Situation critique

Shin continua de se répandre en excuses. Vegeta ne fit rien pour l'en empêcher. C'était bien le moins qu'il puisse faire après les avoir laissés nettoyer derrière eux encore une fois - et il espérait bien que ce soit la dernière. D'autant plus au vu des conséquences que leur négligence avait pu avoir cette fois-ci. Un peu plus et la Terre n'en aurait pas réchappé - et s'ils étaient déjà parvenus à la reconstruire par le passé, à la faire renaître de ses cendres après sa complète destruction, ils n'avaient aucune garantie de pouvoir le faire à nouveau. D'autant qu'il y avait apparemment eu du changement du côté des Dragon Balls en son absence, qui allait rendre leur usage infiniment plus compliqué.

« Comment ?! » s'écria-t-il d'ailleurs, ne s'attendant pas à une telle révélation. « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! »

Combien de temps avait-il bien pu partir pour que l'on prenne de telles décisions ? Qui avait été consulté ? Avait-on expressément attendu qu'il ne soit plus dans les parages ? Le concernant, il n'aurait certainement pas approuvé ! Car dire que cela n'avait rien d'une bonne nouvelle serait encore un euphémisme. Le fait était qu'ils avaient - presque malgré eux - un usage fréquent de ces artefacts, non pas pour satisfaire leurs caprices mais pour maintenir leur monde en un seul morceau - et occasionnellement l'univers tout entier.
La perspective que leurs Dragon Balls - car qui d'autre qu'eux pouvait en réclamer la propriété ? - soient dorénavant hors de portée, ou, du moins, considérablement plus difficiles à atteindre que ce à quoi ils avaient été habitués avait de quoi inquiéter. Qui pourrait savoir quand ils en auraient à nouveau besoin ? Le fait qu'ils doivent y faire appel ici et maintenant, réparer les dégâts dus à une catastrophe imprévisible encore une fois n'en était-il pas la preuve ?
...Mais non.
Car tout indigné soit-il d'en avoir été dépossédé à son insu, d'être mis devant le fait accompli, d'arriver trop tard pour y changer quoi que ce soit il savait aussi au fond de lui qu'ils étaient devenus trop dépendants de ces choses. En avaient-ils vraiment besoin ? Était-ce une si bonne chose qu'elles soient devenus si faciles d'accès ? Quand il pensait au mal qu'il s'était lui-même donné pour se les procurer à une époque, pour finalement pouvoir les regrouper en à peine quelques heures des années après... Oui, tout bien considéré, il était bien placé pour savoir que les laisser là où n'importe qui pouvait mettre la main dessus n'était pas sans risque. C'était une arme à double-tranchant ; quelqu'un pourrait bien finir par souhaiter le retour de leurs anciens ennemis, ou peut-être pire encore.
De ce point de vue, les neutraliser n'était peut-être pas la pire option... Si pénible que ce soit de l'admettre. Les Dragon Balls étaient un luxe, mais elles ne leur étaient pas indispensables, peu importe à quel point ils avaient pu s'y habituer - Bulma les rangeant même régulièrement dans un tiroir pour les avoir à disposition si nécessaire. Tous autant qu'ils sont, ils s'étaient laissés aller en partant du principe qu'au pire, ils pourraient toujours s'en servir pour que tout rentre dans l'ordre... Et bien, plus maintenant. Il ne leur restait plus qu'à devenir meilleurs, qu'à devenir plus forts pour ne pas souffrir de leur absence. Pour se donner les moyens qu'elles ne soient plus nécessaires. Voilà tout.
Et puis, si vraiment ils n'avaient pas d'autre choix, qu'ils avaient à nouveau une prière à adresser que seul le dragon sacré pourrait exaucer, qui mieux qu'eux pourrait les réunir ? Qui saurait les en empêcher ? Ainsi le prince finit-il tant bien que mal par digérer la nouvelle - quand bien même cela ne l'empêcherait pas de faire montre d'une certaine mauvaise humeur à son propos. Rien d'inhabituel, donc.

« Elles ont intérêt à fonctionner correctement ! » prévint-il donc après que Shin ait proposé qu'ils recourent à la place aux services d'un Namek marginal possédant ses propres exemplaires de leurs fameuses Boules de Cristal. Car à quoi bon s'être assurés qu'il en reste le moins possible en circulation si c'était pour laisser le premier hurluberlu venu en fabriquer dans son coin ? Enfin, au moins était-ce une solution à leur problème dans cette situation, aussi s'abstint-il d'en rajouter - mais il n'en pensait pas moins.

