Sujet: Re: [EVENT] Chuteliere IX Lun 7 Oct 2019 - 21:09
Ce foutu loup pensait vraiment l'avoir hein?! Il était sûr qu'il pourrait faire du saiyan son déjeuner pas vrai? Et bien non! Le sang qui coulait sur le plastron déchiqueté de l'armure était aussi rouge que la rage pure qui pulsait dans le crâne de Jojiba. De la haine, de la colère, un immonde sentiment qui le poussait à continuer, à forcer. On lui avait tout pris? Alors il leur prendrait tout! Si cette bête pensait faire le poids, elle était loin du compte. Non, le colosse ne pouvait pas mourir, pas avant d'avoir broyer la mâchoire de Demigra. Ce nom hantait son esprit et servait de carburant à son instinct de survie déjà bien trop sollicité. Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé? Ou dormi? Voir même bu? Son corps tout entier hurlait au supplice et à l'épuisement, mais son âme ne désirait qu'une chose, la tête du démon, et pour ça, il survivrait quoiqu'il en coûte. Fût ce-t-il nécessaire qu'il affronte une créature cauchemardesque bien plus puissante que lui, qu'importe, il survivrait.
Le coup aussi violent que destructeur interrompu le monstre dans sa charge. Une large entaille venait de s'ouvrir sur tout le long de son corps et son sang impropre jaillissait comme une fontaine. La bête avait été abattu, la bête était vaincu, la bête était...
Un homme.
La chose canine devint lentement un être humain, reprenant une forme normale sans pour autant perdre ses blessures. Cette posture... Ce regard... Pas encore...
L'homme qui était redevenu homme fixait Jojiba d'un air triste, mais plus encore, d'un air humain. Le temps sembla infiniment long tandis que sa carcasse tombait au sol et que la vie l'abandonnait. Qui avait fait ça? Qui avait tué cet homme? Non, le saiyan ne pouvait pas... Il n'avait pas voulu tué un homme, il n'avait fait que se défendre face à un monstre. Mais il pouvait retourner le problème dans tous les sens qu'il voulait... Au final c'était lui le monstre, la créature infâme, l'horreur vivante qui détruisait sans même s'en rendre compte. C'était la deuxième vie qu'avait volé Jojiba, Il voulait hurler, il voulait s'envoler loin d'ici, il voulait revenir en arrière, il voulait changer les choses... Mais tout était déjà fait. Le sang tâchait ses mains et son âme à jamais. Il n'y avait plus rien à faire à présent. Au final, est-ce le démon avait tord dans cette histoire? Il n'avait fait que révéler la vraie nature du saiyan, ce secret enfoui depuis sa naissance, cette violence refoulée qu'on lui avait si bien appris à cacher. Oui au final... Peut-être que Demigra avait eut raison...
Demigra...? Raison...?
Qu'il crève la gueule ouverte ce chien galeux.
Avant d'arriver dans ce petit enfer, le fermier n'était qu'une énorme boule candide de bonne volonté, un vrai boy-scout, mais en à peine quelques jours ici, il avait apprit une leçon, une leçon qu'il n'était pas près d'oublier. On lui avait toujours dit qu'on pouvait accomplir tout ce qu'on voulait en faisant assez d'effort, mais on ne lui avait jamais parler de sacrifices. La vie n'est pas un fleuve tranquille dont on peut détourner le courant à grand coup "d'espoir" et de "bonne foi", non, il faut faire des sacrifices, pour avancer, il faut délaisser. Pour grandir, il faut détruire. Aujourd'hui quelque chose s'était brisé au fond de Jojiba, quelque chose de très important. Retrouverait-il un jour son ancienne façon de vivre? Qui sait... Pour le moment, seul son objectif prédominait.
Tuer Demigra.
Le sentiment de culpabilité avait quasiment disparu, il était toujours là évidemment, mais noyé dans un torrent de rage et de haine. Il le tuerait, il le tuerait qu'importe le prix! Il mettrait un terme à la vie du démon et effacerait ce sourire sournois de son visage. Il se doutait qu'il n'était pas le seul à en vouloir à Demigra, il devait y en avoir d'autre, d'autre comme Garou, le même Garou qui avait planté les graines de la destruction du démon, Garou qui avait su inspirer le saiyan et le motiver à se donner à fond pour atteindre sa cible, non, leur cible, leur cible à tous.
Et comme si le crâne du colosse n'était pas assez en ébullition comme ça, une vision ne fit que détruire les ruines de sa présence d'esprit. Qui était-elle cette sournoise petite chose? Ce diablotin au corps de jeune fille qui souillait la dépouille de Garou de ses morsures tranchantes. Comment osait-elle?! Elle paierait, elle paierait pour oser faire ça! Elle ne devait pas mieux valoir que les démons de toute façon, elle allait vite comprendre que son acte avait acté son arrêt de mort!
Mais tandis que les poumons du saiyan se gonflaient pour pousser un cri de guerre aussi bestial qu’agressif, un craquement déchira les cieux. Il y eu comme un flash de lumière et tous les muscles du corps du colosse se contractèrent d'un seul coup. Une douleur vive passa du haut de son crâne jusqu'à ses talons, en creusant son chemin tous le long de son dos. Son corps tout entier était secoué d'un spasme de douleur et en l'espace d'une seconde qui sembla durer une éternité... Plus rien.
