux comme un cygne, et sombre comme un vautour, il posa ses serres sur la proue, laissant le rouge de son attirail voler au vent. Ses mains ne semblaient plus ensanglantées, et son visage blanc laissait le rouge de ses yeux traverser l’horizon. Il semblait éthéré, seul sur la pointe du bateau, en parfait équilibre malgré les mouvements de la frégate et le peu de largeur de sa plateforme. Il semblait majestueux, ainsi. Son regard croisa alors celui d’un matelot qui ne pouvait cacher sa terreur suivie de sa haine. Et cela le fit sourire, tel un gamin coquin ayant fait une petite bêtise. Un rictus qui pouvait énerver le plus calme des sages, laissant les crocs de la hyène à découvert face au ciel. Après que le jeune garçon ait répondu à la première réplique de l’abomination humanoïde, ce dernier ne put s’empêcher de siffler venimeusement à nouveau.
”Je ne connais que peu de personnes qui ne souhaiteraient se défendre après avoir reçu cela dans le torse. Fort heureusement, je reste capable d’appliquer ma catharsis, malgré l’écrasement de mes organes...”
Et il sortit de son torse l’énorme boulet, toujours ensanglanté, mais impeccablement sec. Il laissa ses jambes se plier à nouveau, pour rebondir dans les airs, atterrissant sur le pont, sa cape retombant doucement derrière lui tel les flammes qui poursuivent le phénix. La boule de métal et de pierre, qu’il portait d’une main, alla remplacer le crâne de l’un des malheureux ennemis qui l’entouraient, après un doux lancer de la part du mal en personne. Les mains relevées tel un fin cuistot, ou bien un délicat majordome, il inspecta les environs. La bataille autour de lui faisait rage. Se tournant à droite, puis à gauche, il put observer le vengeur lui sauter dessus, lacérant avec beaucoup de hargne son corps, laissant un tracé diagonal sur son vêtement de cuir et un peu de rouge, de ci de là, sur cette ligne crée par la rapière. Un léger soupir s’échappa de ses dents.
”Ecoute, petit. Une rapière, c’est pas pour tailler. C’est pour transpercer.”
Sa parole fut coupée quand son conseil fut appliqué. La longue épée s’était logée entre quelques intestins, et le léger couinement de douleur de la victime fut stoppé par la morsure de ses lèvres inférieures par sa dentition du haut. La pointe traversait entièrement son corps, couvert d’un sang rouge, et trouant la cape. La tête de l’embroché fut secouée de droite à gauche afin de retrouver ses esprits. Son regard était toujours fin, et son visage se pencha sur le côté, d’un air amical.
”Tu vois ? Cela fait davantage d’effet. Simple et efficace. En plus...”
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase, étant pris par le haut du corps pour être jeté bien plus profond dans la bataille, sans lui retirer l’épée. Ou bien le manque de sang empêchait à l’être vil de réfléchir correctement. Balancé comme une serpillère humide vers le centre du navir, il s’éclata avec tout autant de grâce qu’une éponge et laissa s’éparpiller son énergie vitale sur le parquet. Bon Dieu… Quelques préliminaires auraient été appréciables avant de se jeter directement dans les pénétrations… Se haussant sur les coudes tout en laissant sa tête se faire retenir par son cou, il observait d’un air hagard le déroulement des combats, son opposant se débarrassant de deux sbires absolument minables. Sa nuque contre son épaule, il voyait s’approcher ce jeune homme qui était à croquer quand il était en colère. Son nez pointu toujours posé au-dessus de son affreux rictus, il pouvait finement laisser dégouliner sa moquerie. Son casque était tombé, roulant sur le pont, et ses yeux tirailleurs tenaient tête à celui qui n’avait qu’un désir de mort envers sa personne.
”Oh… ‘Bâtard’... Tout de suite les grands mots. Je suis fils tout à fait légitime, tu sais ?”
Il se prit une frappe spectaculaire, qui lui fit se déplacer deux molaires à l’intérieur de sa bouche. Pas de panique, elles se remettraient en place bien assez tôt. Ce qui sortit de ses lèvres, en revanche, fut un couinement glacial, ainsi qu’un filet de sang. Il releva la tête, souriant de plus belle à son attaquant. Une pointe de lumière s’était immiscée dans ses prunelles, alors que son souffle se faisait plus rauque et plus audible. Il désirait ce genre de chose. Qu’on lui résiste un peu. Une bonne agressivité de la part de l’adversaire. Oh oui !... C’était bien, quand ça se passait comme ça. Ses bras tremblants le firent se relever, légèrement, doucement, pour ne pas l’effrayer. Il se positionnait comme il fallait. Il était prêt à recevoir. Un coup de pied des plus exquis lui arriva dans l’estomac, le délogeant avec délice de sa place habituelle. Une sensation de douleur extrême et de dégoût lui envahit le torse, accompagnés de vomissements. Un voyage mental des plus étranges et des plus simples… et qui pourtant ne semblait pas si mal. Un rire s’échappa de ses gencives, résonnant sur le vaisseau, capable de faucher l’ardeur et le courage des marins comme le blé durant la récolte. Un ricanement léger qui devint rapidement insupportable pour les marins. Puis il devint un caquètement, puis une aberration sonore, tant et si bien que le corps du monstre, toujours au sol, se tordait à cause de la douleur mais aussi des esclaffements qui sortaient de la gueule de la hyène.
