Retour à la normale [solo]

Citation :

Dans un souci de clarté, je reposte ici le test RP utilisé lors de ma présentation.

C'était jour de fête. Le Couronnement approchait à grands pas. De par l'extrême longévité des membres de leur lignée - et plus généralement de leur espèce -, de telles occasions n'étaient que trop rares ; il était donc nécessaire de les célébrer en grandes pompes. Quand bien même, en l'occurrence, les deux derniers passages de flambeau étaient plus rapprochés que d'ordinaire : la tragique disparition de Freezer ne leur laissait guère le choix.

Que Cooler ait été choisi pour le remplacer n'était pas sans faire naître quelques rumeurs. Après tout, il était ancré dans la plupart des cultures que l'ainé avait priorité dans la ligne de succession. Si les raisons exactes pour lesquelles il n'avait pas été choisi pour succéder à son père la première n'étaient pas connues du grand public, l'on pouvait se demander ce qui le rendait plus éligible cette fois-ci.
Bien évidemment, aucun de ceux tenant ce genre de discours n'aurait l'audace de le faire devant lui - pas plus que devant le roi Cold, lequel mettait tout en œuvre pour que les préparatifs se fassent dans les plus brefs délais. Conscients de l'investissement que lui demandait une telle cérémonie, ses hommes avaient le bon sens de ne pas le déranger, ne lui parlant que s'il le faisait en premier et ne venant vers lui que s'il leur faisait l'honneur de le demander. Ce n'était pas le moment de le contrarier.

Aussi était-ce une surprise que l'un d'entre eux accoure à ses côtés alors même qu'il se déplaçait dans les couloirs du vaisseau , le Blizzard Hurlant, ou juste Blizzard pour les intimes, du nom d'un de ses illustres ancêtres et joyau de la flotte impériale. Tremblant, le soldat savait ce qu'il encourait - et se serait volontiers passé d'en prendre le risque, si la courte paille n'en avait pas décidé autrement ; par chance, le roi lui adressa un regard curieux que réprobateur. Il avait dû tomber au « bon » moment, à supposer qu'il y ait une telle chose avec le Démon du Froid.

« Parle. » commanda-t-il néanmoins, cette clémence pouvant très vite disparaître si le laquais abusait de sa patience.
« M... Majesté. » haleta celui-ci, luttant pour reprendre son souffle. L'appareil avait été conçu au format du roi, et était donc beaucoup trop grand pour tout individu normalement constitué. « Quelqu'un est là pour vous voir. Un... Un Saiyan. Je lui ai dit que vous étiez occupé, mais - »
« Un Saiyan... ? Amenez-le moi. »

Le sbire ne se fit aucune illusion quant au fait qu'il parlait du personnel dans son ensemble et qu'il ne venait d'être tutoyé par son employeur. Hochant vigoureusement la tête - autant que son état de fatigue le lui permettait -, son interlocuteur retourna chercher le représentant du peuple guerrier.
Il ne fallut que quelques minutes pour que tout deux le rejoignent à nouveau, le trouvant les bras croisés dans le dos, face à l'un des hublots du vaisseau. Il n'y avait rien à voir à l'extérieur, si ce n'est le vide du cosmos, mais celui-ci lui avait toujours paru relaxant. Constatant qu'il n'était plus seul, il avisa le visiteur par-dessus son épaule et lui adressa un léger signe de tête.

« Soyez le bienvenu sur mon vaisseau. » Le serviteur qui l'avait amené vit là l'occasion pour lui de se retirer, ce qu'il fit. « Que puis-je faire pour vous ? »

Le Saiyan était costaud. Ceux de son espèce l'étaient souvent, et plus encore ceux qui, comme lui, avaient fait leurs preuves. Pourtant, même lui faisait pâle figure face à la silhouette gigantesque du roi Cold, le dépassant d'un bon mètre. Peu habitué à se sentir petit, il n'appréciait pas vraiment le sentiment, ses traits le révélant pour lui. Quant à son apparence, l'individu était particulièrement peu remarquable - des cheveux et des yeux noirs comme le péché, un visage taillé à la serpe et une carrure de héros de film d'action. De toute façon, ils se ressemblaient tous aux yeux du souverain.

« Alors comme ça c'est toi, le Roi Cold ? » L'émissaire émit un reniflement dédaigneux. « J'vais pas te mentir, j'te voyais plus impressionnant. J'ai encore du mal à croire qu'on ait passé toutes ces années à vous cirer les pompes... Comme quoi finalement, y'avait pas de quoi s'en faire, pas vrai ? »

S'ensuivit un ricanement qu'il ne chercha pas à cacher. Face à tant d'humour, un très léger sourire étira les lèvres du patriarche.

« Et bien, je suis désolé de ne pas correspondre à vos attentes. » Il ne prit pas la peine de se retourner, les yeux toujours rivés sur l'espace infini. « Cependant, des affaires urgentes requièrent en ce moment mon attention. J'aimerais que nous allions à l'essentiel. »

« Wooow ! Tout doux, mon p'tit bonhomme ! Tu n'voudrais quand même pas que j'aille raconter que tu m'as jeté dehors, pas vrai ? » railla-t-il de plus belle. « Enfin, ne t'inquiète donc pas ! Moi aussi, j'ai mieux à faire que de traîner dans cette épave... »

La posture du monarque se fit plus raide, ses doigts se crispant sur le poignet opposé. Dans l'attente de plus amples informations, il garda le silence. Las de n'en tirer aucune réponse, l'émissaire se décida à poursuivre :