Il se tenait là, debout. La bouche grande ouverte et les yeux révulsés. C'est comme si il était mort sur place. C'est finalement le poids de l'armure meurtrie qui l'emporta sur ses genoux et d'un geste aussi lourd que lent, il tomba lentement sur les rotules, pour ensuite chuter ventre à terre.
Tout était flou autour de lui... Flou et sombre, il ne voyait que du noir... Non... Du blanc... Ou alors... Il n'en était même pas sûr, ses sens ne répondaient pas correctement, son ouïe lui revint lorsqu'il entendit un long sifflement. Puis le flou pris une sorte de forme... Des couleurs commencèrent à apparaître. Au plus proche du sol, Jojiba commençait à apercevoir de l'herbe, puis plus loin deux silhouettes. Elles se... battaient? Le bruit des lames qui s'entrechoquaient commençait à être distinguable par dessus le sifflement. Et tandis qu'il retrouvait lentement le contrôle de son corps, il reprit également contacte avec son esprit, mais cet esprit était loin d'être apaisé. Et tandis que ses doigts se resserraient peu à peu sur la garde de son épée, son corps fut secoué d'une pulsion unique...
Lorsqu'il ouvrit grand les yeux.
Louve Folle
Age : 23 Date d'inscription : 25/07/2018 Nombre de messages : 51Bon ou mauvais ? : Chaotique Mauvais Rang : -
Sujet: Re: [EVENT] Chuteliere IX Dim 20 Oct 2019 - 2:24
Déglinguée, la Louve. Effacés, les Loups Garous, Marmotte et Homme de Loi. La sorcière ne rit plus de son sinistre rire satanique. Elle n'a plus d'amant, plus de goût pour chanter et danser. Elle n'est plus qu'une folle à lier. Une Folle qui demeurait debout. Une Folle avec son cerveau aussi froid que la Science. Une Folle qui captait la situation, également.
"T'as misé sur le mauvais cheval", comme on dit. Sauf que c'est la deuxième fois que Lou se fourvoyait.
Cette révélation l'enragea de plus belle. Il y avait comme un sale goût dans sa putain de bouche, acre et ferrique. Une sensation étrange et déplaisante, qui la laissait pantoise et enragée comme jamais. Comme une balle qui pénètre dans un cœur battant la chamade, maintenant, sans prévenir. Et pas n'importe où, ça non. Ca touchait là où ça tapait fort dans la poitrine de l'Emeraude. Son esprit avait toujours été vide d'émotions mais, pourtant et aujourd'hui même, il était plein de vie.
C'était bizarre, d'être vivant !
Lou était en colère. Sa poigne resserra la griffe de son amant, forte de sa plus odieuse conviction. Tuer ces survivants. C'était tout ce qu'il lui restait pour faire régner le Désespoir en leurs noms, ainsi qu'en ceux des Shadow Dancers. Les gens ne comprendraient jamais comment une mythomane, une assassin, une voleuse et une sadique comme elle pouvait se retrouver aussi perdue et morte intérieurement pour un homme à terre.
La poitrine ouvert. Le vieux bruit d'un sang qui gargouille pour la Mort, là, en Enfer. Contre-terre. "Tu sais très bien que j’ai raison. Car nous sommes tous les deux des saiyans et que chercher plus fort que soi nous est vital."
Sournoisement, l'Oeil vif et furtif de la Louve le darda. Le foudroya.
Et tout aussi fourbement, sa silhouette s'approcha de son opposant.
...
"C'est cela donc, ton fichu désespoir ? C'est donc cela, ta seule résolution pour survivre ?" Va chier Kyabe. Dans la jungle, en cherchant plus fort, la proie finit entre les crocs et redevient poussière. Et si ni Scalio, ni Garou ne pouvaient gagner, alors il était inconcevable que ces deux hommes puissent seulement espérer s'en sortir indemne, tous les deux. Après tant de morts, tant d'échecs, les Sauveurs n'existaient pas. Aucun d'entre eux n'en serait un, et aucun d'entre eux n'était réellement promis à ce Destin. Il n'y a pas de sourire franc à tenir, juste un visage stoïque et des propos acerbes à maintenir. C'était cela, le véritable manège de la Vie. C'était cela, le véritable visage de Louve Folle.
"Alors, je vous en prie. Allez mourir, pour Lou au moins. Au moins pour elle, oui...", songea-t-elle avec la froideur d'un funambule du Cirque de Passage.
Sa force, sa magie noire et son cerceau n'étaient plus, mais par chance, elle n'avait pas perdu de son agilité pour exécuter quelques mouvements en l'honneur du Grand Sommeil à venir. La jeune femme s'approcha alors de lui, dévoilant la griffe dans ses mains au fur et à mesure de ses pasos. Prête à lui arracher le coeur à tout moment. Après tout, c'était là la véritable nature des Oiseaux de Passage. Ils n'étaient que des assassins de l'ombre que l'on avait longtemps craint par le passé. Des corbeaux aux rictus impitoyables et malsains. Ses seins à l'air et son manque de pudeur étaient là pour exprimer toute sa gratitude à l'égard de son opposant. Louve Folle n'en a que faire de choquer aux yeux de ces mortels.