Mais ce doux personnage qui pourtant tremblait de haine et de rage et qui le voyait se tordre la poire si douloureusement, il n’en avait pas terminé. Et cela était tellement revigorant. Ses gloussements se turent lentement alors que l’embout se positionna devant son oeil. Quelques spasmes le faisaient encore bouger, un rire silencieux que l’on pouvait tout aussi bien entendre que le précédent. Dans les yeux de l’abîme se concentra le regard d’Edouard. Beau garçon. Peut-être un peu sérieux pour son âge. Oui, il semblait faire vieux. Mais… terriblement bon combattant. Un corps grand, et costaud. Typique d’un grand guerrier. Peut-être pouvait-il cependant profiter d’un bain ? Bof… Attendre un semblant d’hygiène de la part d’un de ces personnages voguant sur la mer était peut-être trop demander. Des sauvages, en grande partie. La poudre lui déchira le tissu du globe oculaire, avant de laisser le projectile perforer le reste du crâne. Détruisant ce qui se dressait sur son chemin, elle transperça la matière grise, coupant les nerf, et broya l’os qui se trouvait derrière. La peau brûla de la déflagration d’un tir à bout portant, et les cils comme le sourcil gauche en souffrirent de même. Une petite mèche de cheveux fut également victime de la flamme. Le sang fut projeté aux alentours, allant sur le visage d’Edouard, tout comme celui de son ennemi, et s’éparpilla sur le bois et les cordes.
Peut-être que le protégé du capitaine avait observé ses alentours. Il pouvait y voir un spectacle à faire pâlir le plus courageux. Ses compagnons de voyage, les hommes de Jonathan de Néptitie, tombaient comme des mouches, malgré le zèle que le protégé du capitaine tentait de garder en place. Les morts se tournèrent vers lui. Ils étaient satisfaits de leur victoire et de leurs prisonniers, mais également des cadavres qu’ils allaient emporter dans leur tombe aquatique, un véritable mausolée sous-marin. Ils rièrent, ensemble, à l’unisson. Cela commença par le ricanement de deux des abominables assassins. Puis ils furent rejoints par une poignée d’autres, et au final, un concert de railleries pouvait être entendu à des lieux du massacre. Une hilarité générale qui continua alors qu’une ombre se dressait derrière Edouard.
Une fois face à lui, peut-être fut-il paralysé en voyant l’être à présent borgne lever la main vers lui. La tendre vers son visage. Peut-être pour le griffer ? Le gifler ? Ou pire ? Quel châtiment pervers pouvait sortir de son horrible main gauche ? Quelle torture abominable allait se déverser sur le pauvre et appétissant jeune homme ? Les doigts du monstre fendirent l’air et touchèrent le bout du nez de son adversaire. Il lui toucha alors deux-trois fois le visage, avant de faire deux pas en arrière, plissant son oeil encore intact. Il tourna la tête, et cracha la balle dans l’un des hommes plaqué au sol par ses sbires. Cette dernière lui traversa la nuque et fit un mort de plus, attristant celui qui était fort fier d’en avoir attrapé un vivant. Il leva alors son pouce en l’air, et le fixa de même, pendant quelques secondes.
”Il est vrai que la perte de relief est fortement embarrassante. Mais je devais en être sûr...”
Il agita ses doigts d’avant en arrière, toujours levé. Il semblait que la destruction d’une partie de sa tête n’ait eu autant d’effet qu’une dague sur un plastron de fer. Le soleil éclairait l’intérieur de sa cervelle et les bout de chairs qui se décrochaient encore, en retard, pour glisser des parois et tomber sur le sol. Les dents pointues de l’abomination s’écartèrent pour laisser sortir une longue langue visqueuse, qui alla se frotter contre la blessure, et pénétrer dans la cavité structurellement rebondissante. L’oeil encore intact du monstre était à demi-clos alors qu’il profitait du goût salé et juteux de la viande avec un soupçon d’épice explosive. C’était comme du curry. La lécheuse revint alors à son point initial, rentrant avec une rapidité incroyable dans la bouche du messie du mal, et son geste se termina par un claquement de gorge suivi d’un soupir de satisfaction. Sa tête se pencha vers l’arrière, laissant ses cheveux ensanglantés chatouiller sa nuque. Son regard se posa sur son adversaire, puis sur les morts, puis à nouveau sur le garçon.