Krillin, lui, se contenta de déglutir péniblement. Le sujet le dépassait quelque peu, et il s'étonnait que Dendé ne l'ait pas mentionné lorsqu'il lui avait rendu visite récemment. Il fallait dire que le pauvre n'était pas vraiment en état de tenir une conversation longue, encore moins d'aborder des sujets aussi sérieux. Savoir que les Dragon Balls qui faisaient partie de sa vie depuis son enfance n'étaient plus, ça lui faisait quelque chose... Mais il comprenait aussi que c'était sans doute une mesure de précaution, et qu'ils n'avaient pas vraiment leur mot à dire.
De toute façon, si même Piccolo - qui, au fond, était plus directement concerné que lui et plus intelligent, plus à même de comprendre tous les tenants et aboutissants de ce changement - n'y trouvait rien à redire, ce devait être que c'était pour le mieux, même s'il allait lui falloir un moment pour s'y habituer. Vivre dans un monde sans Dragon Ball... Oui, c'était un peu comme si une partie de son enfance - quelque chose qui, il le croyait jusqu'alors, serait toujours là - venait de disparaître. Un peu de la magie du monde s'était éteinte littéralement, après tout.

Done, de son côté, s'était effondrée à nouveau. Son agitation avait apparemment épuisé le peu de forces qu'elle avait réussi à récupérer, la replongeant aussitôt dans l'inconscience. Les capacités curatives de Kibito étant limitées aux seuls êtres vivants, sans doute n'avait-il rien pu faire pour les dégâts subis par son matériel, les parties artificielles de son être ; il allait leur falloir trouver quelqu'un d'autre pour s'occuper de cet aspect des choses. Sans doute Bulma serait-elle à même d'y jeter un œil, lorsqu'elle se sentirait assez en sécurité pour sortir de sa cachette.
Pour l'instant, à défaut de mieux, Krillin se contenta de la traîner jusqu'à un pan de mur épargné pour l'y adosser, la laissant se reposer - ou se mettre en veille, selon ce qui correspondait le mieux à sa condition. Elle était à l'évidence beaucoup plus synthétique que ne l'était C-18, aussi même lui qui avait plus de repères que la normale en matière de cyborgs se trouvait quelque peu dé« cmuni.
Car Bulma avait apparemment été mise à l'abri par le Kaio Shin et son assistant avant que les choses ne dégénèrent - avaient échappé au pire. C'était un grand soulagement, car si elle aurait pu elle aussi - ainsi que Trunks, pour qui la question se posait également - être ramenée à l'aide d'un vœu, mieux valait encore ne pas mourir du tout.
Même pour Krillin qui pouvait - tristement - être considéré comme un habitué de ces allers-retours dans l'Autre Monde, apprendre que cela avait pu leur être épargné était un sincère soulagement. D'autant que Piccolo lui-même confirma ces dires, au cas où certains d'entre eux auraient été trop épuisés pour le vérifier par eux-mêmes - et c'était le cas. Pas aussi vite que lui, du moins.

« Vraiment ?! Alors ça, c'est une excellente nouvelle ! Pas vrai, Vegeta ? »
« ...Merci, je suppose. » se contenta de répondre le prince sans daigner tourner la tête en direction de l'ancien moine. Même après tout ce temps, exprimer ses sentiments - y compris la gratitude - n'était pas facile pour lui, surtout en public, mais ne pas en faire étalage ne voulait pas dire qu'il n'était pas capable de la ressentir. Ses épaules s'affaissèrent légèrement, seul signe visible de l'apaisement que lui procurait cette annonce ; c'était déjà plus qu'il ne se serait permis, il n'y a pas si longtemps encore.

Kibito revint en un clin d'œil, ramenant avec lui sept Dragon Balls qui ressemblaient à s'y méprendre à celles que l'on pouvait trouver sur la planète Namek - ce qui n'était sans doute pas étonnant, considérant qui les avait créées. Celles de la Terre n'étaient différentes, au moins en terme de taille, que parce que leur origine était particulière ; une très longue histoire. En tout cas, voilà qui rappelait des souvenirs.
Sans trainer, ils firent appel au dragon, lui aussi terriblement familier - leur apparence était-elle dictée par une quelconque loi cosmique, ou les Nameks manquaient-ils cruellement d'inventivité ? Enfin, qu'importe, tant qu'il était à même de répondre à leurs demandes.
Si pressé que soit Vegeta de voir les choses revenir à la normale, les conséquences de ces sinistres événements être effacées, force était d'admettre que le grand homme vert n'avait pas entièrement tort dans son raisonnement : à trop se précipiter, ils risqueraient d'oublier les dégâts causés par d'autres malfaiteurs, qu'ils soient ou non directement associés avec ce fameux Black. Si c'était leur dernier vœu - en tout cas, le dernier avant un bon moment -, il convenait de le formuler intelligemment. De n'oublier personne, autant que faire se peut.