"Fais moi un plaisir, petit farfadet...Va pourrir en Enfer !"
Lou prit quelques secondes à réaliser, à détailler les traits tirés de l'ancien ami de son Amant. Il avait changé, et pas en bien. Cela provoqua de nouveau un frisson dans tous les membres de la Sorcière Noire.
"Oooooh mais t'es complètement givré du slip ma foi mon petit Kyabe ! Ouaaaais, t'as perdu ton compagnon et tu t'assimiles à une race que tu n'es pas vraiment pour te venger ou te dire que cet endroit te fait sombrer dans un désespoir monstre ? Mais...mais c'est pas bien ! Du tout. Ce n'est pas qu'une question de vengeance en définitive toute cette histoire avec Demigra, non non. Faut que tu me crois, faut que tu me laisse vivre ! Si je sors d'ici, je ferais en sorte de vous ramener à la vie, à ma façon! Car j'agis maintenant au nom de Garou et de Scalio. Leurs morts font désormais partie de moi, à jamais. De nous tous. La Vengeance...C'est un poison insidieux, créateur de bien des guerres ! C'est tellement beau et tellement laid... Oui..."
Un petit sourire satisfait naquit sur ses lèvres poupines.
"Il faut dire non. Et accepter que j'en sois la Gardienne ! "
Premier crissement. Une griffe contre une épée ; l'Homme contre la Bête. Le Combat aurait pu durer plus longtemps, si ça n'avait pas été pour ce flash qui s'illustra dans les prunelles de l'Assassin. Ce Maudit Chevalier venait de sombrer face contre terre. Quelle plaisir. Divine Comédie. Avec un peu de chance, il était sûrement...
O, mieux valait s'en assurer !
La Louve folle sourit et fer contre fer, cracha à la figure du pauvre Saiyan de l'Univers 6 afin de s'extirper de son emprise. Prête à s'acharner sur le corps encore frêle et faible de son deuxième adversaire ; le porteur de l'Epée lumineuse.
Ses paupières se relevèrent, révélant la froideur de ses orbes émeraudes qui, décidément, n'étaient plus aussi enfantines qu'au début de cette aventure. Bien décidé à en finir avec cet homme, elle décida de répéter son action plusieurs fois. C'était sa seule chance. Sa seule chance d'en finir avec l'adversaire le plus costaud de ces lieux...
Son unique stratégie pour l'heure.
Son pied heurta violemment la main qui tenta de saisir cette garde, prenant même du plaisir lorsqu'un foudre de douleur lui remonta depuis la plante des pieds jusqu'au cerveau. Ca lui faisait mal mais quelle adrénaline ! Une certaine violence s'exposa dans sa tentative. Restait à savoir si tenter de planter un homme entre les creux de son armure serait réellement utile...
Peut-être bien que oui, un peu. Peut-être bien que non, pas de bol.
Quelque part, elle en doutait.
Oh, Kyabe ne devait pas être très loin derrière elle ! Aussi, Louve Folle en profita pour se faufiler dans le dos de Jojiba et le renverser par l'avant, profitant du poids de l'armure et des réactions groggy de ce dernier, avant de lui retirer le casque et de le menacer avec la griffe...
Pour le moment.
...
""T'approches et je fais saigner son joli petit cou."
Son coeur battait la chamade. Encore.
Ca ne suffirait pas son sale petit manège, hein?
Cabba
Saiyan
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Techniques Techniques illimitées : Distorsion Kick / Gravity Break / Garrick Cannon Techniques 3/combat : Dimensional Impulse / Energy Shield Techniques 1/combat : Big Bang Cannon
Sujet: Re: [EVENT] Chuteliere IX Lun 21 Oct 2019 - 17:15
En cet instant, le sadalien était totalement déconnecté de la réalité. Il y avait le lui-même qu'il connaissait depuis toujours, le défenseur des faibles et des innocents, le champion pacifiste, le capitaine aux nombreuses responsabilités et aux doutes latents ; et puis il y avait le lui-même du moment présent, son cœur palpitant à une allure folle, ses muscles tendus à l'idée de faire gicler un sang qui n'était pas le sien, ses poings serrés jusqu’à s’en faire blanchir les phalanges, son regard planté comme un poignard entre les seins nus de la funambule, à l’aplomb du sternum.
Son passé semblait lointain, ses souvenirs discontinus, ses appréhensions parties en fumée, ses principes enfouis au point de n'avoir d'autre possibilité que d'accepter ce monde impitoyable, d'accueillir à bras ouverts la violence et la mort. Une telle situation aurait suffi à l’estomaquer en temps normal ; fidèle à ses convictions, il aurait lutté contre l'impossible jusqu'à ce que son dernier souffle soit rendu, afin de ne pas mourir sans avoir pu changer le cours des choses ne serait-ce qu’un instant.