”Allons… Ne sois pas terrifié par la résurrection. Quand Jésus le fait, c’est un miracle. Pourquoi ma façon à moi est-elle si effrayante ?”
Il se mit à déambuler devant les prisonniers. Ces derniers avaient les genoux au sol et des dagues sous le cou. Le monstre les dévisagea sans tenir compte de quelconque dignité qu’ils puissent avoir. Son doigt droit se posa contre sa tempe, appuyant de temps à autres. Ils n’étaient que des objets, après tout. Des lames engagées par un homme pour défendre un cargo. Des animaux de charrue qui apportaient des marchandises d’un endroit à un autre. Des pantins pour des intérêts qui n’étaient pas les leurs. Le croissant qui constituait le sourire du diable sur terre devint rapidement un simple demi-cercle alors que son désappointement face à ce que lui offrait paraissait aux yeux de tous. Il croisa les bras.
”Des centaines de matelots et pas une seule demoiselle… Triste vision. Mais… Je n’en attendais pas moins de brutes dans votre genre.”
Il se retourna, et le virevoltement de sa cape gifla un des compagnons de voyage d’Edouard. Son oeil se posa sur ce dernier, puis sur le capitaine du vaisseau. Il entama alors une marche solennelle vers le cadavre et se plaça derrière, afin de faire à nouveau face au garçon qui l’avait si magnifiquement frappé.
”Tu éprouves beaucoup de respect pour cet homme, n’est-ce pas ?”
Ses bras se jetèrent sur l’homme dont la tête transpercée n’était plus hôte d’une épée. Il ne restait qu’une fente dans son front. La claymore avait disparu on ne sait quand, ni comment. L’une de ses mains, la gauche, se posa sur son cou, laissant sa paume d’Adam dépasser entre les jointures de son annulaire et de son majeur. L’autre fit fondre ses doigts dans ses cheveux, posant son pouce sur sa blessure du front. Si Edouard tentait quelque chose, il viendrait à se faire maîtriser par une bonne dizaine de matelots mort-vivants d’un coup, et qui s’efforceraient de lui faire admirer le spectacle. Le monstre regardait avec douceur le mort aux yeux clos, et ce fut alors qu’il semblait se métamorphoser. Cela ne dura qu’une seule seconde, mais ses joues semblèrent se déchirer. Ses lèvres se retroussèrent pour laisser ses dents pousser vers l’avant. Ses yeux perdirent toute couleur pour ne laisser apparaître qu’un petit point blanc à la place de la pupille. Et il prit une bouchée du digne homme. De ses crocs il déchira son nez, et sa bouche, et ses pommettes. Il enleva à ses proches toute possibilité de le reconnaître. Ses paupières furent arrachée, et ses globes oculaires coupés en deux, crevés, laissant s’échapper leur contenu. Les canaux lacrymaux laissèrent s’échapper, par réflexe, des larmes couplées au sang qui sortaient des cavités. Il lui manquait la moitié de la tête. Mâchant les os et la viande sans les séparer, repas cru et de basse qualité, l’horreur au corps d’homme se redressa pour faire face à celui qui devait être traumatisé. Il avala, et claqua à nouveau de la gorge, savourant les arrière-goûts. Son visage était de nouveau le même. De nouveau, il avait l’apparence d’un être humain, auquel il manquait simplement un oeil.
”Si à présent, je te disais qu’il viola sa cousine, quand elle n’avait que quatorze ans, afin de la mettre enceinte pour la forcer à l’épouser. Aurais-tu toujours du respect pour lui, ou bien renierais-tu tous ses conseils ? À moins que tu préfères ne pas me croire. Tu as peut-être raison… Je ne me ferais pas confiance moi-même.”
Il laissa s’échapper un rire aigu, auquel s’ajouta celui de ses hommes de main, pourritures et cadavres ambulant, charognes à peine capable de gargouiller des grognements roques. Ils n’étaient pas les Damnés sur lesquels un spectre règnera un jour. Non, ils étaient bien pire. Des bêtes assoiffées de sang. Des enfants de l’abîme. Des esprits pervertis, hôtes des pires maux du monde. Ils étaient la horde la plus écoeurante qui ait marché sur terre. Leur chef se mit à frapper des mains dans son ricanement, laissant un filet de rouge, résultat de son dernier repas, s’échapper du coin de ses lèvres, alors que ses pieds écrasèrent à moult reprises le torse et le reste de tête de Jonathan de Neptitie. Puis il se calma, un instant, avant de reprendre la parole.
”Du vent, vermines ! Et débarrassez-moi de ces sauvages.”
Les morts s’affairèrent, retournant dans les profondeurs aquatiques en emportant leurs prisonniers, hurlant à la mort avant d’être étouffés par l’eau remplissant leurs poumons; des derniers cris qui parvenaient au monde de l’air dans de bulles. Il ne restait qu’Edouard, quelques sbires pour le maintenir incapable de foncer et de se venger, et le monstre. Ce dernier plaça sa tête près du visage du garçon, afin de profiter de son souffle chaud, brûlant grâce à la colère qui l’habitait. Il le fixa un long moment, bercé par les bruits des vagues qui s’écrasaient contre la coque. Finalement, sa voix pût s’échapper à nouveau.