« Je... Je vais vous laisser faire, hein... » fit piteusement Krillin, ne voulant pas endosser la responsabilité d'énoncer un souhait d'une telle importance - bien que personne n'ait envisagé de le lui confier dans tous les cas.

Heureusement, Piccolo était moins réticent que lui, et ne fut pas long à s'avancer pour s'adresser au fameux dragon, fort de l'aplomb et du sang-froid qui le caractérisaient. Pour ce vœu d'une rare importance, il préféra apparemment se servir de leur langue plutôt que de la sienne. D'ailleurs, avait-il jamais appris à la parler comme il se doit, n'ayant jamais eu l'occasion de rester durablement sur sa planète natale ? Peut-être se l'était-il vu inculquer par ses congénères lorsque ceux-ci avaient séjourné sur Terre pendant quelques mois après avoir perdu leur monde ? Voilà une question qu'il faudrait lui poser à l'occasion. Toujours était-il que le langage terrien fit l'affaire, comme Shin le leur avait indiqué, et que l'entité parut réussir à interpréter correctement l'objet de leur demande. Ses yeux écarlates s'illuminèrent au milieu du ciel noir, et le monde retint son souffle. Ils n'avaient pas droit à l'erreur.
Et puis, après une seconde qui parut éternelle, cette vue, tous ces phénomènes familiers - toute cette magie - se dissipèrent pour ce qui était peut-être la dernière fois. Le ciel redevint couleur azur, le dragon disparut et les boules de cristal prirent l'aspect de la pierre, préférant toutefois retomber à leurs pieds plutôt que de s'éparpiller comme elles l'auraient fait d'ordinaire. Et tout autour d'eux, le monde était à nouveau tel qu'il fut ; Capsule Corporation était intacte, et la ville autour d'elle également. Si loin que le regard pouvait porter, il ne restait plus trace de la destruction qui avait ébranlé la Terre ; ils ne pouvaient qu'espérer qu'il en soit de même partout où les malfaiteurs avaient frappé. Une bonne chose de faite.
C'est le prince qui, le premier, brisa le silence de ce moment solennel, non sans avoir pris une seconde pour observer les orbes de pierre :

« Puisque vous allez voulu nous les retirer, je compte sur vous pour que nous n'en ayons plus besoin. Est-ce bien clair ? »

Car s'il comptait bien faire de son mieux pour que la planète ne soit jamais plus défigurée comme elle venait de l'être, il n'était pas le seul à pouvoir faire quelque chose - d'autant plus dans un cas comme celui-ci, où la menace elle-même provenait de la sphère divine : comment auraient-ils pu la prévoir ? Qui plus est, en ce qui le concernait, il avait également d'autres responsabilités désormais, même s'il ne savait encore trop qu'en penser. Prenant une longue inspiration, il tâcha de mettre de l'ordre dans ses idées - de passer à autre chose. Il ne pouvait pas se permettre de trainer.

« Merci beaucoup. » dit plus simplement Krillin. « Espérons qu'on nous laisse tranquilles pour le moment... »

Le prince fit quant à lui quelques étirements pour tester la mobilité de son bras, apparemment remis - ou en voie de l'être - des dommages qu'il avait subi. S'il était encore loin d'être en pleine forme, il avait suffisamment récupéré pour être en état de se déplacer. Il n'en demandait pas davantage. D'un pas, il fit mine de s'éloigner du reste du groupe.

« J'ai besoin de passer chez Dendé, puis j'irai voir Bulma et Trunks. Ensuite, nous pourrons repartir. »

Car si le duo divin avait d'une certaine manière fait un geste envers lui en venant le chercher aux confins de l'espace, il allait à présent falloir le ramener - et il n'avait aucune intention de faire le voyage dans un autre vaisseau spatial. Cela ne prendrait peut-être qu'une poignée de jours et non plus des semaines - des mois ! - que demandaient certains trajets autrefois, mais pourquoi se priver s'il avait les moyens d'y retourner de manière instantanée ? Ils n'auraient qu'à considérer cela comme une « faveur » supplémentaire, si ça leur chantait. S'il fut tenté de partir sans plus élaborer, il eut tout de même la présence d'esprit de se retourner vers les autres défenseurs de la Terre qui devaient avoir bien du mal à comprendre de quoi il était question - où le prince était censé aller.

