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 "Solitude."

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Cabba
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Saiyan
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MessageSujet: "Solitude."   "Solitude." ClockJeu 26 Nov 2020 - 19:35
Cabba volait à toute allure, par-delà les nuages…
Mais il ne se souvenait pas depuis combien de temps il parcourait le ciel, sans la moindre destination.

Aussi confus qu'il se trouvait, ça lui faisait du bien de se trouver enfin loin de cet endroit, loin de de cette situation qu’il comprenait de moins en moins, loin de la culpabilité qu’il ressentait. Le flou dans son esprit, la sensation de serrement dans sa gorge et le poids qui pesait sur ses épaules… Tout cela s'effaçait peu à peu, se dissipait sans pour autant disparaitre, à mesure qu'il s’éloignait sans se retourner.

La vue qu'il avait alors qu'il se dirigeait plus près du centre de la planète l'aida à distraire ses pensées les plus pessimistes : loin de la grande cité et du palais, il découvrit d'autres régions, d'autres parages, d'autres terres. Des champs verdoyants qui se fondaient en un désert sombre, les dernières lueurs du soleil scintillant sur le sable en contrebas et le transformant en un océan d’étoiles. Puis des rangées et des rangées de montagnes escarpées, lui rappelant les territoires les moins accessibles de Sadala, où il put apercevoir quelques créatures sauvages en train de s’abreuver dans l'eau fraîche des rivières.

Un peu plus loin encore, il discerna quelques ensembles d’habitations épargnées par les combats, leurs lumières chaleureuses attirant tout de suite son regard. Certaines étaient établies à flanc de montagne, d’autres au sommet des collines, d’autres encore étaient nichées au bord des rivières ou à la lisière des forêts, et voir tout cela lui rappela la modeste demeure où logeait son maitre Renso, cachée au milieu d’épais bosquets. Ces maisons étaient relativement semblables dans leur architecture : elles avaient toutes la même hauteur, la même charpente en forme de dôme, chacune comportant une ouverture d’où la lumière provenait depuis l’intérieur. Mais au moins, elles avaient l’air paisible, malgré la guerre qui prenait de l’ampleur à l’autre bout de la planète. Voir toutes ces belles étendues, comparables à celles de la belle Sadala… Son cœur fut alourdi à l’idée que ces territoires où il avait toujours vécu puisse être réduits en poussière, comme si de rien n’était, comme si la prospérité de son peuple, de sa culture et de son histoire valait moins que rien.

Cabba se sentait plus désemparé que jamais. Et il ne savait ni où aller, ni vers qui il pouvait se tourner pour trouver le moyen d’empêcher le désastre qui était en train d’arriver. Pas lorsque que tout ce qu’il savait finissait par être remis en question, où qu’il se rende et quoiqu’il fasse. Il avait la désagréable impression de se battre contre le monde entier, un monde qu’il ne comprenait plus, et il se demanda une fois de plus si tout cela n’était pas qu’un mauvais rêve lucide dont il peinait à sortir.

Peut-être qu’il valait mieux qu’il reste ainsi, écarté du reste du monde. Ainsi, personne ne pouvait le blesser, ni le voir, ni lui parler, ni même savoir qu'il était là, à des milliers d’années-lumière de sa vie d’avant.
Cabba
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MessageSujet: Re: "Solitude."   "Solitude." ClockVen 27 Nov 2020 - 14:10
Au bout de quelques minutes passées dans les airs, les montagnes rocheuses laissèrent dans leur sillage une prairie sèche et herbeuse. Il sentit la température se rafraichir tandis qu’il perdait en altitude, l’étendue de  en dessous de lui dépourvue d’arbres et de rochers. Les environs s’étendirent sous son regard puis il se prépara à atterrir parmi les brins d’herbes, la végétation frôlant ses genoux jusqu’à ce que ses pieds puissent toucher la terre ferme. Plus loin vers l’ouest, il discerna un autre ensemble de montagnes, semblables à celles qu’il venait de dépasser. Aucune autre énergie autour de lui, pas même celle d’un animal. Le vent avait amassé les nuages en un beau désordre au-dessus de sa tête, si bien qu’il ne put distinguer le ciel de la terre pour quelques secondes tant leur immensité étourdissait ses sens et affolait les battements de son cœur. Il se sentait aussi vulnérable de s’il venait tout juste de venir au monde, et quelque part, c’était l’impression qu’il avait.