”Tu sais quoi ?... Tu me plais. Oh ! Mais ne fais pas cette tête… Des semaines passées avec uniquement des hommes et de la sueur. Tu devrais être habitué à ce genre d’avances… non ?”
Il se recula bientôt, et poussa la Dent de la Mer vers le jeune garçon, avant de prendre le corps de son mentor pour le balancer contre une barrière de la proue. Les craquements d’os égayèrent ceux qui maîtrisaient le garçon. L’assassin, lui, ressortit de son torse la rapière qui appartenait à celui qui avait tant souhaité lui mettre une raclée. Il la regarda un instant. Le sang avait séché un peu, avec le temps. Cela lui faisait une lame rouge. Il souria alors en regardant à nouveau sa proie.
”Oh, mais ne t’inquiète pas pour ton petit fessier infecté par le scorbut… Ce n’est pas mon genre de demander des accolades si le deuxième parti n’est pas intéressé. Mais je peux demander bien autre chose. Un duel !”
Il tendit la rapière vers l’avant, la pointe rivée vers Edouard qui pouvait se sentir libéré alors que ses tortionnaires sautaient, eux-aussi, dans l’eau. Il pouvait prendre le temps de se relever pour éviter d’avoir les muscles endoloris par le manque d’activité, et admirer la lame légendaire du capitaine, qui allait lui servir à se défendre à présent.
”Fais preuve d’autant d’ardeur que la dernière fois, et tu vivras, avec ton bateau de pacotille ! Mais déçois-moi, et tu en paieras le prix… Car on ne me chauffe pas avec un talent incroyable pour au final me laisser tout saignant… En garde !”
Edouard le Bel-Ami
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Sujet: Re: Mausolée Sous-Marin Jeu 19 Juil 2018 - 23:12
Son corps retomba brutalement sur le sol. Des promesses avaient été lâchées par le nouveau capitaine du Georges Duroy, il allait venger son digne capitaine et exécuter sauvagement celui qui avait fait cela. La Marine Française venait de perdre sûrement le marin le plus compétent et respecté de l'histoire, le plus apprécié et le plus dur. Assassiné froidement d'une épée entre les deux omoplates. Edouard, révolté et emplit de rage intense, s'avança vers ses troupes, annonçant la mauvaise nouvelle. Il remuait ses hommes, les énervant, les dictant vers leur destinée, comme le ferait un véritable capitaine. Une autre destinée l'attendait, celle d'abattre ce chien fou, ne se doutant qu'il serait le seul rescapé au final. Il répondit donc au spectre. Bel-Ami cherchait à savoir ce que l'équipage avait commis pour obtenir un tel châtiment. Un regard vers le défunt, les yeux vides et globuleux, une rivière de sang, une bourrasque de vent balayant ses cheveux inertes. La voix râpeuse siffla de nouveau, se croyant supérieur du fait qu'il se tenait debout, en face du matelot, en pleine forme. Il sortit le boulet de son torse, arrachant en même temps des morceaux de chaire, de la peau se collait au boulet. L'immortel lança la boule de métal ancien dans le crâne d'un homme bien vivant, c'était Jack. Il dormait aux côtés d'Edouard, il était jeune et insouciant. Lui aussi était fraîchement enrôlé dans la marine, en même temps que Bel-Ami. Cette vue infâme insupporta le corsaire, qui brandit sa rapière et tailla en diagonale sa cible. Il ne réfléchissait pas, l'émotion l'avait envahie, il ne penser qu'à tuer. Qu'au sang rouge coulant en abondance qui sortirait de ses entrailles et à sa peau craquelée par les coupures. Alors qu'il tranchait, l'être sans pitié lui donna des conseils qui étaient envoyés aux oubliettes, le marin transperçant avec fureur sa bête noire. Comme récompense, le protagoniste eut droit à un couinement, cela revigorait le néo-capitaine. Une voix, quilt détestait par dessus tout retentit encore une fois, constatant l'efficacité de son conseil. Le fils de marin ne lui laissa pas le loisir de finir sa phrase, l'empoignant par les épaules et le jeta par dessus la barrière. Il retomba brutalement sur le bois grinçant, glissant jusqu'au fond. D'une magnifique vrille, Edouard était également sur le pont. Il se débarrassa de deux de ses sbires comme deux vulgaires déchets. Ce genre d'ennemi était facile pour le pirate, un échauffement. Il revint vers son homme, le questionnant sur son identité, l'insultant de bâtard par la même occasion. Légion jouait ensuite avec les mots, ce qui avait le don d'enrager le capitaine qui le prit par le col et lui envoya une droite magistrale. Son poing droit percuta sa mâchoire, il pouvait sentir ses dents se briser dans un craquement légendaire. Même après tant de violence, le spectre souriait bêtement, se relevant calmement. Prit d'une colère encore plus intense, il saccagea l'estomac de son adversaire d'un coup de pied rapide et sec qui l'envoya valser sur plusieurs mètres. Il essuyait le sol telle une serpiere. Son corps se tordait mais le marqueur fut prit d'un rire énervant. Se prenant la tête à l'intérieur de ses paumes, Edouard n'en pouvait plus. Entendre ce rire sarcastique était insupportable. Une main se dirigeait vers le colt qu'il avait à la ceinture, il empoigna l'arme fermement. Dans un cliquetis strident, il rechargea. Pointée vers le crâne de la cible, l'arme était froide. Sa paume suintant de sueur se rafraîchissait sur cette température glaciale.