Mais son esprit était absent, ses gestes ne connaissaient plus aucune hésitation, et sur sa langue subsistait non plus l'amertume du désespoir mais l’ivresse âcre de la colère — une rage sourde qui ne demandait qu’à être libérée sa forme la plus pure, la plus dévastatrice, la plus brutale.
"Voilà qui est mieux."
Des lèvres mutines de l’acrobate s’échappèrent des paroles sardoniques qui atteignirent Cabba avant même qu’il ne soit arrivé face à elle, avant même qu’ils n’aient pu échanger le moindre coup.
"Oooooh mais t'es complètement givré du slip ma foi mon petit Cabba ! Ouaaaais, t'as perdu ton compagnon et tu t'assimiles à une race que tu n'es pas vraiment pour te venger ou te dire que cet endroit te fait sombrer dans un désespoir monstre ? Mais... mais c'est pas bien ! Du tout. Ce n'est pas qu'une question de vengeance en définitive toute cette histoire avec Demigra, non non. Faut que tu me crois, faut que tu me laisse vivre !"
Même face à une fin imminente, elle persistait à jouer la carte de la moquerie, de la fourberie, de l’apitoiement ; il lui fallait reconnaitre que tout comme lui, elle savait choisir ses mots avec une intelligence tout particulière, de sorte à ce que ces derniers fassent autant de mal que des coups de couteau.
Cependant, il y avait bien longtemps que le sadalien avait, en fait, arrêté de l'écouter.
"Si je sors d'ici, je ferais en sorte de vous ramener à la vie, à ma façon ! Car j'agis maintenant au nom de Garou et de Scalio. Leurs morts font désormais partie de moi, à jamais. De nous tous. La Vengeance... C'est un poison insidieux, créateur de bien des guerres ! C'est tellement beau et tellement laid... Oui..."
Sa silhouette se mit à valser sous la pluie éparse ; une sérénade à l’effigie de la mort elle-même, envoûtante et fatale, alors qu’elle faisait jouer entre ses doigts les griffes arrachées à la carcasse de son ancien partenaire. Elle n’avait éprouvé aucun remord à démembrer son semblable pour s’approprier ses ressources naturelles, et voilà qu’elle se permettait de profaner sans nulle honte l’intégrité de son caporal en prétendant que son souvenir lui appartenait intimement, à elle, la saltimbanque aux desseins funestes, qui se plaisait tant à répandre le trépas mais qui ne semblait pas tant prête à le recevoir…
"Il faut dire non. Et accepter que j'en sois la Gardienne !"
Quelques pas encore et il pourra, si ce n’est enfin la faire taire, effacer pour toujours le détestable sourire mutin qu’elle arborait fièrement sur ses lèvres.
"Jamais je ne laisserai quelqu’un comme toi souiller le nom de mon partenaire."
Un premier coup, un premier éclat. La lame du couteau vint percuter l’ivoire acéré ; comme il s’en doutait, la psychopathe s’attendait à ce qu’il se précipite et savait parfaitement où frapper, essayant d’atteindre les points vitaux avec une adresse mortelle. Mais le moment n’était pas venu de revenir sur sa décision ; maintenant qu’il avait enclenché les rouages du dernier acte, il lui fallait désespérément jouer le rôle qui lui avait été attribué jusqu’au bout. N’était-ce pas ce que le Diable voulait, après tout ? Que les innocents meurent, que les meurtriers se réjouissent, que les victimes finissent par devenir des bourreaux ?
Leurs attaques fusèrent, aussi brèves que la tombée de la pluie. Des éraflures, puis des entailles vinrent marquer leurs corps dépossédés de toute protection, sans réussir toutefois à blesser mortellement l’autre dans un premier temps, comme si leur volonté de vivre l’emportait sur leur désir de mort.
Au final, le saiyan ne valait pas mieux que la pitoyable créature qu’il était en train de combattre. L’indubitable lueur de satisfaction qu’il pouvait apercevoir dans les prunelles d’émeraude de la louve folle le renvoyait à sa nature la plus profonde ; une vérité qu’il ne pouvait se résoudre à admettre pleinement, sans quoi toutes ces valeurs qui lui avaient permis de faire son devoir jusqu’alors ne seraient qu’une vaste imposture, sans quoi il n’était qu’un guerrier bon à causer la terreur et la souffrance d’autrui sous prétexte de devoir céder à d’irrépressibles penchants pour la violence.
Combien de temps avait-il passé dans la certitude que son avenir était tout tracé, qu’il était destiné à servir le bien sans remettre en question cette même vocation, sans savoir qu’il partageait en réalité ses gênes avec une descendance de guerriers impitoyables ? Combien de temps s’était-il persuadé que son peuple était nécessairement pacifique, sans douter une seule seconde du fait que dans d’autres univers, des évènements regrettables aient poussé les siens à s’engager sur un chemin pavé de sang, d’esclavage et de cruauté ? Le combat inévitable dans lequel il s’était engagé l’indignait, l’enrageait, le stimulait, l’excitait — et il détestait cette sensation autant qu’il prenait du plaisir à l’éprouver.