Qui suis-je ?

Une question simple en apparence, à laquelle il n’était plus capable de répondre depuis qu’il avait été sorti du Néant. Il était revenu de l’au-delà, c’était un fait. Mais il ignorait comment, ni pourquoi. Ses proches n'étaient plus là. Plus rien de ce qu'il connaissait ne faisait de sens. Plus il réfléchissait, plus la brume s’épaississait à l’intérieur de sa mémoire. Son optimisme débordant le poussait à ne jamais renoncer malgré les déconvenues qui n’avaient de cesse de se succéder, mais son moral se morcelait toujours un peu plus à chaque fois qu’une incohérence entre ce qu’il savait et ce qui était venait anéantir tous ses espoirs. Pourtant, il s’était résolu à avancer envers et contre tout : mais maintenant qu’il connaissait les causes de son amnésie, du silence de son mentor et de la perte de contact avec sa planète natale, sa volonté avait été si fortement ébranlée que sous sa carapace de détermination, son état mental se détériorait plus vite qu’il ne voudrait l’admettre.

Depuis quand suis-je devenu aussi défaitiste ?

La vie à laquelle il avait été promise n’était pas de tout repos, mais il ne l’échangerait pour rien au monde. Sa ténacité et sa dévotion l’avaient naturellement amené à saisir de nombreuses opportunités et ce dès son plus jeune âge : éduqué par de grands instructeurs, endurci lors de nombreux entrainements, bercé par les histoires et les légendes qui ont fondé la culture saiyanne, amené à survivre dans des conditions difficiles, mis à rude épreuve jusqu’à prouver sa valeur et pouvoir se responsabiliser, puis responsabiliser les autres. Son talent et sa précocité n’étaient pas hors norme, mais il avait plus d’une fois démontré un sens de la justice si prononcé que ses supérieurs avaient fini par le compter parmi l’élite dans les rangs des Forces de Défense de Sadala. Son roi avait une grande confiance en ses dires et en ses décisions. Ses dieux lui avaient fait l’immense honneur de le choisir pour représenter les plus grands combattants de leur univers, alors qu’il était pressenti pour intégrer la garde royale dans le même temps. Malgré sa défaite, il avait défendu avec bravoure la fierté de son peuple, ce qui l’avait amené à être élu héros de l’univers 6 par l’intendante Vados. La douceur et la fermeté dans l’intonation de l’ange résonnèrent au loin dans sa tête jusqu’à ce que, peu à peu, un bruit sourd recouvre tout le reste et l’empêche de se rappeler de ce qu’elle lui avait déclaré ce jour-là. Un bruissement qui devint de plus en plus fort, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se concentrer sur quoi que ce soit d’autre.

Une colère assourdissante envers lui-même. Envers sa propre impuissance.

Dans le désordre de ses émotions, la colère prenait le dessus sur toutes les autres, l’empêchant de raisonner avec calme et lucidité. Bien qu’il soit encore traumatisé par toutes ces péripéties, ce n’était certainement pas en cédant à l’énervement qu’il allait voir plus clair. Il détacha son armure afin d’être libre de ses mouvements et la déposa dans l’herbe en même temps que la bourse de cuir accrochée à sa taille et l’épée qu’il transportait dans son dos. Le vent se faufila dans les hautes herbes autour de lui, lui rappelant combien sa respiration était irrégulière et combien une bonne circulation de l’air dans ses poumons était primordiale s’il voulait reprendre le contrôle de son ki, de ses émotions, de ses gestes.

Alors, face au soleil couchant, il essaya de pratiquer quelques des postures obligatoires qui étaient inculquées à tout combattant formé dans les rangs de l’armée de Sadala. Des postures de combat, répétées comme une danse qui semblerait ne jamais se finir, mais qui comportait en son sein l’apprentissage de tous les principes fondamentaux en arts martiaux. Les alentours étaient suffisamment vastes pour qu’il puisse les pratiquer librement, sans craindre de se faire remarquer ou de déranger la faune environnante. Peut-être qu’en se concentrant sur ces quelques exercices, en se remémorant tous ces entrainements sous les lunes de Sadala, il parviendrait à maitriser ses inspirations, et avec elles les souvenirs désagréables qui persistaient dans sa mémoire...