Le coup partit sans prévenir, le bruit futile de la balle presque indistinct dura quelques millisecondes. La balle détruisit tout ce qu'il y avait sur son passage. Rétine, nerfs, arcades, crâne. C'en était fini. Il ne pouvait pas survivre à cela. Le sang gicla lui aussi sur plusieurs mètres. Il éclaboussa jusqu'au visage du protégé. Un visage empli de sang rougeole, foncé et nacre. Le regard remplit de haine, sans une once d'humanité, était fixé sur le malfaiteur. Il se passa une main sur son visage. Celle-ci devint rouge. Son regarda se tourna vers la gauche, des morts. Il se tourna vers la droite, encore plus de morts. Ses hommes étaient tombés, malgré le fait que le protégé de Jonathan les avait encouragé. Il tomba à genoux, sa main colorée de rouge se posant sur le sol. C'était fini. Ils avaient perdu. Légion avait gagné. Il avait réussi à semer la mort là où il était passé. Edouard était le seul survivant. Enfin, il restait quelques prisonniers mais ils étaient voués à périr eux aussi. Le spectre était maintenant face à lui, un œil en moins. S'appuyant contre le sol, il se remit debout, faisant face courageusement à la Mort. Il leva la main, la laissant en suspens quelques secondes, comme pour installer le doute. Finalement, sa main griffée s'abattit rapidement sur le bout de son visage, successivement. Bel-Ami ne sursauta que la première fois, mais ne réagit pas aux autres fois. Il regardait son opposant droit dans les yeux. La vision de cet être crachant une balle dans la nuque d'un prisonnier ne lui fit rien. Il avait perdu la foi. Levant le pouce vers le soleil, la Mort observait son doigt, intrigué. Agitant ce dernier, une langue visqueuse sortit de son horrible bouche. Elle lécha ses blessures pour les guérir, revenant comme neuf. Une fois la chose finie, elle rentrait là d'où elle venait dans un claquement de gorge. Le prodige observait la scène avec dégoût, quel genre de chose était cet homme ?! Il se retourna vers le jeune capitaine, appelant son action “la résurrection”. Le messie du mal se demandait pourquoi sa manière orripulait alors que Jésus faisait de même.
”Peut-être parce que lui est fils de Dieu et non une enflure de ton genre.”
Premières paroles du marin depuis un bon bout de temps. Pour finaliser ça, il rassembla sa salive et cracha au visage du spectre. Ce dernier se baladait entre les prisonniers, les toisant de haut. Après quelques secondes de marche, il s'arrêta et croisa les bras. Il trouvait dommage qu'il n'y ait aucunes femmes sur le vaisseau, mais il rajouta qu'il n'était pas étonné venant d'eux. Silence s'ensuit, jusqu'à ce que la cape du messie claqua une joue et qu'il reprit sa marche vers… L’ex-capitaine ! Il se positionna derrière et fit de nouveau face à Jonathan. Il questionna le matelot quant aux sentiments paternels qu'il ressentait envers le marin aguerri. Il souleva son corps, posant une main sur sa gorge, une autre entrelacée dans ses cheveux. Bel-Ami poussa un grognement mais ne tenta rien, sachant qu'il serrait arrêté. Il regardait cette scène atroce, voyant ses joues se déchirer et s'écarteler, ses dents pousser vers l'avant. Edouard n'était pas préparé pour la suite, Légion croqua son visage, son nez, tout ce qui était fait de chaire ! Il manquait la moitié du visage à Jonathan, méconnaissable. Des larmes ruisselaient sur les jours du futur maudit. Voir son modèle et proche se faire manger était la chose en trop, il ne put se retenir. Ses genoux tombèrent encore une fois sur le sol, ses mains pleines de sang plaquées sur son visage ensanglanté. Ce n'était pas des sanglots de peine, mais des sanglots de rage. L'écœurement mêlé à la haine avait éclaté. Le corps du si honorable capitaine se faisait écrasé comme un vulgaire jouet qu'un enfant cassait par mégarde. Il leva la tête, les joues trempées, et écoutait les sottises que racontait le messie du mal. Jonathan aurait violé sa cousine, la mettant enceinte pour la forcer à se marier avec lui ? Impossible. D'ailleurs, comment il pourrait savoir cela ? Il tentait juste de déstabiliser le marin, mais il ne flancherait pas.