Mais alors que l’éclat d’ivoire s’apprêtait à mordre la chair de son épaule, la louve folle avait d’autres plans. Crachant au visage du sadalien sans la moindre once de dignité, elle se faufila dans son dos pour lui échapper et, contre toute attente, s’empressa d’immobiliser le guerrier en armure avant qu’il ne puisse se redresser ; ce dernier semblait fourbu, éreinté... mais toujours vivant. Le saiyan comprit immédiatement les intentions de son opposante ; en se débarrassant de cette potentielle menace tant qu’elle était vulnérable, elle voulait s’assurer les faveurs du Diable dans les dernières heures de ce jeu maudit, remportant ainsi la victoire. En agissant de la sorte, voulait-elle faire douter le justicier une dernière fois, comptant sur son altruisme inné pour créer une ouverture dans sa garde, ne serait-ce un instant d’hésitation, dont elle allait profiter pour le déstabiliser et ainsi le mettre définitivement hors d’état de nuire ?
La funambule lança une menace à l’intention de son adversaire, mais son exclamation fut couverte par un seul bruit sec.
Crac.
Le craquement d’une allumette, puis d’une seconde, et enfin d’une troisième, qui se perdirent dans le silence.
Crac.
Crac.
Le crépitement d’une timide étincelle. Le tissu rongé par les flammes dansantes. L’eau-de-vie enivrante se parant des couleurs de l’enfer. La respiration douloureusement lente, comme pour arrêter le cours des secondes. Tout cela était allé bien trop vite. Mais à présent, il n’avait plus d’autres options.
Le grésillement incessant qui accablait l’esprit du justicier n’était plus. Seul le silence engloutissait tout ce qui parvenait à ses tympans. L’appréhension qui pétrifiait ses gestes n’avait plus lieu d’être. Seule l’adrénaline coulait à flots dans ses veines. La prudence excessive qui le retenait en temps normal et qui le rattachait au peu de raison qui lui restait avait laissé place à une détermination sinistre qui le poussait à ignorer la peur, à ignorer la souffrance, à ignorer la mort — non seulement la sienne, mais aussi et surtout celle des autres.
Mais était-il vraiment lui-même, alors qu'il s'apprêtait à sacrifier d’autres vies pour qu’il puisse lui-même continuer à vivre ?
La fin est proche.
Le sifflement du cocktail molotov improvisé qui fendit l'air fut la dernière chose que le misérable pacifiste put entendre, avant qu’une déflagration assourdissante n’embrase tout devant lui.
Dernière édition par Cabba le Jeu 23 Juil 2020 - 16:17, édité 1 fois
Jojiba
Saiyan
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Sujet: Re: [EVENT] Chuteliere IX Ven 1 Nov 2019 - 18:25
Un animal, une bête, voilà ce qu'il était devenu. Animé par la même haine qui faisait battre son cœur dans ce corps meurtri, le saiyan reprenait plus ou moins ses esprits. Certes, il était de nouveau conscient de ce qui se passait, mais il était encore loin d'être en position de pouvoir raisonner correctement. Ses sens ne se répondaient qu'à moitié, sa vision était trouble, ses membres étaient secoués de spasmes incohérents, tout ce qu'il entendait semblait être couvert par une cloche de verre et un arrière-goût métallique envahissait sa bouche. Mais malgré tout ceci, sa volonté était la même : se lever et combattre, combattre comme un lion, comme un démon, il voulait broyer ceux qui lui avaient tout prit, et il serait sans merci. Mais tandis que ses doigts commençaient déjà à saisir la lame qui était au sol, un choc vint les ouvrir et fit voler l'épée aussi symbolique que puissante plusieurs mètres plus loin. Toujours dans le flou, Jojiba ne comprit ce qui se passait que lorsqu'une douleur atroce secoua son épaule, puis ses trapèzes, ainsi que son dos et ses hanches. A plusieurs reprises, un poignard avait cogner contre son armure avant d'y trouver quelques ouvertures. La lame improvisée déchira sa chair et fit jaillir son sang, qui, en plus de s'échapper par les plaies fraîchement ouvertes, eût tôt fait de remonter le long de sa gorge pour être recraché dans une gerbe rougeâtre sur le sol. Mais plus que son sang, c'était aussi son énergie et sa fougue qui quittait son corps. Son esprit avait beau briller avec la détermination d'un volcan, son corps avait ses limites, qu'il avait dépassé depuis un moment déjà. Ces dernières blessures ne faisaient que s'ajouter sur le tas de fardeaux qui accablait les forces du saiyan. Il n'était plus question de vengeance, d'honneur ou de détermination, il était question de réalité, une réalité dure mais franche. C'était terminé, il était réellement épuisé, si il devait se lancer dans un combat à présent, il n'aurait que sa rage à offrir, rien de plus, il devait lui rester à peine assez d'énergie pour pouvoir exécuter quelques mouvements avant de sombrer dans l’inconscient. Lorsque les coups cessèrent de lacérer sa chair, il senti une pression derrière lui et le couteau encore sanglant se logea sous sa gorge, prêt à l'ouvrir en deux au moindre mouvement.
