Eliminatoires - 27ème Tenkaichi Budokai

Comme Krillin le lui avait conseillé, Uub se présenta lui-même, entrant sans tarder dans le vif du sujet. C'était encore la meilleure manière de faire pour expliquer sa situation - même si l'on ne pouvait pas dire qu'il y en ait de « bonne » à proprement parler. Qu'ils aient déjà été confrontés à un tel cas de figure au travers de Trunks et de son épopée temporelle aidait bien sûr à appréhender l'idée que quelqu'un puisse venir du futur, mais ce n'était pas le genre de chose à laquelle on peut s'habituer, peu importe le nombre de fois que cela se produit.
Mais s'ils pouvaient compter sur quelqu'un pour ne pas s'en formaliser - voire même le prendre à la légère -, c'était bien Son Goku ; même en sachant toute la vérité « à l'avance », il y avait peu de chances que cela le fasse dévier du chemin qui lui ferait rencontrer Uub - celui de leur époque - d'ici quelques années. Il n'y avait pas lieu de s'en faire, et savoir cela avait un effet apaisant au milieu de toutes les incertitudes du moment. Krillin pouvait toujours compter sur son meilleur ami pour être fidèle à lui-même, et c'était, à son sens, le genre de constance dont tout le monde avait besoin dans sa vie.
Et dire qu'ils allaient devoir s'affronter... ! Le tirage au sort venait tout juste d'être annoncé, et il était difficile de croire que cela puisse être le fruit du hasard. Et pourtant... Pour autant que l'ancien moine puisse en juger, Chaozu - le seul à sa connaissance à être capable d'une telle manipulation - n'avait rien fait pour influencer le tirage au sort... Et si cela avait été le cas, il lui en aurait voulu pour l'avoir laissé dans une si fâcheuse posture ! À croire que le destin lui-même voulait voir Son Goku et son élève s'affronter.
Mais si une force - quelle qu'elle soit - était à l'œuvre, Krillin était en droit de se demander pourquoi elle avait choisi de le faire se mesurer à un Saiyan. Si ceux-ci l'intimidaient moins qu'à une époque - du moins les spécimens ordinaires, Son Goku et Vegeta étant évidemment hors-normes -, il n'en était pas moins bien placé pour savoir à quoi s'en tenir ; peut-être même un peu trop à son goût. Chercher à rivaliser sur le plan de la force brute ne servirait à rien ; il allait avoir besoin de toute son astuce s'il voulait tirer son épingle du jeu.
Quoique tout aussi conscients que lui des risques d'un tel duel - Tienshinhan en particulier, lui qui avait déjà perdu la vie dans un combat du même acabit -, ses amis lui apportèrent tour à tour tout leur soutien, semblant croire sincèrement en ses chances de victoire. Pour sa part, il n'était pas aussi confiant, mais au moins était-il résolu à faire de son mieux.
À sa grande surprise, alors qu'ils étaient appelés à monter sur le ring pour acter le vrai début de la compétition, son opposant tourna la tête dans sa direction pour lui souhaiter bonne chance, le plus naturellement du monde.

« Euh, je... Merci ? » bredouilla-t-il en le saluant de la main, pris au dépourvu.

D'après ce qu'il avait pu observer - et il avait eu du temps pour le faire, Goku ne faisant, sur ce point-là, pas exception à la règle -, la politesse n'était pas l'une des caractéristiques premières de leur espèce. Toutes ses rencontres avec d'autres de leurs congénères - si rares qu'ils aient pu être il n'y a pas si longtemps encore - n'avaient fait que le confirmer. Dès lors, comment aurait-il pu s'attendre non seulement à ce que cet Epina daigne lui adresser la parole, mais en plus à ce qu'il le fasse avec un air aussi affable ? Certes, cette compétition avait été conçue pour mettre à l'honneur les arts martiaux - quels qu'ils soient - et leur pratique était traditionnellement empreinte de respect, mais de là à penser que quelqu'un comme lui en ferait le moindre cas... C'était pour le moins inattendu.

« Bon ! » fit-il en se claquant lui-même les joues pour reprendre ses esprits. Ce n'était pas en se laissant déconcentrer par si peu qu'il allait se faire respecter. « C'est l'heure, on dirait... Je compte sur vous pour m'encourager ! »

Expirant audiblement pour évacuer le stress, il prit la direction de l'arène.