”Je ne te crois. Cesses de raconter n'importe quoi !”
La tête droite, il faisait face au malfaiteur. Il ne lui faisait pas peur. Plus rien ne pouvait le terrifier à partir de maintenant. Les ricanements des charognes et du monstre résonnaient dans sa tête. Une flamme nouvelle naissait dans ses yeux et son esprit. Il se battrait, il se battrait jusqu'au bout ! Il ne mourrait pas aujourd'hui. Il prouverait que le monstre n'avait pas la décision de qui mourrait ou pas entre ses mains. Légion ordonna, les morts-vivants exécutèrent. Tous sautèrent par dessus bord, emportant les cadavres et des prisonniers vivants. Il ne restait qu’Edouard, les sbires restant près de lui au cas où il tentait quelque chose, et bien-sûr, notre antagoniste, Légion. La voix désagréable du spectre retentit pour cette fois déclarer des avances. Ce monstre était attiré par notre petit protégé ! Il disait même que ça avait déjà dû lui arriver après tout ce temps passé auprès des matelots.
”Figures-toi que nous sommes pas homos dans l'équipage, contrairement à toi. La chose qui m'attire chez toi c’est quand je t'aurais refait la gueule connard !”
Il laissait libre court à sa rage et vociférait ces insultes rageuses. Le monstre lui lança la Dent de la Mer, épée de son capitaine. La tenir dans ses mains étaient très honorant. Cette épée en main, il ne pouvait perdre. Il allait la garder en mémoire de son mentor, l'honorer et terrasser le spectre avec ! Légion déclara qu'il n'avait pas à s'inquiéter, il ne forçait jamais quelqu'un s'il n'était pas consentant. Néanmoins, il désirait autre chose : un duel. Le laissant parler, Edouard savait que s'il ne montrait pas bonne image, c'en était fini de lui.
”C’est plutôt à toi de montrer ce que tu vaut car, jusqu'à maintenant tu n'as fait que le beau parleur mais tu n'as rien prouvé !”
Il avait déclaré ça d'un air sarcastique couplé d'un sourire provocateur. Une flamme avait été ravivée dans son regard. Il tenait son épée droite devant lui, la pointe au niveau du torse ennemi. L'adrénaline commençait à monter, la rage à revenir et la hargne à l'habiter. Toutes ces sensations revenaient subitement. Il ne vivait que de ça, le combat. Sans prévenir, il s’élança vers le messie du mal. Il feinta une taillade en diagonale avec son épée avant d'élancer sa main libre qu'était la gauche vers la tempe droite du monstre. Il le prit ensuite par la gorge de la même main et lui transperça l'abdomen de sa rapière. Profitant de la stupeur, il crocheta son adversaire avant de le renverser sur le dos, il prit la Dent de la Mer à deux mains, l'éleva au dessus de son corps. Avec rapidité et puissance, il l'abattit vers l'endroit qui pourrait être son cœur. Levant son pied droit, il l'envoya dans le visage du spectre, il pouvait entendre les craquements de dents et os quand la botte entra en contact avec la mâchoire. Du sang noircie avait giclé sur ses bottes. Par la force de son bras gauche, il souleva le corps de la Mort pour le mettre debout. Une fois fait, il l'accueillit d'un uppercut vif et rapide. Les mâchoires ont sûrement claqué en se rejoignant. Empoignant sa rapière à une main, il la planta dans le ventre de l'assassin. Edouard ne la retira pas, laissant le sang coulé avec la lame à l'intérieur. Il était maintenant à mains nues. Légion allait devenir son punching-ball l'espace d'un instant, le temps que Bel-Ami laisse éclater toute sa rage. Les coups de poings à bout portant s'enchaînaient, les hématomes apparaissaient eux aussi, le sang coulait encore une fois. La violence était inouïe. Edouard n'avait jamais délivré un tel combat et une telle violence. Finalement, il retira sa rapière et s'agrippa à une corde qui pendait pour se retrouver dans le dos du monstre. Il tînt son ennemi par les cheveux et lui enfonça sa rapière entre les deux omoplates… Il s'arrêta là. Il recula de quelques pas, doucement, calmement. Il pensait avoir assez donné. Un sourire carnassier était installé sur ses lèvres.
”Je t'en ai offert assez ? Es-tu rassasié ? J'espère en avoir fini de toi sale vermine !”