« Je n'ai pas le temps de vous donner tous les détails, mais j'ai récemment appris que Broly était encore en vie et s'était fait couronner roi de la planète Vegeta. Il a apparemment disparu, mais je préfère m'assurer qu'il n'essaiera pas d'en reprendre le contrôle. Ce ne serait jamais que la troisième fois que cette pourriture revient d'entre les morts. »

Le prince fit la grimace, tant à l'idée que le Super Saiyan Légendaire soit encore en vie que parce qu'il avait si peu contribué à le combattre lors de sa première apparition. S'il avait été plus impliqué, peut-être n'auraient-ils plus de problèmes avec lui depuis fort longtemps. C'était une erreur qu'il devait corriger. Sa mort lui revenait de droit !

« Shin est venu me chercher directement là-bas à cause ce qui était en train de se passer, mais je dois y retourner. Ils ont besoin de moi pour les guider, pour leur montrer qu'ils n'ont plus à être les guerriers sanguinaires qu'ils étaient autrefois. » Comme lui, finalement, qui n'avait plus grand chose à voir avec celui qu'ils avaient connu à leur première rencontre - heureusement pour eux. « Mon nom a encore du pouvoir là-bas. Ils m'écouteront. Ce ne sera pas facile, mais si ça peut nous éviter de devoir nous battre contre eux plus tard, quand ils auront ravagé le reste de la galaxie, ça mérite bien un peu de mon temps. » Il marqua une pause, portant son regard vers l'horizon. « Je vais proposer à Bulma et Trunks de venir avec moi. Au moins pour un moment. Pour éviter que les gens qui pourraient m'en vouloir essayent de s'en prendre à eux. »

« Et... Tu penses en avoir pour longtemps ? » hasarda Krillin, qui ne savait trop quoi faire de cet énième changement drastique ; cela faisait bien longtemps que leur quotidien n'avait pas été chamboulé à ce point en si peu de temps. Il y avait de quoi en avoir la tête qui tourne.

« Je ne sais pas combien de temps ça prendra. Mais... » Ses yeux se tournèrent vers Shin. « ...Je trouverai un moyen d'être là si la Terre a besoin de moi. »

« Bon ben... D'accord, dans ce cas... » fit le disciple de Tortue Géniale, peu rassuré à l'idée que certains de leurs meilleurs guerriers soient aux abonnés absents alors que tant de leurs anciens ennemis rôdaient de part et d'autre. « J'espère que ça se passera bien... Avec tout ce qui s'est passé ces derniers jours, je ne suis pas pressé que les ennuis recommencent... »

S'ils tenaient vraiment à le joindre, ils savaient déjà que les détecteurs captaient jusqu'ici. C'était après tout la raison pour laquelle il était venu ici en premier lieu après la mort de Raditz. Si ça n'avait pas été le cas, Nappa et lui n'auraient jamais rien su des circonstances dans lesquelles il avait trouvé la mort - n'auraient pas tenté de venir chercher les Dragon Balls. Oui, sans ces fameux détecteurs, il aurait vécu une vie bien différente. Bien pire, aussi, assurément. Les pieds du prince décollèrent du sol alors qu'il s'élevait lentement dans les airs.

« Si vous réussissez à remettre la main sur ce fichu Kakarot, vous n'aurez qu'à me l'envoyer. Même un imbécile comme lui devrait pouvoir me retrouver. »

Et il était grand temps qu'ils sachent ce qu'il était en train de faire - ce qui était plus important que de sauver son monde. Lui aussi avait des comptes à rendre.
Sans plus s'attarder, Vegeta prit son envol - vers sa famille, vers son pouvoir.
Puis, enfin, vers les étoiles.

« Décidément, les choses ne vont pas en s'arrangeant... » se lamenta Krillin.