Mais plus il bougeait, plus il remarquait que son ki s’intensifiait, et s’intensifiait au point de devoir s’arrêter et de reprendre tant il lui était difficile de vider son esprit de toute émotion envahissante. Malgré la lenteur de ses mouvements et leur réalisation minutieuse, il ne parvenait pas à calmer la frustration latente qu’il éprouvait : il avait besoin de fermer les yeux et de méditer, debout, pour pouvoir se recentrer.

Peu à peu, ses pensées antérieures se dissipèrent, jusqu'à ce qu'il ne puisse entendre que sa propre respiration.
Cabba
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MessageSujet: Re: "Solitude."   "Solitude." ClockSam 28 Nov 2020 - 23:25
Vegeta... Scalio...

Si tous ses souvenirs semblaient décider à aller et venir comme bon leur semblait, ces deux noms restaient dans un coin de sa tête, comme pour lui rappeler vers quoi il devait aller. Mais l’un n’était plus de ce monde, et l’autre semblait avoir complètement disparu, de sorte à ce que même le dieu de la destruction à sa poursuite ne puisse le retrouver. Au fond de lui, son cœur n’avait pas encore fait le deuil de Vegeta, mais comment pouvait-il continuer à avancer s’il ne parvenait pas à l’accepter ?

Te voir réagir comme ça commence à devenir pénible.

Un écho résonna dans sa tête, et c'était si réel qu'il était persuadé qu’en ouvrant les yeux, celui a qui appartenait cette intonation se tiendrait devant lui. Mais aussitôt, il se rappela que Vegeta était mort, et que quelque part, c’était de sa faute s’il n’avait pas su l’en empêcher.

Il éprouva un certain soulagement en entendant le ton sévère mais juste de sa remarque, destinée à lui faire prendre conscience de son comportement bien plus docile que ce que son ainé attendait de sa part. Même venant d’un univers bien différent sien, Cabba restait un saiyan : il devrait donc agir comme tel, peu importe les valeurs pacifiques lui avaient été inculquées. Malgré ses nombreuses distinctions, Cabba manquait significativement du vécu d’un monde en guerre perpétuelle où tout équilibre était trop éphémère pour être atteint. Pour cette raison, le vétéran lui avait souvent reproché l’optimisme de ses discours et réprimandé sa curiosité débordante, et ce dès leurs premières interactions. Avec le temps, ils avaient appris des mœurs de l’un et de l’autre, mais bien entendu, cela n’avait pas suffi à changer leurs convictions du jour au lendemain. Que Vegeta soit agacé par son manque d’amour-propre n’était pas vraiment difficile à comprendre, mais cela ne les avait pas empêchés de nouer une relation de complicité.

C’était de là que remontait le souvenir le plus cohérent qu’il avait de Vegeta, lorsque ce dernier était encore vivant. En maintenant ses paupières fermées et en se concentrant délibérément sur ce qui lui venait à l’esprit, Cabba pouvait apercevoir la silhouette de ce à quoi son mentor ressemblait à ce moment-là, avant que son visage sans vie soit figé pour l’éternité dans sa mémoire. C’était il y a bien longtemps, mais peut-être pas aussi longtemps qu’il le pensait : le temps s’écoulait si vite et il avait bien du mal à en contempler le cours depuis sa sortie du Néant. Ce souvenir lui paraissait lointain, un peu terne, mais il lui procurait toujours ce ressenti qui faisait de Vegeta l’homme qu’il tenait en estime à bien des égards. L’acceptation de sa mort n’était pas encore faite dans son for intérieur et ses traits renfrognés semblaient toujours avoir une étincelle de vie, si bien que même sa lucidité se mit à douter pendant quelques secondes.

Tu ne vas pas quand même pas continuer à te lamenter, n'est-ce pas ?

Chaque respiration le poussait encore plus loin dans la brume de ses souvenirs, jusqu'à ce qu'il ne sente plus rien bouger autour de lui, jusqu’à ce qu’il n'entende plus le bruissement du vent, jusqu’à ce qu’il n'ait même plus conscience de son propre corps ni de l’endroit où il se trouvait.

"Maitre..." murmura-t-il, la gorge nouée par la fatigue.