« Bref, j'suis venu vous demander si vous n'auriez pas eu de nouvelles du roi Broly, à tout hasard. C'n'est pas la première fois qu'il tarde à revenir, c'est pas tellement dans ses habitudes de donner des nouvelles, mais on n'arrive plus à l'joindre, par-dessus le marché. »
« ...Comment ? »
« Qu'est-ce qu'il y a, t'es bouché, t'as besoin que j'répète ? » Son rire laissait entendre qu'il ne prenait pas la chose autant au sérieux qu'il le devrait - ou qu'il cachait excessivement bien son inquiétude. « J'suis sûr qu'il va bien, il va probablement se repointer dans quelques jours avec la tête d'un truc qu'il a tué et - »

Sa voix fut coupée net par un gargouillis indéchiffrable montant de sa propre gorge, soudain écrasée par une main disproportionnée. Le roi s'était finalement retourné - et le maintenait dans les airs à bout de bras, sans le moindre espoir que ses jambes puissent encore toucher le sol tant qu'il n'y serait pas autorisé.
Et si le Saiyan n'était pas sûr de la manière dont il devait interpréter la vive lueur dans son regard, celle-ci devait à tout le moins vouloir dire qu'il n'était pas près de remettre pied à terre. Il déglutit, luttant en vain contre cette poigne face à laquelle il ne pouvait rien.

« En effet, je ne suis pas sûr d'avoir très bien entendu. » répondit l'ex-empereur d'un timbre crispé au sein duquel les derniers éclats de politesse s'amenuisaient rapidement. « Tu es en train de me dire que votre roi - que Broly est porté disparu, c'est bien cela ? »

Son prisonnier - car c'était bien ce qu'il était ; il lui aurait été plus facile de se défaire de chaînes que d'une prise pareille - tenta désespérément de répondre de vive voix. Comprenant que pas un son ne quitterait ces lèvres tant qu'il aurait ce collier de doigts autour du cou, il se résigna à hocher la tête, dans la mesure du possible.

« ...Et que votre premier réflexe après sa disparition est de venir nous voir pour nous en informer ? Ou pire encore, pour demander des comptes ? Croyiez-vous vraiment que nous allions supporter encore longtemps une telle insolence ? »

La couleur déserta le visage du Saiyan alors qu'il réalisait peu à peu son erreur - à moins que ce soit tout simplement le manque d'oxygène.

« Capitaine... Corn, c'est bien cela ? » fit-il en baissant les yeux sur son plastron pour y trouver un badge à son nom. Qui aurait pensé que les Saiyans savaient écrire ? L'arrogant émissaire acquiesça piteusement, perdant de sa superbe à vue d’œil - non qu'il ait eu grand chose à égarer dès le départ. « Je suis au regret de vous informer que non, je n'ai rien à voir avec ce soudain manque de communication de sa part. » Sans jamais relâcher son emprise, il le rapprocha de lui pour mieux le regarder en face. « Mais que j'aurais aimé pouvoir m'en occuper personnellement, si quelqu'un d'autre n'avait pas eu cette chance. »

L'effarement se lut dans les prunelles du messager. Hélas, il était trop tard pour s'enfuir, depuis le moment où il avait prononcé sa première syllabe. L'aura du roi Cold se déploya subitement, emplissant la pièce de sa présence à ras bord - et même au point de l'en faire déborder.
Sous la pression, le verre de la lucarne devant laquelle il se trouvait à son arrivée se fissura, puis vola en éclats. La dépressurisation tenta aussitôt de les happer vers l'extérieur. L'attention toujours portée sur son invité, le Démon du Froid ne broncha pas.

« Je n'ai jamais été enclin à la cruauté animale. » Ses doigts s'enfoncèrent de plus belle dans la chair tendre, coupant pour de bon l'arrivée d'air. « ...Mais je suppose qu'il y a un début à tout. »

La nuque du malheureux finit par se tordre dans un craquement abject. Son corps devenu flasque perdit tout intérêt aux yeux de l'ex-empereur, qui le relâcha sans plus attendre - et le regarda être aspiré par la faille prévue spécialement à son intention. N'ayant plus besoin de cette dernière désormais, il mit la main sur le détecteur greffé à son visage.

« Il y a une brèche dans la portion B-33 du vaisseau. Verrouillez-la immédiatement ! »

Ce qu'ils se hâtèrent de faire. En moins d'une seconde, les portes blindées s'abattirent pour isoler la partie concernée du vaisseau, laissant tout juste le temps au roi d'apercevoir le cadavre bleui du Saiyan en chemin pour se perdre parmi les étoiles.

« Contactez la planète Vegeta. » déclara-t-il alors que ses hommes étaient encore sans aucun doute pendus à ses lèvres. « Adressez-leur nos condoléances pour la mort du capitaine Corn. Nous l'avons retrouvé flottant dans l'espace après ce que nous supposons être une défaillance de sa capsule de transport. » Son oeil se dirigea vers le recoin de la pièce où il savait pouvoir trouver une caméra. « Celle-ci semble avoir été entièrement détruite dans l'accident. » Sa tête se tourna en direction de la baie vitrée par laquelle il contemplait l'univers il y a encore quelques instants, désormais remplacée par une épaisse barrière de métal. « Au vu de l'état du corps, nous avons préféré en disposer nous-mêmes plutôt que de leur restituer. On espère qu'ils comprennent cette décision. »

La première d'une longue série, très certainement.
D'autant de cadavres qu'il lui faudrait pour remonter tout en haut.

« S'ils veulent davantage de détails... Dites-leur que nous nous verrons rapidement. Je serai heureux de leur montrer à ce moment-là ce qu'il s'est passé exactement. »

Plus tôt qu'ils le voudraient, probablement.
La chasse au singe n'attend pas.