C’est dans ce dernier cri de rage qu'il planta la Dent de la Mer au sol. Il ne savait ce qu'il allait se passer ensuite… Est-il mort ? Nul ne saurait le dire vu les capacités divines de notre individu. En tout cas, Edouard avait livré le combat de sa vie, il n'avait jamais ressenti une telle haine et n’avait jamais eu envie de tuer que ce jour…
Légion
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Sujet: Re: Mausolée Sous-Marin Sam 29 Sep 2018 - 21:17
”Hin hin hin... Pauvre tocard salé par la mer sur laquelle tu vogues, ton aise avec l’épée n’a d’égal que ton manque de répartie.”
Incroyable : l’abomination humaine n’avait précisément et impeccablement rien écouté en dehors de la tentative ratée de contre-attaque verbale de l’individu qui était à sa splendide merci. Cet épéiste qui en avait à revendre était cible d’une offre légèrement miséricordieuse : s’il parvenait à offrir au monstre ce qu’il désirait, une joute mémorable, alors il fuirait ce lieu de chair dans lequel étaient morts tous ses camarades. Parviendrait-il à regagner la côte seul ? Peut-être, ou peut-être pas. Mais qu’importe, Légion n’en avait rien à faire. Il était devenu un peu las de sa condition de gagnant à jamais de tous les combats dans lesquels il s’était incrusté. Marcher sur les champs de bataille pour trancher des gorges à l’aide des mouvements de sa cape pouvait devenir rapidement ennuyeux. Mais quand bien même il était immortel et surpuissant, il ne possédait pas le pouvoir d’égayer un peu sa journée. Quel fantasme lui permettrait donc de fuir cette torpeur qui s’était installée sur son coeur ? Peut-être un némésis ? Un ennemi juré qui pourrait enfin le défier ? Il s’était dit cela, à un moment. Peut-être que ce garçon serait celui qui parviendrait à le motiver un peu à continuer son périple éternel de meurtres et de destructions massive. Après tout, en dehors d’un squelette mentalement arriéré, personne ne lui arrivait à la cheville. Mais il fut un homme, un jour. Il fut un misérable humain incapable de faire quoi que ce soit d’autre que marcher, prendre des objets, les agiter, et réfléchir de façon extrêmement basique. Et pourtant il s’était hissé au sommet de la chaîne alimentaire. Alors… pourquoi donc personne ne faisait de même, hein ? Pourquoi le reste du monde restait-il si arriéré ? Ils ne peuvent pas simplement rester coincés sous le joug des dieux et des autres idoles placées dans les monastères jusqu’au prochain schisme ? Quoique… la ténacité des sapiens avec laquelle ils s’accrochaient à leurs traditions par peur de l’inconnu était légendaire.
La bouche en sang et quelques dents manquantes, l’apocalypse anthropomorphe semblait… déçue. Oui, ce garçon avait du potentiel… Mais ce n’était pas assez. Il pouvait le sentir. Il manquait quelque chose. Quand bien même il l’avait enragé au plus haut point, qu’il avait humilié sa race et son escouade, quand bien même il avait détruit son mentor… Edouard ne valait toujours rien. Il n’était qu’un homme en colère avec une épée et quelques cours d’escrime dans la caboche. Mais rien de bien intéressant. Cela était fatiguant. Épuisant même. Ce gars-là n’était pas le bon. Mais y'avait-il un espoir pour que Légion rencontre un jour un être capable de le vaincre en combat singulier ? Il l’espérait bien, car il ne pourrait pas mourir avant un bout de temps. Mais en attendant, cela restait une autre tentative infructueuse de se trouver un rival qui en valait véritablement la peine. Mais cependant il n’était pas trop ramollo et il serait bon de lui donner une éventuelle seconde chance.
Le craquement d’os se fit entendre alors que le corps de l’infernal se mit à se contorsionner afin de se lever. Les plantes de ses pieds se posèrent sur le sol et soudainement tous les muscles de ses jambes se contractèrent. En un instant, il fut debout grâce à cette manoeuvre qui paralyserait de douleur tout être vivant n’ayant pas fait plusieurs années de gymnastiques. Cela fut suivi d’un magnifique et fulgurant uppercut en plein dans le menton du matelot qui n’avait rien demandé et qui verrait certainement sa santé mentale bien diminuée à la fin de la journée. Sur ce pont de crasse et de bouts de cadavre, entouré d’hémoglobine et d’eau sale, le jeune marin était bien disparate. Mais cela n’allait pas durer bien longtemps. Alors que sa victime se voyait très certainement propulsée sur quelques mètres, le luciférien malandrin tentait de se remettre en place sa mâchoire disloquée par un coup de pied précédent assez stimulant. Il en profitait pour se gratter le menton, par la même occasion, pondérant sur quel destin il pourrait accorder à ce gamin qui malgré son potentiel avait échoué au test. Peut-être le laisser sur le bateau, seul, pour mourir de faim sur un rafiot qu’il ne pourrait pas faire naviguer seul ? Ou bien tenter de lui laisser une chance de s’en sortir pour potentiellement le revoir un jour ? Il eut soudainement un déclic qui pouvait s’associer autant à la réparation de sa bouche qu’à une réalisation mentale.