"T'approches et je fais saigner son joli petit cou."
Cette voix... Féminine... C'était... Oui. C'était elle, c'était elle qui avait profané la dépouille de Garou. Alors elle serait aussi le bourreau du fermier? Fallait-il que ce soit un être aussi vil et abjecte qui porte le coup fatal à Jojiba, lui qui avait jusqu'à présent mener une vie on ne peut plus honnête. C'était une étrange ironie, mais pas aussi ironique que la personne à qui s'adressait la pilleuse de cadavre.
Jojiba n'avait pas retenu le nom de ce jeune homme, il se souvenait juste que c'était celui qui dès le départ était parti loin de tous, là où les autres avaient choisi de rester groupé, il avait joué la carte du loup solitaire. Tout le monde pensait qu'en agissant ainsi il se condamnait, que personne ne pourrait survivre seul dans cet enfer. Pourtant aujourd'hui il était là, l'épée au clair, vivant, et où étaient les autres? Morts.
Ironique.
Il n'était pas dans le meilleur état cependant, et son visage était clairement celui de quelqu'un qui n'hésiterait pas à lever et abattre son épée. La fille qui menaçait le saiyan semblait penser qu'un otage suffirait à faire douter le survivant, mais ça n'allait pas être aussi simple, Jojiba le lisait dans son regard, lui aussi était à bout, lui aussi avait laissé sa morale et son honneur derrière lui. Il était fatigué, il était à bout, ils l'étaient tous. Étrangement, le fermier trouva du réconfort dans cette situation, ne pas être seul, c'est ce qui ramena chez lui une once de raison. Bien que physiquement très différent l'un de l'autre, venant même d'univers opposés, bien que Jojiba l'ignorait, il ne pouvait s'empêcher de se voir dans la silhouette du guerrier face à lui, tous les deux avaient été brisés par les événements des derniers jours, tous deux n'étaient plus que l'ombre d'eux-mêmes, mais pourtant, ils continuaient d'avancer, espérant peut-être naïvement que les choses allaient changer? Que les traumas allaient disparaître et que les morts reviendraient le sourire aux lèvres comme si rien de tout ça n'était jamais arrivé? Ou alors peut-être n'étaient-ils guidés que par leur instinct de survie, n'étant plus que les esclaves à l'âme éteinte d'un corps fatigué mais désespéré s'accrochant au peu de vie qu'il lui reste.
Jojiba compatissait avec cet homme, il était désolé pour lui.
Et alors que la prédatrice était dans l'attente de la réponse à sa menace, celui qui lui faisait face fit appelle à un élément très symbolique, illustration de la haine, de la colère, mais aussi de la passion et de la détermination : le feu. Dans sa vision flou, le fermier observa la petite lueur enflammer le haut d'un objet à la forme longue et ondulée, un genre de bouteille. Alors c'était ça sa solution? Il était loin d'avoir tord après tout. ils avaient été souillés, cette endroit avait été souillé. Dans les flammes ils seraient purgés et lavés de leurs fardeaux, dans la mort ils ne souffriraient plus.
Blessé et meurtri, Jojiba adressa un regard à celui qui vola son rôle de bourreau à la jeune femme. Ce n'était pas un regard de défi, ni un regard de regret. Non, c'était une supplication. Un de ses yeux était fermé, n'en laissant qu'un seul à demi-clos. De ce seul œil, il suppliait le jeune homme, il le suppliait de ne pas abandonner, de rester déterminer, mais plus que tout il le suppliait d'une chose : de les venger. Pas seulement Jojiba, Garou ou Zelen, il le suppliait de tous les venger, les innombrables innocents, morts à cause de Demigra, ceux qui ne reverront jamais leurs proches, mais aussi ceux qui pleureront leurs disparus.
Rien ne lui garantissait que le message était passé, mais si il y avait la moindre chance que son interlocuteur ai compris ne serait-ce que son intention, il n'était pas question que le saiyan laisse qui que ce soit se mettre sur la route de l'épéiste.
Il était temps à présent. En son cœur noyé dans le sang et les regrets, Jojiba fit ses adieux, adieux à ces gens qu'il avait rencontré sur Terre, qui avaient su lui faire confiance et qui s'étaient donné pour mission d'aider le peuple en péril. Adieu à Garou, qui fut un exemple pour lui, de part sa détermination et son courage. Adieu à sa mère, sa chère mère qui avait fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui, qui avait dédié sa vie au bonheur et de son enfant, il espérait ne pas la décevoir et que la nouvelle de sa mort ne brise le cœur de la vieille femme que le temps d'une période aussi courte que possible. Enfin, il fit ses adieux à la terre, la terre qu'il aimait tant. Non pas la planète, mais bien celle qu'il travaillait avec investissement et délicatesse. Labourer les champs allait beaucoup lui manquer, mais à présent, il était temps.