Etait-il entrain de parler avec Vegeta, ou la fatigue lui jouait-elle des tours ?

"Je ne comprends pas ce qui se passe, voilà tout." admit-il enfin, mais il ne sut dire si ces mots étaient les siens. "Je pensais pouvoir tenir ma promesse, mais je ne suis même pas digne des valeurs de mon peuple. J’ai beau tout faire pour faire éclater la vérité, je suis juste..."

Désespérant ?

"Je me sens juste complètement égaré, sans vous."

Vegeta fronça les sourcils, mais il n’espérait pas d’autre réaction de sa part. Son mentor n'acceptait pas ses inquiétudes, car tel que Cabba le connaissait, il refusait de voir toute faiblesse en les fiers combattants de son royaume. Et même dans la mort, son entêtement ne s'estompera probablement jamais.

Eh bien ? Quel est le problème ? Ce n’est pas comme si tu ne t’étais jamais retrouvé face à ce genre de situation avant, non ?

Ce fut au tour de Cabba de se renfrogner.

"Ce n'est pas du tout la même chose..."

Bien sûr que c’est la même chose. Nous ne sommes jamais à l’abri d’une menace plus grande que nous, gamin. C’est honnêtement une surprise que rien de tel ne se soit produit auparavant, d’ailleurs. Tu m’as dit que ton peuple était formé depuis la nuit des temps pour résoudre des conflits d’une telle ampleur, que tu étais même reconnu comme l’un des meilleurs parmi les tiens. Alors qu’attends-tu pour mettre en action ce potentiel que tu sembles vouloir garder pour toi ?

"Vous ne comprenez pas... Il n’y a rien que je puisse faire pour le moment, et vous le savez très bien."

Que voudrais-tu que je fasse ? Nier la réalité de ce qui est en train de se passer ? rétorqua son ainé d’un ton sec, avant de regagner son calme.  Je suis fatigué, Cabba. Fatigué de devoir me répéter et surtout fatigué de te voir te morfondre. D’autres guerriers combattent en ce moment-même pour leur survie, de toutes leurs forces, et s’ils venaient à réussir, alors toutes ces larmes te feront faire ressembler à une plus grosse mauviette que tu ne l’es déjà.

"Vegeta..."

Va te reposer, puis réfléchis à ce que tu es entrain de faire, parce que ton comportement devient franchement absurde et cela m’embarrasse profondément. Et tu sais très bien ce que je pense de ce genre d’embarras.

Cabba le dévisagea, comme s'il ne comprenait pas très bien ce qu'il lui disait. Ces mots ne l’atteignaient pas tout à fait comme il s'y attendait et tout sembla encore plus flou dans le peu de souvenirs qu’il lui restait. Il ne se souvenait pas que Vegeta lui ait dit cela un jour, mais il aurait pu dire beaucoup de choses que Cabba n'avait pas complètement retenu. Après tout, il était resté perdu dans ses bons sentiments à l'idée d’en savoir plus sur lui, sur ce saiyan si différent de tous les autres qu’il connaissait. Ce n’était pas impossible qu’il puisse avoir des lacunes dans ce dont il se remémorait d’avant le Tournoi du Pouvoir… mais il ne parvenait tout simplement pas à situer cette amertume pourtant si familière dans le déroulement de ses souvenirs.

"Je ne... comprends plus rien..." se surprit-il à marmonner, la voix basse et incertaine.

Tu devrais cesser de penser à tout ça pour l'instant. De toute évidence, ça te rend plus pathétique qu’autre chose. Chercher à fuir la réalité ne t’amènera nulle part, idiot.

Etait-ce Vegeta entrain de lui parler, ou était-ce la détérioration de sa propre confiance en lui ?

Ses lèvres s’entrouvrirent et il se trouva à court de mots, secouant la tête et essayant de donner un sens à tout ce qu’il entendait. Mais c'était comme s'il s'enfonçait plus loin encore dans son engourdissement. Sa respiration fut perturbée pendant un moment avant de s’apaiser, lentement, jusqu'à ce qu'il puisse de nouveau prendre de longues respirations. Sa concentration avait des difficultés à rester stable, mais il s’efforça de rester centré sur qu'il pensait être une représentation de ses angoisses. Ce qu’il entendait n’avait plus de sens et il essaya de tout remettre en ordre, mais il manquait lui-même de toute cohérence pour le faire convenablement.