”Je dois dire que je suis déçu de ta performance, mon pauvre ami excrementofique. Cependant, je me vois bon de t’accorder un dernier défi.”
Il avait joint ses mains en s’approchant de celui qui se faisait appeler le Bel-Ami. Ses indexes tapotaient l’un contre l’autre, alors qu’un sourire malsain se dessinait sur le visage du fantassin. Il avait une sale idée et comptait causer quelques derniers torts à ce pathétique homme qui avait croisé la mauvaise personne sur son chemin. Quoi donner ? Quoi offrir ? Qu’est-ce qui donc lui était passé par la tête. Mais tandis que l’autre devait tenter de se relever, Légion marchait tranquillement vers sa cible, malgré les blessures et le sang qui sortait de ses plaies. Il s’en fichait bien.
”Entre amis, il serait bon de se donner des secrets. Laisse-moi t’en offrir un : notre monde est bâti sur des carcasses. Des corps provenant de ceux que nous appellerions des monstres. Ils furent exterminés en grand nombre par l’homme barbu dans le ciel afin de servir de sol sur lequel nous marchons et d’air que nous respirons. Mais n’aie pas peur ! Car certains ont survécu… et l’un d’entre eux aimerait bien te connaître.”
Il fit une pause… avant de soudainement et durement gifler le loup de mer. Ce dernier pouvait alors se sentir malade. Comme si soudainement, tous ses péchés venaient à tenter de lui sortir par la bouche. Comme si des mygales frottaient leurs pattes duveteuses à l’intérieur de sa gorge. Un dégoût intense pourrait se partager de veine à veine, de nerf à nerf. Mais, sans miroir, il ne pouvait voir ce qui lui arriver. Ses poils disparaissaient. Sa chevelure prenait une toute autre forme. Sa peau devenait visqueuse et humide, voir écailleuse par endroit. Ses yeux perdaient leurs iris et s’apparentaient à ceux des poissons des profondeurs. Son nez se métamorphosait en une bosse sur son visage. Ses vêtements changeaient. On ne voyait plus de jeune matelot embarqué sur on ne sait quelle expédition. Mais alors qu’il souffrait abominablement cette purge physique qui s’opérait en lui, le pauvre marin pouvait entendre une voix familière, accueillante, provenant peut-être de ses machinations malaisantes.
”Tu es le capitaine, à présent.”
Mais passons la description des dommages causés sur cet homme qui devenait eldritch. Notre abomination à forme humaine préférée, lui, venait de prendre la dernière barque de sauvetage présente dans le vaisseau, quand bien même il était capable de marcher sur l’eau. Le bois au dessus de sa tête, touchant son casque à forme ridicule, il décida de larguer une dernière tirade à ce pauvre descendant des singes qui bientôt serait un poisson.
”Je vais te laisser entre les tentacules compétents de mon ami et associé le Kraken. Il te propose un défi. Arrive à le vaincre et il t’offrira de quoi continuer à survivre. Peut-être même ton vaisseau et équipage personnel ? Si ça se trouve, ce sera celui que je viens de te dérober. Mais passons ! Si tu perds le duel contre ce grand gaillard pâle, il te mangera tout cru et ton âme sera digérée pour la fin des temps. Bonne chance mon gars, ne déçoit pas ceux qui sont morts pour toi aujourd’hui !”
Il jeta alors la barque à la mer, tandis que le pauvre bonhomme devait retrouver ses esprits. Il ne lui restait rien pour vaincre la créature des légendes marines hormis un pistolet à sa ceinture et la Dent de la Mer toujours plantée sur le sol. Celui qui se relevait, dans les habits du capitaine qu’il avait servi durant ces quelques dernières semaines, n’avait plus que quelques minutes à vivre s’il ne parvenait pas à gagner son prochain duel. Mais le diable qui l’avait mis dans cette situation, lui, s’était déjà éloigné. De ses yeux malsains, il pouvait observer de gigantesques tentacules attraper la proue et les mâts pour emmener le Georges-Duroy à vingt mille lieues sous les mers. À ramer comme un fou, il avait déjà fait quelques kilomètres. La frégate la plus imposante de l’armada française disparaissait à l’horizon, rejoignant le fond de l’océan. Il ne put alors s’empêcher de rire tandis que le titan des mers accueillait son prochain repas ou bien associé.
Qui sait si Edouard le Bel-Ami a survécu ou s’il est un simple mort ayant ensuite fuis l’enfer ? Peu de gens connaissent cette époque bien sombre de son passé. Mais dans l’heure la plus sombre de son combat contre le léviathan, il put entendre une voix :
”T’as pas intérêt à crever après tout ça, mon garçon ! Tu vas survivre, ou tu n’es pas digne de cet uniforme. Est-ce clair ?!”