Fermant lentement les yeux, il rompit le regard qu'il adressait à l'homme dont la bouteille enflammée venait de quitter la main, et tout en concentrant la totalité de ses dernières forces, bascula sur le côté. Déplaçant avec autant de violence que possible sa carcasse abîmée, il sentit la lame, sous la puissance du mouvement ou de la volonté assassine de la jeune femme, pénétrer lentement son cou. Mais alors que le projectile destructeur entamait sa course dans les airs, le saiyan exécuta son dernier mouvement. Maintenant libre de bouger un tant soit peu les bras, il se saisit de la main de la pilleuse et verrouilla sa poigne sur son poignet. Ce dernier acte, en plus du déplacement qu’exerçait son corps, eu pour effet de planter le reste du couteau dans sa gorge, amenant les doigts fins de l'artiste macabre contre le cou du fermier. Il venait de finir de rouler, faisant basculer la balance, sacrifiant sa vie pour en prendre une autre, maintenant sur elle, il écrasait son attaquante de tout son poids et maintenait sa prise, crachant une dernière gerbe de sang et poussant sa dernière expiration. C'était là tout le but de cette manœuvre morbide : bloquer la jeune femme et la condamner elle aussi à être lavée par les flammes. Finalement, le projectile atteignit sa cible, et dans un flash écarlate, les flammes firent leur oeuvre. La chaleur dévorante emporta le saiyan qui ne pu se débattre, non, il était immobile, fixant le ciel au dessus de lui. C'est à peine si il ressentait la douleur du feu qui consommait sa chair, il ne ressentait plus rien, son corps partait. Non.
Son corps mourut. Et c'était maintenant son tour. La vie venait de quitter son être et ce fut la fin.
La fin du fermier saiyan qui ne désirait rien de moins que la paix et la tranquillité de ses champs.
La fin de Jojiba.
Louve Folle
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Sujet: Re: [EVENT] Chuteliere IX Mar 12 Nov 2019 - 23:18
Elle les ferait saigner. Tous. Physiquement, son visage poupin ne cillait pas. Ses pupilles étaient animées par une expression mutine oscillant entre perversité et sérénité. Mentalement en revanche, sa bouche bavait comme un chien n'ayant pas mangé depuis des nuits voire des siècles. Une maladie qu'elle avait peut-être écopé, tout compte fait ? Ca s'appelait...la rage, d'après les médecins. La Rage. Sa main se suspendit, non pas d'hésitations, mais de jouissance la plus totale et la plus complète car au final, ne tenait-elle pas là l'instrument de la Mort elle-même ?
Ses yeux se fermèrent. Ses lèvres s'entrouvrirent. Son Dieu approchait.
Ô, Rage ! L'odeur âcre de cette entité meurtrie tout droit sorti des enfers la réchauffait à chaque instant. C'était imminent. C'était là, maintenant, sous les yeux de tous ces pathétiques rescapés. Qu'ils crèvent, songeait-elle. "Qu'ils crèvent, eux qui s'estiment aussi bienpensants." Car dans le fond, tous ceux-là n'étaient que des Monstres. Le sang leur montait à la tête à eux aussi, jusqu'aux babines. Le bruit d'une gorge ne noyant dans son propre sang faisait monter en elle l'Extase. Jojiba allait mourir par la Griffe de Garou qu'elle n'avait pas su protéger. Par chance, les gouttes de sang qui perlaient au bout de son ivoire faisaient office de sacrifice pour Madame Chasse. Kyabe...se joignait-il à elle, dans sa Folle Danse ?
Un sourire s'étira sur son visage fou. Fou à lier. Fou de tout. Elle ne peut s'empêcher d'observer tout, en saisissant ce cocktail molotov qui, l'instant d'après, fila dans les airs en leurs directions. L'improvisation de ce cher ex-partenaire était fort louable tant il fut imprévisible. En un mouvement et deux micro-secondes, les instincts de cette machiavélique femme-louve étaient sur le point de la faire fuir lorsqu'une main la saisit, la fit rouler. Celle de sa victime.
Un hoquet de stupeur lui prit la gorge. Sa main frappa à plusieurs reprises, courroucée.
"Lâche-moi, sale merde ! Ca devait être un solo à trois équitable normalement ! Va pourrir tout seul en Enfer, je suis la seule à pouvoir danser la Mort, tu m'entends ? J'ai... Vous êtes tout aussi monstrueux que je le suis ! Vous n'avez aucun droit de vous unir contre moi, ce n'est pas chasser ! Ce n'est pas de l'ART !"
On ne l'écouta pas, cette fois-ci. Plus personne ici-même ne se sacrifierait pour elle, ni même ne la défendrait.
Un hurlement résonna alors. Quelques minutes après, Lou se rendit compte que c'était le sien. Les flammes qui dévoraient son corps glacé lui faisait ressentir une toute autre sensation, l'une de celles qu'elle n'avait plus goutté depuis qu'elle avait sombré dans sa Spirale de Folie. La Mort ne devait-elle pas être froide ? Ne devait-elle pas être le fantôme de ce requin qui l'avait hanté dans sa grotte, quand elle était plus petite ?
Cette froideur...N'était-ce donc que le reflet de son âme et de son cœur ?
Léchée par des langues de lave, un dernier soupir s'envola. Un rire cynique, un message qu'elle seule avait la clef.