"Je ne..."

Vous ne saisissez pas ce qui se passe vraiment, ouais, je sais. lança une seconde voix, tout aussi ennuyée, mais étrangement non moins dépourvue de considération.

Il savait parfaitement à qui elle appartenait, mais son esprit était bien trop détaché de son corps pour qu’il puisse ressentir quoi que ce soit. Pas même de la colère, pas même de la tristesse.

Allongez-vous et dormez, capitaine. Ce n’est pas si difficile que ça. l’incita-t-il à nouveau et Cabba se sentit aussitôt plus détendu, plus calme, mais un sursaut dans son inconscient le ramena vers le souvenir de sa voix.

"C'est juste que..."

Vous me fabriquez dans votre tête, espèce de crétin des mers.

"Vous êtes..."

Je ne suis pas réel. Vous m'inventez. Je suis juste là pour vous faire espérer que je suis quelque part, peut-être plus proche que vous ne le pensez.

"... Vous êtes... pas... vous êtes... mort... Je vous ai tué."

Pas vraiment. Mais c'était votre plan, n'est-ce pas ? Vous allez vous ressaisir, me retrouver et résoudre toute cette histoire. Alors arrêtez de pleurnicher. Cela ne vous convient pas du tout.

Peut-être que cela ne lui convenait pas, de désespérer ainsi. Mais être à la merci des évènements ne lui ressemblait pas plus et s’il ne se décidait pas à enfin agir comme il le devait, il se pourrait bien qu’il retourne au Néant aussi vite qu’il en avait été sorti. Dans sa tête, il était persuadé d’avoir fait ce qu’il fallait ; mais dans son cœur, la honte et la culpabilité le tourmentaient sans cesse. Ce n’était pas comme s’il n’avait jamais pris de décisions au nom de l'ordre et du bien, mais ses actes l'avaient amené plus loin que tout ce qui lui était permis de faire en tant que serviteur de la justice.

Peut-être que sa confusion, il avait oublié qui il était et quelle était sa place dans l’univers. Peut-être que les choses avaient changé mais qu’il ne s’en était pas rendu compte, ou qu’il refusait malgré lui de vivre dans cette réalité qui n'était pas la sienne.

"Je..."

Ne dis pas un mot de plus, tu perds ton temps. reprit Vegeta.

Fermez les yeux et pensez à votre propre bien, pour une fois dans votre vie. conclut Scalio.

Cabba laissa échapper une faible protestation, mais elle resta coincée au fond de sa gorge. Même dans son esprit, son mentor parlait sans le moindre détour. Mais... étrangement, c'était réconfortant. Son caractère acerbe, ou plutôt la familiarité de celui-ci, lui offrait un peu de lucidité, assez pour qu'il puisse revenir dans son corps, à l’endroit où il avait l'impression de dériver auparavant. Un endroit désert, mais accueillant, où il pouvait enfin arrêter de penser à quoi que ce soit et se reconstruire peu à peu.

L'immobilité qui le submergeait sembla passer à travers sa peau et ses os. La fatigue engourdissait tout son corps et il ne voulait plus avoir à bouger, maintenant qu’il avait enfin calmé ses peurs les plus envahissantes. Il s’imagina sur les marches de l’un des temples en ruines de Sadala, où il se recueillait parfois lors de ses patrouilles, priant les divinités originelles. Il se demanda si les déesses guerrières allaient entendre ses prières et lui accorder leur bénédiction pour tout ce qui lui restait à accomplir, mais cette pensée s’échappa aussitôt d’entre ses doigts. Rien ne perdurait suffisamment de temps dans sa mémoire pour le retenir, à moins ce que ce ne soit le visage de son mentor ou de son ancien subordonné.

Mais même leurs formes indistinctes furent aussitôt dissipées par son propre for intérieur lui disant de se taire et de dormir, résonnant de quelque part au plus profond de lui-même, jusqu'à ce qu'il laisse tout laisser s'échapper et qu’il succombe enfin à l’obscurité, au néant. Le monde entier s’évanouit en l’espace d’une seconde, ne laissant plus rien autour de lui. Un vide où il se laissa aller un moment, à l'écart de toute trace du présent, du passé ou de l'avenir contre lesquels il se démenait de toutes ses forces.
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