Le passé est un prologue [PV]

Propulsée d'un coup de pied, la coupole en verre arrachée chuta lourdement sur le sol et roula sur quelques mètres avant de s'immobiliser.
Retrouvant sa liberté, la créature s'extirpa lentement de l'habitacle, ankylosée par ce trajet. Elle s'étira, faisant craquer ses articulations, étendant ces membres trop longs et trop fins pour être humains, cette silhouette voûtée et cornue qui lui était propre, qui n'appartenait qu'à elle.
Le voyage n'avait pas exactement été agréable, lui ayant demandé de se recroqueviller à la limite du possible pour tenir en entier dans ce véhicule d'un genre nouveau - futuriste, pouvait-on dire - mais au moins en était-elle venue à bout. Oui, la bête était arrivée à destination - elle et ce qu'elle tenait au creux de sa main -, avait remonté le temps pour se retrouver dans ce passé où elle n'était encore rien ; rien qu'une idée orpheline, privée de son créateur.
Mais également un souvenir pour ceux qui croyaient s'être débarrassés de lui.

Il lui restait cependant quelque chose à faire, et vite.
À peine s'était-il assuré qu'il n'y avait rien ni personne autour de lui - qu'il était arrivé en pleine nature, avec les arbres pour seuls témoins - que Cell se courba, contractant tous ses muscles, se tendant dans un effort pénible mais néanmoins obligatoire. Son métabolisme s'activa en réponse à cette tension, cherchant dans le patchwork de son code génétique la réponse attendue.
La réponse était évidente : l'être parfait avait été blessé, fut-ce de son propre fait, et c'était un mal auquel il lui fallait à présent remédier. Les gênes Namek résidant en lui entrèrent en action immédiatement, puisant dans ses réserves d'énergie - pour l'heure limitées, mais pas assez pour que ce soit un problème - pour lui donner ce qu'il voulait.
Dans un grognement d'inconfort, Cell se cambra brusquement - et fit jaillir des sombres moignons qui ornaient ses omoplates une nouvelle paire d'ailes flambant neuve, plus solides encore que celles qu'il lui avait fallu arracher pour pouvoir faire ce saut dans le temps, suintantes de fluides organiques. Ce n'était pas très ragoûtant, mais c'était le résultat qui comptait.
S'il avait été capable de se reconstituer entièrement à partir de presque rien, faire repousser une partie de lui - aussi conséquente qu'elle soit - était largement à sa portée. Ce pourquoi il n'avait pas hésité à s'auto-mutiler lorsque cela s'était avéré nécessaire pour prendre une longueur d'avance. Il n'avait pas le luxe d'attendre : Trunks était peut-être déjà à sa poursuite.
Et d'ailleurs...

Roulant lentement des épaules pour s'assurer d'avoir repris toute sa mobilité, que ses appendices régénérés fonctionnaient comme ils étaient censés le faire, il se retourna vers l'appareil qui l'avait emmené jusqu'ici.
Tendant une main griffue dans sa direction, il libéra brusquement une décharge d'énergie et le fit exploser, envoyant ses pièces calcinées dans toutes les directions.

Certes, il aurait pu le garder par précaution, pour pouvoir tenter sa chance dans une autre époque si sa destination n'était finalement pas à la hauteur de ses attentes... Mais c'était trop risqué. Si Trunks ou sa mère disposait du moindre moyen de localiser cette machine où qu'elle soit - ou plutôt quand qu'elle soit -, ce serait creuser sa propre tombe.
C'était peut-être paranoïaque de sa part, il l'admettait volontiers, mais n'était-il pas logique de se méfier de la ressource que pouvait avoir la femme capable de construire un tel engin ? Son insouciance lui avait déjà coûté assez cher ; on ne l'y prendrait pas deux fois.
C'était ici - maintenant - qu'était sa chance. À lui de savoir la saisir.
Regardant un moment les débris de son « carrosse » être avalés par les flammes, Cell tourna finalement les talons et sonda les environs à la recherche d'énergie, de vie vers laquelle il pourrait se diriger.
Si court qu'il ait été, ce voyage lui avait ouvert l'appétit. Sans doute cela le guiderait-il vers la ville la plus proche.