Ah, décidément, quelle sorcière !
Fin de Lou
Dernière édition par Louve Folle le Ven 6 Nov 2020 - 2:26, édité 3 fois
Cabba
Saiyan
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Sujet: Re: [EVENT] Chuteliere IX Mer 13 Nov 2019 - 12:15
De nouveau, un son parvint continuellement à ses oreilles et s’immisça dans le silence pesant qui régnait autour de lui. Était-ce le tintement de la pluie ? La fréquence d’une radio ? Des murmures incessants venus le tourmenter lors de ses derniers instants ? Quelque part, il espérait qu’il ne s’agisse que du sang qui coulait dans ses veines, qui palpitait à ses tempes, qui circulait dans tout son corps, qui lui assurait le fait qu’il soit bel et bien encore vivant… Depuis qu’il s’était résigné à accepter sa destinée et qu’il avait pris la décision de commettre l’irréparable en ôtant deux vies de ses propres mains, il avait senti que quelque chose s’était brisé en lui et que l’éternité ne suffirait pas à en rassembler les morceaux. S’il était encore conscient à première vue, le traumatisme qui venait de le submerger l’avait sidéré au point d’avoir anesthésié tous ses sens et refoulé ses émotions les plus essentielles aux confins de son être.
Des limites avaient été franchies. Du sang avait coulé. Des dignités avaient été piétinées. Des vies avaient été sacrifiées. Tout ça au nom de…
Lui-même ne savait plus très bien quelle était la raison de sa participation forcée à ce jeu pathétique. Tout avait été mis en place pour l’inciter à douter de ses pairs au lieu de leur venir en aide, se protéger contre une menace qu’il n’avait jamais pu voir, tirer parti des armes mises à son entière disposition. Mais au fond, n’était-ce pas celui qui avait choisi de retourner ces mêmes armes contre ses compagnons d’infortune ? N’était-ce pas lui qui leur avait délibérément porté le coup de grâce ? N’était-ce pas lui qui avait consciemment fait en sorte d’abréger leurs souffrances en espérant abréger les siennes dans le même temps ?
Il avait beau blâmer les funestes desseins du Diable, tout cela l’avait poussé à jouer son jeu malgré lui, tout cela l’avait profondément touché jusqu’à faire de lui un autre homme, tout cela avait brisé ses certitudes, sa morale, son intégrité, sa confiance en les autres et en ce qu’il était — il n’était plus que l’ombre de lui-même, à présent.
Qu’avait-il compris de cet ensemble d’évènements tragiques ? Qu’avait-il appris en pensant pouvoir échapper à la cruauté du destin ? Qu’avait-il espéré en s’évertuant à rester fidèle à ses principes quand bien même sa vie était inévitablement en danger ?
Devant le corps froid et sans vie de son caporal, de son partenaire, de son ami, de ce frère à qui il devait tant de réponses, son visage paraissait douloureusement insensible, dénué de toutes ces émotions qui pourtant étaient restées quelque part au fond de son inconscient, enfermées à double tour dans un cœur qui ne battait plus que pour le maintenir tout juste lucide. Pourtant, il avait aperçu la lueur de détermination étinceler dans les yeux de sa victime tandis qu’elle se voyait dévorée par les flammes de l'enfer, mais elle n’avait pu atteindre le bord du gouffre qui s'était créé au plus profond de lui…
Ses doigts s’approchèrent de la dépouille qui gisait à ses pieds. Au contact de l’épiderme figé par la mort, sa gorge étouffa aussitôt le sanglot tant espéré pour qu’il puisse sortir de cette apathie dont son esprit était à présent atteint. Mais son regard impassible resta à contempler la plaie béante et sanguinolente qui avait écorché la chair comme un morceau de tissu aurait été déchiré en un geste sec. Avec une certaine douceur et un profond respect, ses mains couvrirent les paupières closes de son défunt subordonné et il resta ainsi de longues minutes durant avant de finalement le recouvrir de l’étoffe qui lui avait servi à transporter le nécessaire à sa survie.
"C'est terminé..."
C’était tout ce qu’il pouvait faire pour le préserver à jamais de la condescendance de leur tortionnaire. Lui laisserait-on le temps d’offrir à son camarade une sépulture digne de l’homme qu’il fut ? Non. Il était hors de question qu’il soit rendu à la terre de cet endroit maudit, à cette terre qui ne l’avait pas vu naitre.
Agenouillé au beau milieu des corps tâchés de rouge qui jonchaient la place centrale du Hameau du Désespoir, il laissa la pluie s’abattre sur ses épaules, comme si elle pouvait l’absoudre de ses péchés, comme si elle pouvait effacer toutes les impuretés qui l’avaient envahi, comme si d’un instant à un autre le cauchemar allait enfin pouvoir prendre fin.
Il demeura ainsi, désespérément seul, jusqu’à ce que la brume ne s’empare des alentours et que sa silhouette disparaisse peu à peu. "Survivez à ce qui vous attends et je reviendrai chercher le dernier d'entre vous..."
Mais que restait-il véritablement du seul homme debout ?