À peine avaient-ils réglé un problème - ou plutôt aidé Uub et Vegeta à le faire ; il n'avait, personnellement, pas la prétention d'avoir joué un rôle déterminant dans cette victoire - qu'un autre faisait surface. Et non des moindres, encore bien.
Le disciple de l'École de la Tortue connaissait très bien Broly, pour y avoir été confronté pas une, pas deux, mais trois fois - quand bien même c'était un clone lors de la troisième. S'il avait eu la chance de ne pas avoir eu à le combattre directement à chaque fois, laissant cela à plus compétent que lui, il n'en avait pas moins été aux premières loges pour constater la puissance du fameux Super Saiyan Légendaire.
Non seulement ce monstre était encore en vie, mais il avait en plus, à en croire Vegeta, réussi à gravir les échelons jusqu'à prendre une place importante sur sa planète d'origine... À se demander comment, d'ailleurs, puisque, du souvenir qu'en gardait Krillin, ses moyens d'expression se limitaient principalement - violence mise à part - à des grognements.
Qui sait, peut-être avait-il suivi des cours de diction dans l'autre monde avant de revenir leur rendre visite.
Une mauvaise surprise dont l'élève de Tortue Géniale se serait passé bien volontiers, d'autant plus alors qu'ils n'avaient même pas encore eu le temps de souffler depuis que ce « Goku Black » - en réalité un dieu renégat du nom de Zamasu - avait trouvé la mort. Ah ça, s'il avait su que reprendre part au combat impliquerait de devoir gérer de telles menaces coup sur coup, il y aurait peut-être réfléchi à deux fois ! Enfin, puisque le mal était fait...

« Bon et bien, je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à nous entraîner... » conclut-il sans grande conviction. « Ça évitera qu'on se fasse tuer trop vite quand un Broly ou quelque chose de ce style décidera de débarquer... »

Une telle déclaration pouvait paraître défaitiste, mais c'était uniquement de la lucidité de sa part : il savait pertinemment n'avoir aucune chance contre des adversaires de ce calibre - pas plus qu'il n'en avait contre Buu, Cell ou encore Freezer, à l'époque. Pas tout seul, du moins. Si démoralisant que ce soit, c'était un sens des mesures qu'il était nécessaire d'entretenir.
Cela faisait un moment qu'ils étaient dépassés - qu'ils l'étaient tous, lui et ses camarades terriens. Même Piccolo avait l'air d'avoir du mal à suivre, alors eux, que pouvaient-ils encore faire ? Ça n'allait évidemment pas l'empêcher de se préparer dans l'espoir de pouvoir être utile le moment venu, mais il fallait être réaliste : ce n'était pas lui qui ferait toute la différence. Néanmoins, il devait reconnaître que le sentiment d'avoir été utile, de s'être battu « pour la bonne cause » lui avait manqué. Même s'il ne repartait pas avec les lauriers, ça n'aurait pas grande importance s'il avait au moins pu faire le bien autour de lui.
C'étaient là les valeurs que Tortue Géniale lui avait enseigné par le passé, et elles lui tenaient à cœur encore aujourd'hui, même alors qu'il pensait encore il y a peu s'être retiré des arts martiaux : la base de leur entraînement - celui-là même qu'il avait vécu aux côtés de Goku - ne consistait-il pas, précisément, à rendre service à tout le monde ? Et à ce sujet, Yamcha proposa justement d'aller voir ce qu'il était advenu de son meilleur ami - ce qui pouvait bien justifier qu'il ne soit pas venu les aider à vaincre l'usurpateur.

« Bonne idée, je commence à m'inquiéter. Je pense qu'on nous aurait prévenus s'il était tombé malade, mais c'est étrange de ne pas avoir de nouvelles... Allons voir ce qu'il en est ! »

D'autant que cette fameuse maladie cardiaque qui avait bien failli avoir raison de lui était guérie depuis des années, maintenant. Goku avait même eu le temps de mourir et de revenir à la vie, ce qui aurait - supposait Krillin - remis son corps à neuf et évité une éventuelle rechute, mais à vrai dire, il n'en savait trop rien. Le meilleur moyen de savoir à quoi s'en tenir était encore de se rendre directement sur place, bien qu'il déplorait de ne pas pouvoir les prévenir ; ne restait plus qu'à espérer que Chichi ne panique pas en voyant tout ce monde débarquer sur le pas de sa porte. Il fallait l'avouer, ces visites - surtout collectives - étaient rarement bon signe pour la tranquille vie de famille dont elle rêvait.

« Il serait quand même temps qu'ils pensent à installer le téléphone... » soupira l'ancien moine avant de décoller à son tour, quittant la Capitale de l'Ouest remise à neuf.